Page:Zola - Vérité.djvu/409

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de descendre s’asseoir à la table, dans la petite salle à manger. Alors, il fut pris d’une nouvelle espérance, celle de voir Geneviève lui revenir, dès qu’elle serait capable de faire à pied le trajet de la place des Capucins à l’école. Elle avait certainement réfléchi, son cœur devait s’être réveillé dans la souffrance, il tressaillait au moindre bruit, croyant à son retour. Mais les semaines se passèrent, les mains invisibles qui la lui avaient prise barricadaient sans doute les portes et les fenêtres pour la retenir encore. Il retomba à de grandes tristesses, sans perdre jamais son invincible foi, sa certitude de vaincre par la vérité et par l’amour. Et sa consolation, en ces jours noirs, fut d’aller embrasser le plus souvent possible le petit Clément, chez sa nourrice, dans ce joli village de Dherbecourt, si frais au milieu des prairies de la Verpille, parmi les peupliers et les saules. Il passait là une heure de délicieux réconfort, comptant peut-être sur un bon hasard qui le ferait se rencontrer avec Geneviève, près du berceau du cher petit. On disait qu’elle était toujours trop faible pour venir voir l’enfant, et la nourrice le lui portait une fois par semaine.

Dès lors, Marc resta dans l’attente. Depuis un an bientôt, la Cour de cassation avait ouvert son enquête, retardée par toutes sortes de complications, entravée de continuels obstacles, qui sans cesse renaissaient, grâce au travail souterrain des puissances mauvaises. Chez les Lehmann, après la joie vive du premier arrêt, décidant l’enquête, on commençait à désespérer de nouveau, devant tant de lenteur, lorsque les nouvelles de Simon étaient si mauvaises. La Cour, qui avait jugé inutile de le faire tout de suite ramener en France, s’était bien arrangée pour lui apprendre qu’elle s’occupait de la révision de son procès. Mais dans quel état allait-il revenir ? Ses longues souffrances ne l’achèveraient-elles pas, avant ce retour, éternellement ajourné ? David lui-même, si