Gorgias avait fait un effet désastreux, et les grands jours de l’affaire Simon recommençaient. Il n’était pas une maison où l’on ne se battit, au sujet de la culpabilité possible de ce terrible frère, dont la figure prenait une ampleur démesurée.
Le frère Gorgias, en disparaissant, avait eu la tranquille impudence d’écrire au Petit Beaumontais une lettre, dans laquelle il expliquait que, livré à ses ennemis, par le lâche abandon de ses supérieurs, il se mettait en sûreté, afin d’avoir la liberté de se défendre, à son heure et à sa guise.
Mais la grande importance de cette lettre venait surtout de la nouvelle version qu’il y donnait, pour expliquer la présence du fameux modèle d’écriture chez Zéphirin. Il avait toujours dû trouver imbécile l’histoire si compliquée d’un faux, inventée par ses chefs, désireux de ne pas même laisser admettre que le modèle pouvait sortir de l’école des frères. Selon lui, il était stupide de nier cette provenance, comme il était enfantin de l’empêcher de reconnaître l’authenticité du paraphe. Tous les experts du monde pouvaient retrouver la main et l’écriture de Simon, dans ce paraphe, celui-ci n’en restait pas moins, pour les honnêtes gens, de sa main et de son écriture à lui, Gorgias. Cependant, sous l’absolue volonté de ses supérieurs qui menaçaient de le laisser à ses seules forces, s’il n’acceptait pas leur version, il s’était résigné, il avait abandonné la sienne. Et, simplement, à cette heure, il la reprenait, trouvant l’autre ridicule, absurde, depuis qu’on avait découvert, chez le père Philibin, le coin déchiré, portant le cachet. C’était vraiment trop bête de prétendre maintenant, comme la congrégation s’obstinait à le soutenir, que Simon s’était procuré un cachet, ou bien en avait fait fabriquer un, pour perdre les frères de l’école rivale. Se sentant lâché, exécuté par les siens, qui le jugeaient trop compromettant désormais, il se libérait d’eux, il essayait de les tenir à