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Page:Zola - Thérèse Raquin, Lacroix, 1868.djvu/129

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XIV


La boutique du passage du Pont-Neuf resta fermée pendant trois jours. Lorsqu’elle s’ouvrit de nouveau, elle parut plus sombre et plus humide. L’étalage, jauni par la poussière, semblait porter le deuil de la maison ; tout traînait à l’abandon dans les vitrines sales. Derrière les bonnets de linge pendus aux tringles rouillées, le visage de Thérèse avait une pâleur plus mate, plus terreuse, une immobilité d’un calme sinistre.

Dans le passage, toutes les commères s’apitoyaient. La marchande de bijoux faux montrait à chacune de ses clientes le profil amaigri de la jeune veuve comme une curiosité intéressante et lamentable.

Pendant trois jours, madame Raquin et Thérèse étaient restées dans leur lit sans se parler, sans même se voir. La vieille mercière, assise sur son séant, appuyée contre des oreillers, regardait vaguement devant elle avec des yeux d’idiote. La mort de son fils lui