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Page:Zola - Thérèse Raquin, Lacroix, 1868.djvu/175

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comme pour se consulter. Ils comprirent tous deux qu’il fallait accepter la position sans hésiter et en finir d’un coup. Laurent, se levant, alla prendre la main de madame Raquin, qui faisait tous ses efforts pour retenir ses larmes.

— Chère mère, lui dit-il en souriant, j’ai causé de votre bonheur avec M. Michaud, hier soir. Vos enfants veulent vous rendre heureuse.

La pauvre vieille, en s’entendant appeler « chère mère, » laissa couler ses larmes. Elle saisit vivement la main de Thérèse et la mit dans celle de Laurent, sans pouvoir parler.

Les deux amants eurent un frisson en sentant leur peau se toucher. Ils restèrent les doigts serrés et brûlants, dans une étreinte nerveuse. Le jeune homme reprit d’une voix hésitante :

— Thérèse, voulez-vous que nous fassions à votre tante une existence gaie et paisible ?

— Oui, répondit la jeune femme faiblement, nous avons une tâche à remplir.

Alors Laurent se tourna vers madame Raquin et ajouta, très-pâle :

— Lorsque Camille est tombé à l’eau, il m’a crié : « Sauve ma femme, je te la confie. » Je crois accomplir ses derniers vœux en épousant Thérèse.

Thérèse lâcha la main de Laurent, en entendant ces mots. Elle avait reçu comme un coup dans la poitrine. L’impudence de son amant l’écrasa. Elle le regarda