Pensées d’août/Sonnet à Boulay-Paty

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Pensées d’aoûtMichel Lévy frères. (p. 248-249).

À BOULAY-PATY


à bord d’un bateau à vapeur


Nos partions sur le lac que le matin caresse ;
À ce soleil levé dans son plus frais souris,
Les durs sommets des monts, éclairés, attendris,
Faisaient un horizon d’Italie ou de Grèce.

Seule avec son enfant, d’un air de quakeresse,
La jeune Génevoise, aux beaux regards contrits,
Semblait voir ces grands lieux dans leur céleste prix.
Timidement, d’un mot, près d’elle je m’adresse.


Elle daigna répondre avec des yeux bien doux ;
Elle parlait de Dieu, qui, pour d’autres jaloux,
Est clément pour les uns, et m’indiquait la trace.

Et nous allions ainsi, par ce charmant matin,
Aux suaves blancheurs du plus vague lointain,
Sondant l’aube éternelle et causant de la Grâce.