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Page:Zola - Travail.djvu/602

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où chaque savant est libre de venir étudier, expérimenter, lorsqu’il pense avoir fait quelque découverte, utile à la communauté. Puis, les quatre rues se sont transformées, des masures ont disparu, on a planté des arbres, et il n’est guère resté que les anciennes maisons bourgeoises, avec leurs jardins, où les mariages ont fini par installer nos descendants, à nous les pauvres bougres de jadis.  »

Dès lors, Ragu finit par se retrouver, dans cet ancien beau quartier de Beauclair, le moins atteint naturellement. Il fallut pourtant que Bonnaire continuât à lui signaler au passage les transformations décisives, dues à la victoire de la société nouvelle. On avait gardé la sous-préfecture, en y ajoutant deux ailes en forme de galeries, pour y installer une bibliothèque. De même, le tribunal était devenu un musée, tandis que la prison neuve, avec ses cellules, avait pu être changée, sans trop de frais, en une maison de bains, où l’eau jaillissante des sources abondait. Le jardin planté sur les terrains de l’église écroulée avait déjà de beaux ombrages, autour du petit lac qui s’était formé à la place même de l’antique crypte souterraine. À mesure que les autorités diverses, d’administration et de répression, tendaient à disparaître, les bâtiments faisaient retour au peuple  ; et il en disposait pour son bien-être et pour sa joie.

Mais, comme la voiturette revenait, remontait une grande et belle avenue, Ragu se sentit perdu de nouveau.

«  Où sommes-nous donc ici  ?

— Dans l’ancienne rue de Brias, répondit Bonnaire. Ah  ! l’aspect en a bien changé. C’est que, le petit commerce ayant disparu complètement, les boutiques se sont fermées une à une, les vieilles maisons ont fini par être démolies, laissant la place à ces constructions nouvelles, si riantes parmi les aubépines et les lilas. Et, là, vers la droite, on a couvert le Clouque, cet égout empoisonné,