Chapitre X. — Sandhi
§ 294. La division des syllabes est la même dans la phrase que dans chaque mot pris isolément, une consonne implosive restant telle même devant initiale vocalique :
ən-lɑ̃:v-ə-ʃi:nʹ-tər-ə-ka:ⁱnʹ-tər (an lámh a síntear a cáintear), litt. « c’est la main qu’on étend qu’on accuse ».
is-gʹαl-lʹɛʃ-ə(n)-vʹi·əχ-dᴜv-ɩ-jɑ:r-kəχ (is geal leis an bhfiach dubh a ghearrcach) « aux yeux du corbeau, son petit est blanc comme neige ».
Il va de soi que tous les phénomènes qui suivent ne se produisent que dans le discours continu, et d’autant plus aisément que l’élocution est plus rapide, la moindre pause suffisant à rendre au mot son indépendance.
§ 295. Phonèmes additionnels :
Le parler évite l’hiatus, autant que possible. Dans certains cas, la morphologie y pourvoit, par exemple par l’insertion d’un h, dans des conditions déterminées grammaticalement :
nə hì:anləhə (na h‑éanlaithe) « les oiseaux », etc.
Ailleurs, il se développe à l’initiale vocalique un phonème additionnel.
Devant ᴜ on a ainsi v :
kɑt tɑ: vᴜ·ɛtʹ (cad tá uait) « qu’est-ce que tu veux ? » ; nʹi· fɑdə vᴜ·ɛtʹ ou nʹi· fɑd ᴜ·ɛtʹ (ní fada uait) « tu n’es pas loin de… » ; ə də vᴜχt (i d’ucht) « dans ton giron ».
Devant ɔ, o: on trouve ǥ.
Peut-être doit-on attribuer à un redoublement de la préposition də, ǥə (Sommerfelt, dē en italo-celtique, p. 256) des formes comme : iʃg̬ɩ ə ǥo:l (uisce do dh’ól) « boire de l’eau ». Il ne semble pas que ce puisse être le cas dans : nʹi: ǥo:lhəd (ní ólfad) « je ne boirai pas » ; nʹi: ǥɑnən (ní fhanann) « il ne reste pas ».
Il en va de même pour j apparaissant devant i initial :
Dans ərɑ̃:n ɩ jihɩ (arán do dh’ithe) « manger du pain », il peut y avoir redoublement de də, ǥə.
Mais on entend : nʹi· ji:səd e· (ní íosad é) « je ne le mangerai pas ». Il semble qu’il y ait vraiment développement d’un phonème additionnel, à moins qu’il ne faille voir, là et dans nʹi· ǥo:lhəd, une extension due à l’analogie de ɩ jihɩ, extension qui au reste, à supposer que le point de départ en soit d’origine grammaticale, s’expliquerait par une tendance, de nature phonétique, à éviter l’hiatus.
§ 296. Elision :
C’est d’ordinaire par élision que l’hiatus est évité.
Une voyelle tonique (et partant une voyelle longue, qui n’est jamais tout à fait atone) ne peut être élidée.
Quand deux voyelles se rencontrent, si l’une est tonique, l’autre atone, celle-ci s’élide. Si les deux voyelles sont atones, il n’y a pas lieu de rechercher laquelle des deux s’élide : il subsiste une voyelle, déterminée quant au timbre par la qualité de la consonne suivante ; la question de savoir si cette voyelle doit être rattachée au mot qui précède ou au mot qui suit n’intéresse que la graphie et peut être résolue arbitrairement, la syllabation étant la même en tous cas. Nous la rattachons régulièrement au mot qui suit, la conscience de l’initiale du mot étant dans la plupart des cas plus nette que la conscience de la finale (cf. chutes de consonnes finales, § 300).
ɛr χᴜm e:gʹɩnʹtʹ (ar chuma éigin) « de quelque façon » ; is do:χ e: (is dócha é) « c’est probable » ; tɑgɩnʹ ʃi: s ɩmʹi:nʹ ʃi· (tagann sí is imthigheann sí) « elle va et vient » ; m ahɩrʹ (m’ athair) « mon père » ; tɑ: n fʹαr ənso (tá an fear annso) « l’homme est là » ; tʹihɩ mu·ər ɑ:rdə (tighthe móra árda) « de grandes hautes maisons » ; blᴜ:ⁱrʹ ɑɪmʷɩdʹ (blúire adhmaid) « un bout de bois » ; ʃɑ̃:n so gʷɪnʹɩ (Seán so againne) « notre Seán ».
ɩ dʲaᴜnt ɩ çe:lʹɩgʹ (i dteannta a chéiligh) « ensemble » ; tɑ: sg̬ɑt əkᴜ nso (tá sgata aca annso) « il y en a des foules ici » ; vʹi:ᵊdər lᴜf ɩkʹi (bhíodar lobhtha aici) « elle les avait pourries (les dents) » ; kɑpəl nə hɛbʹⁱrʹ ən bʹi·ɛ (capall na hoibire an biadh) « le cheval qui travaille doit manger » ; tɑ: nʲ λmərk ɩgʹᴇ (tá an iomarca aige) « il en a trop ».
Même une longue abrégée peut être élidée : nʹi: çʹαrt d e: (ní cheart dó é) « il a tort ».
§ 297. Un hiatus peut être conservé pour des raisons sémantiques, là où l’élision ferait disparaître un élément important pour le sens :
nʹi·lʹ ʃe· ɛ dʌl (níl sé ag dul) « il ne va pas » ; vʹi:ᵊsə ᴀᴜn (bhíos-sa ann) « moi, j’y étais » ; nʹi: ə go:nɪ: (ní i gcomhnaidhe) « pas toujours » ; mais on peut aussi élider : ə nagʹɩnʹɩ fʹe:nʹ (i n‑a aigne féin) « dans son esprit ».
§ 298. Là où deux voyelles en contact sont maintenues, soit parce que toutes deux sont toniques, soit pour la raison précédente, le passage de l’une à l’autre se fait par changement de timbre, ou, entre voyelles de même timbre, diminution momentanée de la sonorité, mais sans qu’il y ait jamais de coup de glotte :
ə ahɩrʹ (a athair) « son père » ; tɑ: ɑ:həs ʌrəm (tá áthas orm) « je suis content » ; tɑ: ɔkᵊrəs ʌrəm (tá ocras orm) « j’ai faim » ; is mo: ɑ:ⁱtʹ ɩ çᴜ:lɪ:ʃ (is mó áit a shiubhluighis) « tu as parcouru beaucoup d’endroits » ; dᴜ:rtʹ ʃe· e: (dubhairt sé é) « il le dit ».
§ 299. Phonèmes additionnels :
Quand deux consonnes qui constituent un groupe non usuel dans le parler (cf. Groupes explosivo-implosifs, § 221 sq.) se rencontrent, il arrive qu’il s’insère une voyelle furtive :
bʹαrə ǥötʹ (b’ fhearr dhuit) « tu ferais mieux », mais bʲɑ:r lʹαt (b’ fhearr leat) « tu aimerais mieux » ; bɑ:r nə halʹɩ (bárr na haile) « le sommet de la falaise », mais bɑrə mo χlᴜ·əsə (bárr mo chluasa) « le haut de mon oreille » ; ɛgə bʹαn çɑ:ⁱnʹ (ag bean Sheáin) « à la femme de Seán » ; ɛgə tahɩrʹ (ag t’athair) « à ton père ».
§ 300. Simplifications et chutes de consonnes :
Quand deux consonnes semblables, l’une implosive, l’autre explosive, se rencontrent, il en résulte une consonne géminée qui peut se simplifier, donnant une consonne explosive :
kɑ dᴜ:rtʹ ʃe· (cad dubhairt sé ?) « qu’est-ce qu’il a dit ? » ; ɪrʹə də frɪ:, pour ɪrʹəd də frɪ: (oiread do fruigh) « toute petite quantité » ; kɑd də bɑ:ⁱlʹαt, pour kɑd də bɑ:ⁱlʹ lʹαt (cad do b’áit leat) « quelle raison as-tu de… ? » ; glʲaᴜ nə pʹe:ʃtʹɩ (gleann na péiste) « le vallon du serpent » ; gah e:nʹi: (gach aon nidh) « chaque chose » ; gʲaᴜ lʹe: (geall lé) « presque », de gʲaᴜl lʹe:, la simplification étant précédée d’assimilation ; de même : is mʹihə dötʹ, pour is mʹihɩdʹ dötʹ (is mithid duit) « il est temps que tu… » ; nʹi:lʹ ʃe ɛ dʌ lʲλm (níl sé ag dul liom) « cela ne me convient pas », pour ɛ dʌl lʲλm ; kɑ dʹᴇrʹən tᴜ: (cad deireann tú ?) « qu’est-ce que tu dis ? », pour kɑd dʹᴇrʹən tᴜ:.
§ 301. Les chutes de consonnes se produisent principalement entre les mots unis par l’accent : article et nom, préposition et nom, verbe et pronom, particule et verbe.
fʹαr ɩ tʹi: (fear an tighe) « le maître de la maison » ; mais fʹαr ən ɑsɩlʹ (fear an asail) « le propriétaire de l’âne » ; ʃrʹi·ən ə χɑpʷɩlʹ (srian an chapaill) « la bride du cheval » ; ɛr ə gɑpəl (ar an ngapall) « sur le cheval » ; ɛr ə vɑrɩgʹɩ (ar an bhfairrge) « sur la mer ».
ɛ tʹαχt (ag teacht) « venant », mais ɛg ɩmʹαχt (ag imtheacht) « s’en allant » ; ɛ tʹilʹəv (ag tuilleamh) « gagnant (sa vie) ».
ə vʷɪlʹ ʃe ᴀᴜn (an bhfuil sé ann ?) « est-ce qu’il est là ? » ; hɑ:nə sə (thánag-sa) « moi, je vins », mais hɑ:nəg (thánag) « je vins » ; hɑ:ⁱnʹɩ ʃe· (tháinig sé) « il vint », mais hɑ:ⁱnʹɩgʹ ɩ vʹαn (tháinig an bhean) « la femme vint » ; ɩ mʹᴇ ʃi· ᴀᴜn bʹᴇgʹ (an mbeidh si ann ? Beidh) « Est-ce qu’elle sera là ? Oui » ; salʲo:ⁱ ʃe· hᴜ: nʹi· halʲo:ⁱgʹ (saileóchaidh sé thú. — Ní shaileóchaidh) « Cela te salira. — Cela ne me salira pas ».
§ 302. En dehors de ces cas, où la chute est assez usuelle pour pouvoir être considérée comme régulière, on observe la chute de h ou de spirantes, de façon sporadique, devant consonne : gʷᴇ̈: la:ⁱdʹɩrʹ (gaoth láidir) « un grand vent », de gʷᴇ̈:h ; ma go lʲo:r (maith go leór) « assez bien », mais ɩs mah ən fʹαr e· (is maith an fear é) « c’est un brave homme ».
go rᴇ̈: mah əgɑt (go raibh maith agat) « merci », pour go rᴇ̈:v ; lʹe: kᴜ̃:nə dʹe: (le congnamh Dé) « avec l’aide de Dieu », pour kᴜ̃:nəv ; vʹi· nᴇ̈:ᵊv ᴀᴜn, nᴇ̈: brᴀᴜndɑ̃:n (bhí naomh ann, naomh Brandán) « Il y avait une fois un saint, Saint Brandan ».
Un groupe de trois consonnes peut être simplifié par chute de la consonne médiane : ʃαχt nᴜ·ɛrʹɩ ou ʃαχ nᴜ·ɛrʹɩ (seacht n‑uaire) « sept fois » (cf. § 232, 3º).
§ 303. Assimilation :
L’assimilation consonantique est normalement régressive, la consonne finale d’un mot étant assimilée à la consonne initiale du mot suivant, soit au point de vue de la qualité vélaire ou palatale, soit au point de vue de la sonorité. L’assimilation est usuelle seulement entre dentales.
Une dentale palatale palatalise une dentale précédente. On a ainsi : n > nʹ, l > lʹ :
tʹe:nʹ ʃe· (teigheann sé) « il va », de tʹe:ᵊn ; dʹinʃinʹ ʃe· (deineann sé) « il fait », de dʹinʹən ; tɑ̃:ⁱnʹ ʃivʹ (tánn sibh) « vous êtes », mais tɑ̃:n tu: (tánn tú) « tu es » ; fɑ:sɩnʹ ʃi·əd (fásann siad) « ils poussent », de fɑ:sən ; gɑh e:nʹ nʹi: (gach aon nidh) « chaque chose », mais gɑh ᴇ̈:n rʌd (gach aon rud), même sens ; lʹi:nʹ tʹi: (líon tighe) « une maisonnée », de lʹi:ᵊn (líon) « plein, contenu » ; ji:lʹ ʃe· (dhíol sé) « il vendit ».
- s > ʃ :
tɑləv ɑgɩʃ tʹigʹ (talamh agus tigh) « de la terre et une maison », de ɑgəs (agus) « et » ; ɩʃ dʹαs e· (is deas é) « c’est joli », de ɩs ; de même ɩʃ dʲo̤kʷɩrʹ e· (is deacair é) « c’est difficile » ; jì:anhəχ ʃi sᴜ·ɛʃ lʹe· gɑh ᴇ̈:ᵊn dɪnʹɩ (dheunfadh sí suas lé gach aon duine) « elle se lierait avec n’importe qui », de su·əs (suas) « sur, dessus » ; χaʃ ʃe· d’où χa ʃe· (chas sé) « il revint », de χɑs.
§ 304. Un ç, ou un j, palatalisent une dentale précédente : nʹi:rʹ jinʹəs e: (níor dheineas é) « je ne l’ai pas fait » ; ɩnʲ λməd (in iomad) « trop » ; ɩnʹ jəla·χ (an ghealach) « la lune » ; ɩtʹ çαsəv (id’ sheasamh) « debout (2e pers.) ».
§ 305. Une dentale dépalatalise un r palatal précédent (cf. § 81).
ɑbər lʹᴇʃ e· (abair leis é) « dis-lui ça », de ɑbʷɩrʹ ; ɛg ɔbər sə χainʹtʹ (ag obair sa chainnt) « employé dans la phrase (en parlant de mots) », de ɔbʷɩrʹ.
kᴀᴜr sb̬ʹᴇʃʲɑ:ltə (cabhair speiseálta) « un secours spécial (de Dieu) », de kaλⁱrʹ ; fɑn səkər lʹαt fʹe:nʹ (fan socair leat féin) « reste tranquille », de sɔkʷɩrʹ ; fᴜ·ər ʃe· (fuair sé) « il trouva », de fᴜ·ɛrʹ.
§ 306. Une dentale vélaire dépalatalise parfois une dentale palatale précédente :
is mʹihəd dötʹ eʹ: (is mithid duit é) « il est temps que tu le fasses », de mʹihɩdʹ ; is αt mɑr χalʹi:ᵊn tʌsə (is ait mar chailín tusa) « tu es une drôle de fille », de kalʹi:nʹ ; trᴇ̈:s nə rɑ:ʃʲənə (tar éis na ráiseanna) « après les courses », de trᴇ̈:ʃ.
§ 307. Une consonne finale sonore a tendance à s’assourdir devant une consonne initiale sourde.
Entre dentales :
kɑt tɑ: ʌrt (cad tá ort ?) « qu’est-ce qui te prends ? » ; kɑt χʷɪg̤ʹɩ (cad chuige ?) « pourquoi » ; də lʹəhe:tʹ ʃɩ (do leithéid-sa) « quelqu’un de ton espèce » ; fɑt tɑ: se· ᴀᴜn (faid tá sé ann) « pendant qu’il est là », de fadʹ, avec dépalatalisation.
Entre la finale du verbe et l’initiale du pronom de la 3e personne :
sg̬ᴜ·əp ʃi· (scuab si) « elle balaya » ; jαrəvʷɩkʹ ʃe· (dearbhuigh sé) « il affirma » ; ǥʷɪtʹ ʃe (ghoid sé) « il vola ».
Devant un h (l’assimilation est alors régulière) :
ɩnʹ tʹαχtɩnʹ ʃo· imʹɩkʹ hɑrɩnʹ (an tseachtmhain seó imthigh tharainn) « la semaine dernière », de imʹɩgʹ ; ɩ tʹikʹ hi:ᵊs (an tigh thíos) « la maison d’en bas » ; kadʹ jinʹ bɑləf hᴜ· (cad dhein balbh thú ?) « qu’est-ce qui t’a rendu muet ? ».
§ 308. On a une assimilation progressive au point de vue de la sonorité dans quelques exemples où s, ʃ, assourdissent des occlusives sonores suivantes ; il arrive qu’on entende :
ɩʃ tʲo̤kʷɩrʹ e: (is deocair é) « c’est difficile » ; is g̬ʹαl (is geal) « est blanc ».
Au point de vue de la nasalité : ə hᴇ̈:nʹì:ag (a haondeug) « onze », de ᴇ̈ᵊn et dʹì:ag.
§ 309. C’est une assimilation progressive combinée avec une différenciation de la spirante par l’élément spirant de la nasale qu’on a dans les cas où b, bʹ, p, pʹ, au lieu d’être transformés en v (vʹ), f (fʹ), comme les règles d’alternances initiales l’exigeraient, sont maintenus occlusifs après m (représentant l’adjectif possessif de la première personne du singulier). On a ainsi : əm bʹrʹi·əhər (am’ bhriathar) « sur ma parole », pour əm vʹrʹi·əhər ; de même : fʹᴇmʹ brɑ:ⁱdʹ (fem’ bhrághaid) « vers moi » ; əm po:kə (im’ phóca) « dans ma poche ».
On a un phénomène du même type dans ǥɑ: hɑrək kʷɪgʹɩ (ghá tharrang chuige) « le tirant vers lui », mais χʷɪgʹɩ (chuige) « vers lui ».
On a de plus une différenciation au point de vue de la nasalité, quand c’est un m (mʹ) qui, au lieu de passer à v (vʹ) passe à b (bʹ) après m (mʹ) :
lʹᴇmʹ bɑ:hɩrʹ (lem’ mháthair) « avec ma mère » ; lʹᴇmʹ bʹe:rʹəntə (lem’ mhéireannta) « avec mes doigts » ; ɩmʹ bʹⁱnʲɑ:l (im’ mhuineál) « dans mon cou ».
§ 310. Une voyelle atone est d’autant plus influencée par la qualité vélaire ou palatale de la consonne qui suit qu’elle est plus étroitement unie au mot suivant dans le débit. Cette dépendance est particulièrement nette dans le cas de certains enclitiques :
ɩ (i) « dans », se prononce ə ou ɩ selon que la consonne initiale du mot suivant est vélaire ou palatale : dʌl ɩ dʹi:rʹ (dul i dtír) « atterrir » ; dʌl ə daləv (dul i dtalamh) « même sens » ; ɩ dʹrʹo: (i dtreó) « de sorte que » : ə daʃg̬ʹɩ (i dtaisce) « de côté, à part ».
De même pour certaines finales de verbe suivies d’un pronom : tᴜkʷɩ ʃe· (tiucaidh sé) « il viendra », mais tᴜkə tᴜ· (tiocfaidh tu) « tu viendras » ; de même ən ɑ:tʹ bʷɪ jᴇʃɩ (an áit budh dheise) « le plus joli endroit », mais bo wah lʲλm (budh mhaith liom) « j’aimerais ».
§ 311. Il arrive qu’une voyelle initiale se fasse précéder dans le sandhi, après l’article, ou après un mot étroitement uni au mot suivant, d’un yod qui n’apparaît pas dans le mot isolé : ce yod palatalise la consonne précédente :
ɩnʲ λmərkə (an iomarcadh) « trop » ; nʹi: he:nʲ ᴜ:ntəs e: (ní haon ionghantas é) « il n’y a rien là d’étonnant » ; nʹi:lʹ e:nʲ o̤χʷɩrʹ əgɑm (níl aon eochair agam) « je n’ai pas de clef » ; ɩnʹ tʲ αsbəg (an t‑easbog) « l’évêque » ; dʲ ᴜ:mpʷɩ ʃe· (d’iompuigh sé) « il retourna ».
§ 312. Un glide peut s’insérer entre consonne finale palatale et voyelle initiale d’arrière, ou consonne finale vélaire et voyelle initiale d’avant, comme si les deux phonèmes se trouvaient dans le même mot :
is αtʲ ən fʹαr e: (is ait an fear é) « c’est un drôle de type » ; pʹe: dɪnʹɩ stɔpʷ i: (pé duine stop i) « qui que ce soit qui l’en ait empêchée ».
Ce glide est particulièrement net là où (par suite d’une élision) c’est une consonne explosive qu’on a devant la voyelle initiale : ə mʷ ᴇ̈:ᵊnər (i m’aonar) « seul » ; mʷ ɩnʹi:ᵊn (m’inghean) « ma fille ».
On a un cas de vélarisation progressive d’une consonne par une voyelle précédente dans kɑ: vʷïs dötʹ (cá bhfios duit ?) « qu’est-ce que tu en sais ? », à côté de kɑ: vʹïs dötʹ.