l’œuvre ! la victoire est certaine, quelles que soient les difficultés et les souffrances de la route !
Ce beau cri de foi, d’éternelle espérance sonna librement au travers de la campagne recueillie, dans le calme coucher de l’astre qui annonçait un clair lendemain. Et Mignot retourna bravement à sa tâche du Moreux, tandis que Marc et Geneviève rentraient commencer leur œuvre à Jonville.
Oeuvre ardue, de volonté et de patience, car il s’agissait de vaincre de nouveau par la raison, d’arracher le maire Martineau, le conseil municipal, le pays entier, des mains tenaces du curé, bien résolu à ne lâcher rien. Lorsque la nomination du nouvel instituteur avait paru, l’abbé Cognasse, au lieu de montrer de la colère et de la crainte, devant cet adversaire redoutable qu’on lui envoyait, s’était contenté de hausser les épaules, affectant un grand mépris. Il se mit à dire partout que ce vaincu, ce médiocre frappé de disgrâce, perdu d’honneur depuis sa complicité dans l’affaire Simon, ne resterait pas six mois à Jonville, où ses chefs l’avaient envoyé pour le finir, ne voulant pas l’exécuter d’un coup. Au fond, il ne devait pas être tranquille, il connaissait l’homme si calme, si fort, dans sa passion de la vérité ; et ce qui prouvait sa sensation nette du danger, c’était la prudence, le sang-froid où il s’efforçait lui-même, par la crainte de tout compromettre, s’il s’abandonnait aux éclats de ses continuels emportements. On eut le spectacle inattendu d’un curé Cognasse diplomatique et superbe, laissant à Dieu en personne le soin de foudroyer son ennemi. Comme sa vieille servante Palmyre, devenue terrible avec l’âge, ne trouvait pas la force d’imiter son mépris muet, il la gronda publiquement, un jour, d’avoir dit que le nouvel instituteur avait volé des hosties à Maillebois, pour les souiller, devant ses élèves. Ce n’était pas prouvé, pas plus que l’histoire où il était conté que Marc avait un diable prêté par l’enfer, qui sortait