Page:Zola - Thérèse Raquin, Lacroix, 1868.djvu/84

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que nous trouverons bien un jour le moyen de vivre ensemble ?

— Alors, reviens, reviens demain, lui répondit Laurent, dont les mains tremblantes montaient le long de sa taille.

— Mais je ne puis revenir… Je te l’ai dit, je n’ai pas de prétexte.

Elle se tordait les bras. Elle reprit :

— Oh ! le scandale ne me fait pas peur. En rentrant, si tu veux, je vais dire à Camille que tu es mon amant, et je reviens coucher ici… C’est pour toi que je tremble ; je ne veux pas déranger ta vie, je désire te faire une existence heureuse.

Les instincts prudents du jeune homme se réveillèrent.

— Tu as raison, dit-il, il ne faut pas agir comme des enfants. Ah ! si ton mari mourait…

— Si mon mari mourait…, répéta lentement Thérèse.

— Nous nous marierions ensemble, nous ne craindrions plus rien, nous jouirions largement de nos amours… Quelle bonne et douce vie !

La jeune femme s’était redressée. Les joues pâles, elle regardait son amant avec des yeux sombres ; des battements agitaient ses lèvres.

— Les gens meurent quelquefois, murmura-t-elle enfin. Seulement, c’est dangereux pour ceux qui survivent.

Laurent ne répondit pas.