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Page:Zola - Thérèse Raquin, Lacroix, 1868.djvu/186

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XXI


Laurent ferma soigneusement la porte derrière lui, et demeura un instant appuyé contre cette porte, regardant dans la chambre d’un air inquiet et embarrassé.

Un feu clair flambait dans la cheminée, jetant de larges clartés jaunes qui dansaient au plafond et sur les murs. La pièce était ainsi éclairée d’une lueur vive et vacillante ; la lampe, posée sur une table, pâlissait au milieu de cette lueur. Madame Raquin avait voulu arranger coquettement la chambre, qui se trouvait toute blanche et toute parfumée, comme pour servir de nid à de jeunes et fraîches amours ; elle s’était plu à ajouter au lit quelques bouts de dentelle et à garnir de gros bouquets de roses les vases de la cheminée. Une chaleur douce, des senteurs tièdes traînaient. L’air était recueilli et apaisé, pris d’une sorte d’engourdissement voluptueux. Au milieu du silence frissonnant, les pétillements du foyer jetaient de petits