Page:Zola - Vérité.djvu/408

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l’injure… Allez, allez monsieur, à vos sales besognes. Laissez les honnêtes gens tranquilles et travaillez à sortir du bagne votre juif immonde, qui achèvera d’y pourrir, je vous le prédis, car Dieu ne permettra pas la défaite de ses vénérables serviteurs.

Malgré l’émotion dont il frémissait, Marc ne put s’empêcher de sourire.

— Ah ! nous y sommes, dit-il doucement, il n’y a que l’affaire au fond de tout ceci, n’est-ce pas ? C’est l’ami, le défenseur de Simon, c’est le justicier qu’il s’agit de supprimer, à force de persécutions et de tortures morales… Eh bien ! soyez-en convaincue, la vérité et la justice l’emporteront tôt ou tard, Simon sortira du bagne, et il triomphera un jour, et un jour les vrais coupables, les menteurs, les ouvriers de ténèbres et de mort seront balayés, avec leurs temples, où depuis des siècles ils terrorisent et abêtissent l’humanité.

Puis, d’une voix plus douce encore, se tournant vers Mme  Berthereau, retombée dans son écrasement silencieux.

— Et j’attends Geneviève, dites-lui que je l’attends, quand elle pourra vous comprendre. Je l’attendrai, tant qu’elle ne me sera pas rendue. Serait-ce dans des années, elle me reviendra, je le sais… La souffrance ne compte pas, il faut beaucoup souffrir, pour avoir raison et pour connaître un peu de bonheur.

Alors, il s’en alla, le cœur déchiré, gonflé d’amertume et quand même de courage. Mme  Duparque avait repris son éternel tricot, et il lui sembla que, derrière lui, la petite maison sombrait de nouveau dans l’ombre froide dont l’église voisine la glaçait.

Un mois s’écoula. Marc sut que Geneviève se remettait lentement. Un dimanche, Pélagie vint chercher Louise ; et, le soir, il apprit de l’enfant qu’elle avait trouvé sa mère debout, très amaigrie, très brisée, capable pourtant