Patrimoine et Identité/Les associations et les particuliers

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CHAPITRE 7 LES ASSOCIATIONS ET LES PARTICULIERS.

Bien qu’il n’y ait aucune association patrimoniale aux Fougerêts à l’inverse de certaines communes (Saint-Martin-sur-Oust, Béganne, La Gacilly, etc.), je vais essayer de montrer qu’il existe dans le mouvement associatif local et chez les particuliers un véritable intérêt pour le patrimoine. Cet intérêt se caractérise par des actions pour la connaissance et pour la protection de certains éléments patrimoniaux. L’objectif est également de souligner les choix, les problèmes, les enjeux qui se dégagent de ces actions. J’ai choisi, en outre, de ne pas analyser séparément les associations et les particuliers puisqu’il existe une certaine réciprocité entre elles et ceux qui les composent. Ainsi, certaines actions collectives sont le résultat d’une démarche personnelle au sein d’un groupe, et inversement. J’ai décidé aussi de regrouper ces diverses actions locales en grands thèmes suivant la typologie du patrimoine esquissée dans la partie précédente, afin de souligner de façon plus évidente que les actions associatives et individuelles fougerêtaises concernent une très large part du patrimoine.

LES ACTIONS ASSOCIATIVES ET INDIVIDUELLES.

Dans le patrimoine naturel et paysager.

Il me semble évident de débuter tout d’abord par l’étude des différentes actions locales en faveur du patrimoine naturel des Fougerêts. Celles-ci concernent essentiellement sa protection et sa mise en valeur. Seules deux associations peuvent être comprises ici en tant qu’actrices locales de ce type de patrimoine ; il s’agit de l’A.C.C.A (Association Communale de Chasse Agrée) et du Foyer des Jeunes. Le président de l’A.C.C.A affirme clairement le rôle de son association en proclamant que « La faune, la nature, la chasse sont un morceau du patrimoine de Les Fougerêts. » Cette association a un rôle dans la mise en valeur et la protection du patrimoine naturel. Quant au Foyer des Jeunes, ce sont plutôt les actions de ce Foyer en tant que « (…) lieu de formation intellectuelle et culturelle (…) » qui peuvent me faire dire qu’il doit être considéré ici également comme acteur du patrimoine à part entière. Le Foyer des Jeunes de la commune participe, à sa manière, à la connaissance du patrimoine naturel des Fougerêts. En effet, les diverses animations proposées depuis trente ans ont eu pour objectif de prendre en compte le milieu naturel au sein d’activités culturelles. Ainsi, il est possible de rassembler plusieurs exemples où ce Foyer devient acteur du patrimoine dans un souci de faire découvrir et de protéger certains éléments naturels forts des Fougerêts. Ces exemples tournent autour des deux zones naturelles caractéristiques de la commune : les marais et les landes. En relation avec d’autres associations des Pays de Vilaine, telles que la Fédération d’Animations Rurales des Pays de Vilaine ( la Fédé ) et le C.A.B.V.O, le Foyer a participé en juillet 2001 à organisation d’une randonnée chantée dans les marais situés entre l’Oust et le Canal de Nantes à Brest. Certains ont pu alors découvrir une faune, une flore mais aussi le gué de Launay que l’on a fait traverser en barque ou à pied. Le Foyer collabore également dans les années soixante-dix, au début de sa création, à diverses activités sur le thème de la nature. En juin 1971 et 1972 se met en place le Rallye des landes de Lanvaux « (…) organisé par les jeunes de Bohal et des Fougerêts. Il devait parcourir les landes de Lanvaux (…) les questions (…) concernaient l’histoire, la géographie, l’art et la topographie des localités traversées. » Toutefois, il est évident que la protection de ce milieu naturel n'est pas la finalité des activités du Foyer des Jeunes. Le patrimoine naturel et paysager des Fougerêts intéresse également une autre association qui demeure plus active dans ces réalisations. L’A.C.C.A participe ainsi à la protection de la Tourbière de la Loirie, située au Nord de la commune, parce qu’il s’agit d’un « (…) marécage acide favorable aux oiseaux migrateurs et autres. » C’est pour protéger une réserve de chasse particulière et une zone naturelle spécifique et rare, que la gestion en a été confiée à l’association de chasse locale. L’association de chasse se présente également en tant qu’actrice du patrimoine en ce sens qu’elle milite activement, tout comme la Municipalité, pour la « (…) plantation d’arbres et haies bocagères (…) ». J’ai déjà expliqué les principales raisons pour lesquelles cette restauration d’un élément central du bocage traditionnel pouvait être nécessaire aux Fougerêts. Elles sont les mêmes pour les chasseurs si ce n’est que cela représente également un avantage « (…) pour favoriser la croissance du petit gibier (…) ». Cette volonté se concrétise sur le terrain. En effet, sur la Route Départementale 777 Saint Martin-La Gacilly à la sortie du bourg près du Chénot, il y a une haie vive plantée par l’A.C.C.A. . Cette association participe aussi à la protection et à la sauvegarde du patrimoine naturel local en créant « (…) des allées qui pourraient être utiles en cas d’incendie. » Ces réalisations concernent surtout les zones de landes, sur le territoire de la commune, au nord de Rochenais autour du moulin, à Couesmé mais aussi sur les hauteurs de la Ville Caro. Les diverses actions de l’association fougerêtaise de chasse illustrent un véritable souci pour la protection de la nature qui peut se résumer par cette phrase du Président « (…) sans les chasseurs, le monde rural, et la nature deviendrait un puzzle désorganisé. » Il existe chez ces acteurs une volonté de transmettre et de protéger un patrimoine qui, pour les plus anciens d’entre eux, a déjà été fortement perturbé et défiguré par les impératifs économiques de notre société depuis ces trente dernières années. L’action patrimoniale associative et individuelle aux Fougerêts ne se limite pas seulement au domaine naturel ; en effet, elle existe aussi d’autres domaines.

Les maisons rurales et paysannes.

Je vais montrer ici qu’il existe des actions qui ont pour objectif d’informer au sujet de l’habitat dit traditionnel, et qu’il y a aux Fougerêts quelques exemples de restaurations privées parfaitement réussies. L’Ecole Notre-Dame est la seule association qui a participé à la diffusion d’information sur la maison rurale et paysanne. Dans le cadre de la Semaine de l’Habitat et en collaboration avec Tiez-Breizh, les enfants de l’Ecole ont effectué une randonnée dans la commune afin d’observer le patrimoine bâti . L’association Tiez-Breizh a ensuite mis en place un commentaire pour les enfants qui explique les caractéristiques des habitations fougerêtaises. Cette action, même isolée, illustre un intérêt particulier de l’équipe enseignante pour cette richesse locale et la volonté d’amener les enfants à s’ouvrir à ce patrimoine. Néanmoins, en ce qui concerne l’habitat se sont les particuliers qui sont les plus actifs. Leurs actions ont essentiellement pour but de protéger et de transmettre un aspect du patrimoine fougerêtais. Il y a dans la commune des Fougerêts plusieurs exemples de rénovations de maisons. Elles concernent différents types d’habitations : une maison simple ( au village de la Saudraie), une grande habitation de la fin du XIX ème (à l’Auté Garel) et à Saint-Jacob, un pavillon de chasse du XVI ème. Toutes ces habitations ont fait l’objet de rénovation particulière en ce qui concerne l’enduit à la chaux et le respect des ouvertures d’origines. Les actions en faveur de la protection de ce patrimoine ne peuvent être ici qu’individuelles puisqu’elles concernent des bâtiments privés. Bien qu’il s’agisse de véritables réussites, ces rénovations de maisons restent tout de même limitées.

Dans le patrimoine religieux.

Le Conseil Paroissial et les particuliers sont ceux qui semblent avoir un rôle important dans le patrimoine religieux. Les membres de la paroisse participent entre 1982 et 1985 à la publication d’un inventaire et à l’information sur les restaurations des croix de chemin. Il y a quelques années, l’Echo des Fougerêts a publié une description détaillée de ces croix de chemin et une énumération succincte des différents « (…) calvaires fougerêtais. » Les travaux de Mme Hercelin présentent un petit historique de chacune des croix de chemin. Toutefois, il ne s’agit pas d’une action individuelle isolée puisque « (…) des bénévoles de la commune s’affairent à la restauration des croix (…) » . Ainsi, il est possible d’observer, au lieu-dit la Croix Fourchée, l’inscription « 1985 » sur la croix indiquant la date de la restauration. Les Fougerêtais ont toujours porté un intérêt particulier à cet aspect du patrimoine religieux. L’Echo des Fougerêts de juin 1965 indique, par exemple, pour le centenaire de la Croix Neuve, l’intervention « (…) des voisins qui ont pris l’initiative et la charge de la restaurer. » Le recteur n’oublie pas de « (…) féliciter les plus proches voisins de leur heureuse initiative et tout spécialement Auguste Naël. » La croix de chemin de l’Auté Garel est aussi un exemple où le particulier participe à la protection de ce « petit patrimoine. » Résidant à proximité, M. Ollivier taille les deux sapins, tond le carré de pelouse et s’occupe du fleurissement. Ce Fougerêtais se sent responsable de l’entretien de cette croix puisqu’il est un descendant de Martin Fresche . Cela illustre une nouvelle fois parfaitement la manière dont se concrétise l’intérêt et l’attachement profond que portent certains Fougerêtais à un aspect du patrimoine communal. Les membres de la paroisse ont aussi une large part de responsabilité dans la restauration et l’aménagement intérieur et extérieur de l’église paroissiale. J’ai été frappé, au cours de chacune des visites, par l’aménagement de cet édifice. Cela se caractérise par la conservation de la voûte en forme de coque de navire, des sablières, des tirants, par le fait que les lavabos ne soient pas cachés derrière l’enduit, par le fleurissement, l’entretien général, etc. Certaines restaurations de l’église paroissiale ont été effectuées sous le rectorat de Joseph Coué de 1957 à 1977, créateur de l’Écho des Fougerêts. Je peux citer par exemple la « (…) pose d’une antique fenêtre venant de la chapelle de Saint-Jacob (…) » et l’ancien « (…) soubassement (XVIIème) du retable (…) gracieusement offert par Mme de Kersabiec (…) » . Tout cela a contribué à « (…) Transformer une « grange » en chef d’œuvre (…) » . Les acteurs locaux sont parvenus à en faire un élément central du patrimoine de la commune. Diverses associations participent aussi à la conservation et la transmission d’un autre aspect de ce patrimoine fougerêtais. Il s’agit du Pardon de la Rochenais. Je ne vais pas m’attarder de nouveau sur l’historique de cette grotte et du pardon en lui-même. Je vais plutôt m’intéresser sur le rôle des acteurs locaux dans l’organisation et dans l’entretien de ce lieu de pèlerinage. Ici, j’ai pu observer de la part des membres de la paroisse et de l’école Notre-Dame une collaboration dans l’organisation du Pardon, au début de septembre de chaque année. Les enfants mettent en place et participent aux différentes animations proposées au cours de cette journée. Sur les photographies de la presse locale, les enfants sont souvent mis en évidence. Par une participation active, la paroisse tente ainsi de transmettre à ces enfants un aspect « récent » du patrimoine religieux. L’entretien de la grotte, après 1985, est une action patrimoniale forte de la part de la communauté paroissiale. En effet, il fallait mettre le site en conformité avec ses nouvelles prétentions religieuses . On trouve ainsi sur le site de Rochenais un autel pour les célébrations, des bancs pour se recueillir et des cierges souvent allumés.


Dans le patrimoine ethnologique.

J’ai pu observer à propos de certains traits du patrimoine ethnologique une forte mobilisation des particuliers et des associations. Ces actions concernent « les traditions » fougerêtaises, qui sont les caractéristiques les plus originales des Fougerêts. Le chanoine Jean-Marie Royer est la personne qui tient la place la plus importante, pour les Fougerêtais, dans la connaissance de l’histoire de la commune mais aussi dans la connaissance de ses « traditions ». Ce chanoine (1886-1972), originaire des Fougerêts, a rédigé entre 1957 et 1970 des chroniques qui ont été publiées dans l’Écho des Fougerêts. Celles-ci concernent l’histoire des Fougerêts des origines au XIXème siècle. Il évoque ses souvenirs d’enfance et les résultats de ses recherches historiques. Ce qui m’intéresse ici, ce sont plusieurs chapitres qui touchent plus particulièrement aux « traditions » locales. Le chanoine Royer s’attarde alors, entre autres, sur les thèmes des « mœurs et coutumes », du « baptême et communion », la « fête du cochon », des « veillées », des « contes », etc. Il s’agit le plus souvent de souvenirs d’enfance, « (…) du temps de vos arrière-grands-parents (…) » . Ces articles ont été, en 1998, l’objet d’une compilation que l’on doit à l’abbé Pierre Royer, originaire également des Fougerêts. C’est sous la forme d’un livre que réapparaissent ces chroniques à tous ceux qui n’ont pas connu les publications du chanoine dans le bulletin paroissial. Cela a donc permis à une large part de la population, notamment les plus jeunes, de prendre connaissance de l’histoire de la commune mais aussi de retrouver certaines de ces « traditions » auxquelles ils sont particulièrement attachés. En effet, chaque famille ou presque possède son exemplaire, tous ont pu alors y avoir accès. Pour de nombreux Fougerêtais, il s’agit d’un ouvrage de base lorsque l’on veut s’intéresser à leur village. J’ai trouvé quelques personnes qui ont véritablement assimilé ce livre à tel point que certains de leurs témoignages semblent être tirés de ceux du chanoine . Jean-Marie Royer a ainsi participé grandement de son vivant et de façon posthume à la connaissance et à la transmission de quelques traits du patrimoine ethnologique. La Passion du Christ est une tradition originale des Fougerêts. Le Foyer des Jeunes et quelques particuliers participent pour le maintien de cet aspect du patrimoine ethnologique des Fougerêts. L’organisation de la Passion du Christ est, en effet, dévolu principalement au Foyer et à ses membres. Les jeunes Fougerêtais se réunissent afin de mettre en place des groupes qui parcouront les différents hameaux de la commune. L’objectif est d’essayer d’aller chanter la Passion dans tout le village . Le Foyer permet également l’intégration des jeunes et de curieux. Ceux-ci iront avec les plus âgés afin d’éviter toutes dérives . Les parents des plus jeunes laissent aussi sortir leurs enfants toute la nuit sans aucun problème puisqu’il s’agit d’une pratique courante. Cette « tradition » est parfaitement ancrée dans les mœurs actuelles. Cette participation active dans l’organisation et dans la transmission illustre le rôle d’acteurs locaux du patrimoine ethnologique du Foyer des Jeunes mais aussi de l’ensemble des Fougerêtais. La danse et le chant sont également des caractères du patrimoine ethnologique des Fougerêts. Ici, l’acteur associatif le plus important est encore le Foyer des Jeunes. Depuis sa création, il a été l’organisateur de nombreux fest-noz, de concours de chants mais aussi de la mise en place du Club de Danse. La danse « traditionnelle » bretonne aux Fougerêts à partir de 1995 se fait dans le cadre des activités du Foyer. A l’origine une forte demande locale à amener Mme Hercelin, bénévole, à animer cette activité. Les participants ne sont pourtant pas tous de la commune, en effet, le Club draine des participants jusqu’à vingt kilomètres aux alentours. Les vendredis, une quarantaine de personnes se réunissent pour danser sur des airs joués par deux musiciens de Peillac et des Fougerêts. Le Club organise quelques soirées chaque année en costumes « traditionnels » conservés par quelques personnes. Mme Hercelin a une importance toute particulière dans ce domaine du patrimoine ethnologique. En effet, même si le Foyer chapeaute théoriquement cette activité, elle n’en demeure pas moins la personne essentielle sans qui, le Club n’aurait pas existé, sans quoi la connaissance et la pratique de la danse bretonne aux Fougerêts auraient probablement disparues.

Le chant, au contraire de la danse, semble être plus présent. Les initiatives en sa faveur sont très nombreuses aux Fougerêts. Elles impliquent les divers acteurs qui sont à l’étude dans ce chapitre. Le Foyer des Jeunes fût en 1975 et 1976 à l’origine de l’organisation des « éliminatoires de la Bogue d’Or», sélections pour parvenir au concours final qui a lieu à Redon, sous l’égide du Groupement Culturel Breton des Pays de Vilaine. Ces éliminatoires sont organisées en fonction de la demande et du potentiel local. Ces deux manifestations de 1975 et 1976 aux Fougerêts ont reposé sur une forte mobilisation et sur l’existence d’un important corpus de chansons « traditionnelles », et consécration, c’est une habitante de la commune qui remporte le second prix au concours final. Il est évident que ces éliminatoires n’auraient pas pu se mettre en place sans toutes les personnes qui ont effectué des collectages. Ces collectes sont le fruit d’une mobilisation, au départ individuelle, autour de ce patrimoine local. Il ne s’agit pas d’une exception fougerêtaise mais d’un mouvement commun aux Pays de Vilaine. Ces diverses actions individuelles clairsemées au départ ont permis la constitution de fonds gérés par les associations telles que Dastum à Rennes ou bien le Groupement Culturel à Redon. Les Fougerêtais sont actifs dans la pratique de la chanson « traditionnelle ». En effet, il existe de nombreux groupes, musiciens et chanteurs. Je peux citer par exemple Les Béguins, Made In Breizh et Pierrig Hercelin ( contoux, membres des Chanteurs des Pays de Vilaine). Ces groupes de musique ou chanteurs m’intéressent dans la mesure où ils participent à la diffusion de ce patrimoine ethnologique dans le cadre même de la commune et dans le reste des Pays de Vilaine. Ces actions se caractérisent par la parution d’albums et par des concerts .


LES CHOIX ET LES PROBLEMES DE L’ACTION INDIVIDUELLE ET ASSOCIATIVE.

Des choix multiples.

Je pense avoir montré clairement que les choix en matière de patrimoine des particuliers et des associations sont multiples. Multiples, tout d’abord dans les thèmes ; en effet, les actions locales concernent plusieurs domaines du patrimoine. Un acteur ne se limite pas toujours à son champ d’activité ou à son centre d’intérêt. En étant très actifs au sujet de la nature, des maisons, du religieux et des « traditions », les acteurs locaux nous montrent que le patrimoine dans son ensemble est parfaitement compris. Les diverses interventions concernent ainsi les plus grands aspects du patrimoine local, qui sont peut-être pour les associations les principales originalités de la commune comme la Passion, le Pardon de Rochenais ou bien même la nature. Les particuliers participent aussi bien aux restaurations des croix, à la Passion et possèdent des habitations « traditionnelles » rénovées. Je pense avoir également bien montré le rôle central du Foyer des Jeunes, actif dans chacun des thèmes, considérant qu’il est possible dans le cadre d’activités culturelles de s’appuyer sur les richesses locales. De la même manière, les choix des associations et des particuliers sont multiples en ce qui concernent les moyens d’actions utilisés. En effet, les diverses interventions locales pour la connaissance et la protection sont les fruits d’une combinaison, le plus souvent, entre les actions collectives et individuelles. C’est une des raisons pour lesquelles je n’ai pas voulu étudier séparément ces acteurs locaux du patrimoine. Ces interventions locales en faveur du patrimoine se mettent en place principalement dans le cadre d’activités culturelles et religieuses. L’individu peut alors se greffer à ces actions en apportant sa connaissance et sa sensibilité. L’individu peut être aussi quelques fois à l’origine d’une action associative. Toutefois, les choix concernant le patrimoine se font, malgré tout, essentiellement au sein de l’association. L’action individuelle est limitée à quelques personnes, souvent les mêmes. La multiplicité des thèmes pris en compte qui laissent sous-entendre une parfaite compréhension du patrimoine, et la multiplicité des moyens d’actions ne doivent pourtant pas faire oublier que ces acteurs se trouvent confrontés à de nombreux problèmes.

Des problèmes majeurs.

Tout d’abord, la mauvaise connaissance des richesses locales peut avoir des conséquences néfastes sur l’action patrimoniale des associations et aussi des individus. Les Fougerêts est la commune du canton de La Gacilly qui possèdent le plus fort taux d’accroissement depuis le début des années quatre-vingts . Les nouveaux habitants venant de l’extérieur n’ont pas en eux-mêmes la connaissance des richesses locales. Ils ne portent pas spécialement le même intérêt à toutes ces caractéristiques patrimoniales auxquelles sont attachés les Fougerêtais d’origine. Beaucoup de Fougerêtais sont revenus après leurs vies actives ou bien restés dans leur commune natale en raison de la possibilité d’emplois qu’offre le groupe Yves Rocher. Ces Fougerêtais d’origine forme la base des associations. Cependant, l’ouverture de la commune va profondément modifier le rapport au patrimoine . Il peut exister chez les Fougerêtais de souche un manque d’intérêt pour toutes ces vieilleries. Ceci a pour origine une différence de rapport à la culture, comme dans les années soixante quand les plus âgés cédaient leurs armoires afin de s’offrir du mobilier en formica. Le refus de vendre le terrain où se dressent les ruines de la chapelle de Saint-Jacob, peut ainsi être compris. En effet, un collectif de voisins voulait acheter ce terrain afin de restaurer ce lieu de culte mais le propriétaire a refusé. Aujourd’hui quelques moutons paissent entre les trois pans de murs encore debout. Bien que le souvenir de cette chapelle soit fort localement, tous n’ont pas la même conception de l’intérêt que peuvent avoir ces ruines. La peur du partage, de l’ouverture est aussi un frein à l’action individuelle et associative en faveur du patrimoine. Je pense particulièrement au mobilier liturgique des Fougerêts. Celui-ci est classé aux Monuments Historiques mais peu de Fougerêtais le savent. J’ai remarqué que certaines personnes ne voulaient pas évoquer ce sujet de peur que cela se sache. Ce refus d’en parler répond à une crainte que l’église soit dévalisée. Pour cette raison, les calices et les ostensoirs sont « cachés » dans la sacristie. Pour y avoir accès, il faut demander l’autorisation au recteur. Cette peur limite véritablement l'ouverture pour tous à cette richesse paroissiale. L’ultime frein à l’action patrimoniale des associations et des particuliers concerne le déclin du mouvement associatif et la place de plus en plus importante de l’individualisme dans la société. Il est possible aux Fougerêts de trouver quelques exemples où, en raison du déclin de certaines associations, les actions patrimoniales sont limitées. Actuellement, le Foyer des Jeunes a en main l’organisation de la Passion mais elle n’a finalement lieu que lorsque celui-ci est actif. En 2001, le Foyer était au point mort, le renouvellent des membres pas assez rapide, un manque de motivation pour participer aux activités, si bien

que cette année là, la Passion n’a pas eu lieu . Les raisons pour lesquelles le Foyer a vivoté sont simples. Les jeunes vont aujourd’hui principalement à l’école à Redon, et les activités sportives et culturelles sont fortement délocalisées. Tout cela participe à la destruction des liens de solidarité et communautaires qui pouvaient exister, et l’individualisme devient la principale manière de vivre en société . Le déclin des pratiques religieuses est aussi un élément auquel il faut s’attacher. Cela peut entraîner une baisse de l’affluence au Pardon de Rochenais, une diminution des sommes récoltées lors des quêtes mais aussi un manque de personnes pour l’entretien de l’église paroissiale.


LES ENJEUX DES ACTIONS PATRIMONIALES ET L’EVOLUTION DU REGARD PORTE SUR LE PATRIMOINE.

Un seul enjeu : transmettre et ainsi faire de ces richesses un patrimoine vivant.

L’enjeu primordial qui transparaît des actions associatives et individuelles est la transmission du patrimoine local. Cette transmission, je l’ai montré, s’appuie sur une bonne connaissance des principaux caractères patrimoniaux des Fougerêts. Néanmoins, ce ne sont pas uniquement les quelques publications qui participent à la connaissance et à la transmission mais plus généralement les nombreuses actions collectives locales. Les diverses collaborations entre associations et particuliers ont pour but, certes, de protéger les croix de chemin et le patrimoine naturel mais surtout de faire connaître, de pratiquer certains usages et de les transmettre aux nouvelles générations. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre que ces acteurs participent à la mise en place d’un patrimoine vivant. Les associations et les particuliers tendent à rassembler les Fougerêtais autour de la protection d’éléments forts du patrimoine, et autour surtout de pratiques communes vivantes.

L’évolution du regard sur le patrimoine : une vision culturelle.

Les acteurs du patrimoine des Fougerêts participent à un mouvement général où « (…) le patrimoine, c’est la culture (…) » . Les associations et les particuliers ont aujourd’hui adhéré largement à cette vision, et leurs actions en sont les illustrations les plus flagrantes. Après un manque d’intérêt porté à ces choses que sont la nature, les « traditions » et le bâti, les Fougerêtais s’inscrivent dans un souci d’affirmation d’une identité et de ses originalités : ainsi, pour les chasseurs, la nature est « (…) un morceau du patrimoine de Les Fougerêts (…) », pour la directrice de l’école, « (…) le patrimoine c’est l’ensemble des richesses d’un lieu (…) ». L’intérêt est culturel. Les enfants de l’école apprennent ainsi à comprendre les maisons, les chasseurs redonnent une image du bocage, les particuliers font vivre les croix. La vision culturelle du patrimoine des acteurs associatifs et individuels ne diffère pas de celle de la Municipalité et pour cause elle est issue du même mouvement caractéristique des Pays de Vilaine. La réappropriation de la culture populaire semble être aujourd’hui presque acquise. Les acteurs locaux du patrimoine Fougerêtais participent désormais à la transmission de ce patrimoine à une nouvelle génération.


Les actions locales en faveur du patrimoine sont nombreuses et variées aux Fougerêts. Elles concernent les éléments patrimoniaux que j’ai précédemment dégagés. Les divers acteurs locaux ont comme objectif commun de mieux connaître, de protéger et de transmettre ces éléments. Ce regard, teinté d’intérêt, illustre un réel attachement au patrimoine communal. Si ces actions sont si nombreuses, c’est que les éléments du patrimoine ont une signification importante pour la population.


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