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NANA

connaître, lui serra la main, puis s’avança vivement vers Rose Mignon. Du coup, elle devint très distinguée.

— Ah ! chère madame, que vous êtes gentille !… Je tenais tant à vous avoir !

— C’est moi qui suis ravie, je vous assure, dit Rose également pleine d’amabilité.

— Asseyez-vous donc… Vous n’avez besoin de rien ?

— Non, merci… Ah ! j’ai oublié mon éventail dans ma pelisse. Steiner, voyez dans la poche droite.

Steiner et Mignon étaient entrés derrière Rose. Le banquier retourna, reparut avec l’éventail, pendant que Mignon, fraternellement, embrassait Nana et forçait Rose à l’embrasser aussi. Est-ce qu’on n’était pas tous de la même famille, au théâtre ? Puis, il cligna des yeux, comme pour encourager Steiner ; mais celui-ci, troublé par le regard clair de Rose, se contenta de mettre un baiser sur la main de Nana.

À ce moment, le comte de Vandeuvres parut avec Blanche de Sivry. Il y eut de grandes révérences. Nana, tout à fait cérémonieuse, mena Blanche à un fauteuil. Cependant, Vandeuvres racontait en riant que Fauchery se disputait en bas, parce que le concierge avait refusé de laisser entrer la voiture de Lucy Stewart. Dans l’antichambre, on entendit Lucy qui traitait le concierge de sale mufe. Mais, quand le laquais eut ouvert la porte, elle s’avança avec sa grâce rieuse, se nomma elle-même, prit les deux mains de Nana, en lui disant qu’elle l’avait aimée tout de suite et qu’elle lui trouvait un fier talent. Nana, gonflée de son rôle nouveau de maîtresse de maison, remerciait, vraiment confuse. Pourtant, elle semblait préoccupée depuis l’arrivée de Fauchery. Dès qu’elle