Page:Zola - Vérité.djvu/535

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Cependant, après l’enquête de la Cour de cassation, il a eu bien peur, il commençait à dire qu’il avait toujours cru Simon innocent. Mais voilà Simon recondamné, et Mauraisin hurle de nouveau avec la faction cléricale, certain cette fois d’obliger Le Barazer à m’exécuter, sous la pression de toutes les forces réactionnaires victorieuses… Je serais très étonné d’être encore ici, à la rentrée d’octobre.

Marc continuait à se désoler.

— Comment ! vous dont l’enseignement primaire a tant besoin, vous qui avez rendu de si grands services, en donnant aux écoles laïques toute une légion de maîtres, de clairs esprits libérés du dogme ! C’était, comme vous le disiez si bien, la question de vie et de mort, des missionnaires de la pensée libre installés partout dans les campagnes, refaisant une mentalité de raison et de solidarité à la France, la sauvant du mensonge séculaire, de sa crédulité de troupeau asservi, portant la vérité chez les souffrants et chez les humbles. Demain, la France vaudra ce que vaudront les instituteurs primaires. Et vous partiriez avant que toute votre besogne soit accomplie, lorsqu’il vous reste tant à faire encore ? Non, non ! c’est impossible, Le Barazer était au fond avec nous, s’il ne se prononçait pas nettement, et jamais il ne commettra cette mauvaise action.

Salvan souriait avec quelque tristesse.

— D’abord, aucun homme n’est indispensable, je puis disparaître, d’autres se lèveront derrière moi, pour continuer la bonne œuvre commencée. Et Mauraisin peut venir prendre ma place, je suis convaincu qu’il n’y fera pas grand mal, car il ne l’occupera guère, et il sera forcé d’y marcher sur ma trace. Voyez-vous il y a des œuvres, une fois commencées, qui s’accomplissent par la force de l’évolution humaine, en dehors même des hommes… Ensuite, on dirait que vous ne connaissez pas