Page:Zola - Travail.djvu/558

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pavée de larges dalles, entre lesquelles s’ouvraient les batteries de fours symétriques. L’emploi de l’électricité les laissait froids, silencieux d’une propreté claire. Et, là aussi, des machines faisaient toute la besogne, descendaient les creusets, les remontaient embrasés les vidaient dans les moules, sous la simple surveillance des ouvriers conducteurs. Des femmes mêmes se trouvaient là, préposées à la distribution de la force électrique, car on avait remarqué chez elles plus de soin et de justesse dans le maniement des appareils de précision.

Justement, Luc s’approcha d’une grande et belle fille de vingt ans, Laure Fauchard, née de Louis Fauchard et de Julienne Dacheux, et qui debout près d’un appareil, très attentive, donnait le courant à un four, selon les indications d’un jeune ouvrier, en train de surveiller la fusion.

«  Eh bien  ! Laure, demanda-t-il, vous n’êtes pas fatiguée  ?

— Oh  ! non, monsieur Luc, ça m’amuse. Comment voulez-vous que je me fatigue, à tourner ce petit volant  ?   »

Le jeune ouvrier, Hippolyte Mitaine, âgé de vingt-trois ans bientôt, s’était approché. Lui était né d’Évariste Mitaine et d’Olympe Lenfant, et on le disait fiancé à Laure Fauchard.

«  Monsieur Luc, dit-il, si vous voulez voir fondre des lingots, nous sommes prêts.  »

Et, mise en branle, la machine, avec son aisance tranquille, sortit les creusets incandescents, les versa dans des lingotières, qu’un mécanisme amenait à tour de rôle. En cinq minutes, tandis que les ouvriers regardaient, la besogne se trouva proprement faite, le four put recevoir une nouvelle charge.

«  Et voilà  ! dit Laure en riant de son beau rire. Quand je songe à toutes les terribles histoires dont mon