Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie dans la seconde moitié du XIXe siècle/T5 PJ

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PIÈCES JUSTIFICATIVES


NUMÉRO 1


Arrêt de la cour de Parlement
qui condamne marie launay, fille cuisinière, à être pendue et étranglée, jusqu’à ce que mort s’ensuive, par l’exécuteur de la haute justice, à une potence qui, pour cet effet, sera plantée dans la place de grève, pour vol domestique d’une montre d’or et de couverts d’argent, dont elle a été trouvée saisie au moment où elle se disposait a les mettre en gage au mont-de-piété.


EXTRAIT DES REGISTRES DU PARLEMENT.

Du quatre juillet mil sept cent quatre-vingt.

Vu par la cour, le procès criminel fait par le prévôt de Paris, ou son lieutenant criminel au Châtelet, à la requête du substitut du procureur général du Roi audit siège, demandeur et accusateur, contre Marie Launay, fille cuisinière, défenderesse et accusée, prisonnière ès prison de la Conciergerie du Palais, à Paris, et appelante de la sentence rendue sur ledit procès le 23 mai 1780, par laquelle ladite Marie Launay a été déclarée dûment atteinte et convaincue du vol domestique de la montre d’or et des couverts d’argent dont elle a été trouvée saisie au moment où elle se disposait à les mettre en gage au Mont-de-Piété, ainsi qu’il est mentionné au procès : pour réparation de quoi, ladite Marie Launay a été condamnée à être pendue et étranglée jusqu’àce que mort s’ensuive, par l’exécuteur de la haute justice, à une potence qui, pour cet effet, serait plantée dans la place de Grève ; ses biens ont été déclarés acquis et confisqués au Roi, ou à qui il appartiendrait, sur iceux préalablement pris la somme de deux cents livres d’amende envers le Roi, au cas que confiscation n’ait pas lieu au profit de Sa Majesté. Il a été dit aussi que ladite sentence serait, à la diligence du substitut du procureur général du Roi, imprimée, publiée et affichée dans tous les lieux et carrefours accoutumés de la ville, faubourgs et banlieue de Paris, et partout où besoin serait. Ouïe et interrogée en la cour, ladite Marie Launay, sur les causes d’appel et cas à elle imposés. Tout considéré :

La cour dit qu’il a été bien jugé par le lieutenant criminel du Châtelet, mal et sans griefs appelé par ladite Marie Launay et l’amendera ; ordonne qu’à la requête du procureur général du Roi, le présent arrêt sera imprimé, publié et affiché dans les lieux indiqués par ladite sentence, et partout où besoin sera ; et pour le faire mettre à exécution, renvoie ladite Marie Launay prisonnière par-devant le lieutenant criminel du Châtelet. Fait en Parlement, le quatre juillet mil sept cent quatre-vingt. Collationné, Maasien.

Signé : Lecousturier.



NUMÉRO 2


Rapport de la commission du travail et de l’échange sur la liquidation des monts-de-piété.


On ne peut assigner une date précise à l’usure. Dès que les hommes eurent, à l’échange pure et simple, substitué une monnaie, la passion du lucre engendra le prêt usuraire.

Au moyen âge, les peuples se débattaient sous l’étreinte des prêteurs d’argent, juifs, lombards, caorsins, qui, de pair avec l’Église, les écrasaient d’impôts, de redevances et d’intérêts ; aux temps les plus reculés, on voit pratiquer l’usage de la contrainte par corps, du prêt sur gages et de l’hypothèque.

Dans une charte de 1234, Louis IX s’exprime ainsi :

« Il fut commandé destroitement à toz les baillis que li cors des Crestiens ne soient pris de ci en avant par la dete des Juifs, et que li Crestiens ne soient pas contraints de vaindre por ce leur héritage. »

D’autres ordonnances royales tendirent à réglementer l’usure, et de nombreuses proscriptions vinrent atteindre les usuriers. Mais ces mesures n’eurent pas d’effets bien efficaces, car les abus et les exactions se perpétuèrent sous tous les règnes ; et, le plus souvent, ces persécutions, commandées par les seigneurs, le clergé, ou les rois, n’avaient d’autres motifs que la confiscation, à leur profit, des fortunes que les Juifs ou les lombards avaient amassées.

Des lettres patentes du mois de mai 1382 concèdent aux lombards et à leurs facteurs le droit d’organiser des maisons de prêt sur gages, limitent le taux des intérêts et légifèrent en 26 articles le monstrueux privilège d’extorquer la fortune publique et le produit du travail. (Les intérêts furent fixés à 43 3/5 p. 100.)

Dans ses ordonnances du Louvre, Louis XI confirme purement et simplement les lettres de 1382 ; mais ce furent les dernières.

Les monts-de-piété prennent leur origine en Italie, et l’exemple est suivi dans les Pays-Bas : Pérouse, 1467 ; Savone, 1479 ; Cesène, 1488, etc. ; Rome, 1590. Ce dernier établissement prit un tel développement, qu’il put même faire l’office d’une banque de prêts pour des sommes considérables.

Leurs débuts furent scandaleux. Ainsi dit un écrivain parlant des livres ès docteurs redondant d’erreurs.

« Permettent aux dits Juifs de prêter à usure à leurs sujets et d’en tenir banque publique non-seulement d’usure, mais aussi d’usure d’usure et icelles usures d’usures d’usures exercer et exiger. »

Les papes et les ordres religieux dogmatisèrent sur les monts-de-piété, et, au concile de Latran (1512-1517), une bulle pontificale consacra d’une manière définitive les prêts sur nantissement.

À cette époque, le commerce s’étendit rapidement, et de récentes découvertes donnèrent un essor aux transactions. La bourgeoisie qui, il est vrai, n’existait que de fait, tout en écrasant le peuple, chercha, d’un autre côté, à échapper aux serres des Juifs, et les maisons de prêts furent en réalité des maisons de change.

Ce ne fut qu’en 1626 que les états généraux, convoqués à Paris, promulguèrent une ordonnance établissant les monts-de-piété. L’exécution de cette ordonnance fut bien incomplète ; mais l’idée fut reprise par Louis XIV en 1643, et c’est de cette époque bien réellement que date l’institution des monts-de-piété à Paris.

Le 9 décembre, sous le ministre Necker, une nouvelle ordonnance détermine plus particulièrement l’administration et l’organisme des monts-de-piété et de leurs succursales, bien que Necker lui-même regarde les monts-de-piété comme une « sorte de conciliation avec les vices ».

Déjà le peuple supportait péniblement un excès de misère que certes ne parvenait pas à atténuer la facilité d’emprunter « quelques sous sur les nippes ». Aussi Louis XVI, donnant satisfaction à des demandes pressantes, réitérées, menaçantes, ordonna-t-il la restitution des linges de corps et vêtements d’hiver engagés pour une somme au-dessous de quatre-vingts francs.

Un autre décret de la Convention nationale, du 4 pluviôse an II, vient encore en aide à la misère publique et accorde aux porteurs de reconnaissances ne dépassant pas vingt livres le droit de retirer gratuitement les effets déposés au mont-de-piété. L’article 9 portait : « Les comités de secours publics et des finances feront incessamment leur rapport à la Convention sur la question de savoir s’il est utile au bien général de conserver les établissements connus sous la dénomination de monts-de-piété. »

Un troisième décret, du 1er pluviôse an III, ordonne de remettre aux propriétaires indigents les nantissements déposés par eux jusqu’à concurrence de cent livres (assignats).

Puis le souffle révolutionnaire emporta l’institution même, sans avoir la puissance cependant de rétablir le crédit et de donner aux travailleurs ce qu’il leur faut pour vivre : les instruments de travail.

Sous le Directoire, alors qu’un césar apparaissait avec l’intention formelle de réglementer le monde, l’usure avait pris des allures tellement scandaleuses, que Regnault de Saint-Jean-d’Angély ne trouva d’autres moyens de remédier à ces nouvelles exactions que le rétablissement des monts-de-piété ; et, le 24 messidor an XII, un décret impérial sanctionna les conclusions du sénateur.

De Bonaparte Ier à nos jours, l’historique des monts-de-piété ne présente de faits importants qu’une réglementation diverse dont l’étude, intéressante à coup sûr, dépasserait le cadre de ce rapport.


liquidation des monts-de-piété ; leur situation économique, leur valeur morale. — appréciations sur les services qu’ils rendent aux travailleurs.

Comme toutes les institutions financières établies sous la monarchie, les monts-de-piété sont un monopole. À ce titre, l’intervention de la Commune est nécessaire.

Les monts-de-piété se classifient eux-mêmes dans l’ordre des administrations de bienfaisance ; ils ont une corrélation intime avec les bureaux de bienfaisance, l’administration des hospices, les caisses d’épargnes, la société du prince impérial. Ces cinq organes de la charité publique font entre eux des virements de fonds journaliers.

Les opérations financières du mont-de-piété sont les suivantes :

Ils empruntent au moyen de billets au porteur ou de billets à ordre, à raison de 3 p. 100 d’intérêts en moyenne ; ces emprunts proviennent, pour la plupart, des dépositaires à la caisse d’épargnes.

Les bénéfices résultant de la balance des opérations sont attribués à l’administration des hospices, dont les propriétés foncières sont hypothéquées du montant des billets souscrits.

La garantie effective des avances au mont-de-piété est donc basée sur des propriétés appartenant à l’État.

En 1869, les bénéfices ont été de 784 737  fr. 53  c. Il résulte du compte administratif de 1869 que les droits perçus en moyenne par le mont-de-piété auraient été de 6 p. 100 ; mais les droits indiqués aux reconnaissances s’élevant à 12 ou 14 p. 100, il s’ensuit que le rapport, pour des motifs qu’il nous a été impossible de connaître, est muet sur une partie des opérations.

Donc cette administration, agissant sous une sorte de commandite des hospices, n’alloue que 3 p. 100 d’intérêt aux prêteurs ; mais, afin de laisser un aléa pour les bénéfices des commanditaires, l’administration frappe les prêts de droits divers, afin de diminuer d’autant le prélèvement des frais généraux.

Dans ces frais généraux ne figurent pas, bien entendu, les loyers des locaux, qui sont à la charge de l’État.

Les billets à ordre et les billets au porteur sont, pour la plupart, souscrits au profit d’une classe très-modeste, la même absolument qui crédite la caisse d’épargnes. La confiance sans limite qu’inspire l’administration du mont-de-piété explique ce placement à intérêts modiques.

Les intérêts ne forment donc qu’une très-faible partie des frais généraux, qui dans l’organisation complète de cette institution atteignent un taux scandaleux ; les appointements des divers employés s’élèvent à environ 960 000 fr. par an.

L’État régularisant les prêts sur gages avec prélèvement d’intérêts a, par son approbation, sanctionné les opérations usuraires, quels qu’en soient la forme ou le mobile.

En fait, les prêts sur gages soulagent momentanément les classes laborieuses dans les cas de chômage ou de maladie, cas fréquents, qu’une organisation sociale équitable doit prévoir, et qu’elle a pour mission de prévenir et de soulager effectivement sans en bénéficier.

Ils n’ont pas davantage leur raison d’être dans les moments de crise générale, où les charges que supporte la société doivent être réparties d’une façon normale.

Les classes laborieuses ont, il est vrai, pu subvenir aux nécessités du moment par l’intervention du mont-de-piété ; mais les familles sont dépossédées d’objets qu’elles ne peuvent remplacer, et qui sont vendus à vil prix.

Voici, pour mémoire seulement et sans plus de développements, quelques-uns des nombreux abus que protégeait l’institution du mont-de-piété :

Le commerce, pour retarder la faillite, détournant des marchandises afin de parfaire le chiffre de ses échéances ;

L’agiotage s’opérant en grand sur la vente par l’administration des objets non dégagés, et sur la vente des reconnaissances par les emprunteurs ;

Dans le ménage, l’économie troublée par cette facilité d’un emprunt inutile pour le travail et ruineux pour l’intérieur ;

Etc, etc.

La Commune, par ces institutions sincèrement sociales, par l’appui qu’elle donnera au travail, au crédit et à l’échange, doit tendre à rendre inutile l’institution des monts-de-piété, qui sont une ressource offerte au désordre économique et à la débauche.

Mais revenant au fait actuel, la commission conclut ainsi :

Le mont-de-piété détient une quantité considérable de gages, sur lesquels il a prêté une somme de 38 millions, ce qui, vu l’infériorité du prêt pendant la période du siège, représente une valeur réelle d’environ 180 millions, la moyenne du prêt ne dépassant pas le cinquième de la valeur de l’objet déposé.

Les ventes arrêtées par le décret de la Commune, les crédits ajournés, la dispersion de l’épargne pendant le siège, vont forcément interrompre les opérations des monts-de-piété, qui ne sont plus effectivement que les gardiens des gages en magasin et qui privent une partie considérable de la population d’objets de première nécessité.

Il faudrait, pour que les monts-de-piété puissent continuer leurs opérations usuraires sous le gouvernement de la Commune, qu’ils recourussent à d’autres établissements de crédit, ce qui, en en admettant la possibilité, augmenterait de 4 p. 100 au moins les contributions ou préparerait une liquidation annuelle avec un chiffre énorme de pertes.


La liquidation des monts-de-piété est donc indispensable, au double point de vue de l’immoralité de leur principe et de la nullité absolue de leur fonctionnement économique.

La liquidation se heurte tout d’abord à une difficulté qui semble colossale : celle de rembourser les 38 millions de francs, dont sont débiteurs les monts-de-piété envers une classe qui a engagé là les fruits d’un labeur de plusieurs années.

Il serait injuste de jeter le trouble dans la vie économique de citoyens qui ont peut-être fait acte de prévoyance exagérée, mais non d’agiotage.

D’un autre côté, l’état des finances ne permet pas d’effacer la dette au moyen d’une dépense spéciale.

Mais si l’on place la question sur son véritable terrain, il ressort des faits que l’administration des monts-de-piété détient et immobilise une valeur de 180 millions pour prêts de 38 millions ;

Que les renouvellements, s’ils étaient possibles dans l’état actuel des choses, frapperaient d’un impôt très-lourd une classe particulièrement atteinte ;

Que toute liquidation partielle, dans cette période, porterait atteinte aux gages du prêteur et de l’emprunteur.

En sorte que les garanties des souscripteurs de billets n’ont d’autre valeur que celle que leur présente le crédit des monts-de-piété, garantie aléatoire.

Cette garantie qu’offre le crédit de l’établissement peut être remplacée par toute autre, et la Commune se mettant au lieu et place des monts-de-piété, supprimés en vertu des considérations développées plus haut, aucun intérêt ne sera lésé.

La Commune aurait à déléguer un syndicat de liquidation, qui examinerait scrupuleusement, sous les yeux de la Commission du travail et de l’échange, les titres des créanciers des monts-de-piété. Ceux qui ne donneraient prise à aucune accusation de fraude ou d’opérations irrégulières seraient échangés contre une valeur nominale garantie par la Commune, et remboursable en cinq ans, par trimestre et par voie de tirage au sort.

Les débiteurs du mont-de-piété recevraient leurs gages représentés par des effets d’habillement, literie ; objets mobiliers et outillage. Ils souscriraient, au profit de la Commune, un engagement de la totalité de leur dette, remboursable en cinq ans et par coupons mensuels.

Cette confiance accordée au peuple consacrerait le principe du droit des travailleurs au crédit.

Sans doute, le syndicat de liquidation resterait à découvert d’une certaine somme d’engagements impayés, résultat forcé des événements politiques passés, et dont la société est solidaire.

Cette expérience de crédit et de confiance accordés aux travailleurs sera concluante ; et alors tomberont toutes les calomnies qui ont tenté d’entacher leur honorabilité.

Les objets d’or et d’argent, qui n’ont qu’une valeur accessoire, seraient conservés comme garantie, tout en laissant aux emprunteurs la faculté de se libérer par fractions.

Les marchandises engagées par les commerçants seraient également conservées, pour ce fait qu’elles sont elles-mêmes la garantie des créanciers. Toutefois, le syndicat serait admis à faire l’échange de ces marchandises contre d’autres garanties.

Les reconnaissances détenues par des tiers ne seraient pas admises au bénéfice de la restitution ; elles seraient rangées dans la catégorie des matières d’or et d’argent.

Enfin, un an après l’ouverture de la liquidation, tout gage restant en possession complète du syndicat sera vendu, après publicité suffisante, au profit de la liquidation.


conclusions.

Considérant que les lois et ordonnances qui régissent les monts-de-piété constituent un privilège en faveur d’une exploitation privée ;

Que la Commune ne peut continuer la tradition de l’ancien régime, protégeant un établissement de crédit dans ses opérations usuraires ;

Considérant que les monts-de-piété ne sauraient remplacer le droit des travailleurs aux instruments de travail et au crédit ;

Que les ressources momentanées qu’ils trouvent dans les prêts sur gages sont souvent une cause de misère dans la famille, qui voit disparaître peu à peu le fruit de ses économies ;

Qu’il est d’habitude, pour le commerçant gêné, de recourir à l’expédient de l’emprunt au mont-de-piété ; opérations que l’on retrouve dans le plus grand nombre des faillites, et qui eussent dû être considérées comme une fraude au moyen de laquelle les gages des créanciers avaient été détournés ;

Considérant, en outre, qu’après la crise que vient de subir la population de Paris, la majorité des familles ayant des engagements au mont-de-piété sont privées d’objets indispensables, qu’elles ne pourront remplacer de longtemps ;

La Commune

décrète :

Art. 1er. La liquidation des monts-de-piété est prononcée.

Art. 2. Il est nommé un syndicat de liquidation, composé des citoyens.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . agissant sous la surveillance de la Commission du travail et de l’échange.

Art. 3. Les créanciers du mont-de-piété recevront, en échange de leurs titres, une reconnaissance garantie par la Commune et remboursable en cinq années, par trimestre et par voie de tirage au sort.

Art. 4. Les objets mobiliers, vêtements, literie, outillage, seront rendus contre l’engagement que souscrira le débiteur de rembourser au syndicat le montant du prêt en cinq années et par mois.

Toutefois, les objets appartenant aux familles des citoyens morts pour la Commune seront rendus gratuitement.

Pareille exception sera faite pour les gardes nationaux dont les blessures sont assez graves pour motiver une cessation de travail.

Art. 5. Les objets d’or et d’argent seront conservés à titre de garantie jusqu’à complet remboursement de l’emprunt, qui pourra s’effectuer par versement minima de 1 fr. par jour.

Art. 6. Les marchandises provenant des magasins de ventes seront également conservées, mais pourront être échangées contre toute autre garantie.

Art. 7. Les titulaires des reconnaissances bénéficieront seuls du présent décret. Ils devront prouver que leur identité est conforme à la déclaration contenue dans les livres du mont-de-piété.

Art. 8. Au délai d’un an, les objets indiqués par l’article 4 seront vendus publiquement et à l’enchère.

Art. 9. Ceux qui ont été indiqués par les articles 5 et 6, et qui n’auraient pas été retirés, seront vendus à l’expiration des opérations syndicales.


annexe au projet de liquidation des monts-de-piété.

Les considérations précédentes se résument ainsi :

1° Rendre tous les gages, outillage, vêtements, couvertures, literie, détenus par les monts-de-piété.

Afin que les marchands qui trafiquent sur l’achat des reconnaissances ne profitent pas du décret de la Commune, il faut que les bénéficiaires porteurs de la reconnaissance prouvent leur identité, et qu’elle soit conforme à la déclaration reçue au bureau d’engagement.

Les veuves ou orphelins des gardes nationaux tués au service de la Commune recevront gratuitement leurs gages ;

De même, les gardes assez griévement blessés pour être dans l’impossibilité de reprendre leur état.

Les municipalités pourront, sous la garantie des membres de la Commune ; rendre gratuitement les gages aux nécessiteux


Mais combien de travailleurs, gardes nationaux sans aucune ressource actuelle, et ayant des objets de première nécessité engagés au mont-de-piété, hésiteront à se déclarer nécessiteux et ne profiteront pas du décret !

C’est en faveur de cette catégorie, fort nombreuse, que le rapport de la Commission propose le retrait des gages, contre engagement de rembourser en cinq années et par mois.

Cette mesure serait d’autant plus socialiste que l’homme convaincu est fier, et qu’il ne se résout pas facilement à solliciter une aumône, même déguisée.

Donc, gratuité absolue aux veuves et orphelins des gardes morts en défendant la Commune ;

Gratuité absolue aux blessés ;

Gratuité absolue aux nécessiteux.

Reste à résoudre la question au profit de ceux qui n’ont pas de ressources, mais qui ne voudraient pas se déclarer nécessiteux.

Matières d’or et d’argent retenues jusqu’à parfait remboursement du prêt ;

Marchandises neuves sortant des magasins retenues également.

En dehors de ces opérations, il faut songer à liquider radicalement les monts-de-piété, qui ne sont qu’une officine d’usure, et dont les actes, mis au grand jour par le conseil de liquidation, fourniront sans doute des révélations importantes.

Liquider, parce que l’établissement ne sera plus en mesure de continuer ses opérations, faute de crédit.

Liquider, parce que le prêt officiel sur gages est immoral.

Liquider, parce que le crédit est un droit acquis à chaque travailleur, droit qui doit se manifester autrement que par la privation d’objets qui lui sont indispensables.

Liquider, parce que les prêteurs sont eux-mêmes des nécessiteux, et que leurs intérêts pourraient être compromis par les manœuvres d’une administration hostile au peuple et à la Commune.

Il est bien entendu qu’à la liquidation du mont-de-piété doit succéder une organisation sociale qui donne au travailleur des garanties réelles de secours et d’appui, en cas de chômage et de maladie. Certes, la suppression de cette institution ne devra causer aucune appréhension à qui que ce soit, et, nous devons en être bien convaincus, l’établissement de la Commune commande de nouvelles institutions, réparatrices, susceptibles de mettre le travailleur à l’abri de l’exploitation par le capital, à l’abri des nécessités d’emprunts usuraires, et d’installer à son foyer le calme et la tranquillité, qui retrempent les courages et moralisent l’individu.

La Commission du travail et de l’échange :
chalain, longuet, malon, serailler, theisz.
Le délégué :
léo frankel.

(Extrait du Journal officiel de la République française, n° 121 ; 1er mai 1871.)



NUMÉRO 3


Lettre inédite de Valentin Haüy.


Chez l’abbé Haüy, membre de l’Académie française, professeur de minéralogie, chevalier de la Légion d’honneur, etc., etc., au Jardin du Roi à Paris, dimanche 28 mai 1820.

Je saisis, mon cher fils bien-aimé, l’occasion du voyage de la respectable madame de Forville en Russie pour mettre sous tes yeux des renseignements relatifs au séjour que tu fais toi-même dans cet empire, et qui pourront t’aider à fixer sur toi l’attention gracieuse du bon empereur Alexandre, à la recommandation de plusieurs seigneurs de sa bienveillante noblesse si, comme je l’espère, madame la princesse de Volkonsky veut bien prêter une oreille attentive à la prière de mademoiselle de Forville dans cette circonstance. Ils te sont déjà connus en partie les renseignements dont je viens de te parler. Lis à cet effet toute cette lettre bien attentivement.

Je vivois du produit de mon cabinet, sous le règne de notre infortuné souverain feu Louis XVI, honoré que j’étois du titre de secrétaire-interprète du roi pour la traduction des langues étrangères et des écritures en caractères illisibles au commun des hommes, etc., etc., voulant en outre employer mes loisirs à quelque objet utile au soulagement et à la consolation de l’infortune (1782, mai 28), un jour où la grande-duchesse de Russie (aujourd’hui l’impératrice-mère) venait de passer sur le boulevard de la place Louis XV, avec le grand-duc, son époux, j’aperçus dans un café dix pauvres aveugles, affublés d’une manière ridicule, ayant des bonnets de papier sur la tête, des lunettes de carton sans verre sur le nez, des parties de musique éclairées devant eux, et jouant fort mal le même air tous à l’unisson. On vendoit à la porte du café une gravure représentant cette scène atroce. Au bas de l’estampe étoient huit vers dans lesquels on se moquoit de ces infortunés. J’achetai cette gravure ; et l’esprit encore frappé des regards bienveillants de la princesse Marie Féodorowna, je conçus le projet de secourir et de consoler les malheureux aveugles (1784). Il me vint dans l’idée d’imprimer des paroles et de la musique en relief sur le papier, pour les mettre à portée d’apprendre chacun sa partie par cœur à l’aide du tact.

Je ne fus pas découragé par le premier obstacle qui se rencontra (le défaut de finances), secours si nécessaire dans une entreprise sujette à beaucoup d’avances pour faire des essais multipliés. Le produit de mon cabinet de secrétaire-interprète du roi ne suffisant pas, je fis des emprunts. Ces sacrifices furent d’autant plus indispensables de ma part, qu’ayant prié la compagnie de bienfaisance (1er mai) connue sous le nom de Société philanthropique, de m’avancer à cet effet les fonds dont j’avois besoin et de me confier l’éducation de douze pauvres enfants aveugles qui étoient au nombre de ses pensionnaires, elle en fut détournée pendant quelque temps par l’annonce qu’on lui fit de moyens bien supérieurs aux miens, pour l’instruction des enfants qui seroient tout à la fois aveugles-nés ainsi que sourds-muets (1784, décembre 5). C’est ce qu’attestent le Journal de Paris du 5 décembre 1784 et autres écrits publiés postérieurement.

Je commençai donc mon institution avec un seul sujet (le nommé Le Sueur), pauvre aveugle demandant à la porte d’une église. J’eus soin avant tout de lui assurer tout au moins l’équivalent de ce que lui accordait par jour la bienfaisance publique. Puis je lui mis entre les mains une petite machine fort simple à faire du ruban, qu’un voyageur avoit rapportée d’Angleterre. Ensuite, voulant l’essayer par d’autres parties d’éducation, je lui appris à lire, à écrire, à compter, à imprimer, à déchiffrer la musique et appliquer au piano à l’aide d’un maître les principes de cet art. Je joignis à ces premières connaissances celles de la grammaire, de la géographie et de l’histoire, etc.

Des livres de morale et de religion furent la base de sa bibliothèque (1785, janvier). Ce fut alors que la Société philanthropique me confia l’éducation de ses douze pauvres enfants aveugles. À peine les premiers succès de cette institution furent-ils connus, que des journaux en rendirent un compte favorable. L’Académie des sciences examina mes procédés et m’en délivra des rapports avantageux. Les encyclopédies française et anglaise en firent mention au mot Aveugles,

(1786, décembre 11.) S. M. feu le roi Louis XVI, informée par différents seigneurs de sa cour de la naissance de cette institution, me fit transporter avec mes vingt-quatre premiers élèves en son château de Versailles ; nous y garda quinze jours (26) ; vit deux fois l’exposition de leurs moyens d’industrie ; la première seule, la seconde environnée de toute sa cour, aux yeux de laquelle ce bienveillant monarque daigna même m’aider à les faire valoir. Sa Majesté voulut bien accepter la dédicace de mon Essai sur l’éducation de mes intéressants élèves, leur donna un premier témoignage de sa bienfaisance et nous fit reconduire à Paris, où elle fonda la première institution royale des aveugles travailleurs. À la prière de ces infortunés, présentée au roi par M. le duc de Villequier, Sa Majesté daigna promettre de m’honorer du premier cordon de Saint-Michel qui deviendroit vacant. (Faveur dont me priva la Révolution par la suppression des ordres de chevalerie.)

Le premier établissement royal des jeunes aveugles travailleurs, ce monument de la bienfaisance de Louis XVI, fut respecté, s’accrut et se perfectionna sous toutes les espèces de gouvernement qui suivirent celui de ce bon roi, malgré les efforts continuels de mon ennemi pour le renverser.

(1790, décembre 24.) Le corps des musiciens de ces infortunés fut même employé par ordre des gouvernements dans les cérémonies civiles ou religieuses, et jusques au service du culte établi à l’époque où les églises catholiques étoient fermées. Ils exécutèrent une messe de requiem au service de l’abbé de l’Épée, au commencement de cette année (1791, mars 13).

Pour être déchargé de la dépense d’un logement nécessaire à mon institution, j’avois obtenu du gouvernement la permission de la placer dans un édifice public. On m’empêcha pendant quelques mois de jouir de cet avantage.

Les fonds pour son entretien étant également refusés, le bienfaisant Louis XVI, à ma prière, les alloua sur la trésorerie nationale.

(1801.) Malgré le compte satisfaisant que l’administration de bienfaisance rendit au ministre d’instruction publique du produit des travaux de mes élèves aveugles, sous la direction de leurs répétiteurs et chefs d’ateliers, ainsi que de la recette et dépense de leur économe, qui tous étoient privés de la lumière, leur ennemi juré, les taxant d’inutiles et onéreux, en demanda la suppression.

Enfin Napoléon Bonaparte, alors consul de la République françoise, cédant aux intrigues de l’égoïste malveillant qui nous persécutait, détruisit la première institution royale des jeunes aveugles travailleurs fondée par Louis XVI et composée alors de cent vingt élèves, et les fit placer à l’hôpital des Quinze-Vingts, fondé par saint Louis, où vivoient de leur pension trois cents aveugles avancés en âge. Il me fit donner ma démission par le ministre de l’instruction publique, qui motiva la suppression de mon emploi sur la nécessité de l’économie. Et cependant le ministre dit positivement dans un autre acte public n’avoir fait remplacer que deux sujets (censés présentés par moi, quoique je ne les connusse pas, et que les aveugles eux-mêmes les jugeassent incapables de les diriger).

(1802.) Sorti de l’établissement où feu Sa Majesté Louis XVI m’avoit honoré de la place de directeur, je fis annoncer dans les journaux que j’allois former en mon particulier un pensionnat en faveur des enfants aveugles appartenant à des familles aisées. Il me vint d’abord tout à coup cinq élèves, savoir, un de Paris, un de Flandre, un d’Amérique, un d’Angleterre et un d’Allemagne. Je m’empressai, mon bon ami, de commencer à les instruire, opération dans laquelle Fournier, le premier, parmi ces élèves, ayant déjà abordé mes premiers principes au sein même de ta famille, et étant secondé par toi, quoique tu ne fusses alors âgé que de trois ans (1803, janvier), ne tarda pas à m’obtenir des succès. Je conserve avec soin une pièce de ton écriture à cette date (1803, août 24).

Le public continua d’honorer de son intérêt, même ma petite institution particulière, quoique à cette époque parût la deuxième édition d’un ouvrage, dans lequel un auteur méprisait, encore plus qu’il l’avoit fait dans sa première publication, mes infortunés élèves, leur instituteur et les procédés qu’il avoit imaginés pour les soulager et les consoler de leur malheur.

(1805, février 28.) Entre les personnages de distinction qui visitèrent alors mon pensionnat particulier, je ne te parlerai pas de S. S. Pie VII, qui avoit daigné me promettre d’y venir, mais que l’intrigue attira ailleurs, où on lui fit voir mes procédés d’écritures. Je te rappellerai seulement M. le duc de Sommerset et madame l’épouse de Son Excellence l’ambassadeur de Russie en Espagne, qui m’honora de sa présence en passant à Paris. Je suis attaqué, jusqu’à la fin de mes jours, sans m’en plaindre, d’une incommodité grave, dont mon zèle à démontrer mes procédés devant cette princesse fut la cause. Un de mes aides n’ôtant pas assez vite une casse d’imprimerie fort pesante, je voulus la transporter moi-même, et mes efforts furent suivis d’une double descente devenue très-incommode. S. M. le bon empereur Alexandre, informée des injustices dont j’étois la victime, me fit proposer par S. Exc. le général Hitroff de venir à Saint-Pétersbourg former en faveur des aveugles russes une institution pareille à celle qu’avoit fondée Louis XVI dans Paris. J’acceptai ses offres gracieuses.

(1806, mai 2.) Affligé que j’étois par ma descente et par un mal à la jambe, pour la guérison duquel il fallut me faire l’opération, nous ne partîmes pour la Russie, ta mère, toi, mon cher fils, et le bon Fournier, l’un de nos plus habiles élèves aveugles (que l’empereur avoit permis de m’accompagner), qu’au commencement de mai 1806. Plusieurs journaux parlèrent de l’éducation des aveugles et notamment le Cicerone parisiense, qui mit sous les yeux du public les injustices dont j’étois la victime en France. Nous fûmes invités à donner chez divers personnages distingués une idée de mon genre d’institution. Nous opérâmes chez la princesse de Wilhelmsbad, chez S. M. le roi de Prusse, à l’Académie des sciences de Berlin et autres parts. Ta mère, mon cher fils, fera sans doute entrer dans ton présent de noces la belle boîte ornée du chiffre F. G. en brillants que le monarque prussien m’envoya de Charlottenbourg.

(Septembre 7.) Nous crûmes de notre devoir d’aller en passant saluer à Mittau Louis XVIII, notre souverain légitime. Sa Majesté m’ayant invité à faire opérer Fournier en présence de toute sa maison, comme avaient fait mes premiers élèves aveugles 20 années auparavant à Versailles, sous les yeux de son frère Louis XVI et de toute sa famille (c’étoit le 26 décembre 1786). Lorsque nous en fûmes à la partie de l’écriture, mon élève aveugle écrivit tout à la fois du même coup de son style d’acier, sous les yeux de l’auguste assemblée, deux copies semblables, l’une en relief, l’autre en noir, des paroles ci-après : « Saint Louis ayant fondé un hôpital pour trois cents aveugles, invalides, qui avaient perdu la vue en Égypte. Louis XVI fonda un hospice en faveur des jeunes aveugles que l’on apprenoit à s’occuper utilement. Ce second établissement ayant été détruit par le consul Bonaparte, ce sera sous le règne de Louis XVIII qu’il sera rétabli. »

(1806, septembre 7.) Notre souverain légitime ayant lu cette prédiction de mon prophète, aveugle des yeux du corps, nous dit : « J’ai suivi dans les journaux le compte de vos travaux pour la consolation de l’infortune ; j’exhorte votre cher fils, ici présent, à continuer de vous y aider. Dans quelque position que je me trouve, je ne vous oublierai pas. » Dernières paroles bienveillantes que nous-répéta S. A. R. le duc d’Angoulême au nom de la famille royale. Je t’ai vu avec plaisir, mon cher Juste, suivre l’avis sage de notre digne roi, quoique dans une autre carrière que celle que j’ai embrassée. En nous quittant Sa Majesté me dit en particulier : « Vous profiterez sans doute de votre accueil en Russie pour servir nos bons François. — Sire, répondis-je, je le dois à double titre : ils sont vos sujets et mes compatriotes. » Après avoir cédé mon établissement, nous partons pour Saint-Pétersbourg. Déjà la malveillance y avoit répandu des calomnies sur mon compte. J’étois, suivant son témoignage, un espion envoyé par Bonaparte, pour l’informer de ce qui s’y passeroit. D’ailleurs la deuxième édition que j’ai citée le 2 janvier 1803, y étoit répandue depuis plus de trois ans. Les relations de son auteur avec S. M. l’impératrice mère et celles qu’y avoit aussi le protégé de ce malveillant, n’avoient pas peu contribué à m’indisposer cette souveraine. Quant au vertueux empereur Alexandre, las d’entendre des suggestions défavorables, Sa Majesté finit par répondre : « Qu’on ne me parle plus mal de ces étrangers, tant qu’ils se plairont près de moi, je les garderai. » Il me parut donc démontré qu’on vouloit empêcher l’institution des aveugles de réussir à Saint-Pétersbourg. Alors j’y déployai d’autres facultés dont heureusement pour moi on me savoit possesseur.

(1810). Sur l’invitation de diverses personnes distinguées, sans quitter mon objet principal, à mes moments de loisir je donnai des leçons à des sourds-muets, à des bègues, à des enfants dont l’intelligence était dérangée ; et puis après avoir adressé à S. M. l’empereur un mémoire imprimé sur l’art télégraphique dont il accepta la dédicace d’une manière favorable, j’exerçai successivement des Soldats à transmettre la parole par ma théorie, de l’agrément de Leurs Excellences Mgrs de Tchitchakof, ministre de la marine, et de Balatchef, ministre de la police générale de l’empire de Russie, opération dans laquelle tu m’aidas. Enfin, n’ayant point oublié la promesse que je fis à S. M. Louis XVIII, dans Mittau, le 7 septembre 1806, d’être utile dans Saint-Pétersbourg à tous les François qui réclameraient mes services, je cédai à diverses époques au désir d’environ une douzaine d’entre eux, en faisant sur leur invitation de petites pièces de vers adressées en leur nom à Leurs Majestés l’empereur et les impératrices ainsi qu’à plusieurs seigneurs de la noblesse de Russie, circonstance dans laquelle je me suis fait un plaisir d’exprimer leurs sentiments, d’autant que les personnages de distinction, qui étoient les objets de ces éloges, ont donné à ceux qui les leur présentoient des marques de leur bienfaisance…………

Si donc, à la prière de mademoiselle de Forville, ton aimable prétendue, madame la princesse de Volkonsky avoit la bonté de te faire parmi les seigneurs que je viens de te nommer, quelques protecteurs auprès de Sa Majesté l’empereur, qui voulussent bien appuyer ma pétition à Sa Majesté, qu’a emportée M. le chevalier Bazaine à son départ de Paris le 15 mars dernier, et qui sera encore recommandée par M. le docteur Chreichton, médecin de l’empereur, ainsi qu’il l’a promis à mon frère, tu pourrois, dans le résultat de la bienfaisance de Sa Majesté, trouver un secours favorable à votre union ; te recommandant de profiter de cette occasion pour être agréable à ta belle-sœur Justine Varlemot, à laquelle mon cœur paternel est aussi redevable.

L’influence de notre ennemi sur le gouvernement m’a bien empêché de reprendre à Paris la direction des aveugles travailleurs, mais Louis XVIII a rétabli, le 7 février 1815, l’institution royale de Louis XVI, détruite par Bonaparte il y avoit quatorze ans. Et cette institution continue de mériter aux yeux de l’Europe, dans l’exercice des travaux manuels de l’imprimerie, de la musique, etc., etc. C’est sans doute aussi le crédit de la malveillance qui, comme je te l’ai indiqué ci-dessus (fin d’octobre 1806), a assimilé l’établissement de Saint-Pétersbourg à l’hôpital des Quinze-Vingts de Paris, qui sont seulement logés et nourris, sans qu’on exige de travail de leur part. Si ma vieillesse et mes infirmités me le permettaient, j’irois voir mes deux enfants à Odessa. Puisses-tu obtenir la permission de venir me serrer dans vos bras. Adieu, mon cher fils, je t’embrasse bien tendrement ainsi que ton aimable promise.

Ton père : Haüy.

NUMÉRO 4


Livres (types Braille) servant à l’enseignement des aveugles, en vente à l'économat de l’Institution, 56, boulevard des Invalides, à Paris.



ministère de l’intérieur

institution nationale
des
jeunes-aveugles

Mars 1873.
Caffet et Fournier. Méthode de lecture 
 2  50
          Recueil de prières 
 2  75
          Catéchisme du diocèse de Paris 
 6    »
De Genoude. Évangile selon saint Matthieu 
 7    »
                                                 saint Jean 
 5  50
          Office du matin et du soir 
 2  50
De Lamennais. Imitation de Jésus-Christ, IV livres 
 6    »
Noël et Chapsal. Grammaire française, 1er vol……………………rudi. 
 6    »
                                                                 2e vol……………………… — 
 5    »
                                                                 3e vol……………………synt. 
 6    »
                                                                 4e vol……………………… — 
 5    »
Boniface. Vocabulaire 
 4    »
Guadet. Éléments de rhétorique française, d’après Filon 
 5    »
          Choix de morceaux en prose 
 3  50
          Littérature française, prose, 1er vol 
 2  50
                                                       2e vol 
 2  50
                                                       3e vol 
 2  50
                                                       4e vol 
 2  50
          Choix de morceaux en vers 
 5    »
La Fontaine. Fables choisies, 1er vol 
 5  50
                                                  2e vol 
 4  50
Florian. Fables choisies, 1er vol 
 2    »
                                        2e vol 
 2    »
          Ruth et Tobie 
 2    »
Boileau. Art poétique et Lutrin 
 5  50
Guadet. Tableau chronol. de l’histoire ancienne 
 3  50
                                                            du moyen âge 
 3  50
                                                            moderne 
 5    »
                                                            de France, 1er vol 
 6    »
                                                                           2e vol 
 6    »
Meissas et Michelot. Géographie méthodique 
 4    »
Cortambert. Géographie de la France 1er vol 
 4    »
                                                            2e vol 
 4    »
                                                            3e vol 
 3  50
          Cosmographie élémentaire 
 2    »
Delille. Cosmographie     1er vol 
 5    »
                                       2e vol 
 5    »
                                       3e vol 
 5    »
Dufour. Arithmétique élémentaire, 1er vol 
 4    »
                                                           2e vol 
 5  50
          Histoire naturelle 
 6    »
Coltat. Eléments de géométrie,1er vol. 
 5    »
                                                  2e vol 
 5    »
                                                  3e vol 
     
Saigey. Éléments de physique, 1er vol 
 4    »
                                                  2e vol 
 4    »
Guadet. Résumé de législation usuelle, 1er vol 
 4  50
                                                             2e vol 
 4  50
                                                             3e vol 
 4  50
Coltat, etc. Principes de musique 
 2    »
          Méthode de musique 
 5    »
          Tableau des signes de la notation vulgaire 
 1    »
Roussel, etc. Solfège pratique, 1er vol 
 6    »
                                                  2e vol 
 6    »
Roussel. Cours d’harmonie à deux parties 
 2    »
          Cours d’harmonie 
 5    »
Garcia. Exercices de vocalisation 
 »  85
Russine. Exercices mélodiques de vocalisation 
 1  30
Spohr. Étude pour le violon 
 3  50
Kreutzer. Étude pour le violon 
 4    »
Stiastny, etc. Étude pour le violoncelle 
 5    »
Franchomme, etc. Étude pour le violoncelle 
 5    »
Durier. Méthode de contre-basse 
 3  50
Meifred. Méthode de cor à pistons 1er vol 
 5    »
                                                    2e vol 
 5    »
Lecarpentîer. Méthode de piano 
 4    »
Lemoine. Méthode de piano, 1er vol 
 5    »
                                                2e vol 
 5    »
Kalkbrenner. Méthode de piano 
 5    »
          Études pour le piano, 1er vol 
 4    »
                                             2e vol 
 4    »
Czerny. Exercices journaliers en 40 études op. 337 
 4    »
Cramer. Études pour le piano, 1er vol 
 3  50
                                                  2e vol 
 4    »
Bertini. Études pour le piano, op. 100 
 2  50
                                                 op. 29 
 2  50
Bertini. Études pour le piano, op. 32 
 2  50
          Les mêmes réunies en 1 vol 
 5  50
Gauthier, etc. Morceaux pour l’orgue 
 5    »
     — Offices notés (rit parisien), 1er vol 
 5    »
                                               2e vol 
 6    »
                                               3e vol 
 6    »
                                               4e vol 
 6    »
Gauthier. Office du matin en faux-bourdon 
 3    »
                                  du soir                               
 3    »
Gauthier, etc. Recueil de cantiques, 1er vol. à Jésus 
 5  50
                                                         2e vol. à Marie 
 4  50
Hermann. Recueil de cantiques, 1er vol. à Marie 
 4  50
                                                  2e vol. à Jésus 
 5    »
Bach. Seconde gavotte 
 »  40
Beethowen. Valse en la b 
 »  40
Chopin. Nocturne en mi b 
 »  70
          Valse en ut mineur 
 »  70
Dolher. Nocturne en ré b 
 1    »
Lefébure. Les cloches du monastère 
 »  70
Quidant. Souvenir du petit enfant 
 1    »
Rosellen. Rêverie en sol 
 »  70
Schulof. Galop en ré b 
 1    »
Weber. Dernière pensée musicale 
 »  40
          Invitation à la valse 
 1  50
Wittoria. Jesu dulcis, motet 
 »  70
Osborne. La pluie de perles, valse 
 1    »
Kalkbrenner. Rondo pastoral en la 
 1  90
Louis. Les étoiles, quadrille 
 »  70
Ravina. Dernier souvenir 
 1    »
Desgranges. Il baccio d’Arditi, valse. 
 »  85
Littolff. Le chant de la fileuse 
 1    »
Kalkbrenner. Ronde pastorale en mi b 
 1  30
Ascher. Danse espagnole 
 1    »
Hœdel. Air varié 
 »  70
          Chaconne 
 1    »
Godefroid. Songes dorés 
 1  15
Neldy. Voix du ciel 
 1  30
          Office de la Conception de la Vierge 
 1    »
Lebet. Kyrie à quatre voix 
 1  35
Blumenthal. La Source, caprice 
 1  30
Arcadelt. Ave Maria pour quatre voix 
 »  40
Gauthier. 0 salutaris pour trois voix 
 »  30
          Messe brève pour les morts 
 »  70
Roussel. O crux ave, motet à deux chœurs 
 »  50
Liszt. Trois mélodies hongroises 
 »  75
Mendelssohn. Rondo capriccioso 
 1  50
O’Kelly. La vague et la perle 
 »  50
V. Paul. Inviolata 
 »  40
Weber. Rondo, op. 62 
     
Roussel. Étude en octaves 
     
Amic. Nocturne 
     
Mendelssohn. 1re fantaisie 
     
                           2e              
     
                           3e              
     



NUMÉRO 5


Inscription du regard de « la Lenterne », à Belleville.


Entre les moys, bien me remembre,
De may et celui de novembre
Cinquante-sept, mil quatre cents,
Qu’estoit lors prevost des marchands
De Paris, honorable homme,
Maistre Mathieu qui, en somme,
Estoit surnommé de Nanterre,
Et que Gallie, maistre Pierre,
Sire Michel qui, en surnom,
Avoit d’une Granche le nom ;
Sire Philippe aussi L’alemant,
Le bien publique fort aimant ;
Sire Jacques de Hacqueville.
Le bien désirant de la ville,
Estoyent d’icelle eschevins.
Firent trop plus de quatre-vingts
Et seize toises de cette œuvre
Resfaire en bref temps et heure ;
Car, se brefvement on ne l’eust lait,
La fontaine tarie estoit.


NUMÉRO 6


Assise par le Roi de la première pierre du grand regard de Rungis.


Le jeudi, onzième jour de juillet 1613, M. de Liancourt, gouverneur de Paris, est venu en l’hôtel d’icelle ville avertir MM. les prévôt des marchands et échevins que le roi désiroit aller samedi prochain voir les sources des fontaines de Rungis, à ce que mesdits sieurs eussent à donner ordre aux préparatifs nécessaires ; de quoi mesdits sieurs se réjouissant de l’honneur que Sa Majesté feroit à la dite ville, ont aussitôt envoyé quérir Martial Coeffier, cuisinier ordinaire de la ville, et le sieur Marin Villier, tapissier, tant pour faire le festin que pour préparer les meubles précieux où Sa Majesté prendra son dîner ; et suivant ce, le lendemain vendredi, douzième du dit mois, mes dits sieurs les prévôt des marchands et échevins furent au Louvre prier Sa Majesté d’aller aux dites fontaines, et si elle avoit agréable de prendre son dîner au château de Cachant ; ce qu’ayant été promis par sa dite Majesté, mes dits sieurs de la ville, ayant donné ordre à tout ce qui étoit nécessaire, tant pour le dîner, meubles, que toute autre chose, partirent de cette ville, le samedi, treizième du dit mois, avec messieurs les procureurs du roi, greffier et receveur de la dite ville, et allèrent jusqu’à La Saussoye, attendre sa dite Majesté, laquelle vint incontinent, suivie de monseigneur le duc de Montbason, mondit sieur le gouverneur, M. de Souveray et autres seigneurs, avec aussi sa compagnie de chevau-légers. Mesdits sieurs firent la révérence au roi ; ce fait, poursuivirent leur chemin jusques aux dites fontaines de Rungis, où étant, Sa Majesté mit pied à terre pour voir les sources des dites fontaines, où il avoit cinq ou six cents ouvriers qui travaillaient à faire les dites tranchées et autres ouvrages pour la conduite des dites eaux, dont Sa Majesté reçut un fort grand contentement, disant que son peuple en recevroit bien de la commodité : ce fait, mesdits sieurs de la ville supplièrent Sa Majesté de prendre son chemin vers le dit Cachant, où se faisaient les préparatifs du dîner ; ce qu’il leur accorda, et en y allant, fit quelque exercice de la chasse. Arrivés au dit Cachant, mesdits sieurs de la ville firent mettre sur table, où il y avoit quatre tables et quatre plats préparés pour le dit festin, et étoient les chambres, salles et cabinets du château fort bien parés en meubles, tant de tapisseries d’or et d’argent, comme les hauts dais et le lit où devoit reposer le roi, aussi d’or et d’argent. Sa Majesté se mit à table, où, pendant son dîner, mes dits sieurs de la ville furent autour de la dite table pour entretenir sa dite Majesté, pendant lequel temps les seigneurs qui étoient à la suite de sa dite Majesté, se mirent aussi à table dans une autre salle à part, où ils étoient plus de quatre-vingts ou cent seigneurs à table, le tout aux frais et dépens de la dite ville ; et ayant sa dite Majesté dîné, alla prendre son plaisir de la chasse dans le parc du château de Cachant, où étant pris congé par mes dits sieurs les prévôt des marchands et échevins, sa dite Majesté les remercia, et leur demanda quand l’on feroit l’assiette de la première pierre, qu’elle entendoit et désiroit y être présente ; à quoi mes dits sieurs de la ville firent réponse que c’étoit trop d’honneur qu’elle recevoit de sa dite Majesté ; et ayant fait appeler les ouvriers et entrepreneurs des dites fontaines pour savoir en quel temps on commenceroit à poser la première pierre du grand regard, lesquels firent réponse qu’ils étoient prêts quand il plairoit à sa dite Majesté, et au plus tard dans cinq ou six jours, afin de ne retarder leur besogne ; et lors mes dits sieurs les prévôt des marchands et échevins prirent de rechef congé de sa dite Majesté, pour s’en revenir en cette dite ville, où étant, attendu que la dite Majesté désiroit mettre la première pierre aux dites fontaines, firent aussitôt faire de grandes médailles d’or et d’argent, pour mettre et poser sous la dite première pierre, où sa dite Majesté étoit représentée d’un côté, et de l’autre côté la reine régente, sa mère, sur un arc en ciel signifiant sa régence. Et le lundi, quinzième du dit mois de juillet mil six cent treize, mes dits sieurs les prévôt des marchands et échevins furent encore avertis par mon dit sieur le gouverneur, que le roi et la reine régente, sa mère, désiraient aller aux dites fontaines de Rungis, pour asseoir la première pierre le mercredi ensuivant, à ce que toutes choses fussent prêtes pour cet effet, et, suivant ce, furent au Louvre prier Leurs Majestés de faire l’honneur à la dite ville de poser la dite première pierre et de prendre leur dîner au dit château de Cachant, ou en tel autre lieu qu’il leur plaira, lequel seigneur roi fit réponse qu’il iroit encore dîner au dit Cachant, et après le dîner, il iroit poser la première pierre ; et la dite dame reine, s’excusant du dîner, dit qu’elle se trouveroit aux dites fontaines de Rungis l’après-diner, dont mes dits sieurs de la ville remercièrent très-humblement leurs dites Majestés ; et étant mesdits sieurs de la ville revenus au dit Hôtel de la ville, avisèrent entre eux à tous les préparatifs nécessaires, tant pour les festins nécessaires, meubles précieux, collations, tentes, truelle d’argent, trompettes, tambours, médailles, vin pour défoncer en signe de réjouissance et largesse que toute autre chose requise, que mandant au dit Coeffier de préparer quatre beaux plats des viandes les plus exquises, et à Joachim Dupont, épicier de la ville, d’avoir à préparer les plus belles et exquises confitures qu’il soit possible de trouver pour faire les dites collations. Avenu lequel jour de mercredi, dix-septième du dit mois de juillet au matin, mesdits sieurs de la ville étant avertis que le roi étoit déjà parti pour aller au dit Cachant et se donner le plaisir de la chasse en chemin, partirent dudit Hôtel de Ville avec les dits sieurs procureurs du roi, greffier de la ville et receveur, et plusieurs autres officiers pour le service d’icelle, et allèrent au dit Cachant, où ayant trouvé sa dite Majesté, lui firent la révérence, la remercièrent de tant de peines qu’elle prenoit et de l’honneur qu’elle faisoit à ladite ville ; et ayant été par mesdits sieurs pris garde si tout étoit bien préparé, l’heure étant venue pour dîner, mesdits sieurs supplièrent Sa Majesté de vouloir bien se mettre à table, ce qu’elle fit, pendant lequel temps mesdits sieurs de la ville furent autour de la table, l’entretenant pendant son dîner, tant au sujet desdites fontaines que de plusieurs autres beaux discours, pendant lesquels les seigneurs et autres gentilshommes qui étoient de la suite de sadite Majesté, jusqu’au nombre de plus de cent, dînèrent dans une autre salle à part ; le tout aux frais et dépens de la dite ville ; après lequel dîner, tant sadite Majesté que mesdits sieurs de la ville prirent leur chemin pour aller aux dites fontaines de Rungis, où étant, mesdits sieurs de la ville reconnurent que tout ce qu’ils avaient commandé étoit bien préparé, et aussi deux tentes pour mettre Leurs Majestés à couvert, crainte du soleil, meublées, garnies de chaises de velours, brodées d’or et d’argent, et où étoit dressée une fort belle collation de toutes fort belles confitures exquises et en grande quantité ; comme aussi les ouvriers et entrepreneurs des dites fontaines étoient préparés pour faire asseoir la dite première pierre. Et environ les trois heures de relevée, arriva aux dites fontaines de Rungis la reine régente, suivie de M. le duc de Guise, de M. de Janville, de M. de Rheims, de M. le duc de Montbason, et d’autres seigneurs et gentilshommes, princesses, dames et demoiselles au-devant de laquelle dame reine mesdits sieurs de la ville furent, et la remercièrent de tant de peines qu’elle prenoit pour la dite ville : et aussitôt les trompettes étant en grand nombre avec des tambours, commencèrent à sonner ; même fut défoncé trois muids de vin que mesdits sieurs de la ville avaient fait préparer, qui furent dispersés, tant aux manœuvres et autres ouvriers desdites fontaines, étant au nombre de plus de six cents, qu’à plusieurs autres personnes, le tout en signe de réjouissance d’un si bel œuvre pour le public que lesdites fontaines, et à l’instant mondit sieur le prévôt des marchands, suivi de mesdits sieurs les échevins, procureur du roi, greffier et receveur, présenta au roi une truelle d’argent, et aussitôt, le grand trompette sonnant, le dit seigneur roi a été conduit à l’endroit où se commence le dit regard, suivi de la dite dame reine et de tous les princes et seigneurs ci-dessus : sa dite Majesté a assis et posé ladite première pierre, sur laquelle a été mis par sadite Majesté, assis et posé cinq desdites médailles ci-dessus, l’une d’or et quatre d’argent, baillées par lesdits prévôt des marchands et échevins, lesquelles ont été couvertes d’une autre pierre, qui ont été liées ensemble par sadite Majesté ; laquelle, pour ce faire, avec ladite truelle d’argent, a pris du mortier dans un bassin d’argent qui étoit à cette fin préparé et, à l’instant, les dites trompettes et tambours ont recommencé à sonner avec de grandes acclamations de joie et cris de : Vive le Roi ! par tout le peuple.

Ce fait, mesdits sieurs de la ville ont présenté au roi et à la dame reine, à chacun une desdites médailles d’or fort belles et pesantes, et à mondit seigneur le gouverneur et autres princes et seigneurs leur a été baillé d’argent, de quoi leurs dites Majestés ont été fort aises et contentes des libéralités de la dite ville ; ce fait, leur a été présenté la collation qui leur avoit été préparée des dites exquises et excellentes confitures, que leurs dites Majestés ont trouvées fort belles, et de tout ont remercié mesdits sieurs les prévôt des marchands et échevins ; et ayant pris congé de leurs dites Majestés, chacun s’est retiré, et sont mesdits sieurs de la ville revenus en cette ville. (Extrait des registres de la ville, vol. XIX, fol. 136.)


NUMÉRO 7


Armes et munitions trouvées dans les égouts publics.



PRÉFECTURE DE LA SEINE
service municipal
des
travaux publics

direction
des eaux et égouts
2e division

ASSAINISSEMENT

bureau de l’inspecteur
15, Quai Bourbon, 15
(Île Saint-Louis)
Paris, le 1er mai 1873.

Le soussigné a l’honneur d’informer monsieur l’inspecteur que six chariots du train d'équipages, attelés de six chevaux chacun, ont été chargés d’armes et de munitions provenant des recherches faites après la Commune dans les égouts publics. Ces objets, qui avaient été déposés dans la chambre du siphon du pont de l’Alma (rive gauche), avaient été trouvés dans les galeries ci-dessous désignées et ont été portés au Musée d’artillerie, par le génie militaire qui les avait fait prendre.

désignation des galeries où les armes et munitions ont été trouvées.

Rue Lavandières-Sainte-
Opportune.
 — des Innocents.
 — des Déchargeurs.
 — de la Lingerie.
 — des Halles.
 — du Pont-Neuf.
Place du Palais-Hoyal.
Rue Saint-Honoré.
 — de Valois.
Boulevard Sébastopol.
Rue Saint-Denis.
 — aux Ours.
 — Turbigo.
 — Montorgueil.
 — Grenéta.
 — des Deux-Portes-
St-Sauveur.

Rue Tiquetonne.
 — d’Aboukir.
 — Port-Mahon.
 — Feydeau.
 — Notre-Dame-des-
Victoires.
 — Saint-Joseph.
 — du Croissant.
 — de la Paix.
 — Paul-Lelong.
 — Montmartre.
 — Verbois.
 — Petit-Thouars.
 — du Temple.
 — Charlot.
 — de Bretagne.
 — Saint-Martin.
 — Vieille-du-Temple.

Rue Saint-Antoine.
 — Maubuée.
Boulevard Bourdon.
 — Malesherbes.
 — Haussmann.
 — de Courcelles.
Avenue Marigny.
 — Montaigne.
Place de la Concorde.
Rue Tronchet.
 — de Rome.
 — Faubourg-Saint-
Honoré.
 — Miroménil.
 — Penthiévre.
 — Berry.
 — Saint-Florentin.
 — du Rocher.

Rue du Colisée.
 — Abbatucci.
 — Cambacérès.
 — de l'Elysée.
Boulevard de la Gare.
 — de l’Hôpital.
 — Saint-Marcel.
 — Arago.
Avenue des Gobelins.
Quai d’Austerlilz.
Rue Clisson.
 — Jeanne-d’Arc.
 — du Chevaleret.
 — Beaudricourt.
 — du Génie,
 — du Gaz.
 — de Patay.
 — Saint-Hippolyte.
 — Sainte-Eugénie.
 — du Terrier-aux-
Lapins.
 — de Vanves.
 — d’Alésia.
 — Vandamme.
 — Daguerre.
 — du Champ-d’Asile.
 — de la Gaîté (14 ar.).
 — de la Tombe-
Issoire.
 — de la Santé.
 — de l’Ourcine.
Avenue d’Orléans.
 — de Châtillon.
 — Chaus. du Maine.
Boulevard d’Enfer.
 — du Montparnasse.
Rue Saint-Jacques.
 — Gay-Lussac.
 — Censier.
 — Buffon.
 — Monge.
 — des Écoles.
 — Galande.
 — Cardinal-Lemoine.
 — de la Harpe.
 — d'Enfer.
 — de Seine.
 — Tournon.
 — de Vaugirard.
 — de Sèvres.
 — de Rennes
 — de Buci.

Rue du Four-Saint-
Germain.
 — Saint-Benoit.
 — Jacob.
 — des Saints-Pères.
 — Condé.
Boulevard Saint-Michel.
 — Saint-Germain.
Place Maubert.
Route de Versailles.
 — du Point-du-Jour.
Avenue du Roi-de-Rome.
 — de la Grande
Armée.
 — d’Iéna.
Rue Lafontaine.
 — Boileau.
 — de Passy.
 — Boulainvilliers.
 — Beethoven.
 — de la Pompe.
 — de Chaillot.
 — de Presbourg.
 — d’Allemagne.
 — Bouret.
 — de Flandre.
 — de Meaux.
 — du Maroc.
 — de Ribeauval.
 — de Puebla.
 — des Amandiers.
 — de Belleville.
 — Julien-Lacroix.
 — de la Mare.
 — des Maronites.
 — de Ménilmontant.
 — de Bagnolet.
 — de Lagny.
Grande rue de
Montreuil.
Boulevard de la Villette.
Rue Neuve-des-Petits-
Champs.
Collecteur des
Batignolles.
Quai d’Orsay.
 — de Voltaire.
 — Malaquais.
 — Conti.
 — des Augustins.
Boulevard Saint-Michel.
 — Saint-Germain.

Rue Monge.
 — des Écoles.
 — Jussieu.
 — Geoffroy-St-
Hilaire.
Avenue Bosquet.
Boulevard de
Strasbourg.
 — Morland.
Quai de l’Hôtel-de-Ville.
 — des Célestins.
Rue de Rivoli.
 — Rambuteau.
Boulevard de Belleville
 — de la Villette
Rue d’Allemagne.
 — de Crimée.
Boulevard de Clichy.
 — des Capucines
 — Magenta.
 — Haussmann.
Rue de la Chaussée-
d'Antin.
 — de Clichy.
 — Lafayette.
 — Faubourg-Saint-
Martin.
 — Provence.
 — Drouot.
 — Saint-Maur.
 — de Dunkerque.
 — Maubeuge.
 — Faubourg-
Poissonnière.
 — Faubourg-
Montmartre.
 — Faubourg-Saint-
Denis.
 — Rochechouart.
 — Saint-Lazare.
Quai Valmy.
Rue du Faubourg-
Saint-Antoine.
 — de Charenton.
 — Saint-Maur.
 — de Bercy.
 — de l’Orillon.
Boulevard Voltaire.
 — Beaumarchais.
 — des Filles-du-
Calvaire.
 — Richard-Le-noir.

Boulevard du Temple.
Avenue Daumesnil.
 — des Amandiers.
Quai de La Râpée.
Cours de Vincennes.
Rue Saint-Charles.
 — de Javel.
 — des Entrepreneurs.
Boulevard de Grenelle.
 — La tour-
Maubourg.
Avenue de Breteuil.
 — Bosquet.
 — Rapp.
 — Bièvre.
De la rue Geoffroy-Saint-
Hilaire à la rue Monge
et des Fortifications
à la rue Monge.

Rue de Courcelles-
Levallois.
Boulevard Berthier.
 — des Batignolles.
 — de la Chapelle.
 — Rochechouart.
 — de Clichy.
 — Ornano.
Avenue de Clichy.
 — de Saint-Ouen.
Rue d’Asniéres.
 — Cardinet.
 — Chemin-des-Bœufs.
 — des Abbesses.
 — Lepic.
 — Stephenson.
 — Marcadet.
 — Oudot.
 — Pré-Maudit.

Rue de la Chapelle.
 — Pajol.
 — Michel-Bizot.
 — Marceau.
 — de Charenton.
 — Crozatier.
 — de Citeaux.
 — Saint-Bernard.
 — Basfroid.
 — Popincourt.
 — de la Douane.
 — du Château-d’Eau.
 — des Petites-Écuries
 — Richer.
 — du Faubourg-
Montmartre.
 — Saint-Lazare.
 — de la Pépinière.
Quai Jemmapes.

Le contrôleur principal soussigné.
E. Louis.