Page:Zola - Vérité.djvu/317

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tolérant pour tes croyances, tant que l’enfant, très jeune, ne quittait pas tes jupes. On veut que la fille surtout appartienne à la mère, et j’y consens, mais seulement jusqu’au jour où se pose la question de l’existence morale, de tout l’avenir de l’enfant… Le père alors, j’imagine, a bien le droit d’intervenir.

Elle eut un geste d’impatience, et sa voix se mit à trembler.

— Moi, je veux que Louise suive le catéchisme. Toi, tu ne le veux pas. Et, si nous avons, l’un autant que l’autre, des droits sur la petite, nous pouvons nous disputer longtemps, sans jamais arriver à une solution. Comment vas-tu arranger cela ? Ce que je veux, te semble idiot, et ce que tu veux, me semble abominable.

— Oh ! ce que je veux, ce que je veux ! Je veux simplement qu’on n’empêche pas ma fille de vouloir un jour… On veut profiter de son jeune âge, lui déformer l’esprit et le cœur, l’empoisonner des pires mensonges, la rendre à jamais incapable de raison et d’humanité. Et cela, je ne veux pas qu’on le fasse… Mais ce n’est pas ma volonté à moi que je veux lui imposer, c’est la volonté à elle que je veux sauvegarder pour plus tard.

— Alors, encore un coup, comment arranges-tu cela ? que faut-il faire de cette grande fille ?

— La laisser grandir, bonnement. L’instruire, lui ouvrir les yeux sur toutes les vérités. Et quand elle aura vingt ans, elle décidera elle-même qui a raison de toi ou de moi, elle reviendra au catéchisme et elle fera sa première communion, si elle juge cet acte sage et logique.

Brusquement, Geneviève éclata.

— Tu es fou, décidément. Tu dis devant cette enfant des choses dont j’ai honte pour toi, tellement elles sont absurdes.

Marc, à son tour, perdait patience.

— Absurdes, ma pauvre femme, ce sont tes croyances