Page:Zola - Travail.djvu/622

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avec Alexandre Feuillat, fils de Léon Feuillat et d’Eugénie Yvonnot. Déjà deux fillettes, issues de ces deux branches, représentaient la quatrième génération, Simonne Laboque et Amélie Feuillat, l’une et l’autre âgées de cinq ans. Et il y avait encore là, grâce aux alliances, Louis Fauchard, marié à Julienne Dacheux, dont il avait eu Laure, et Évariste Mitaine, marié à Olympe Lenfant, dont il avait eu Hippolyte, et enfin Hippolyte Mitaine, marié à Laure Fauchard, dont il avait François, un gamin de huit ans bientôt, la quatrième génération aussi de ce côté, en train de pousser gaillardement. Dans Beauclair en joie, on n’aurait pas trouvé de table plus vaste, toutes les descendances mêlées des Bourron, des Laboque, des Bonnaire, des Yvonnot, des Fauchard, des Feuillat, des Dacheux, des Lenfant et des Mitaine.

Bonnaire, qui retrouvait encore là une des siennes, Zoé, donnait à Ragu des détails sur ceux que la mort avait pris. Fauchard et sa femme Natalie, lui hébété, elle toujours dolente, s’en étaient allés sans avoir compris, cachant le pain désormais à discrétion, dans la crainte d’être volés. Feuillat, avant de mourir, avait eu la joie de voir le triomphe du vaste domaine des Combettes, son œuvre. Lenfant et Yvonnot venaient de le suivre, dans cette terre aimée intelligemment désormais, virilement fécondée. Après les Dacheux, après les Caffiaux et les Laboque, tout l’ancien commerce aujourd’hui disparu, la belle boulangère, la bonne Mme Mitaine, avait fini par s’éteindre, pleine d’ans, de bonté et de beauté.

Ragu n’écoutait plus, ne pouvait détacher ses yeux de Bourron.

«  C’est qu’il a l’air tout jeune  ! murmura-t-il, et sa Babette, elle a toujours son joli rire  !   »

Il se rappelait les bordées anciennes, le camarade s’attardant avec lui chez Caffiaux, déblatérant contre les patrons, rentrant ivre mort. Et il se rappelait sa longue vie