Pompée/Acte II
ACTE II.
Scène première[1].
Je l’aime ; mais l’éclat d’une si belle flamme,
Quelque brillant qu’il soit, n’éblouit point mon âme,
Et toujours ma vertu retrace dans mon cœur
Ce qu’il doit au vaincu, brûlant pour le vainqueur.
Aussi qui l’ose aimer porte une âme trop haute
Pour souffrir seulement le soupçon d’une faute ;
Et je le traiterois avec indignité,
Si j’aspirois à lui par une lâcheté.
L’Égypte pour Pompée armeroit à sa vue,
En prendroit la défense, et par un prompt secours
Du destin de Pharsale arrêteroit le cours !
L’amour certes sur vous a bien peu de puissance.
Leur âme dans leur sang prend des impressions
Qui dessous leur vertu rangent leurs passions.
Leur générosité soumet tout à leur gloire[2] :
Tout est illustre en eux quand ils daignent se croire[3] ;
C’est quand l’avis d’autrui corrompt leurs sentiments[4].
Ce malheur de Pompée achève la ruine :
Le Roi l’eût secouru, mais Photin l’assassine ;
Il croit cette âme basse, et se montre sans foi ;
Mais s’il croyoit la sienne, il agiroit en roi.
Ainsi donc de César l’amante et l’ennemie…
Je lui garde ma flamme exempte d’infamie[5],
Un cœur digne de lui.
Vous possédez le sien ?
Je crois le posséder.
[6] ?
Mais le savez-vous bien
Quand elle dit qu’elle aime, est sûre d’être aimée[7],
Et que les plus beaux feux dont son cœur soit épris
N’oseroient l’exposer aux hontes d’un mépris.
Notre séjour à Rome enflamma son courage :
Là j’eus de son amour le premier témoignage,
Et depuis jusqu’ici chaque jour ses courriers
M’apportent en tribut ses vœux et ses lauriers[8].
Partout, en Italie, aux Gaules, en Espagne,
La fortune le suit, et l’amour l’accompagne.
Dont il ne rende hommage au pouvoir de mes yeux ;
Et de la même main dont il quitte l’épée,
Fumante encore du sang des amis de Pompée,
Il trace des soupirs, et d’un style plaintif
Dans son champ de victoire il se dit mon captif.
Oui, tout victorieux il m’écrit de Pharsale ;
Et si sa diligence à ses feux est égale,
Ou plutôt si la mer ne s’oppose à ses feux,
L’Égypte le va voir me présenter ses vœux.
Il vient, ma Charmion, jusque dans nos murailles,
Chercher auprès de moi le prix de ses batailles,
M’offrir toute sa gloire, et soumettre à mes lois
Ce cœur et cette main qui commandent aux rois[9] ;
Et ma rigueur, mêlée aux faveurs de la guerre,
Feroit un malheureux du maître de la terre.
J’oserois bien jurer que vos charmants appas[10]
Se vantent d’un pouvoir dont ils n’useront pas,
Et que le grand César n’a rien qui l’importune,
Si vos seules rigueurs ont droit sur sa fortune.
Mais quelle est votre attente, et que prétendez-vous,
Puisque d’une autre femme il est déjà l’époux,
Et qu’avec Calphurnie[11] un paisible hyménée
Par des liens sacrés tient son âme enchaînée ?
Le divorce, aujourd’hui si commun aux Romains,
Peut rendre en ma faveur tous ces obstacles vains :
César en sait l’usage et la cérémonie ;
Un divorce chez lui fit place à Calphurnie[12].
Par cette même voie il pourra vous quitter.
Peut-être mon bonheur saura mieux l’arrêter[13] ;
Peut-être mon amour aura quelque avantage
Qui saura mieux pour moi[14] ménager son courage.
Mais laissons au hasard ce qui peut arriver ;
Achevons cet hymen, s’il se peut achever,
Ne durât-il qu’un jour, ma gloire est sans seconde
D’être du moins un jour la maîtresse du monde.
J’ai de l’ambition, et soit vice ou vertu,
Mon cœur sous son fardeau veut bien être abattu ;
J’en aime la chaleur et la nomme sans cesse
La seule passion digne d’une princesse.
Mais je veux que la gloire anime ses ardeurs,
Qu’elle mène sans honte au faîte des grandeurs ;
Et je la désavoue alors que sa manie
Nous présente le trône avec ignominie.
Ne t’étonne donc plus, Charmion, de me voir
Défendre encore Pompée et suivre mon devoir.
Ne pouvant rien de plus pour sa vertu séduite,
Dans mon âme en secret je l’exhorte à la fuite,
Et voudrois qu’un orage, écartant ses vaisseaux,
Malgré lui l’enlevât aux mains de ses bourreaux.
Mais voici de retour le fidèle Achorée,
Par qui j’en apprendrai la nouvelle assurée.
Scène II.
En est-ce déjà fait, et nos bords malheureux
Sont-ils déjà souillés d’un sang si généreux ?
Madame, j’ai couru par votre ordre au rivage ;
J’ai vu la trahison, j’ai vu toute sa rage ;
Du plus grand des mortels j’ai vu trancher le sort[15] :
J’ai vu dans son malheur la gloire de sa mort ;
Et puisque vous voulez qu’ici je vous raconte
La gloire d’une mort qui nous couvre de honte,
écoutez, admirez, et plaignez son trépas.
Ses trois vaisseaux en rade avoient mis voile bas ;
Et voyant dans le port préparer nos galères,
Il croyoit que le roi, touché de ses misères,
Par un beau sentiment d’honneur et de devoir,
Avec toute sa cour le venoit recevoir ;
Mais voyant que ce prince, ingrat à ses mérites,
N’envoyoit qu’un esquif rempli de satellites,
Il soupçonne aussitôt son manquement de foi[16],
Et se laisse surprendre à quelque peu d’effroi ;
Enfin, voyant nos bords et notre flotte en armes,
Il condamne en son cœur ces indignes alarmes[17],
Et réduit tous les soins d’un si pressant ennui
À ne hasarder pas Cornélie avec lui :
« N’exposons, lui dit-il, que cette seule tête
À la réception que l’Égypte m’apprête ;
Et tandis que moi seul j’en courrai le danger,
Songe à prendre la fuite afin de me venger.
Le roi Juba nous garde une foi plus sincère ;
Chez lui tu trouveras et mes fils et ton père[18] ;
Mais quand tu les verrois descendre chez Pluton,
Ne désespère point, du vivant de Caton. »
Tandis que leur amour en cet adieu conteste[19],
Achillas à son bord joint son esquif funeste.
Septime se présente, et lui tendant la main,
Le salue empereur en langage romain ;
Et comme député de ce jeune monarque :
« Passez, seigneur, dit-il, passez dans cette barque ;
Les sables et les bancs cachés dessous les eaux
Rendent l’accès mal sûr à de plus grands vaisseaux. »
Ce héros voit la fourbe, et s’en moque dans l’âme :
Il reçoit les adieux des siens et de sa femme,
Leur défend de le suivre, et s’avance au trépas
Avec le même front qu’il donnait les États ;
La même majesté sur son visage empreinte
Entre ces assassins montre un esprit sans crainte ;
Sa vertu toute entière à la mort le conduit.
Son affranchi Philippe est le seul qui le suit ;
C’est de lui que j’ai su ce que je viens de dire ;
Mes yeux ont vu le reste, et mon cœur en soupire,
Et croit que César même à de si grands malheurs
Ne pourra refuser des soupirs et des pleurs.
N’épargnez pas les miens : achevez, Achorée,
L’histoire d’une mort que j’ai déjà pleurée.
On l’amène ; et du port nous le voyons venir,
Sans que pas un d’entre eux daigne l’entretenir.
Ce mépris lui fait voir ce qu’il en doit attendre.
Sitôt qu’on a pris terre, on l’invite à descendre[20] :
Il se lève ; et soudain, pour signal, Achillas[21]
Derrière ce héros tirant son coutelas,
Septime et trois des siens, lâches enfants de Rome,
Percent à coups pressés les flancs de ce grand homme,
Tandis qu’Achillas même, épouvanté d’horreur,
De ces quatre enragés admire la fureur.
Vous qui livrez la terre aux discordes civiles,
Si vous vengez sa mort, Dieux, épargnez nos villes !
N’imputez rien aux lieux, reconnoissez les mains :
Le crime de l’Égypte est fait par des Romains.
Mais que fait et que dit ce généreux courage ?
D’un des pans de sa robe il couvre son visage,
À son mauvais destin en aveugle obéit,
Et dédaigne de voir le ciel qui le trahit,
De peur que d’un coup d’œil contre une telle offense[22]
Il ne semble implorer son aide ou sa vengeance.
Aucun gémissement à son cœur échappé
Ne le montre, en mourant, digne d’être frappé :
Immobile à leurs coups, en lui-même il rappelle[23]
Ce qu’eut de beau sa vie, et ce qu’on dira d’elle ;
Et tient la trahison que le roi leur prescrit
Trop au-dessous de lui pour y prêter l’esprit.
Sa vertu dans leur crime augmente ainsi son lustre ;
Et son dernier soupir est un soupir illustre,
Qui de cette grande âme achevant les destins,
Étale tout Pompée aux yeux des assassins.
Sur les bords de l’esquif sa tête enfin penchée[24],
Par le traître Septime indignement tranchée,
Passe au bout d’une lance en la main d’Achillas,
Ainsi qu’un grand trophée après de grands combats.
On descend, et pour comble à sa noire aventure[25]
On donne à ce héros la mer pour sépulture,
Et le tronc sous les flots roule dorénavant
Au gré de la fortune, et de l’onde, et du vent.
La triste Cornélie, à cet affreux spectacle[26],
Par de longs cris aigus tâche d’y mettre obstacle,
Défend ce cher époux de la voix et des yeux,
Puis n’espérant plus rien, lève les mains aux cieux ;
Et cédant tout à coup à la douleur plus forte,
Tombe, dans sa galère, évanouie ou morte.
Les siens en ce désastre, à force de ramer,
L’éloignent de la rive, et regagnent la mer[27].
Mais sa fuite est mal sûre ; et l’infâme Septime,
Qui se voit dérober la moitié de son crime,
Afin de l’achever, prend six vaisseaux au port,
Et poursuit sur les eaux Pompée après sa mort.
Cependant Achillas porte au Roi sa conquête :
Tout le peuple tremblant en détourne la tête ;
Un effroi général offre à l’un sous ses pas
Des abîmes ouverts pour venger ce trépas ;
L’autre entend le tonnerre, et chacun se figure[28]
Un désordre soudain de toute la nature :
Tant l’excès du forfait, troublant leurs jugements,
Présente à leur terreur l’excès des châtiments !
Philippe, d’autre part, montrant sur le rivage
Dans une âme servile un généreux courage,
Examine d’un œil et d’un soin curieux
Où les vagues rendront ce dépôt précieux,
Pour lui rendre, s’il peut, ce qu’aux morts on doit rendre,
Dans quelque urne chétive en ramasser la cendre,
Et d’un peu de poussière élever un tombeau
À celui qui du monde eut le sort le plus beau.
Mais comme vers l’Afrique on poursuit Cornélie,
On voit d’ailleurs César venir de Thessalie :
Une flotte paroît qu’on a peine à compter…
C’est lui-même, Achorée, il n’en faut point douter.
Tremblez, tremblez, méchants, voici venir la foudre ;
Cléopatre a de quoi vous mettre tous en poudre :
César vient, elle est reine, et Pompée est vengé ;
La tyrannie est bas, et le sort a changé[29].
Admirons cependant le destin des grands hommes,
Plaignons-les, et par eux jugeons ce que nous sommes.
Ce prince d’un sénat maître de l’univers,
Dont le bonheur sembloit au-dessus du revers[30],
Lui que sa Rome a vu plus craint que le tonnerre,
Triompher en trois fois des trois parts de la terre,
Et qui voyoit encore en ces derniers hasards
L’un et l’autre consul suivre ses étendards ;
Sitôt que d’un malheur sa fortune est suivie,
Les monstres de l’Égypte ordonnent de sa vie.
On voit un Achillas, un Septime, un Photin,
Arbitres souverains d’un si noble destin ;
Un roi qui de ses mains a reçu la couronne
À ces pestes de cour lâchement l’abandonne.
Ainsi finit Pompée ; et peut-être qu’un jour
César éprouvera même sort à son tour.
Rendez l’augure faux, Dieux qui voyez mes larmes,
Et secondez partout et mes vœux et ses armes !
Madame, le Roi vient, qui pourra vous ouïr.
Scène III.
Savez-vous le bonheur dont nous allons jouir,
Ma sœur ?
Sous les lois de Photin je ne suis plus captive.
Vous haïssez toujours ce fidèle sujet ?
Non, mais en liberté je ris de son projet.
Quel projet faisoit-il dont vous pussiez vous plaindre ?
J’en ai souffert beaucoup, et j’avois plus à craindre :
Un si grand politique est capable de tout ;
Et vous donnez les mains à tout ce qu’il résout.
Si je suis ses conseils, j’en connois la prudence.
Si j’en crains les effets, j’en vois la violence.
Pour le bien de l’État tout est juste en un roi.
Ce genre de justice est à craindre pour moi :
Après ma part du sceptre, à ce titre usurpée,
Il en coûte la vie et la tête à Pompée.
Jamais un coup d’État ne fut mieux entrepris.
Le voulant secourir, César nous eût surpris :
Vous voyez sa vitesse ; et l’Égypte troublée
Avant qu’être en défense en seroit accablée ;
Mais je puis maintenant à cet heureux vainqueur
Offrir en sûreté mon trône et votre cœur.
Je ferai mes présents ; n’ayez soin que des vôtres,
Et dans vos intérêts n’en confondez point d’autres.
Les vôtres sont les miens, étant de même sang.
Vous pouvez dire encore, étant de même rang,
Étant rois l’un et l’autre ; et toutefois je pense
Que nos deux intérêts ont quelque différence.
Oui, ma sœur ; car l’État dont mon cœur est content,
Sur quelques bords du Nil à grand’peine s’étend[31] ;
Mais César, à vos lois soumettant son courage,
Vous va faire régner sur le Gange et le Tage.
J’ai de l’ambition, mais je la sais régler :
Elle peut m’éblouir, et non pas m’aveugler.
Ne parlons point ici du Tage ni du Gange ;
Je connois ma portée, et ne prends point le change.
L’occasion vous rit, et vous en userez.
Si je n’en use bien, vous m’en accuserez.
J’en espère beaucoup, vu l’amour qui l’engage.
Mais quelque occasion qui me rie aujourd’hui,
N’ayez aucune peur, je ne veux rien d’autrui :
Je ne garde pour vous ni haine ni colère,
Et je suis bonne sœur, si vous n’êtes[32] bon frère.
Vous montrez cependant un peu bien du mépris.
Le temps de chaque chose ordonne et fait le prix.
Votre façon d’agir le fait assez connoître.
Le grand César arrive, et vous avez un maître.
Il l’est de tout le monde, et je l’ai fait le mien.
Allez, ce n’est pas trop pour lui que de vous-même :
Je garderai pour vous l’honneur du diadème.
Photin vous vient aider à le bien recevoir :
Consultez avec lui quel est votre devoir.
Scène IV.
Et plus dans l’insolence elle s’est emportée ;
Si bien qu’enfin, outré de tant d’indignités,
Je m’allois emporter dans les extrémités :
Mon bras, dont ses mépris forçoient la retenue,
N’eût plus considéré César ni sa venue,
Et l’eût mise en état, malgré tout son appui,
De s’en plaindre à Pompée auparavant qu’à lui[33].
L’arrogante ! à l’ouïr elle est déjà ma reine ;
Et si César en croit son orgueil et sa haine ;
Si, comme elle s’en vante, elle est son cher objet,
De son frère et son roi je deviens son sujet.
Non, non ; prévenons-la : c’est foiblesse d’attendre
Le mal qu’on voit venir sans vouloir s’en défendre[34].
Ôtons-lui les moyens de nous plus dédaigner ;
Ôtons-lui les moyens de plaire et de régner ;
Et ne permettons pas qu’après tant de bravades,
Mon sceptre soit le prix d’une de ses œillades.
Seigneur, ne donnez point de prétexte à César[35]
Pour attacher l’Égypte aux pompes de son char.
Ce cœur ambitieux, qui par toute la terre
Ne cherche qu’à porter l’esclavage et la guerre,
Enflé de sa victoire, et des ressentiments
Qu’une perte pareille imprime aux vrais amants,
Quoique vous ne rendiez que justice à vous-même,
Prendroit l’occasion de venger ce qu’il aime ;
Et pour s’assujettir et vos États et vous,
Imputeroit à crime un si juste courroux.
Si Cléopatre vit, s’il la voit, elle est reine.
Si Cléopatre meurt, votre perte est certaine.
Je perdrai qui me perd, ne pouvant me sauver.
Pour la perdre avec joie, il faut vous conserver.
Quoi ? pour voir sur sa tête éclater ma couronne ?
Sceptre, s’il faut enfin que ma main t’abandonne,
Passe, passe plutôt en celle du vainqueur.
Quelques feux que d’abord il lui fasse paroître,
Il partira bientôt, et vous serez le maître.
L’amour à ses pareils ne donne point d’ardeur
Qui ne cède aisément aux soins de leur grandeur.
Il voit encor l’Afrique et l’Espagne occupées
Par Juba, Scipion et les jeunes Pompées ;
Et le monde à ses lois n’est point assujetti,
Tant qu’il verra durer ces restes du parti.
Au sortir de Pharsale un si grand capitaine
Sauroit mal son métier s’il laissoit prendre haleine,
Et s’il donnoit loisir à des cœurs si hardis
De relever du coup dont ils sont étourdis.
S’il les vainc, s’il parvient où son desir aspire,
Il faut qu’il aille à Rome établir son empire,
Jouir de sa fortune et de son attentat,
Et changer à son gré la forme de l’État.
Jugez durant ce temps ce que vous pourrez faire.
Seigneur, voyez César, forcez-vous à lui plaire[36] ;
Et lui déférant tout, veuillez vous souvenir
Que les événements régleront l’avenir.
Remettez en ses mains trône, sceptre, couronne,
Et sans en murmurer, souffrez qu’il en ordonne :
Il en croira sans doute ordonner justement,
En suivant du feu roi l’ordre et le testament[37] ;
L’importance d’ailleurs de ce dernier service
Ne permet pas d’en craindre une entière injustice.
Quoi qu’il en fasse enfin, feignez d’y consentir,
Louez son jugement, et laissez-le partir[38].
Après, quand nous verrons le temps propre aux vengeances,
Nous aurons et la force et les intelligences.
Jusque-là réprimez ces transports violents
Qu’excitent d’une sœur les mépris insolents :
Les bravades enfin sont des discours frivoles,
Et qui songe aux effets néglige les paroles.
Un sage conseiller est le bonheur des rois.
Cher appui de mon trône, allons, sans plus attendre,
Offrir tout à César, afin de tout reprendre ;
Avec toute ma flotte allons le recevoir[39],
Et par ces vains honneurs séduire son pouvoir.
- ↑ Voyez ci-dessus l’Examen, p. 24.
- ↑ Var. Leur générosité soumet tout à la gloire. (1656)
- ↑ Var. Tout est illustre en eux quand ils osent se croire. (1644-56)
- ↑ Var. C’est quand l’avis d’autrui corrompt les sentiments. (1644 in-12)
- ↑ Var. Je lui garde une flamme exempte d’infamie. (1644-68)
- ↑ Ce vers a été omis par erreur dans les éditions de 1648-54 et de 1656.
- ↑ Var. Quand elle avoue aimer, s’assure d’être aimée,
- ↑ Voyez l’Examen de Polyeucte, tome III, p. 483 et
- ↑ Var. Et le cœur et la main qui les donnent aux rois ;
Si bien que ma rigueur, ainsi que le tonnerre,
Peut faire un malheureux du maître de la terre. (1644-56) - ↑ Var. J’oserois bien jurer que vos divins appas. (1644-63)
- ↑ Les éditions de 1644 portent seules : « Calpurnie, » au lieu de : « Calphurnie. » — On trouve dans les inscriptions l’une et l’autre orthographe ; la seconde (Calpurnius, Calpurnia) est la plus ordinaire.
- ↑ Avant d’épouser Calpurnie, César avait répudié sa troisième femme, Pompéia.
- ↑ Var. [Peut-être mon bonheur saura mieux l’arrêter ;]
Et si jamais le ciel favorisoit ma couche
De quelque rejeton de cette illustre souche,
Cette heureuse union de mon sang et du sien
Uniroit à jamais son destin et le mien.
Comme il n’a plus d’enfants, ces chers et nouveaux gages
Me seroient de son cœur de précieux otages.
[Mais laissons au hasard ce qui peut arriver.] (1644-56) - ↑ Les éditions de 1682 et de 1692 portent seules : « Qui saura mieux que moi, » ce qui est sans doute une erreur.
- ↑ Achorée joue dans la Pharsale, comme nous l’avons dit (p. 26, note 6), un tout autre rôle que dans la tragédie ; mais chez Lucain, comme chez Corneille, il est favorable à Pompée : voyez la Pharsale, livre VIII, vers 475-481.
- ↑ Var. Il soupçonna dès lors son manquement de foi,
Et se laissa surprendre à quelque peu d’effroi. (1644-56) - ↑ Var. Il condamna soudain ces indignes alarmes,
Et pensa seulement, dans ce pressant ennui. (1644-56) - ↑ Après la bataille de Pharsale, le père de Cornélie, Q. Métellus Scipion, s’était retiré d’abord à Corcyre auprès de Caton, puis en Afrique, où César le vainquit, lui et Juba, roi de Numidie, à la bataille de Thapsus. — Des deux fils de Pompée et de Mucia, sa troisième femme, l’aîné, Cnéius, était en route pour l’Afrique quand il apprit la mort de son père ; le second, Sextus, était sur le vaisseau, et fut témoin avec Cornélie du meurtre de Pompée.
- ↑ Var. Il dit, et cependant que leur amour conteste. (1644-56)
- ↑ Var. Enfin l’esquif aborde, on l’invite à descendre. (1644-64)
- ↑ Var. Il se lève et soudain, par derrière, Achillas,
Comme pour commencer, tirant son coutelas. (1644-56) - ↑ Var. De peur qu’il ne semblât contre une telle offense
Implorer d’un coup d’œil son aide et sa vengeance. (1644-60) - ↑ Var. Immobile en leurs coups, en lui-même il rappelle. (1648-56)
- ↑ Var. Sa tête, sur les bords de la barque penchée. (1644-64)
- ↑ Var. Et pour combler enfin sa tragique aventure. (1644-64).
- ↑ Var. À ce spectacle affreux, la pauvre Cornélie…
CLÉOP. Dieux ! en quels déplaisirs est-elle ensevelie ?
ACHOR. Ayant toujours suivi ce cher époux des yeux,
Je l’ai vue élever ses tristes mains aux cieux ;
Puis cédant aussitôt à la douleur plus forte,
Tomber, dans sa galère, évanouie ou morte. (1644-56) - ↑ Var. L’éloignent du rivage, et regagnent la mer. (1644-56)
- ↑ Var. L’autre entend le tonnerre, et l’autre se figure. (1644 et 48)
- ↑ Var. La tyrannie est bas, et le sort est changé. (1644-64)
- ↑ Var. De qui l’heur sembloit être au-dessus du revers. (1644-68)
- ↑ Var. Sur quelques bords du Nil bien à peine s’étend. (1648-56)
- ↑ L’édition de 1655 porte : « si vous m’êtes, » pour : « si vous n’êtes. »
- ↑ Var. De se plaindre à Pompée auparavant qu’à lui. (1644-60)
- ↑ Var. Le mal qu’on voit venir sans pouvoir s’en défendre. (1644-64)
- ↑ Var. Sire, ne donnez point de prétexte à César. (1644-63)
- ↑ Var. Sire, voyez César, forcez-vous à lui plaire. (1644-63)
- ↑ Avant sa mort, Ptolémée Aulétès avait envoyé son testament à Rome. Pompée en fut le dépositaire. Il y disposait de son trône en faveur de son fils aîné, le Ptolémée de notre tragédie, et de sa fille aînée Cléopatre, à la condition qu’ils se marieraient, quand ils auraient l’âge convenable, et régneraient ensemble.
- ↑ Var. Louez son jugement, et le laissez partir. (1644-56)
- ↑ Var. Et pour vaincre d’honneur son absolu pouvoir,
[Avec toute ma flotte allons le recevoir.] (1644-56)