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XX


Le matin, Laurent et Thérèse, chacun dans sa chambre, s’éveillèrent avec la même pensée de joie profonde : tous deux se dirent que leur dernière nuit de terreur était finie. Ils ne coucheraient plus seuls, ils se défendraient mutuellement contre le noyé.

Thérèse regarda autour d’elle et eut un étrange sourire en mesurant des yeux son grand lit. Elle se leva, puis s’habilla lentement, en attendant Suzanne qui devait venir l’aider à faire sa toilette de mariée.

Laurent se mit sur son séant. Il resta ainsi quelques minutes, faisant ses adieux à son grenier qu’il trouvait ignoble. Enfin, il allait quitter ce chenil et avoir une femme à lui. On était en décembre. Il frissonnait. Il sauta sur le carreau, en se disant qu’il aurait chaud le soir.

Madame Raquin, sachant combien il était gêné, lui avait glissé dans la main, huit jours auparavant, une bourse contenant cinq cents francs, toutes ses écono-