Page:Zola - Vérité.djvu/490

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éducation catholique y repousse. Celle-là paraissait pondérée, d’une bonne santé, et il a suffi de cette malheureuse affaire Simon pour y produire le déséquilibre le plus complet. Elle ne voulait pas même m’écouter, elle me répondait par des folies à confondre la raison… Enfin, j’ai été battu. On ne m’a pas précisément jeté à la porte. Mais, après deux autres tentatives, à de longs intervalles, j’ai dû renoncer à mettre un peu de logique dans cette maison de démence, où la triste Mme  Berthereau m’a paru être la seule à garder un peu de bon sens et à en souffrir beaucoup.

Marc restait assombri.

— Vous voyez bien que tout est perdu. On ne ramène pas de si loin des gens qui s’entêtent dans leur volonté de ne pas savoir.

— Pourquoi donc ?… Moi, je suis brûlé, c’est vrai. Il est inutile que je fasse une tentative nouvelle, on se boucherait les yeux et les oreilles à l’avance, pour ne pas voir et ne pas entendre. Mais vous avez là une aide toute-puissante, le meilleur des avocats, le plus fin des diplomates, le plus adroit des capitaines, le plus triomphant des vainqueurs.

Et il riait, et il s’exaltait.

— Oui, oui, votre adorable Louise, que j’aime et que j’admire comme un prodige de raison et de grâce… Vous savez que la conduite si ferme et si douce de cette fillette, depuis ses douze ans, est d’une héroïne. Je ne connais pas d’exemple plus haut ni plus touchant. Elle a montré un bon sens, un courage précoces qu’on ne trouverait guère chez ses petites camarades du même âge. Et de quelle déférence, de quelle affection elle a fait preuve dans le refus tranquille qu’elle oppose au désir de sa mère, après vous avoir promis de ne pas se confesser et de ne pas communier, avant d’avoir vingt ans ! Aujourd’hui qu’elle a conquis le droit de tenir sa promesse, il