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Phonétique d’un parler irlandais de Kerry/1-2

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Première partie. Le système consonantique.
Chapitre II. — Les occlusives



Chapitre II
Les occlusives

§ 7. Les occlu­sives sont labiales, dentales ou guttu­rales. Elles sont par ailleurs, comme les autres consonnes du parler, vélaires ou palatales. Elles peuvent enfin être pures (buccales) ou nasales. Les occlu­sives pures com­portent l’oppo­sition nette de sourdes et de sonores. Il existe aussi une variété de sonores assour­dies, mais qui ne donne pas lieu à des opposi­tions caracté­ristiques. Les occlu­sives nasales sont sonores, dans notre parler. Dans certaines positions apparaît cependant une variété partielle­ment assourdie (cf. § 238).

§ 8. Les occlu­sives pures sourdes sont des fortes de type germa­nique, dont l’aspi­ration est cependant moins consi­dérable qu’en allemand du nord, ou même qu’en anglais (tel qu’on le parle en Angle­terre, non en Irlande). Les cordes vocales écartées durant la tenue se rappro­chent rapide­ment sitôt après l’explosion, si bien que le souffle qui suit cette explosion donne assez nettement l’im­pression d’un h. L’aspi­ration est plus nette pour la série vélaire que pour la série palatale. Une pronon­ciation non aspirée, rappelant les occlu­sives sourdes fran­çaises, peut appa­raître occasion­nelle­ment, particu­lière­ment dans la série palata­lisée et à la finale après certains phonèmes (cf. § 30).

L’énergie articu­latoire est consi­dérable.

§ 9. Les occlu­sives pures sonores sont des douces, pronon­cées avec une énergie articu­latoire moindre. Entière­ment sonores en position inter­vocalique ou en contact avec des phonèmes sonores, elles sont suscep­tibles d’être assour­dies dans leur première partie à l’initiale absolue ou après phonème sourd, dans leur deuxième partie à la finale absolue ou devant phonème sourd. En aucun cas, au reste, la confusion n’est possible avec les sourdes, fortes et aspirées.

Les phonèmes notés (b̬ʹ) et (g̬ʹ) sont des douces assour­dies non aspirées.

§ 10. Exemples d’oppo­sition sourde-sonore :
pɑkə (paca) « paquet ». bɑkə (bacadh) « boiter ».
pᴀᴜl (poll) « trou ». bᴀᴜl (ball) « membre ».
aᴜn (peann) « plume ». aᴜn (beann) « promon­toire ».
bʹi꞉nʹ (binn) « mélodieux ». pʹi꞉nʹ (pinn) gén. de aᴜn « plume ».
tᴜꞏə (tuagh) « hache ». dᴜꞏə (duagh) « peine ».
gə dʹëinʹ (go deimhin) « certes ». gə tʹëinʹ (go teinn) « doulou­reuse­ment ».
αs (teas) « chaleur ». αs (deas) « joli ».
tɑ꞉ (tá) « est ». dɑ꞉ (dá) « si ».
krɑ꞉ (crádh) « ennui » grɑ꞉ (grádh) « amour »
krʹαs (creas) « étincelle » grʹαs (greas) « petite quantité »
kʹe꞉ (cé) « qui ». gʹe꞉ (gé) « oie ».
kɑ꞉ (cá) « où ». gɑ꞉ (gádh) « bénéfice ».
ë꞉ᵊl (caol) « étroit ». ë꞉ᵊl (gaol) « parenté ».

Cette oppo­sition joue par ailleurs un rôle important dans la morpho­logie du parler : par exemple ǥʷɪdʲəχ ʃeꞏ (ghoideadh sé) « il avait coutume de voler » en face de ǥʷɪtʲəχ ʃeꞏ (ghoid­feadh sé) « il volerait », ou encore, à l’initiale, ə klᴀᴜn (a clann) « ses enfants (à elle) » en face de ə glᴀᴜn (a gclann) « leurs enfants », etc.

L’oppo­sition sonore — sonore-assourdie ne joue aucun rôle, l’appa­rition de ce dernier type de phonèmes étant déter­minée extéri­eure­ment.

§ 11. Les occlu­sives nasales sont arti­culées avec une énergie bien moindre encore que les sonores pures. L’occlusion est souvent à peine réalisée et il s’en faudrait de très peu qu’elle cessât d’être complète. La sonorité est, en général, complète. La nasali­sation commence d’ordinaire sensible­ment avant l’implosion et se prolonge le plus souvent un temps appré­ciable après l’explosion. L’arti­culation est sensible­ment plus énergique et la nasali­sation plus forte en position initiale qu’en position médiane ou finale.

§ 12. Exemples d’oppo­sition entre occlu­sives sonores pures et nasales.
bo꞉ (bó) « vache ». mo꞉ (mó) « plus grand ».
bʹi꞉nʹ (binn) « mélodieux ». mʹi꞉nʹ (mín) « doux ».
dɑ꞉ (dá) « si ». nɑ꞉ (ná) négation de l’impératif.
dʹi꞉lʹ (d’fhíll) « tourna ». nʹi꞉lʹ (níl) « n’est pas ».

Ce genre d’oppo­sition, assez rare dans le vocabu­laire, est des plus répandus en morpho­logie, où jouent un rôle essentiel des alter­nances commes celle qui opposent : ə bo꞉ (a bó) « sa vache (à elle) » à ə mo꞉ (a mbó) « leur vache », ə gno꞉ « son affaire » à ə ŋno꞉ (a ngnó) « leur affaire ».

Labiales

§ 13. Vélaires. — Les labiales vélaires sont arti­culées avec les lèvres légère­ment avancées, quoique non arrondies. La vélari­sation est des plus nettes. Devant voyelle d’avant ou mixte d’avant on entend nettement après l’explosion un glide velaire w (cf. 2e partie, chap. 1, ii). Devant voyelle d’arrière ou mixte d’arrière la qualité vélaire de l’occlusive est encore nette, mais sans glide audible.

§ 14. p (écrit p, ou ‑bf‑, ‑bth- en position médiane).

p est une occlusive labiale sourde, forte, aspirée, vélaire ; quand p est suivi du glide w, celui-ci est sourd, du fait de l’aspi­ration qui suit le p.

p se rencontre en contact avec des voyelles et avec des consonnes (excepté s. Cf. § 16).

pᴀᴜl (poll) « trou » ; pɑ꞉ʃtʹɩ (páiste) « enfant » ; padʹɩrʹ (paidir) « prière » ; pɔbəl (pobal) « peuple, congré­gation » ; po꞉sə (pósadh) « épouser » ; po꞉g (póg) « un baiser » ; pᴜs (pus) « moue » ; pʷᴇ̈꞉ᵊr (paor) « idiot, tête de turc » ; pʷɪ꞉hɩrʹəχt (paoithi­reacht) « siffler, huer » ; pʷɪhi꞉nʹ (puithín) « souffle léger » ; plᴜk (pluc) « joue gonflée » ; prɑs (pras) « vif, rapide ».

əprᴜ꞉n (aprún) « tablier » ; lᴜ꞉pəd (lúbfad) « je courberai », de lᴜ꞉bʷɩm, (lúbaim) « je courbe » ; αχə (leab­thacha) plur. de αbʷɩgʹ (leabaidh) « lit » ; sg̬rʹi꞉ᵊbʷɩmʹ (sgríobaim) « j’égratigne » ; tɑpʷɩgʹ (tapaidh) « rapide » ; aᴜmpəl (teampall) « église, temple ».

kɔrp (corp) « corps » ; sɔp « brin de paille ».

§ 15.
b (écrit b, ou, à l’initiale, bp‑).

b s’articule comme p, mais est sonore, non aspiré, et l’énergie articu­latoire est moindre. Le glide w, là où il se produit, est sonore.

b se rencontre dans les mêmes condi­tions que p.

bɑ̃꞉n (bán) « blanc » ; banʹɩ (bainne) « lait » ; bɑnəv (banbh) « porcelet » ; bᴀᴜl (ball) « membre » ; bʌrəb (borb) « grossier » ; bᴜn (bun) « fond » ; bʷᴇ̈꞉h (baoth) « simple d’esprit ; bʷɪ꞉ (buidhe) « jaune » ; blɑs (blas) « accent » ; bro꞉g (bróg) « soulier » ; sə bᴀᴜl (insan bpoll) « dans le trou » ; ɑ꞉r badʹɩrʹəχə (ár bpaid­reacha) « nos prières ».

α (leaba) ou αbʷigʹ (leabaidh) « lit ».

ɔbən (obann) « soudain » ; rᴇ̈꞉ᵊbə (réabadh) « déchirer » ; do꞉bʷɩrʹ (d’fhóbair) « peu s’en fallut que » ; təbɑ꞉ʃtʹɩ (tubáiste) « calamité » ; ɑbʷɩrʹ (abair) « dis ».

kɑb (cab) « bouche » ; pʹrʹαb (preab) « saut, sursaut » ; gɔb (gob) « bec » ; sg̬ᴜꞏəb (sguab) « balais ».

§ 16
(écrit b, ou p).

est une forme assourdie de b, qui n’apparaît qu’après s, et, par ailleurs, dans les mêmes condi­tions que b.

sb̬ərɑ̃꞉n (sparán) « bourse » ; sb̬alʹpʹi꞉nʹ (spailpín) « ouvrier agricole, vagabond » ; sb̬ərɑ꞉ⁱlʹ (sparáil) « écono­miser » ; αsb̬ə (easba) « manque » ; ɑsb̬əg (easbog) « évèque » ; sb̬lᴀᴜŋk (splannc) « éclair » sb̬rʌχəl (sprochall) « peau pendante ».

§ 17.
m (écrit m, ou, à l’initiale, mb‑).

m s’articule comme b, mais est fortement nasalisé dans toute sa la voyelle qui précède un m implosif et celle qui suit un m durée explosif sont en général plus ou moins nasa­lisées (cf. pour la nasali­sation § 127).

L’énergie articu­latoire est moindre que pour b.

Près de h, m est suscep­tible d’être partiellement assourdi, particu­lière­ment dans l’élocution rapide (cf. pour la nature de cet h § 87) ; m implosif est alors demi-long.

m se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes vélaires.

mɑk (mac) « fils » ; mɑ꞉ⁱrʹi (Máire) « Marie » ; madʹɩnʹ (maidin) « matin » ; mᴀᴜl (mall) « lent » ; mɔlə (moladh) « louer » ; məlaꞏχ (mullach) « sommet » ; mᴜ꞉ⁱnʹi (múineadh) « enseigner » ; mʷᴇ̈꞉ᵊl (maol) « chauve » ; mʷɪ꞉lʹ (moill) « délai » ; mnɑ̃꞉ (mná) gén. de αn (bean) « femme » ; mrαxtɩnʹtʹ (mrach­taint) « subsister » ; smɑχt (smacht) « châtiment » ; smᴜt (smut) « bout, fragment » ; ɑ꞉r mɑ꞉s (ár mbás) « notre mort » ; dᴜ꞉rtʹ ʃeꞏ gə mᴜꞏɛlʹhəχ ʃeꞏ mʹeꞏ (dubhairt sé go mbuail­feadh sé mé) « il a dit qu’il me battrait ».

ᴀɪməd (adhmad) « bois » ; bᴀᴜmbərnʹɩ (bambairne) « rustre » ; ᴜ꞉mpᴜ꞉ (iompódh) « retourner » ; krᴀᴜmhəd (cromfad) futur de krɔmʷɩmʹ (cromaim) « je courbe » ; lᴀᴜmhəd (lomfad) futur de lɔmʷɩmʹ (lomaim) « je me dépouille, je deviens chauve » ; kᴜ꞉mhə (cumtha) « bien fait » ; krᴀᴜmhə (cromtha) « courbé ».

ɑrəm (arm) « arme » ; lᴀᴜm (lom) « maigre » ; gʌrəm (gorm) « bleu » ; trᴀᴜm (trom) « lourd ».

§ 18. Labiales palatales. — Celles-ci sont arti­culées avec les lèvres tendues sur les dents, les coins de la bouche ramenés en arrière. La palata­lisation est nette. Devant voyelle d’arrière ou mixte d’arrière, on entend après l’explosion un glide palatal j (cf. 2e partie, chap. i, ii). Devant voyelle d’avant ou mixte d’avant la palata­lisation est nette, mais sans donner lieu à un glide audible.

§ 19.
(écrit p).

est une occlusive labiale, sourde, forte, aspirée, palatale. Quand est suivi du glide j celui-ci est sourd, du fait de l’aspi­ration qui suit le .

se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes palatales (excepté ʃ. Cf. § 21).

pʹiꞏən (pian) « peine » ; pʹikʹtʲu꞉ⁱrʹ (pictiúir) « photo­graphie » ; pʹi꞉ᵊpə (píopa) « pipe » pʹe꞉ (pé) « quiconque » ; pʹe꞉ʃtʹɩ (péiste) gén. de pʹiꞏəst (piast) « dragon » ; α (peata) « favori, enfant gâté » ; aᴜn (peann) « plume » ; pʲᴜ꞉nt (piúnt) « pinte » ; λbər (piubar) « poivre » ; pʹrʹi꞉ᵊχɑ̃꞉n (príochán) « corbeau » ; pʹlʹe꞉ʃᴜ꞉r (pléisiúr) « plaisir ».

bʷɪ꞉mʹpʹe꞉ʃ (buimpéis) « bas » ; kapʹi꞉nʹ (caipín) « casquette » ; sb̬alʹpʹi꞉nʹ (spailpín) « vagabond » ; sɪpʹ (suip), gén. de sɔp (sop) « brin de paille».

§ 20.
(écrit b, et, à l’initiale, bp‑).

s’articule comme , mais est sonore, non aspiré, et l’énergie articu­latoire est moindre. Le glide j, là où il apparaît, est sonore.

apparaît dans les mêmes condi­tions que .

bʹir (bior) « pointe » ; bʹi꞉nʹ (binn) « mélodieux » ; bʹi꞉al (béal) « bouche » ; bʹᴇrʹimʹ (beirim) « je porte » ; αn (bean) « femme » ; aᴜltɩnʹɩ (bealtaine) « Mai » ; bʲo꞉ (beó) « vivant » ; bʹrʹαk (breac) « bigarré» ; bʹrʹᴇkʹfɑꞏstə (breakfast) « petit déjeuner » ; bʹlʲɑ꞉kəχ (bleácach) « individu petit, chétif » ; bʹlʹαʃtʹ (bleaist) « pitance » ; ɑ꞉r bʹαkʷɪ꞉ (ár bpeacaí) « nos péchés ».

abʹɩgʹ (abaidh) « mûr » ; ɛbʹⁱrʹɩ (oibre), gén. de ɔbʷɩrʹ (obair) « travail » ; krᴜ꞉ⁱbʹi꞉nʹ (crúibín) « pied de cochon » ; sᴜ꞉ⁱlʹ rɪbʹɩ (súil ruibe) « collet (à lapin) ».

gʷɪbʹ (guib), gén. de gɔb (gob) « bec » ; drɪbʹ (druib) « eau sale ».

§21.
b̬ʹ (écrit b ou p).

b̬ʹ est une forme assourdie de qui n’apparaît qu’après s.

sb̬ʹαl (speal) « une faux » ; sb̬ʹe꞉rʹ (spéir) « ciel » ; sb̬ʹe꞉ʃ (spéis) « apparence » ; sb̬ʹe꞉ʃʲɑ꞉ltə (spei­siálta) « spécial » ; sb̬ʹrʹì꞉aχ (spréach) « étincelle » ; sb̬ʹrʹo꞉tə (spreóta) « copeau » ; sb̬ʹrʹidʹ (spioraid) « esprit, énergie » ; sb̬ʹrʹe꞉ (spré) « dot, richesse ».

§ 22. (écrit m, et, à l’initiale, mb‑).

s’articule comme , mais est fortement nasalisé dans toute sa durée ; la voyelle qui précède implosif et celle qui suit explosif sont partielle­ment nasa­lisées (cf. pour la nasali­sation § 127).

L’énergie articu­latoire est moindre que pour .

Au voisinage de h, est suscep­tible d’être partielle­ment assourdi (cf. § 238).

se rencontre en contact avec des voyelles, des consonnes palatales, ou après s.

mʹilʹiʃ (milis) « doux » ; mʹe꞉dʹ (méid) « quantité » ; mʹᴇrʹigʹ (meirg) « rouille » ; αs (meas) « estime » ; ɩ mʹαsg̬ (a measg) « parmi » ; mʹëirʹ (meidhir) « gaité » ; mʲɑ̃꞉nᴇ̈꞉s (meadhon-aos) « âge moyen » ; mʲᴜ꞉nᴜ꞉ⁱlʹ (meón­amhail) « capri­cieux » ; ɩ mʹlʹiꞏənə (i mbliadhna) « cette année » ; smʹi꞉ʃtʹɩ (smíste) « gros morceau » ; smʹɩgʹi꞉nʹ (smigín) « menton » ; smʹì꞉ar (sméar) « baie, mûre ».

aimʹʃirʹ (aimsear) « temps, tempé­rature » ; kʹɩmʲɑ꞉d (coimeád) « garder » ; ʃᴇmʹinʹtʹ (seimint) « jouer des instru­ments » ; tʹi꞉mʹpəl (timpeall) « autour ».

Dentales

§ 23. Vélaires. — Dans l’articu­lation des dentales vélaires (ou, plus exacte­ment, véla­risées) l’occlusion est formée par toute la partie frontale de la langue, appuyée contre les dents supéri­eures. La pointe de la langue se trouve, selon les sujets, soit contre la sépa­ration des dents, soit plus souvent contre les dents inféri­eures. La partie posté­rieure de la langue est soulevée dans la direction de la position u. La vélari­sation, quoique toujours audible, est cependant moins sensible que dans le cas des labiales vélaires ; en effet la position de l’avant de la langue rend impos­sible un retrait assez consi­dérable pour permettre la produc­tion d’une demi-consonne vélaire ; aussi, même devant voyelle d’avant ou mixte d’avant ne se produit-il pas de glide w séparé­ment percep­tible.

Les lèvres se règlent quant à l’ouverture sur les phonèmes environ­nants, avec tendance cependant à être lâches, quoique non arrondies.

§ 24
t (écrit t, aussi ‑df- et ‑dth- en position médiane, ts- à l’initiale).

t est une occlusive dentale sourde, forte et vélarisée ; t est normale­ment aspiré sauf dans le cas où il est précédé de s ou χ. Dans ce cas l’on a un ‑t- non percepti­ble­ment aspiré, et prononcé avec une énergie articu­latoire moindre.

t se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes véla­risées, même avec s (contraire­ment à ce qui se passe pour p et k).

tɑ꞉ (tá) « (il) est » ; tɑrəv (tarbh) « taureau » ; tᴀᴜn (tonn) « vague » ; təni꞉ (tanaidhe) « mince » ; tᴀrt (tart) « soif » ; to꞉gʷɩmʹ (tógaim) « je lève » ; tᴜꞏərʹɩmʹ (tuairim) « opinion » ; tɪgʹɩmʹ (tuigim) « je comprends » ; tᴇ̈꞉ᵊs (taos) « pâte » ; tlɑ꞉h (tláth) « aimable » ; tnᴜ꞉hɩrʹɩ (tnúthaire) « vaurien » ; trʌsg̬ə (trosgadh) « jeûner » ; trɑ꞉ⁱgʹ (tráigh) « rivage » ; ən tahɩrʹ (an t‑athair) « le père » ; ᴇ̈꞉ᵊn tɪ꞉mʹ (aon tsuim) « aucune estime ».

sto̤k (stoc) « gros bétail » ; strainʹ (straidhn) « crise (de fureur) » strɑpʷɩrʹɩ (strapaire) « homme grand et robuste » ; stɪrʹɩmʹ (stuirm) « tempête ».

bᴀᴜtə (babhta) « une fois » ; kʹïtᵊrᴜ꞉ntə (ciotrúnta) « querel­leur » ; nə kʹì꞉a (na céadtha) « des centaines » ; plur. de kʹì꞉ad (céad) « cent » ; stɑtəd (stadfad), fut. de stɑdɩmʹ (stadaim) « je m’arrête » ; stɑtəhə (stadtha) « arrêté », participe du même verbe.

kɑt (cat) « chat » ; slɑt (slat) « baguette » ; fo̤lt (folt) « cheveu » (on a aussi fo̤lh, cf. § 90) ; sɑgərt (sagart) « prêtre » ; t non aspiré : blɑstə (blasta) « qui a de la saveur » ; fənaχt (fanacht) « demeurer » ; lᴜχt (lucht) « gens, peuple » ; ʃαχt (seacht) « sept ».

§ 25.
d (écrit d, ou, à l’initiale, dt‑).

d s’articule comme t, mais est sonore, non aspiré, et prononcé avec une énergie articu­latoire moindre.

d se rencontre dans les mêmes condi­tions que t, excepté qu’il ne se rencontre pas après s.

dɑ̃꞉n (dán) « poème » ; dᴀᴜl (dall) « aveugle » ; dʌrən (dorn) « poing » ; do꞉χəs (dóchas) « espoir » ; dᴜv (dubh) « noir » ; dɪ꞉ (duibhe), comp. du précédent ; dᴇ̈꞉ᵊr (daor) « cher » ; dlᴜ꞉h (dlúth) « chaîne (d’un tissu) » ; drʌhɑ꞉ (droch­shádh) « mauvaise situation» ; drɪ꞉, ʃaᴜndrɪ꞉ (draoi, seandraoi) « druide, sorcier » ; ɛr ə dɑləv (ar an dtalamh) « par terre ».

blɑdər (bladar) « flatter » ; fᴜꞏədəχ (fuadach) « enlever » ; ì꞉adᵊrəm (éadrom) « léger » ; ʃʲo꞉rdɑ̃꞉n (seordán) « extinc­tion de voix » ; gədɪ꞉ (gadaidhe) « voleur».

ɑ꞉rd (árd) « haut » ; ì꞉ad (éad) « jalousie » ; αd (nead) « nid » ; stɑd (stad) « arrête ! » ; ᴜ꞉d (úd) « là ».

Il n’existe pas de d assourdi, parallèle à . C’est en effet t que l’on a après s.

§ 26.
n (écrit n, nn ou nd‑, à l’initiale).

n est un des phonèmes dont l’articu­lation varie le plus avec la position dans le mot, au point que l’on pourrait presque distin­guer une variété N et une variété n. Comme la répar­tition de ces deux variétés, au reste peu tranchées, est déter­minée extéri­eure­ment, il a paru inutile de les distin­guer dans la tran­scription.

A l’initiale, ou appuyé sur une dentale précé­dente (s, t, ou, exception­nelle­ment, r) ou suivante (d, t, s, l, r) n s’articule comme d, mais est fortement nasalisé sur toute sa durée. La nasali­sation commence de se produire sensible­ment avant l’implosion et se prolonge sensible­ment après l’explosion. L’énergie articu­latoire est un peu moindre que pour d, mais l’occlusion est aussi parfaite, et se produit sur une surface, semble-t‑il, sensible­ment égale.

En revanche, en dehors de ces cas, c’est-à-dire en position médiane ou finale, en contact avec des voyelles ou avec des consonnes non dentales, n est prononcé avec une tension bien moindre, l’occlusion tendant à n’être pas parfaite, et n’ayant lieu que sur une surface réduite. La partie frontale de la langue, au lieu d’être pressée énergique­ment contre les dents, les touche simple­ment, et cela durant un temps plus court. La première variété de n apparaît, en contraste avec la. seconde, comme une demi-longue.

L’une et l’autre variété sont suscep­tibles d’être partielle­ment assour­dies au voisinage de h (pour exemples, cf. § 238).

n se rencontre dans les mêmes condi­tions que d, et même après s.

§ 27.
Première variété (n = N).

nɑ꞉ⁱrʹɩ (náire) « honte » ; nɔlɩgʹ (nodhlaig) « Noël » ; no꞉ (nó) « ou » ; nᴜꞏə (nuadh) « nouveau » ; naλⁱdʹ (namhaid) « ennemi » ; nᴇ̈꞉ᵊv (naomh) « saint » ; nɪ꞉ᵊnɑ̃꞉n (naoi­dheanán) « enfant nouveau-né » ; tɑ꞉ⁱmʹ ə nɑ̃꞉n (táim i ndán) « je puis ».

snɑ꞉həd (snáthad) « aiguille » ; snɑs (snas) « élégance » ; tnɑ̃꞉hɩmʹ (tnáthaim) « je fatigue » ; bʲɑ꞉rnə (bearna) « crevasse ».

brᴀᴜndə (brannda) « eau-de-vie » ; brᴀᴜntənəs (bronntanas) « présent » ; aᴜnsə (ceannsa) « poli, aimable » ; ì꞉anləhə (éanlaithe), plur. de ì꞉an (éan) « oiseau » ; sg̬ᴀᴜnrə (sgannradh) « terreur ».

§ 28.
Deuxième variété (n = n).

ɑnəm (anam) « âme » ; ənᴀᴜl (anall) « en venant du côté opposé » ; dᴜ꞉nə (dúnadh) « fermer » ; gᴜnə (guna) « fusil » ; ənɪrʹɩgʹ (anuirigh) « l’an dernier » ; brɔnɩmʹ ou brʌnɩmʹ (bronnaim) « je fais cadeau de ».

ərɑ̃꞉n (arán) « pain » ; brõ꞉n (brón) « chagrin » ; fʲᴜ̃꞉n (fiunn) « blond » ; rᴜ̃꞉n (rún) « secret » ; sɑlən (salann) « sel ».

§ 29. Palatales. — Dans l’arti­culation des dentales palatales l’occlusion est formée avec la pointe et la partie frontale de la langue appuyées contre les dents supéri­eures et la partie infé­rieure des alvéoles (c’est-à-dire un peu plus haut que dans le cas des dentales vélaires). Le dos de la langue est soulevé, quant à sa partie avant, dans la direction de la position i. Il s’agit donc, non de palatales véri­tables, mais de sons palata­lisés.

Devant voyelles d’arrière ou mixtes d’arrière on entend après l’explosion un glide palatal j.

Les lèvres se règlent quant à l’ouverture sur les phonèmes avoisi­nants, mais avec tendance à être tendues sur les dents, les coins de la bouche étant ramenés en arrière.

§ 30.
(écrit t, aussi ‑df‑, ‑dth- à l’intérieur; ts- à l’initiale; parfois non noté à la finale).

est une occlusive dentale, sourde, forte et palata­lisée ; est normale­ment aspiré, sauf quand il est précédé de ʃ ou χ. Après , , la palata­lisation est très réduite.

Là où est suivi du glide palatal j, celui-ci est assourdi par l’aspi­ration.

se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes palatales, ainsi qu’après r ou χ.

tʹi꞉rʹ (tír) « terre » ; tʹinʹɩ (teine) « feu » ; tʹëinʹ (teinn) « doulou­reux » ; tʹehə (teiche) « fuir » ; αs (teas) « chaleur » ; tʲo꞉rə (teóra) « limite » ; λv (tiubh) « touffu » ; ʃtʹiꞏəl (stiall) « coup » ; ʃtʲᴜ꞉rᴜ꞉ (stiúr­ughadh) « diriger » ; tʹrʹiꞏəl (triall) « voyage » ; tʹigʹ tʹαχ nɑ꞉ ɑ꞉ⁱtʹrʹəv (tigh, teach ná áitreabh) « aucune espèce d’habi­tation» ; ɩnʹ tʹimʹɩnʹi꞉ (an t‑imshníomh) « le souci » ; ɩnʹ tʹαnəvʹαn (an tsean­bhean) « la vieille femme ».

bʹrʹi꞉ʃtʹɩ (bríste) « pantalon » ; kəlɑ꞉ʃtʹɩ (coláiste) « collège » ; lʹᴇtʹɩ (leite) « porridge » ; kətʹi꞉ᵊntə (coit­cheannta) « usuel » ; lʹitʹɩrʹ (leitir) « lettre » ; tɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ (táinte) « troupeaux » ; cf. is fʲɑ꞉r ən tlɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ nɑ꞉ nə tɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ ɛr χno̤k (is fearr an tsláinte ná na táinte ar chnoc) « mieux vaut la santé que des troupeaux sur la colline » ; gʷɪtʹɩ ʃeꞏ (goidfidh sé) « il volera » de gʷɪdʹɩmʹ (goidim) « je vole » ; gʷɪtʹəhə (goidthe) « volé ».

α (ait) « bizarre » ; ka (cait), gén. de kɑt (cat) « chat ».

§ 31. avec palata­lisation réduite ; kʹigʹɩlʹtʹ (cigilt) « chatouiller » ; fɑ꞉ⁱlʹtʹ (fagháilt) « recevoir » ; mʷɪlʹtʹ (muilt), gén. de mo̤lt (molt) « bélier» ; kʹᴇlʹtʹ (ceilt) « cacher» ; bʷɪnʹtʹ (baint) « arracher » ; fʹì꞉aχɩnʹtʹ (feuchaint) « regarder » ; rainʹtʹ (rainnt) « division ».

non aspiré : ərɪʃtʹ (arist) « de nouveau » ; jinʹɩdʹi꞉ʃtʹ (dheinidís) « ils faisaient » ; jinʹɩmʹi꞉ʃtʹ (dheinimís) « nous faisions » ; χ ou bo̤χtʹ (boicht), gén. de χt (bocht) « pauvre ».

§ 32.
(écrit d, et, à l’initiale, dt-).

s’articule comme mais est sonore, non aspiré, et prononcé avec une énergie articu­latoire moindre. Quand d’est suivi d’un glide j, ce glide est sonore.

se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes palatales (excepté après s) ainsi qu’après r.

dʹi꞉ᵊl (díol) « vendre» ; dʹiꞏɛ (Dia) « Dieu » ; dʹilʹəsg̬ (duilleasc) « algue comes­tible » ; dʹᴇrʹɩ (deire) « fin » ; αrᴜ꞉d (dearmhad) « erreur » ; αləv (dealbh) « forme » ; dʲo̤kʷɩrʹ (deacair) « difficile » ; dʲo꞉l (deól) « téter » ; dʲᴜ꞉ltᴜ꞉ (diúl­tughadh) « refuser » ; dʹlʹi꞉ (dlighe) « loi » ; dʹrʹo꞉ⁱlʹi꞉nʹ (dreóilín) « roitelet » ; ɩ dʹrʹo꞉ (i dtreó) « vers » ; dʌl ɩ dʹi꞉rʹ (dul i dtír) « débarquer » ; ə nə dʲaᴜntə (i na dteannta) « avec eux ».

ɪ꞉rdʹɩ (aoirde) « hauteur » ; bʷɪdʹe꞉ᵊl (buidéal) « bouteille » ; krʹᴇdʹɩmʹ (creidim) « je crois » ; kɑ꞉rdʹɩ (cáirde), plur. de kɑrə (cara) « ami » ; fʷɪdʹɩ (faide), comp. de fɑdə (fada) « long » ; madʹɩrʹ lʲλm-sə (maidir liom-sa) « en ce qui me concerne » ; madʹɩnʹ (maidin) « matin » ; gʷɪdʹ (goid), impér. de gʷɪdʹɩmʹ (goidim) « je vole » ; lɪdʹ (luid) « très petite quantité » ; mʹe꞉dʹ (méid) « quantité » ; srɑ꞉ⁱdʹ (sráid) « rue » ; tʹrʹi꞉dʹ (tríd) « à travers ».

§ 33.
(écrit n, nn ou, à l’initiale, -nd-).

s’articule comme , mais est fortement nasalisé sur toute sa durée. La tension est par ailleurs moindre que pour  ; varie en tension et aussi en durée en fonction de la place dans le mot, mais ces varia­tions, moins caracté­risées que dans le cas de n, ne permet­tent pas de distin­guer deux variétés. Chez certains sujets, toutefois, il arrive qu’à l’inter­vocalique l’occlusion ne soit pas parfaite.

Pour assourdi partielle­ment au voisinage de h, cf. § 238.

se rencontre dans les mêmes condi­tions que ainsi qu’après ʃ.

nʹi꞉ (ní), négation ; nʹì꞉al (néul) « nuage » ; nʹi꞉mʹ (nighim) « je lave » ; αv (neamh) « ciel »; αχ (neach) « personne » ; nʲo꞉səd (inneósad) « je dirai » ; ʃnʹαχ (sneachta) « neige » ; ʃnʹi꞉ᵊv (sníomh) « filer » ; ɩ nʹαs (a ndeas) « qui vient du Sud » ; ɩnʹe꞉ (indé) « hier » ; ɩ nʹi꞉ʃgʹ (i ndísc) « tarri ».

banʹɩ (bainne) « lait » ; kʷɩnʹi꞉nʹ (coinín) « lapin » ; fʹi꞉rʹɩnʹɩ (fírinne) « vérité » ; kʹnʹαs (cneas) « peau » ; kʹinʹtʹɩ (cinte) « certain » ; wɛgʹⁱnʹəχ (uaigneach) « solitaire ».

bʹi꞉nʹ (binn) « mélodieux » ; bʹlʹiꞏɛnʹ (bliadhain) « année » ; pʹi꞉nʹ (pinn), gén. de aᴜn (peann) « plume » ; inʹɩhʹɩnʹ (inchinn) « cerveau » ; dəm ɩnʲõ꞉ⁱnʹ (dom indeoin) « malgré moi».


Gutturales

§ 34. Vélaires. — Dans l’articu­lation des guttu­rales vélaires, l’occlusion est formée par la partie posté­rieure du dos de la langue, contre le voile du palais. Ces phonèmes sont donc de véri­tables vélaires. Devant les voyelles d’avant ou mixtes d’avant on entend, après l’explosion, un glide vélaire w, aussi net qu’après les labiales véla­risées, beaucoup plus net que dans le cas des dentales.

Les lèvres se règlent quant à l’ouverture sur les phonèmes voisins, avec cependant tendance à être lâches (non tendues sur les dents). Il faut cependant noter que les lèvres ne sont pas arrondies, et que le glide que nous notons w est de caractère purement vélaire, non labial. Les guttu­rales vélaires du parler ne sont à aucun degré des labio-vélaires.

§ 35. Il existe une variété de guttu­rales, intermé­diaires entre les vélaires et les palatales, quoique plus proches des premières, arti­culées avec le dos de la langue contre le palais dur, mais sensible­ment en arrière du point où s’arti­culent les guttu­rales palatales (approxima­tive­ment franç. car). Cette série inter­médiaire apparaît seulement devant , , . Etant donné qu’il ne s’agit pas de pho­nèmes caracté­ristiques, il n’a pas paru néces­saire de les distin­guer dans la tran­scription des guttu­rales vélaires normales, ce qu’on aurait pu faire en notant , , g̬ʺ, ŋʺ cette série inter­médiaire entre k, g, , ŋ et , , g̬ʹ, ŋʹ.

§ 36.
k (écrit c, et, à l’intérieur : ‑gf‑, ‑gth‑)

k est une occlusive gutturale vélaire, sourde, forte, aspirée. Le glide w qui la suit devant voyelles d’avant ou mixtes d’avant est assourdi par l’aspi­ration.

k se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes vélaires, excepté après s.

Une variété de k (qu’on pourrait noter ) de type inter­médiaire entre k et se rencontre devant , , .

kɑrə (cara) « ami » ; kɔs, ou ko̤s (cos) « pied » ; kɔgər ou ko̤gər (cogar) « chucho­tement » ; kᴜ꞉ (cú) « lévrier » ; kʷɪ꞉nʲəv (cuimh­neamh) « réfléchir » ; kʷᴇ̈꞉ᵊr (caor) « baie (fruit) » ; krɑ꞉ⁱtʹɩ (cráidhte) « contrarié » ; klo꞉ (cló) « apparence » ; klᴜꞏəs (cluas) « oreille » ; knɑ̃꞉v (cnámh) « os » ; knᴜk (cnoc) « colline ».

bəkaχ (bacach) « boiteux » ; bɑlkʷɩrʹɩ (balcaire) « homme trapu, rustaud » ; fo̤kəl (focal) « mot » ; glɑkʷɩmʹ (glacaim) « je prends » ; fɑ꞉kʷɩ ʃeꞏ (fágfaidh sé) « il laissera » de fɑ꞉gʷɩmʹ (fágaim) « je laisse » tᴜkʷɩ ʃeꞏ (tiocfaidh sé) « il viendra » ; fɑ꞉kə ou fɑ꞉kəhə (fágtha) « laissé » ; tɑkəhə (tagtha) « venu ».

aɪᵊrk (adharc) « corne » ; αrk (cearc) « poule » ; mᴜk (muc) « cochon » ; ɔlk (olc) « mauvais ».

Aussi tɑrək (tarrang) « tirer » ; sᴜk, sᴜk (suc, suc), « appel pour les veaux » ; λk, tʲλk, pour les poules.

§ 37. Exemples de  :

kʺrʹe꞉ (cré) « terre » ; kʺrʹiꞏəhər (criathar) « crible » ; kʺrʹihɩmʹ (crithim) « je tremble » ; kʺlʹαs (cleas) « tour d’adresse » ; kʺlʹiʃtʹɩ (cliste) « habile » ; kʺlʹe꞉rʹəχ (cléireach) « employé » ; kʺnʹαstə (cneasta) « poli » ; kʺnʹi꞉ᵊpʷɩrʹɩ (cníopaire) « avare ».

Tous mots que nous tran­scrivons ordinaire­ment avec k : krʹe꞉, etc., etc.

§ 38.
g (écrit g, ou, à l’initiale, gc-).

g s’articule comme k mais est sonore, non aspiré, et se prononce avec une tension moindre.

g se rencontre dans les mêmes condi­tions que k.

Une variété inter­médiaire entre g et , et qu’on pourrait noter , se rencontre devant , , .

gɑlər (galar) « maladie » ; gɑ̃n (gan) « sans » ; gɑ꞉rʹi꞉ (gáiridhe) « rire » ; gɔb ou go̤b (gob) « bec » ; gʌrtʹ (guirt) « salé » ; gᴜ꞉nə (gúna) « robe » ; gʷᴇ̈꞉h (gaoth) « vent » ; gʷɪ꞉ (guidhe) « prier » ; glᴜ꞉n (glún) « genou » ; glɑs (glas) « gris-vert » ; grɑ꞉ⁱnʹ (gráin) « haine, dégoût » ; gnɑ̃꞉həχ, gnɑ̃꞉χ (gnáthach) « usuel » ; ə nɑ꞉r gʷɪnʹɩ (i n‑ár gcoinne) « contre nous » ; ɛr ə glöh (ar an gcloich) « sur la pierre » bʹì꞉arləgər (béarlagar) « parler incompré­hensible » ; bəgɑ꞉ʃtʹɩ (bagáiste) « bagage ».

ɑgəs (agus) « et » ; αrəgəχ (feargach) « colérique » ; lörʹɩgʹɩmʹ (loirgim) « je cherche » ; ro꞉gʷɩrʹɩ (rógaire) « coquin ».

bɔg (bog) « moux, doux » ; ɛg (ag) « à » ; kɔləg (colg) « pointe » d’où « rage » ; klɔg (clog) « pendule » ; o꞉g (óg) « jeune ».

§ 39. Exemples de  :

gʺrʹaᴜn (greann) « affection » ; gʺrʹëimʹ (greim) « prise » ; gʺrʹαs (greas) « quantité, ce que l’on peut faire, prendre, etc., en une fois » ; gʺlʹe꞉ (glé) « beau, brillant » ; gʺlʹïmaχ (gliomach) « langouste » ; gʺnʹe꞉ (gné) « éclat » ; gʺnʹĩ꞉ᵊv (gníomh) « action ».

Tous mots que nous tran­scrivons ordinaire­ment avec g : grʹaᴜn, etc.

Pour ǥ là où l’on a d’ordinaire g, cf. § 66.

§ 40.
(écrit c ou g).

est une forme assourdie de g, qui n’apparaît qu’après s et, par ailleurs, dans les mêmes condi­tions que g.

sg̬ədɑ̃꞉n (scadán) « hareng » ; sg̬ʷɪ꞉lʹɩmʹ (scaoilim) « je délie » ; sg̬o꞉rnəχ (scórnach) « gorge » ; sg̬rɑ꞉bɑ̃꞉n (scrábán) « objet grossier, camelote » ; sg̬lɑ꞉vʷɪ꞉ᵊχt (sclábhui­dheacht) « peiner cruelle­ment ».

αsg̬ʷɩnʹɩ (eascaine) « juron » ; ɔsg̬ʷɩlʹtʹ (oscailt) « ouvrir » ; lɑsg̬ə (lasca) « empeigne ».

ì꞉asg̬ (éasc) « défaut » ; αsg̬ (leasc) « mou, paresseux » ; plᴇ̈꞉ᵊsg̬ (plaosc) « crâne ».

§ 41.
ŋ (écrit ‑ng‑).

ŋ s’articule comme g, mais est fortement nasalisé sur toute sa durée. La vibration nasale commence avant le début de l’implosion (particu­lière­ment quand ŋ est implosif) et se prolonge après l’explosion (particu­lière­ment quand ŋ est explosif). Les voyelles précé­dentes et suivantes sont donc partielle­ment nasa­lisées.

La tension est moindre que pour g.

ŋ se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes non palatales.

A l’initiale, ŋ ne se rencontre que comme alter­nance gram­maticale de g. En position médiane et finale, ŋ est d’ordinaire appuyé sur une gutturale vélaire suivante, quoique la pronon­ciation ŋ, au lieu de ŋg, plus usuel, se rencontre en position médiane.

A l’initiale devant , , , apparaît (comme alter­nance gram­maticale de ) une variété inter­médiaire entre ŋ et ŋʹ, que l’on peut noter ŋʺ.

sə ŋʌrt (insan ngort) « dans le pré » ; ə ŋlɑkfɑ꞉ eꞏ (an nglacfá é ?) « est-ce que tu le prendrais » tɑ꞉ⁱmʹ bᴀᴜr ɛg ə ŋɪ̃꞉h (táim bodhar ag an ngaoith) « le vent m’assourdit ».

kʲɑ̃ŋgəl (ceangal) « lien » (aussi kʲɑ̃ŋəl) ; kᴜ꞉ŋkəs (conncas) « taqui­nerie » ; frᴀᴜŋkəχ (franncach) « français » ; ʃrʹaᴜŋgɑ̃꞉n (sreanngán) « brouil­lard épais » (aussi ʃrʹaᴜ̃ŋɑ̃꞉n) ; grᴜ̃꞉ŋgə (gronnga) « apparence congelée » (aussi grᴜ̃꞉ŋə) ; stᴀᴜ̃ŋkəhə (stann­caithe) « ratatiné » ; ᴜ̃꞉ŋgə (ionga) « ongle » (aussi ᴜ꞉ŋə).

kᴜ̃꞉ŋg (cumhang) « étroit » ; fʹrʹaᴜŋg (freanng) « crampe, cour­bature » ; lᴜ̃꞉ŋg (lung) « navire » ; aᴜŋk (geannc) « nez en pied de marmite », d’où « grimace ».

§ 42. Exemples de ŋʺ :

ɛg ə ŋʺrʹe꞉nʹ ou ɛg ə ŋʺrʹì꞉an (ag an ngrian) « par le soleil » ; ɛs ə ŋʺrʹe꞉gʹɩʃ (as an ngréigis) « (traduire) du grec ».

ə ŋ″lʹaᴜn e꞉gʹɩnʹtʹ (i ngleann éigin) « dans une certaine vallée ».

Tous mots que nous notons ordinaire­ment par ŋ : ɛg ə ŋrʹe꞉nʹ, etc., etc.

§ 43. Palatales. — Dans l’articu­lation des guttu­rales palatales, l’occlusion est formée par la partie anté­rieure du dos de la langue, contre la partie la plus élevée de la voûte palatine. Il s’agit donc ici de véri­tables palatales. Devant les voyelles d’arrière ou mixtes d’arrière on entend, après l’explosion, un glide palatal j. Même devant voyelle d’avant ou mixte d’avant, la mouillure est au reste nettement audible (autant que dans le cas des dentales palata­lisées et plus que dans le cas des labiales palata­lisées).

Les lèvres se règlent quant à l’ouverture sur les phonèmes voisins, avec tendance à être tendues sur les dents.

§ 44.
(écrit c, et, à l’intérieur, -gf- ou -gth-).

est une occlusive palatale, sourde, forte, aspirée. Le glide j qui la suit devant voyelles d’arrière ou mixtes d’arrière est assourdi par l’aspi­ration.

se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes palatales, excepté après s ou devant , , (cf. § 37).

kʹigʹɩlʹɩʃ (cigilis) « chatouil­le­ment » ; kʹi꞉nʹ (cinn), gén. et plur. de aᴜn (ceann) « tête » ; aᴜnsᴜ꞉ (ceannsú) « pacifier » ; kʹᴇlʹɩmʹ (ceilim) « je cache » ; αrt (ceart) « droit » ; kʲo꞉l (céol) « musique » ; kʲo꞉ (ceó) « brouil­lard » ; kʲᴜ꞉ntəχ (cionntach) « coupable ».

ənakʹɩ (i n-aice) « près de » ; ɩkʹi (aici) « à elle » ; lʹᴇkʹəd (leigfead) « je laisserai », fut. de lʹᴇgʹɩmʹ (leigim) « je laisse » ; hikʹəχ ʃeꞏ (thuig­feadh sé) « il compren­drait » de tɪgʹɩmʹ (tuigim) « je comprends » ; tʹrʹe꞉kʹɩ (tréigthe) « passée (couleur) ».

mʹikʹ (mic), gén. de mɑk (mac) « fils » : mʷɪkʹɩ (muice), mʷɪkʹ (muic), gén. et dat. de mᴜk (muc) « porc » ; stalʹkʹ (stailc) « chose, personne immobile et comme pétrifiée ».

§ 45.
(écrit g, ou gc- à l’initiale, -gh, -dh à la finale).

s’articule comme mais est sonore, non aspiré, et se prononce avec une tension moindre.

se rencontre dans les mêmes condi­tions que .

gʹi꞉ᵊtɑ꞉ⁱlʹ (gíotáil) « travail léger » ; gʹì꞉ag (géag) « bras » ; gʹe꞉mʹ (géim) « rugisse­ment » ; gʹᴇtʹ (geit) « sursaut de frayeur » ; gʹïrə (giorra), comp. de gʲɑ꞉r (gearr) « rapproché » ; αl (geal) « brillant » ; gʲo꞉kɑ̃꞉n (geócán) « flûte » ; gʲo꞉ⁱnʹ (geóin) « tumulte, rumeur » ; λks (giucs) « mot, syllabe » ; ɛr ɩ gʲaᴜn (ar an gceann) « sur la tête » ; sɩ gʲaᴜntər so (insan gceanntar sô) « dans cette région » ; ʃαχ(t) gʹi꞉nʹ (seacht gcinn) « sept unités ».

αrʹɩgʹəd (airgead) « argent » ; e꞉gʹɩnʹtʹ (éigin) « quelque» ; o꞉ⁱgʹɩ (óige) « jeunesse ».

bɑ꞉ʃtʹɩgʹ (báistigh), dat. de bɑ꞉ʃtʹəχ (báisteach) « pluie » ; krᴜꞏɛgʹ (cruaidh) « dur » ; mʹᴇrʹɩgʹ (meirg) « rouille » ; sɪgʹ (suidh) « assieds-toi » ; ᴜ꞉nʃɩgʹ (óinsigh), datif de ᴜ꞉nʃəχ (óinseach) « folle ».

§ 46.
g̬ʹ (écrit c ou g).

g̬ʹ est une forme assourdie de , qui n’apparaît qu’après s ou ʃ.

sg̬ʹì꞉al ou ʃg̬ʹì꞉al (scéal) « histoire » ; sg̬ʹiꞏən ou ʃg̬ʹiꞏən (scian) « couteau » ; sg̬ʲλbʷɩmʹ ou ʃg̬ʲλbʷɩmʹ (sciobaim) « je débar­rasse, je balaye » ; sg̬ʲλlpə ou ʃg̬ʲλlpə (sciolpa) et sg̬ʲᴜ꞉rʃɩ (sciúirse) « morceau, fragment ».

ə naʃg̬ʹɩ (i n-aisce) « gratuite­ment » ; ə daʃg̬ʹɩ (i dtaisce) « de côté, en réserve » ; iʃg̬ʹɩ (uisce) « eau » ; fɑ꞉ʃg̬ʹɩmʹ (fáiscim) « je serre » ; lʹᴇʃg̬ʹɩ (leisce) « paresse ».

e꞉ʃg̬ʹ (éisc), gén. de iꞏəsg̬ (iasc) « poisson » ; tᴜꞏɛrʹɩʃg̬ʹ (tuairisc) « nouvelle ».

§ 47
ŋʹ (écrit ng).

ŋʹ s’articule comme , mais est fortement nasalisé sur toute sa durée. La vibration nasale commence avant le début de l’implosion (surtout quand ŋʹ est implosif) et se prolonge après l’explosion (surtout quand ŋʹ est explosif). Les voyelles précé­dentes et suivantes sont donc en général nasa­lisées.

La tension est bien moindre que pour , au point que, chez certains sujets, l’occlusion a tendance à être impar­faite.

ŋʹ se rencontre en contact avec des voyelles ou avec des consonnes non vélaires.

A l’initiale ŋʹ ne se rencontre que comme alter­nance gramma­ticale de . En position médiane ou finale ŋʹ est toujours appuyée sur une gutturale palatale suivante.

sɩ ŋʹi꞉rʹɩ (insan ngeimh­readh) « durant l’hiver », de gʹi꞉rʹɩ (geimh­readh) « hiver » ; ɩ ŋʹïraχt (i ngior­racht) « à proximité » ; ɩ ŋʹαlən tᴜꞏ dɔm eꞏ (an ngeallann tu dom é ?) « est-ce que tu me le promets ? ».

daŋʹgʹən (daingean) « solide » ; lɪŋʹgʹəs (luingeas) « flotte ».

kʷɪ꞉ŋʹgʹ (cuing) « obli­gation » ; lɪ꞉ŋʹgʹ (luing) et lɪŋʹgʹɩ (luinge), dat. et gén. de lɔŋg (long) « navire » ; mʷɪ꞉ŋʹgʹ (muing) « crinière ».