Quelque six mille proverbes/Proverbes turcs

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PROVERBES TURCS


A–B
  1. Bois et mange avec ton ami,
    Mais n’aie point d’affaires avec lui.
  2. Mille amis, ce n’est pas trop ; un ennemi, c’est beaucoup.
  3. Qui cherche un ami sans défauts, reste sans ami.
  4. Qui veut être aimé, se rende aimable.
  5. L’animal blessé se plaint bien haut.
  6. Ne meurs pas, mon âne, le printemps viendra, et alors l’herbe poussera.
  7. Le bât ne compte pas dans la charge de l’âne.
  8. Qui joue avec l’âne, ne doit pas se piquer s’il pette.
  9. Âne qui sent la douleur,
    Dépassera le cheval en vigueur.
  10. Qui apprend à jouer d’un instrument à quatre-vingts ans,
    Se fera entendre le jour du jugement.
  11. Demander à l’avare, c’est creuser dans la mer.
  12. La dépense de l’avare finit par égaler celle de l’homme généreux.
  13. Que désire l’aveugle ? — Deux yeux.
  1. Celui-là est vraiment aveugle, qui tombe deux fois dans le même fossé.
  2. Dans le pays des aveugles, ferme les yeux.
  3. Nul qui ne soit un peu aveugle sur ses défauts.
  4. Deux baladins ne dansent pas sur la même corde.
  5. Il faut savoir sacrifier la barbe pour sauver la tête.
  6. La blancheur de ta barbe viendrait-elle du moulin ?
  7. Un bienfait
    Doit être parfait.
  8. Fais du bien à qui te nuit ;
    Tu seras aimé de Dieu, et même de ton ennemi.
  9. Ne regarde pas à la blancheur du turban,
    Peut-être le savon était pris à crédit.
  10. Les cornes ne pèsent pas au bœuf.
  11. Qui boit à crédit, s’enivre doublement.
  12. La bouche ne reste pas ouverte, sans avaler quelque chose.
  13. Je te le dis, à toi, ma fille ; entendez-le, ma bru.
  14. Auprès de ce qui est sec, ce qui est humide brûle.
C
  1. S’il y a un homme sans chagrins, ce n’est pas un homme.
  2. Quand le chariot est brisé, beaucoup de gens vous diront par où il ne fallait point passer.
  1. Le chariot n’avance pas s’il n’est graissé.
  2. Le chasseur, au bois ; le piéton, à la chaussée.
  3. Deux chats peuvent tenir contre un lion.
  4. C’est aujourd’hui jeûne, dit le chat, en voyant du foie qu’il ne peut atteindre.
  5. La route pour cheminer ;
    Et pour aller au bois, la cognée.
  6. Qui voit le village, n’a que faire de demander son chemin.
  7. Est-ce quand le cheval a été volé, que tu fermes l’écurie ?
  8. Parce qu’un cheval a bronché,
    Faut-il le tuer ?
  9. Trop d’avoine fait crever le cheval.
  10. À cheval leste, on augmente sa ration d’avoine.
  11. Qui monte le cheval d’autrui, sera bientôt à terre.
  12. Le chien aboie, la caravane passe.
  13. Chien qu’on mène à la chasse contre son gré,
    Ne prendra pas de gibier.
  14. Le cœur est un enfant, il désire tout ce qu’il voit.
  15. Ne regarde ni la monture, ni le vêtement ; regarde le cœur.
  16. Qui se lève avec colère, se couche avec dommage.
  17. Rien de plus inutile que conseils à un fou, et savon à un nègre pour se blanchir la peau.
  1. Le conseil d’une femme, n’est bon que pour une femme.
  2. Qui n’est pas content,
    Reprenne son argent.
  3. Quels sont les plus jolis oiseaux ? demandait-on à la corneille. — Ce sont mes petits, répondit-elle.
  4. Avant que la corneille ait atteint la perdrix, elle aura oublié son chemin.
  5. Un doigt coupé justement,
    Ne cause pas de tourment.
  6. Qui court trop vite, reste en chemin.
  7. Renouvelle ton sang, mais non pas tes coutumes.
  8. N’étends tes pieds que selon la longueur de ta couverture.
  9. Ce qui croît vite,
    Meurt vite.
D–G
  1. Ce qui a franchi trente-deux dents, courra dans trente-deux armées.
  2. Si tout ce qu’on désire arrivait,
    Le mendiant deviendrait bey.
  3. Nul ne profite de ce que le destin réserve à un autre.
  4. Deux patrons font chavirer une barque.
  5. Le diable ne détruit pas sa maison.
  6. Pense à ce que tu veux dire, et parle en conséquence.
  1. Tout ce que tu donnes, tu l’emporteras avec toi.
  2. Donner aux riches, c’est porter de l’eau à la mer.
  3. Qui ne sait pas avoir ce qui lui est dû, ne saura pas payer ce qu’il doit.
  4. Eau qui ne coule pas, crève ses conduits.
  5. Gagne et mange, mais n’économise pas sur la nourriture de ton âne.
  6. Ce qui enrichit, c’est encore moins le travail que l’économie.
  7. Écoute mille fois, ne parle qu’une.
  8. L’écrivain (l’employé) ne fait pas de rapports à sa charge.
  9. L’ennemi ne sait pas ce qui se passe chez son ennemi.
  10. Ce n’est pas trop de mille amis,
    Mais c’est trop d’un ennemi.
  11. Tiens pour un homme ton ennemi,
    Ne fût-il qu’une fourmi.
  12. Avant d’entrer, songe à la sortie.
  13. L’envoyé ne répond pas de ce qu’on lui fait dire.
  14. Les roses croissent sur les épines ; et les épines, sur les roses.
  15. L’homme qui a des épreuves, accroît son savoir ; celui qui vit sans épreuves, accroît ses fautes.
  16. L’érudition n’est pas plus la science, que les matériaux ne sont l’édifice.
  17. C’est degré par degré, qu’on monte l’escalier.
  1. Je suis aux ordres de qui m’estime ; et qui me méprise, je me mets au-dessus de lui.
  2. Un épervier ne vit pas, s’il n’a de la viande.
  3. Quand l’épine est sale, ne l’approche pas.
  4. Si l’étoffe est là, l’aune est ici.
  5. Qui entre dans l’étuve, sortira en sueur.
  6. Trop de façons
    Gâte affection.
  7. La face du mendiant est poudreuse, mais souvent sa besace est pleine.
  8. Il a pu faillir, mais je dois lui pardonner.
  9. Qui s’éloigne de la feinte, s’approche de Dieu.
  10. C’est la femelle qui fait le nid.
  11. Souvent on se jette dans le feu pour éviter la fumée.
  12. Où le feu tombe, le feu prend.
  13. Prends l’étoffe d’après la lisière,
    Et la fille d’après la mère.
  14. Si la mère ne se montre pas, la fille ne prépare pas la table.
  15. Le flambeau n’éclaire pas son pied.
  16. L’aigle a été percé avec la flèche faite de sa plume.
  17. Le capital du forgeron
    Doit être en charbon.
  18. Ne lutte pas contre plus fort que toi.
  19. Un jour au bout de l’autre, amène la force.
  20. Pour un sage, on trouve deux fous.
  1. Pour le fou, c’est tous les jours fête.
  2. À un fou, ne dis pas où sont les pierres.
  3. Quand les ailes viennent à la fourmi,
    C’est tant pis.
  4. Arbre qui ne porte pas de fruits, on ne lui jette pas de pierres.
  5. Mange le fruit, sans t’occuper de l’arbre.
  6. Mon affaire est de fuir,
    Et la tienne de me saisir.
  7. Si tu n’as pas de dettes, fais-toi garant (caution).
  8. Ne te fie pas aux discours des grands,
    À la durée du calme de la mer,
    À la clarté du jour qui baisse,
    Ni à la vigueur de ton cheval.
  9. Baisse la tête devant plus grand que toi.
  10. Qui n’écoute pas les grands,
    Est plus mort que vivant.
  11. Pour se gratter, il faut des ongles.
H–L
  1. Un habit déchiré ne va pas avec des boutons d’or.
  2. L’herbe que le serpent hait, naît justement sous son nez.
  3. L’ignorant est l’ennemi de lui-même, comment serait-il l’ami d’un autre ?
  4. Quand l’iman s’oublie, l’assemblée perd le respect pour lui.
  1. Mieux vaut se faire désirer, que d’être importun.
  2. Moyennant informations,
    On trouve son chemin à travers monts.
  3. Le maître donne, et l’intendant refuse.
  4. Si l’on t’invite à table servie, un refus te fera prendre pour un ingrat.
  5. Une heure de justice vaut soixante dix ans de prières.
  6. Une femme vaut mieux qu’un lâche.
  7. La lance ne se met pas dans le sac.
  8. Langue douce, tire le serpent de son trou.
  9. Qui garde sa langue, garde sa tête.
  10. Plaie de cimeterre se guérit ;
    Plaie de langue, non pas.
  11. Le fou tient son cœur sur sa langue,
    Le sage tient sa langue dans son cœur.
  12. Le lièvre en veut à la montagne, et la montagne ne lui en garde pas rancune.
  13. Il dit au lièvre : Sauve-toi ; et au chien : Prends-le.
  14. On prend parfois le lièvre avec une charrette.
  15. Une fois le lion mort, il ne manque pas de braves pour lui arracher la crinière.
  16. Le loup ne pille pas ses voisins.
  17. Quand ce qui est lourd, s’abaisse,
    Ce qui est léger, s’enlève.
M–O
  1. Si tu te présentes les mains vides, on te dira : Le maître dort ;
    Si tu viens avec un présent, on te dira : Le maître vous prie de vouloir bien entrer.
  2. Une main que tu ne peux pas couper,
    Baise-la, et mets-la sur ta tête.
  3. Une main toute seule ne fait pas de bruit.
  4. Tends la main à qui tombe, Dieu te la tendra aussi.
  5. Le mal atteint celui qui le fait.
  6. Le mal de l’an prochain,
    Ne t’en inquiète point.
  7. Ne cherche jamais à abaisser l’homme malheureux ; un jour vient où Dieu le relève.
  8. Qui mange peu, profite beaucoup ;
    Qui mange beaucoup, dépérit.
  9. Qui mange le pain et le sel d’autrui sans en garder mémoire, est au-dessous d’un chien.
  10. Pour manger fer, il faut dents d’acier.
  11. Il ne faut pas en savoir long pour manger,
    Mais bien pour être cuisinier.
  12. L’un ne mange pas de gras, et l’autre ne veut pas de maigre.
  13. Ceux-là trouveront à manger, qui se trouveront à leur chambrée.
  14. Il demande au maquignon l’âge du cheval.
  1. Marche rapide,
    Prompte fatigue.
  2. La langue d’un muet vaut mieux que celle d’un menteur.
  3. La mer n’achète pas de poissons.
  4. Mesure-toi à ton aune.
  5. Ce n’est pas à force de dire miel, miel, que la douceur vient à la bouche.
  6. Le miel est bonne chose, mais le prix la gâte.
  7. Le voleur de miel se lèche les doigts.
  8. Si la montagne ne veut pas venir, on ira la trouver.
  9. L’homme mort laisse un nom,
    Le cheval mort laisse une charogne.
  10. Qui voit un mouton blanc,
    Le croit plein de graisse au dedans.
  11. Ce qu’on ne croyait pas nécessaire,
    On en a parfois affaire.
  12. Mille cavaliers ne sauraient dépouiller un homme nu.
  13. Oiseau rapide, tiens-lui les deux pieds.
  14. Selon l’oiseau, la queue.
  15. L’œuf d’aujourd’hui vaut mieux que la poule de demain.
  16. Il y a plus de profit à manger seul un œuf, qu’à manger une poule entre plusieurs.
  1. Le coup d’œil du maître vaut pour le cheval un pansement.
  2. L’outil se donne du mal ; et c’est la main qu’on vante.
P
  1. La chair la plus maigre trouve à se marier avec le pain.
  2. Qui veut vivre en paix,
    Doit être sourd, aveugle et muet.
  3. Le paresseux dit : Je n’ai pas la force.
  4. Parle au peuple la langue qu’il entend.
  5. Assieds-toi de travers, si tu veux ; mais parle droit.
  6. Au doux, parle doucement.
  7. On connaît l’oiseau par son nid ;
    Et par les paroles, l’esprit.
  8. Qui n’est pas homme de parole,
    N’est pas un homme.
  9. Bonne parole au soldat, lui vaut mieux que sa solde.
  10. L’animal se mène par la bride, et l’homme par la parole.
  11. Il y a des paroles qui ressemblent à des confitures salées.
  12. La patience est la clé de la joie.
  13. La patience doit être mise en tête de tout projet.
  1. La patience mène à bien ;
    Et la précipitation, à mal.
  2. Moyennant patience, l’amer devient doux, et la feuille de mûrier devient velours.
  3. Au riche, la bastonnade ;
    Au pauvre l’amende.
  4. Qui donne aux pauvres, donne à Dieu.
  5. Accueille le pauvre avec bonté, fût-il un infidèle.
  6. Pense d’abord à ce qu’il te faut faire, et puis mets-toi à la besogne.
  7. À la perruche, du sucre ; et au pourceau, des glands.
  8. Le petit fait la volonté du grand.
  9. Qui a peur des moineaux, ne doit pas semer du millet.
  10. Une pierre, pour casser la tête, n’a pas besoin d’être grosse.
  11. Avec une pierre, on ne fait pas un mur.
  12. Qui pleure pour tout le monde, finit par perdre les yeux.
  13. Enfant qui ne pleure pas, n’aura pas à téter.
  14. L’un pleure, et l’autre rit.
  15. Plutôt que de passer sur le pont d’un vilain homme,
    Fie-toi au torrent.
  16. Ne frappe pas à la porte d’un autre, si tu ne veux pas qu’on frappe à la tienne.
  1. La poule du voisin nous paraît une oie.
  2. Un pourceau n’en blesse pas un autre.
  3. N’accepte aucun présent ; on te le redemanderait soit aux jours de noces, soit aux jours de fête.
  4. Servir un jeune prince, et panser un cheval fringant,
    Deux métiers compromettants.
  5. L’homme trop prudent finit par se blesser l’œil contre une poutre.
R
  1. Assieds-toi en haut, et regarde en bas.
  2. Tête coupée ne se raccommode pas,
    Repentir tardif ne répare pas.
  3. Une demande fait un mauvais visage ; un refus en fait deux.
  4. La fin ordinaire du renard, est la boutique du pelletier.
  5. Qu’est-ce qui peut amener un renard au marché ?
  6. Renard qui trotte, vaut mieux que lion qui dort.
  7. Le respect que tu veux obtenir, c’est toi qui en décideras.
  8. Si nous n’avons point de richesses, ayons de l’honneur.
  9. Un riche sans générosité, est un arbre sans fruits.
  10. Ne t’associe pas à plus riche que toi.
  1. La richesse donne le droit de parler.
  2. Mieux vaut être l’esclave d’un riche, que le fils d’un pauvre.
  3. Qui rit beaucoup, pleure beaucoup.
  4. Un roi sans justice, est un fleuve sans eau.
  5. Roitelet apprivoisé, vaut mieux que rossignol effarouché.
S
  1. Qui sait beaucoup, se trompe encore souvent.
  2. Un homme doit savoir ce qui lui convient.
  3. Richesse de l’Inde, science des Francs, faste des Osmanlis.
  4. Le sang ne se lave pas avec du sang, mais avec de l’eau.
  5. On a ouvert la veine à l’un, et quarante ont saigné.
  6. Je donnerai ma tête, si l’on veut ; mais mon secret, jamais.
  7. Que le ragoût soit salé,
    Mais que le sel soit modéré.
  8. Tu dis ton secret à ton ami,
    Mais ton ami a un ami aussi.
  9. Soleil qui doit me réchauffer,
    Je m’en aperçois dès son lever.
  10. Bien des choses sont sur pied
    Avant le soleil levé.
  1. Selon la face, le soufflet (pour un double visage, il faut double soufflet).
  2. Ce que tu souhaites à ton prochain, t’arrivera à toi-même.
  3. Les vieux souliers se jettent à la porte.
  4. Il n’est soulier qui ne se crotte.
T–V
  1. On couvre de beaux mets la table de l’iman. — Que t’importe à toi, pauvret !
  2. Quand la tête se perd, les pieds ne portent plus (ou : Quand la tête tombe, les pieds ne soutiennent pas le corps).
  3. L’homme à la tête légère, perd son bonnet dans la foule.
  4. Il y a un temps pour chaque affaire.
  5. L’oiseau ne vole qu’à l’aide du temps.
  6. Si tu n’es pas riche, pourquoi tant de toilette ?
  7. On passe un torrent furieux,
    Mais non un fleuve silencieux.
  8. Il n’y a que Dieu qui ne se trompe pas.
  9. Savoir beaucoup, n’empêche pas de se tromper un peu.
  10. Ici des vaisseaux ont été submergés, qu’y viens-tu faire avec ta frêle nacelle ?
  11. Le vaisseau est recourbé, mais il fait droite route.
  1. On ne vend pas le poisson qui est encore dans la mer.
  2. Qui dit la vérité, se fait exiler.
  3. Ce n’est pas à vivre longtemps, mais à voir beaucoup, que l’on apprend quelque chose.
  4. Je viens pour tes beaux yeux, et je fais mon affaire.
  5. On vient comme on veut,
    Et l’on s’en va comme on peut.
  6. Vieux coton ne fait pas bonne toile.
  7. Ne mets pas le pied sur la queue de la vipère, si tu ne veux qu’elle te morde.
  8. L’influence d’un mauvais voisin se fait sentir jusqu’au bout de la ville.
  9. Le voleur qui ne se laisse pas surprendre, passe pour le plus honnête homme.
  10. Vivre est quelque chose pour apprendre, mais voyager est mieux.