Page:Zola - Travail.djvu/559

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pauvre grand-père Fauchard à bercé mon enfance  ! Il n’avait plus trop la tête à lui, il racontait des choses à faire frémir sur son ancien métier d’arracheur, comme s’il avait vécu sa vie dans le feu, le ventre et les membres mangés par la flamme. Tous les anciens nous trouvent bien heureux maintenant.  » Luc était devenu grave, tandis que ses yeux se mouillaient d’émotion.

«  Oui, oui, les grands-pères ont eu beaucoup de souffrances. Et c’est pour cela que les petits-enfants ont la vie meilleure… Travaillez bien, aimez-vous bien, la vie sera meilleure encore à vos fils et à vos filles  !   »

Et Luc continua sa visite, et partout où il se rendit, dans les différentes halles, celle du moulage d’acier, celle de la grosse forge, celle des grands et des petits tours, il trouva la même propreté saine, la même gaieté chantante, le même travail aisé et amusant, grâce à la diversité des tâches et à l’aide souveraine des machines. L’ouvrier, qui n’était plus la bête de somme écrasée, méprisée, redevenait une conscience, une intelligence, désormais libre et glorieux. Et, quand Luc acheva son tour matinal, par la halle des laminoirs, à côté des fours à puddler, il s’y arrêta de nouveau pour dire un mot amical à un garçon d’environ vingt-six ans, Alexandre Feuillat, qui arrivait.

«  Oui, monsieur Luc, je viens des Combettes, où j’aide mon père. Nous avions des semences à finir, j’ai fait deux heures là-bas… Maintenant, je vais faire ici deux heures encore, car il y a une commande de rails qui presse.  »

Il était fils de Léon Feuillat et d’Eugénie Yvonnot. Et, d’imagination vive, il s’amusait, après ses quatre heures réglementaires de travail, à des dessins d’ornement, pour les ateliers du potier Lange. Mais, déjà, il s’était mis à la besogne, surveillant un grand