Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/89

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d’humiliations lui revint au cœur. Enfin ! il allait donc mettre le pied sur ce monde qui le repoussait et le jetait au suicide !

— J’accepte, dit-il crûment.

Puis, il exigea de mademoiselle Chuin des explications claires. Que voulait-elle pour son entremise ? Elle se récria, elle ne voulait rien. Pourtant, elle finit par demander vingt mille francs, sur l’apport que l’on constituerait au jeune homme. Et, comme il ne marchandait pas, elle se montra expansive.

— Écoutez, c’est moi qui ai songé à vous. La jeune personne n’a pas dit non, lorsque je vous ai nommé… Oh ! c’est une bonne affaire, vous me remercierez plus tard. J’aurais pu trouver un homme titré, j’en connais un qui m’aurait baisé les mains. Mais j’ai préféré choisir en dehors du monde de cette pauvre enfant. Cela paraîtra plus romanesque… Puis, vous me plaisez. Vous êtes gentil, vous avez la tête solide. Oh ! vous irez loin. Ne m’oubliez pas, je suis tout à vous.

Jusque-là, aucun nom n’avait été prononcé. Sur une interrogation de Nantas, la vieille fille se leva et dit en se présentant de nouveau :

— Mademoiselle Chuin… Je suis chez le baron Danvilliers depuis la mort de la baronne, en qualité de gouvernante.