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Page:Zola - Vérité.djvu/694

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voulait être prêt, les dernières boiseries posées, les peintures sèches, pour le milieu de septembre, date à laquelle Simon avait fini par fixer son retour. Et ce fut ainsi que, sur le plan de leur fils et neveu Adrien, le maçon Auguste, le serrurier Charles, aidés du charpentier Marcel, tous des Doloir alliés à des Bongard, construisirent la maison votive, offerte en cadeau à l’instituteur Simon, sous la surveillance amicale du maire Léon, un Savin.

En septembre, la simple et riante maison se dressait au milieu de son jardin, qu’une grille fermait du côté du square. L’hôte, affectueusement attendu, pouvait venir l’occuper. Rien n’y manquait. Seule, au-dessus de la porte, la plaque de marbre qui portait l’inscription, se trouvait couverte d’un voile, comme inachevée. Mais c’était la surprise, qu’on devait découvrir au dernier moment. Adrien s’était rendu dans les Pyrénées, auprès de Simon et de David, afin de tout régler à l’avance. Il était entendu que Mme Simon, vivante encore, quoique bien affaiblie, presque impotente, viendrait s’installer la première, avec l’aide de ses enfants, Joseph et Sarah. Puis, au jour convenu, Simon arriverait en compagnie de son frère David, serait reçu officiellement à la gare, puis conduit à sa demeure glorieuse, don de ses concitoyens, où sa femme et ses enfants l’attendraient. Et ce fut le vingt septembre, un dimanche, par une journée de radieux soleil, d’air tiède et pur, que la solennité se déroula. Les rues de Maillebois étaient pavoisées, on avait effeuillé les dernières fleurs de la saison sur le parcours du cortège. Le train ne devait arriver qu’à trois heures, et la population, depuis le matin, vivait dehors, au milieu de chants et de rires, toute une foule heureuse et parée, qu’augmentait sans cesse le flot des curieux, accourus des communes voisines. Dès midi, on ne pouvait plus circuler devant la