Récits d’un Chasseur/13

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Traduction par Ely Halpérine-Kaminsky.
Ollendorf (p. 294-309).


XIII


LES DEUX POMIÉSTCHIKS


J’ai déjà eu, cher lecteur, l’honneur de vous présenter quelques-uns de mes voisins. Je vous demanderai la permission à ce propos (pour nous autres écrivains tout est à propos) de vous recommander deux pomiéstchiks chez lesquels j’ai souvent chassé. Ce sont des gens estimables et qui jouissent de la considération générale.

Je vous dépeindrai d’abord le général-major en retraite Viatcheslav Ilarionovitch Khvalinsky. C’est un homme de haute stature jadis élégant, quoique un peu difforme aujourd’hui ; il n’est pas encore caduc, et ce n’est point un vieillard ; c’est un homme mûr dans la force de l’âge. Sans doute son visage, jadis correct, est changé ; les joues pendent, des rides nombreuses rayonnent autour des yeux, quelques dents manquent, les cheveux ont pris une teinte lilas qu’ils doivent à certain liquide acheté à la foire aux chevaux de Nomène, d’un juif qui se donnait pour Arménien. Mais Viatcheslav Ilarionovitch a la démarche allègre et le rire retentissant. Il fait tinter ses éperons, retrousse sa moustache et se traite lui-même de « vieux cavalier », tandis que les vieillards ne conviennent jamais qu’ils sont vieux. Il porte habituellement une redingote boutonnée jusqu’au menton, une longue cravate d’où sort un col empesé et un pantalon gris à petits pois d’une coupe militaire. Il baisse son chapeau sur le front et laisse sa nuque à découvert. C’est un très bon homme, mais il a d’étranges habitudes. Par exemple, il lui est impossible de traiter les nobles sans fortune comme s’ils valaient autant que lui. En leur parlant il les regarde de côté en appuyant fortement sa joue contre son col blanc et raide, ou bien il les éblouit d’un regard clair et fixe, reste silencieux, puis fait jouer son cuir chevelu, il dénature même les noms et ne dit pas par exemple : « Merci, Pavel Vassilitch », ou bien : « Passez par ici, Mikhaïlo Ivanitch », mais : « Mci Pal Assilitch », ou : « Psez ici, Mikhal Vanitch ». Avec les gens d’un rang inférieur, il est bien autrement cavalier ; il ne les regarde pas du tout et avant de leur expliquer un désir ou de leur donner un ordre, il répète plusieurs fois d’un air affairé et distrait : « Comment t’appelle-t-on ? » en appuyant beaucoup sur la première syllabe et en prononçant très vite les autres, quelque chose qui rappelle le cri du mâle de la caille. Il s’agite beaucoup pour les affaires de sa maison, mais c’est un mauvais administrateur. Il a pris pour régisseur un Petit-Prussien très sot, ancien maréchal des logis… Au reste, personne dans notre province n’est encore, en fait d’économie rurale, à la hauteur de ce grand fonctionnaire pétersbourgeois qui, lisant sur les rapports de son intendant que les granges de ses domaines étaient souvent la proie du feu, donna par écrit des ordres sévères pour que désormais « on ne mît plus une seule gerbe en grange avant que l’incendie ne fût complètement éteint ».

Ce même haut dignitaire s’avisa d’ensemencer tous ses champs de graine de pavot parce que le grain de pavot, se vendant plus cher que le grain de seigle, doit nécessairement rapporter davantage. C’est encore lui qui ordonna que toutes ses babas portassent des kakochniks d’un modèle envoyé de la capitale, et, en effet, les babas de ses terres portent le kakochnik au dessus de la kitchka[1].

Mais revenons à Viatcheslav Ilarionovitch. C’est un redoutable amateur du beau sexe. À peine aperçoit-il sur le boulevard du chef-lieu une jolie personne, il la suit, mais presque aussitôt il se met à boiter, circonstance très particulière. Il aime les cartes, mais il ne joue qu’avec des gens de condition inférieure, qui lui disent : « Votre Excellence » et qu’il gronde à cœur joie. Mais s’il lui arrive de faire la partie du gouverneur ou de quelque haut fonctionnaire, une prodigieuse métamorphose s’opère en lui. Il sourit, hoche la tête, regarde son partenaire dans les yeux, en un mot il sent le miel. Il perd même sans se plaindre.

Il lit peu : quand il lit, ses sourcils et ses moustaches se relèvent continuellement comme si des vagues déferlaient sur son visage. On a observé que ce mouvement se produit surtout quand il parcourt devant ses visiteurs, bien entendu, le Journal des Débats.

À l’époque des élections il joue un rôle assez considérable, mais il refuse obstinément la fonction purement honorifique de maréchal de la noblesse. « Messieurs, dit-il ordinairement aux nobles électeurs qui viennent le pressentir à ce sujet (et il leur parle avec un air protecteur et digne), je suis sensible à l’honneur que vous me faites, mais j’ai voué mes loisirs à la solitude. » Et puis il balance sa tête de droite à gauche, et puis il plonge solennellement son menton et ses joues dans sa cravate.

Tout jeune, il fut attaché en qualité d’aide de camp à un très haut personnage qu’il ne désigne jamais que par son nom de baptême suivi du nom de baptême de son père. On prétend, qu’outre ses fonctions d’aide de camp, il remplissait d’office auprès de son général d’autres fonctions : que, par exemple, ayant revêtu son uniforme de parade et accroché tous ses crachats, il lavait son maître au bain. Mais allez donc prêter l’oreille aux méchants propos ! Khvalinsky s’abstenait de parler de son service ; il est vrai qu’il n’avait jamais fait campagne.

Il habite une toute petite maison et vit seul. Il n’a jamais connu les douceurs de l’état conjugal, circonstance à laquelle il doit de passer encore dans le pays pour un parti avantageux. En revanche, il a une ménagère, femme de trente-cinq ans, aux yeux noirs, grande, fraîche et moustachue. À l’ordinaire elle est en robe amidonnée, le dimanche elle ajoute à sa toilette des manches en mousseline.

Viatcheslav Ilarionovitch est surtout beau à voir aux dîners de cérémonie donnés par les pomiéstchiks en l’honneur des gouverneurs et des autres puissances. Là, il est tout à fait dans son assiette ; on le place, sinon à la droite du gouverneur, du moins tout près de lui. Jusqu’au premier entremets il garde le sentiment de dignité et, renversant sa tête en arrière sans la détourner d’une ligne en aucun sens, il coule un regard oblique sur les revers des têtes et les collets brodés des convives. Mais à la fin du banquet il s’égaye, sourit de tous les côtés (au commencement du repas il ne souriait que du côté du gouverneur) et parfois même s’émancipe jusqu’à proposer un toast en l’honneur « du beau sexe, l’ornement de notre planète », dit-il. Il figure très bien aussi à toutes les cérémonies publiques et solennelles, aux assemblées de la noblesse, aux expositions. Il n’a pas son pareil pour s’approcher du prêtre après l’office, au moment de la bénédiction. Aux sorties, aux passages, dans tous les lieux où l’on fait attendre les équipages, les gens de Viatcheslav Ilarionovitch ne font ni bruit ni cris ; ils écartent doucement la foule en barytonnant agréablement : « Permettez, veuillez laisser passer le général Khvalinsky ! » ou tout simplement : « L’équipage du général Khvalinsky ! »

L’équipage, il est vrai, est d’une forme surannée, la livrée du laquais est usée (inutile de dire qu’elle était de drap gris avec passepoil rouge), les chevaux sont vieux ; mais Viatcheslav Ilarionovitch ne prétend point passer pour un lion : il est d’un rang où l’on se respecte trop pour s’amuser à jeter de la poudre aux yeux.

Khvalinsky n’est pas orateur : du moins il n’a jamais eu l’occasion de faire preuve d’éloquence, car il ne souffre ni la discussion ni la réplique et ne cause jamais, surtout avec les jeunes gens. Et n’est-ce pas ce qu’il y a de mieux ? car que faire avec la génération nouvelle ? Elle sortirait du respect et négligerait toute considération. Avec les gros bonnets Khvalinsky se tait ; aux inférieurs, il parle brusquement un langage tranchant, en débutant par des formules telles : « Allons, mon cher, vous dites des sottises… » ; ou bien : « Je me vois obligé, mon cher, de vous faire observer… » ; ou encore : « Vous devez bien savoir à qui vous parlez. » C’est la terreur des maîtres de postes et des inspecteurs de relais. Il ne reçoit jamais personne et vit, dit-on, comme un ladre. N’empêche qu’il est un excellent pomiéstchik, un brave militaire, un homme d’ordre, un vieux grognard, disent ses voisins. Le gouverneur se permet de sourire quand on parle devant lui des qualités exquises et solides de Khvalinsky… mais… l’envie…

Passons maintenant à l’autre pomiéstchik. Mardari Apollonitch Stegounov ne ressemble en rien à Khvalinsky. Jamais il n’a servi et jamais il n’a dû passer pour bel homme. Mardari Apollonitch est un petit vieillard rond, chauve, à double menton, à petites mains molles et à panse rebondie. Il est très hospitalier et grand bavard. Il vit à sa guise, comme on dit. Été comme hiver, on le voit en robe de chambre rayée doublée de ouate. Seul trait commun entre lui et Khvalinsky, ils sont tous deux célibataires. Stegounov possède cinq cents âmes. Il n’apporte à l’administration de son bien que des soins légers. Pour n’être pas trop en arrière de son siècle, il a acheté, il y a dix ans, à Moscou, une machine à battre le blé, mais il l’a enfermée dans une remise. Parfois, les beaux jours d’été, il fait atteler la drojka et va cueillir des bluets parmi la moisson prochaine. C’est un homme du vieux temps, et l’architecture de sa maison est à l’avenant. Dès l’antichambre on est assailli par les effluves de kvas, de suif et de cuivre ; à droite il y a un buffet chargé de pipes et de serviettes. La salle à manger est décorée de portraits de famille ; un grand pot de géranium et une épinette criarde achèvent l’ameublement de cette pièce. Dans le salon, on admire, trois divans, trois tables, deux glaces et une pendule rauque pourvue d’un vieux cadran émaillé et d’aiguilles en bronze sculpté. Le cabinet contient un bureau chargé de papiers, un paravent à fleurs bleues orné d’estampes découpées provenant des livres du dernier siècle, deux armoires remplies de bouquins puants, d’araignées et d’épaisses couches d’une poussière noirâtre, et un fauteuil rebondi ; cette pièce est éclairée par une fenêtre vénitienne et par une porte condamnée qui donne sur le jardin. Bref, rien n’y manque. Mardari Apollonitch possède une nombreuse dvornia habillée, à l’ancienne mode, de longs habits bleus à hauts collets, de pantalons d’une couleur indécise et s’arrêtant à la cheville et de gilets jaunes. Ses gens disent au visiteur : Batiouchka, au lieu de : Bârine. Stegounov a choisi pour gérer son bien un bourmistre parmi ses moujiks. C’est un homme dont la barbe finit avec sa touloupe. L’économie domestique est confiée à une vieille femme qui porte pour coiffure un mouchoir brun, une baba ridée et avare. Mardari Apollonitch nourrit dans ses écuries trente chevaux d’espèces différentes. Il se sert pour ses courses d’un équipage construit chez lui et qui pèse cent cinquante pouds. M. Stegounov reçoit ses visiteurs très cordialement et les régale à profusion. Grâce aux étonnantes propriétés de la cuisine russe, on ne peut, en se levant de sa table, se livrer de toute la soirée à aucune autre occupation que la partie de préférence. Quant à lui, il ne fait jamais rien ; il a même renoncé à son sonnik[2]. Comme nous comptons en Russie un trop grand nombre de pomiéstchiks de cette espèce on me demandera sans doute pourquoi je décris un Mardari Apollonitch : eh bien ! c’est que je meure d’envie de raconter une récente visite que je lui ai faite.

Nous sommes en été. J’arrive à sept heures du soir : les vêpres viennent de finir, le pomiéstchik rentre, accompagné d’un prêtre, jeune homme fort timide et qui avait quitté depuis un an à peine les bancs de son séminaire. Je trouvai cet ecclésiastique assis près de la porte du salon, sur l’angle d’une chaise.

Mardari Apollonitch me fit, comme toujours, un accueil chaleureux. D’ailleurs toute visite lui fait un plaisir réel qu’il ne cherche pas à dissimuler. Le prêtre se leva et prit son chapeau.

— Attends, attends, batiouchka, lui dit Mardari Apollonitch sans lâcher ma main : ne t’en va pas, on va t’apporter de la vodka…

— Je n’en bois pas, répondit le prêtre en rougissant de confusion.

— Quelle sottise ! Hé Michka ! Iouchka ! de la vodka au batiouchka.

Iouchka, un grand et maigre octogénaire, entra aussitôt, portant un verre de vodka sur un plateau sombre semé de taches couleur de chair.

Le prêtre refusa.

— Bois, batiouchka, bois, pas de cérémonie : ce n’est pas bien, dit le pomiéstchik d’un ton de reproche.

Le pauvre jeune homme obéit.

— À présent, batiouchka, tu peux t’en aller.

Le prêtre se mit à saluer.

— C’est bon, c’est bon, va… Charmant homme, me dit Mardari Apollonitch en suivant le prêtre du regard. Je suis très content de lui, sauf qu’il est un peu jeune. Mais vous, comment cela va-t-il, batiouchka ? hein ! Allons sur le balcon… Quelle belle soirée !

Nous passâmes sur le balcon, nous nous assîmes et nous nous mîmes à causer. Mardari Apollonitch regarda en bas, et je le vis tout à coup en proie à une vive émotion.

— À qui ces poules ? cria-t-il ; à qui ces poules qui courent dans le jardin ? Iouchka ! Iouchka ! va donc savoir à qui ces poules qui courent dans ce jardin ? à qui ces poules ?… Combien de fois j’ai défendu !… combien de fois j’ai dit !…

Iouchka courut.

— Quel désordre ! répétait Mardari Apollonitch ; c’est terrible !

Les trois malheureuses poules, deux tigrées, l’autre blanche et huppée, continuaient d’aller et venir sous les pommiers, en exprimant leurs impressions par un gloussement prolongé, quand tout à coup Iouchka, la tête nue, un bâton à la main et trois autres dvorovis adultes fondirent ensemble sur elles. L’affaire fut chaude. Les poules criaient, battaient des ailes, faisaient des sauts extraordinaires. Les dvorovis criaient aussi, couraient, tombaient. Le bârine, sur le balcon, hurlait comme un furieux : « Attrape ! attrape ! attrape ! attrape ! attrape ! attrape ! À qui ces poules ? à qui ces poules ? » Enfin un dvorovi captura la poule blanche en l’écrasant de sa poitrine contre la terre, et au même moment sauta de la rue dans le jardin, par-dessus la palissade, une petite fille de onze ans tout ébouriffée, une baguette à la main.

— Ah ! voilà donc à qui sont ces poules ! dit le bârine triomphant. Ce sont les poules du cocher Ermil, et il a envoyé sa Natalka les chercher. Il n’a eu garde d’envoyer Parachka, ajouta le pomiéstchik entre ses dents. (Il rit d’une manière très significative.) Hé ! Iouchka ! laisse les poules et attrape-moi Natalka.

Mais, avant que Iouchka, essoufflé, eût atteint la petite, la ménagère, tombant là on ne sait d’où, l’avait saisie par le bras et lui avait déjà porté quelques coups dans le dos.

— Ah ! c’est comme cela ! c’est comme cela ! Té, té, té, té, té ! disait le bon bârine. Hé ! Avdotia, n’oublie pas de faire saisir les poules, ajouta-t-il de sa plus forte voix et le visage rasséréné. Comment trouvez-vous la chose, batiouchka, ajouta-t-il en se tournant vers moi. Moi j’en suis tout en sueur.

Et Mardari Apollonitch éclata de rire. Nous restâmes sur le balcon. La soirée était admirable.

On nous servit le thé.

— Dites-moi, commençai-je, Mardari Apollonitch, ces izbas sur la route, derrière le ravin, sont-elles à vous ?

— À moi ?… et pourquoi ?

— Comment donc ? C’est péché : vous avez donné là à vos moujiks des cases étroites et pas un arbre autour, pas de terrain à cultiver, un seul puits et il ne vaut rien. N’auriez-vous pas pu trouver un autre emplacement ? On a même enlevé à ces malheureux leurs anciennes chènevières.

— Et que voulez-vous qu’on fasse avec le cadastre ? me répondit Mardari Apollonitch. Ah ! ce cadastre ! je l’ai là ! (Il montra de la main la nuque.) Je ne présage rien de bon, moi, de ce fameux cadastre. Si je leur ai ôté des chènevières, si je ne leur ai pas donné du terrain, cela, batiouchka, me regarde. Je suis un homme simple, et j’agis comme au vieux temps. Pour moi le maître est le maître, et le moujik est le moujik, voilà !

À des arguments si clairs il n’y avait rien à répondre.

— Et puis, reprit-il, ces moujiks sont mauvais et en disgrâce. Il y a là deux familles surtout que feu mon père — Dieu lui donne le paradis, — ne pouvait souffrir, et moi, voyez-vous, j’ai observé que si le père a volé, le fils volera. Pensez là-dessus comme il vous plaira. Oh ! le sang est une grande chose !

Cependant l’air était immobile. De temps en temps, passait une faible brise. Un de ces légers courants nous apporta le bruit de coups mesurés et nombreux partant de l’écurie. Mardari Apollonitch portait à ses lèvres sa soucoupe pleine de thé, et il élargissait déjà ses narines, — opération préalable sans laquelle un vrai Russe ne saurait boire avec plaisir, — quand il s’arrêta, hocha la tête, ingurgita une cuillerée, et, reposant la soucoupe sur la table, fit avec un sourire très bonhomme et comme s’il accompagnait les coups : « Tchouk ! tchouk ! tchouk ! tchouk ! »

— Qu’est-ce donc ? lui demandai-je avec étonnement.

— On fouette, d’après mes ordres, Vassia, mon buffetier : vous savez, cet espiègle ?

— Quel Vassia ?

— Mais voilà, celui qui vous a servi à dîner, ce grand qui a des favoris énormes.

Aucune indignation n’aurait pu résister au regard limpide et doux de Mardari Apollonitch.

— Quoi donc, jeune homme ? me dit-il en branlant la tête. Vous me regardez !… Suis-je donc un brigand ? Qui aime bien châtie bien, vous savez.

Un quart d’heure après je pris congé de Mardari Apollonitch. En traversant le village, j’aperçus le buffetier Vassia. Il longeait la rue, et, tout en marchant, il croquait des noisettes. Je l’appelai.

— Eh quoi ! frère, on t’a puni aujourd’hui ?

— Et comment le savez-vous ?

— C’est ton bârine qui me l’a dit.

— Le bârine lui-même ?

— Oui. Mais pourquoi t’a-t-il fait punir ?

— Eh ! chez nous, on n’est pas puni sans cause : le bârine n’est pas comme ça ; chez nous c’est un bârine !… oh ! un bârine !… il n’a pas son pareil ! Eh bien ! j’ai été puni parce que je le méritais, batiouchka.

— En route, dis-je à mon cocher.

Voilà la vieille Russie, pensai-je en rentrant chez moi.

  1. Coiffure de femme, foulard noué sur le devant de la tête.
  2. Interprète des songes.