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232 SULLY PRUDHOMME

devoir du poète et règle sa méthode, ses problèmes, les tendances générales de ses conclusions. Car, à mesure qu'elle aspire et monte, elle se fait moins individuelle pour sympathiser avec les sentiments de tous les hommes. Elle devient sociale, en pro- longeant l'essor de nos âmes vers ces apparitions éparsesetfugitives,maisrévélatricesdenosdestins. L'Idée de Loi, qui définit sa doctrine poétique, nous explique son attitude devant les poètes de son temps. Les romantiques — d'Hamlet à Nietzsche 4- sont réfractaires à la discipline, parce qu'ils font entendre, de toutes parts, un appel à l'affranchissement. Le romantisme fut un mouve- ment de révolte au nom d'un idéal malaisément définissable, parce qu'il est formé de négations. Dans la Préface de Cromwell, on trouve de l'indi- gnation et de la satire : rarement on rencontre une pensée ferme qui forme l'armature d'un rai- sonnement. La liberté est proclamée le but de l'art: idée enivrante, mais juvénile! Erreur profonde, qui pousse l'esprit aux pires confusions ! La liberté n'est pas le but, mais le moyen de l'art. C'est pourquoi cette esthétique ne se façonne qu'aux constructions brillantes et fragiles de la mauvaise synthèse et du lyrisme, je veux dire à la fantaisie