Page:Zola - Nouveaux contes à Ninon, 1893.djvu/179

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rai qu’à moitié la mère du cher petit ; je le mettrai nu au monde, il ne tiendra pas tout de moi. Et ces moineaux construisent le berceau, tissent et cousent les étoffes ; ils n’ont rien, ils créent tout, par un miracle d’amour ; ils changent en bercelonnette tiède le premier trou de muraille venu. Ce sont des artisans de tendresse que les jeunes mères envient. »

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Aux champs, les nids poussent naturellement, dans les haies et sur les arbres, comme des fleurs vivantes. Ils s’ouvrent, ils s’épanouissent au premier rayon du soleil. Ils laissent échapper des gazouillements, à l’heure où l’aubépine exhale des parfums.

Les pinsons, les chardonnerets, les bouvreuils, choisissent les arbustes pour alcôves ; les corbeaux et les pies montent jusqu’aux plus hautes branches des peupliers ; les alouettes, les fauvettes, restent à terre, dans les blés et dans les broussailles. Il faut à ces amants, jaloux de leurs tendresses, le grand silence de la campagne. Je sais bien qu’il existe des misérables qui violent les nids pour plumer les petits et pour manger les œufs en ome-