Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/87

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monsieur. Je me suis permis de suivre vos tentatives et j’ai été vivement frappée par votre louable fermeté dans le malheur. Enfin, il me semble que vous iriez loin, si quelqu’un vous tendait la main.

Elle s’arrêta encore. Elle attendait un mot. Le jeune homme crut que cette dame venait lui offrir une place. Il répondit qu’il accepterait tout. Mais elle, maintenant que la glace était rompue, lui demanda carrément :

— Éprouveriez-vous quelque répugnance à vous marier ?

— Me marier ! s’écria Nantas. Eh ! bon Dieu ! qui voudrait de moi, madame ?… Quelque pauvre fille que je ne pourrais seulement pas nourrir.

— Non, une jeune fille très belle, très riche, magnifiquement apparentée, qui vous mettra d’un coup dans la main les moyens d’arriver à la situation la plus haute.

Nantas ne riait plus.

— Alors, quel est le marché ? demanda-t-il, en baissant instinctivement la voix.

— Cette jeune fille est enceinte, et il faut reconnaître l’enfant, dit nettement mademoiselle Chuin, qui oubliait ses tournures onctueuses pour aller plus vite en affaire.