au fronton de la mairie. Cela parut très hardi. On approuva pourtant, on aurait enfin l’heure exacte, puisque l’église, avec sa vieille patraque rouillée, ne la donnait plus… On en plaisantait aussi : ce ne serait plus l’église qui donnerait l’heure, ce serait la mairie. Mais, tranquille, Marc évitait de triompher, car il savait que des années seraient nécessaires, avant de regagner le terrain perdu. Chaque jour amènerait un progrès, il semait patiemment l’avenir, avec la certitude d’avoir avec lui les lâches et les égoïstes de la veille, ces paysans qui déjà ne croyaient plus et qui seraient acquis ouvertement à la vérité, le jour où ils verraient en elle l’unique source de santé, de prospérité et de paix.
Alors, ce furent pour Marc et pour Geneviève des années fécondes de travail et de bonheur. Lui surtout n’avait jamais été si courageux, si fort. Le retour tendre de sa femme, cette union maintenant complète qui faisait du ménage un seul cœur et une seule intelligence, lui apportait toute une puissance nouvelle, l’accord entre sa vie et son œuvre. S’il avait tant souffert autrefois de prétendre enseigner la vérité aux autres, sans pouvoir convaincre sa compagne de chaque heure, l’épouse adorée, la mère de ses enfants, s’il s’était senti comme diminué et paralysé dans sa tâche d’arracher autrui à l’erreur, lorsque par faiblesse ou impuissance il tolérait l’erreur chez lui, il possédait maintenant toute la force irrésistible, toute l’autorité que donne l’exemple, le bonheur réalisé au foyer domestique par une entente parfaite, une foi commune. Et que de joie saine, que de bonne besogne, dans la même œuvre poursuivie par le mari et la femme, agissant de concert, chacun librement, avec son individualité propre ! Si Geneviève avait encore parfois des défaillances, Marc intervenait à peine, préférait la laisser elle-même regretter et réparer ses heures de trouble, renaissant du passé. Chaque soir, après la classe,