Réponse à l’écrit anonyme intitulé: de la formation des églises/chapitre 4

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Imprimerie et librairie L. Alex. Michod. (p. 73-86).



EXAMEN
de l’article contenu à la page 20, et intitulé :
les enfans de dieu n’ont autre chose à faire, qu’à se réunir sur la promesse du seigneur

.

Cet article ne faisant presque que répéter ce que l’auteur a dit précédemment, et que nous croyons avoir pleinement réfuté, il semble que nous pourrions nous dispenser d’y répondre. Toutefois, comme à chaque répétition d’une de ses tranchantes affirmations, l’auteur ajoute quelque chose de nouveau, qui en fait ressortir l’injustice ou la fausseté, nous croyons ne pas perdre notre temps en donnant quelques momens d’attention à certaines portions de ce dernier article de la brochure. On ne saurait trop, pour l’instruction des fidèles, faire ressortir les défauts d’un ouvrage qui vient, avec un ton si décidé, attaquer les Églises du Seigneur.

Dans le premier paragraphe de cet article (page 20), l’auteur demande « qu’on sente avec plus de douleur l’état de ruine auquel nous avons réduit l’Église. » — Nous pensons que plusieurs partageront notre surprise, en se trouvant renfermés par l’auteur dans cette confession générale. Ce nous collectif, me semble un peu fort, et je déclare positivement que je ne consens point à y être compris. Si la conscience de l’auteur lui a dit que pour sa part, il devait confesser qu’il avait contribué à réduire l’Église à un état de ruine, cela le regarde. Quant à moi, ma conscience me rend un témoignage tout opposé. J’ai trouvé ce qu’on appelle vulgairement l’Église chrétienne, dans l’état de décadence et de désordre où elle est encore maintenant. J’ai participé à ce désordre pendant le temps de mon ignorance ; mais dès que le Seigneur m’a fait la grâce d’être éclairé à cet égard, j’ai quitté l’état de choses où je me trouvais, je l’ai fait, grâces à Dieu, sans regretter les sacrifices temporels auxquels j’étais appelé. Dès-lors, autant que je l’ai pu, j’ai cherché à faire connaître la lumière que j’avais reçue, et à défendre la cause des Églises. — Ai-je donc mérité que l’auteur me confondît avec lui, dans un nous collectif, en disant : « Nous devons sentir avec douleur l’état de ruine où nous avons réduit l’Église ? »

Dans le paragraphe suivant, l’auteur dit, en développant ensuite son idée : « Si vous me dites que vous avez organisé une Église, que vous avez choisi un Président ou un Pasteur, et qu’ainsi vous êtes l’Église de Dieu de l’endroit, je vous demanderai : Chers amis, qui vous a autorisés à faire tout cela ? » — Nous répondrons à l’auteur, en peu de mots : Mon frère, c’est la Parole. C’est elle qui nous ordonne de nous séparer du monde, d’observer tous les commandemens qui n’ont pas été abolis, et de reconnaître[1] les hommes auxquels le Seigneur donne, au milieu de nous, les dons de Diacres ou de Pasteurs, ou qu’il rend capables de présider avec soin (Rom. XII, 8). Nous pensons que les deux ou trois réunis au nom du Seigneur, sont une Église, et peuvent s’appliquer toutes les promesses faites à l’Église, et tous les commandemens qui lui sont donnés. — Prouvez le contraire, et alors nous aurons tort. Prouvez que lorsque quelques fidèles d’un endroit ne veulent pas se joindre à un corps, qui sans cela pourrait de votre propre aveu, porter le nom d’Église ; ce corps est dégradé et perd son titre. Prouvez-le, et alors nous quitterons le nom d’Église. — Prouvez encore que la Parole de Dieu nous défend de choisir, c’est-à-dire, selon notre manière de l’entendre, de reconnaître par un vote de l’Église, ceux que Dieu manifeste au milieu de nous, avec les dons de Pasteurs ou de Présidents. Ou prouvez qu’elle attribue exclusivement ce choix à d’autres, et alors nous avouerons que nous avons tort de choisir des Pasteurs et des Présidents. Mais comme vous n’avez prouvé rien de pareil, nous nous croyons autorisés à ne nous laisser point ébranler par l’injuste blâme que jette sur nous cette interrogation : « Chers amis, qui vous a autorisés à faire tout cela ? »

L’auteur continue, et dit : « D’après votre principe d’imitation même (quoique imiter la puissance soit une idée assez ridicule et le royaume de Dieu est en puissance), où trouvez-vous cela dans la Parole ? » — Nous nous permettrons ici de faire observer à l’auteur que lorsqu’on attaque l’entreprise d’hommes graves, qui, par leur conduite, montrent qu’ils agissent avec une bonne conscience, et dans le désir de plaire à Dieu ; d’hommes qui, pour soutenir ce qu’ils croient la vérité, ont fait par la grâce de Dieu, divers sacrifices, et ont même quelques-uns risqué leur vie, pendant dix années de travaux sous une loi de persécution : il faut être bien sûr de ce que l’on dit pour oser traiter leur entreprise d’être une idée assez ridicule. — Qui vous dit que nous voulons imiter la puissance ? Est-ce la puissance apostolique qui donnait des lois aux Églises, ou qui faisait des miracles ? Nous vous avons déjà répondu ailleurs, que nous n’en avions pas la moindre idée. Est-ce la puissance qui convertit les élus, et qui les rassemble en un seul corps ? Cette puissance là, n’est ni des Apôtres, ni de nous. Elle est de Dieu ; personne n’a la folie de vouloir l’imiter. Cette puissance, chacun l’attribue à Dieu, et se contente de lui demander qu’il veuille bien l’exercer, selon son bon plaisir. En cela, qu’y a-t-il de ridicule ? — Lorsque depuis les Apôtres, des milliers de serviteurs de Christ, qui n’ont point aimé leur vie, ont prêché l’Évangile en divers lieux ; lorsque la main puissante du Seigneur étant avec eux, un nombre plus ou moins grand de païens ont été par leur prédication, amenés des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu ; lorsque ces fidèles serviteurs de Christ, ont rassemblé en Églises ces nouveaux convertis, sous la conduite de la Parole de Dieu et de son Esprit, et qu’ils en ont été les Pasteurs, ou que d’accord avec ces nouvelles Églises, ils ont établi au milieu d’elles les Pasteurs que le Seigneur y suscitait ; lorsqu’ainsi ils ont fait, pour le fond, une chose toute semblable à celle que nous faisons à présent ; a-t-on jamais pensé à les accuser d’imiter la puissance, et d’avoir une idée assez ridicule ? — Il était réservé à l’auteur de trouver du ridicule dans une œuvre que chacun jusqu’à présent avait admirée, et dont chacun avait béni le Seigneur[2].

L’auteur n’aime décidément pas qu’on choisisse des Présidents et des Pasteurs : aussi dirige-t-il ses attaques sur ce point, d’une manière incessante. À la page 21, il nous dit : « En combien d’endroits n’a-t-on pas nuit à la bénédiction des saints, en choisissant des Présidents et des Pasteurs ? En combien d’endroits cela n’a-t-il pas été l’occasion de la chûte de ces Présidents eux-mêmes ? » — À la page 22, il dit : « Dans ces corps que l’homme avait ainsi organisés, on trouvait souvent la domination d’un seul ou la lutte de plusieurs. » À la page 24, il dit encore : « Et quel est l’effet des prétentions de ces corps ? C’est de nourrir l’orgueil dans leurs Présidents et dans leurs membres ; de dégoûter et de repousser ceux qui comparent ces prétentions avec la réalité. »

À cela nous répondrons, qu’il est possible que dans certains cas les nominations de Pasteurs et de Présidents aient été trop précipitées ; qu’il est possible encore qu’il y ait eu des Pasteurs et des Présidents chez lesquels l’orgueil ait joué un rôle. Mais tout cela ne prouve rien contre la question que nous soutenons, savoir que les Églises ont de nos jours le droit de se choisir des Pasteurs et des Présidents, quand elles croient reconnaître au milieu d’elles, des hommes qui ont les dons de ces charges. Toute bonne chose prête à des abus. Si l’on voulait condamner tout ce dont l’homme a abusé, on condamnerait même la prédication de la libre Grâce de Dieu : Car ne s’est-il pas trouvé des malheureux qui ont dit : Péchons, afin que la Grâce abonde ?

De plus, nous demanderons à l’auteur si jamais il n’a vu de traces d’orgueil et d’esprit de domination chez ceux qui, sans avoir été nommés, exercent les fonctions de Pasteurs et de Présidents, dans ces corps provisoires, qui s’organisent selon ses vues, sans prendre le nom d’Églises ? Bien plus, nous lui demanderons si du temps des Apôtres, il n’y avait jamais d’orgueil et d’esprit de domination chez ceux qui présidaient les Églises ? Il n’a sans doute pas oublié ce Diotrèphe, qui aimait à être le premier, qui ne recevait pas les frères, qui empêchait ceux qui voulaient les recevoir et les chassait de l’Église (3e épitre de Jean, vts 9, 10 et 11). Je pense que l’auteur n’a pas oublié non plus ces Pasteurs de l’Église d’Éphèse, auxquels l’Apôtre disait en les quittant : Je sais qu’après mon départ, il entrera parmi vous des loups ravissants, qui n’épargneront point le troupeau ; et que d’entre vous mêmes il se lèvera des gens qui annonceront des choses pernicieuses, afin d’attirer les disciples après eux (Act. XX, 29 et 30). — Hélas ! l’orgueil est de tous les temps et de tous les lieux. Il s’est manifesté même au sein des Églises, que l’auteur appelle apostoliques, et il a empoisonné de son venin, même des Pasteurs établis par les Apôtres. Qu’on prenne le titre d’Église ou qu’on ne le prenne pas ; qu’on reconnaisse des Pasteurs et des Présidents, ou qu’on les choisisse et les nomme ; ce n’est pas à cela que tient l’orgueil avec toutes ses tristes manifestations. Il tient à une racine plus profonde, qui est dans le cœur, et selon que cette racine est plus ou moins sérieusement attaquée par l’Esprit de Dieu, il vit ou meurt, quelque nom qu’on porte ou qu’on se donne.

L’auteur prétend (page 22) que « ce qui a détourné les saints de se réunir avec joie en vertu de la promesse faite par Christ, à deux ou trois, c’est qu’ils ont été effrayés par cette prétendue nécessité d’organisation, et par des accusations de désordre. » — J’ignore ce que signifie le dernier membre de la phrase ; mais je puis assurer à l’auteur que s’il est des gens qui craignent l’organisation, il en est beaucoup plus qui craignent le contraire, et qui se sont éloignés des Églises, parce qu’elles ne présentaient pas une organisation assez ferme et assez stable.

À la même page, l’auteur dit que, de nos jours, « l’Église a besoin en s’humiliant, de se séparer de tout mal connu, et de reconnaître l’Esprit de Christ comme le seul gouvernement de l’Église. » — Nous sommes bien aises de voir que de nos jours il y a encore une Église qui a un gouvernement. Je pense que ce n’est pas un gouvernement universel, mais un gouvernement qui s’exerce en tout lieu où se trouvent des fidèles réunis. Or des fidèles, réunis avec un gouvernement et qui font fraction de ce que l’auteur appelle l’Église, sont bien près d’être une Église. — Quant à nous, nous reconnaissons pour gouvernement d’une Église ou des Églises, l’Esprit de Christ et sa Parole. Nous ne les séparons jamais l’un de l’autre, parce que nous croyons que l’Esprit n’agit qu’en rendant la Parole vivante, et donnant la force de l’exécuter. En quittant les Pasteurs de l’Église d’Éphèse, Paul leur disait : Je vous recommande à Dieu et à la Parole de sa grâce, lequel peut vous édifier encore et vous donner l’héritage avec tous les saints (Act. XX, 32. Voyez aussi Aggée II, 5). — De plus, quoique nous reconnaissions que Dieu gouverne son Église, par son Esprit et par sa Parole ; nous reconnaissons qu’il la gouverne aussi par ceux auxquels il donne les dons nécessaires pour la diriger (Éphes. IV, 11-16. — 1 Cor. XII, 28. — 1 Thess. V, 12. — 1 Tim. III, 5. — Hébr. XIII, 17). L’auteur ne paraît pas différer de nous en ce point, puisque en d’autres endroits de sa brochure, il dit que c’est une grande grâce, si Dieu suscite au milieu de ses enfans des Pasteurs, et qu’il faut les reconnaître. — Pourquoi donc lancer ici cette phrase imprudente, dans laquelle il avance, que « le Saint Esprit est le seul gouvernement de l’Église ? » L’auteur ne sait peut-être pas que bien des gens s’autorisent de phrases comme celle-là qui, dans le fond, sont inexactes, pour s’élever contre toute soumission à ceux dont la surveillance les gêne, en disant : Je ne reconnais que le Saint Esprit pour directeur de l’Église, et que le Grand Pasteur des âmes pour mon Pasteur.

Suivant l’auteur, « l’Église reconnaît chacun de ceux que le Saint Esprit envoie, selon le don qu’il a reçu, et cela avec actions de grâces, envers Celui qui par ce don, rend tel ou tel frèrele serviteur de tous. » — À la place du mot reconnaît, mettez le mot choisit, nomme ou établit, et alors nous serons d’accord, et vous le serez avec la Parole qui parle de choix et d’établissement. Ne soyons pas plus sages qu’elle ; et si elle a voulu qu’on reconnût les dons par un choix ou par une nomination ; n’allons pas par un esprit de système, nous coller au mot reconnaître, et ne vouloir pas passer au-delà. D’autant plus que dans le fond, ce mot reconnaître, pour lequel on a tant de prédilection, ramène toujours chaque membre de l’Église individuellement à confronter avec le modèle donné par la Parole, tel ou tel qui se manifeste comme ayant les dons de Pasteur ou de Diacre.

Plus bas, l’auteur s’exprime ainsi : « Si vous me dites : Qu’y a-t-il donc à faire ? Je réponds : Pourquoi songez-vous toujours à faire quelque chose ? » — Comment l’auteur n’a-t-il pas senti que nous pouvions lui retourner immédiatement sa question ? Son article est intitulé : « Les enfans de Dieu n’ont autre chose à faire qu’à se réunir sous la promesse du Seigneur. » — Voilà donc quelque chose que l’auteur nous indique à faire, et pour faire cette chose-là, il en faut faire une autre qui n’est pas si facile, qui est « de se séparer de tout mal counu » (page 22). Puis « il faut reconnaître l’Esprit de Christ, comme le seul gouvernement de l’Église ; » puis encore, « reconnaître chacun de ceux que le Saint Esprit envoie, selon le don qu’il a reçu ; » puis, enfin, « il faut administrer la Cène, selon l’institution de Jésus Christ (page 24). » Voilà bien des choses à faire, indiquées par un homme qui nous dit : « Pourquoi songez-vous toujours à faire quelque chose ? » On dirait qu’il consent à ce qu’on agisse, tant qu’on agit dans son sens, et qu’il vous arrête, dès que vous voulez agir dans un sens un peu différent du sien.

À la page 23, se trouve un paragraphe qui renferme des assertions si étonnantes, que nous croyons devoir le transcrire en entier pour ceux qui n’auraient pas la brochure de l’auteur entre les mains.

« Un point de la plus grande importance, que ceux qui veulent organiser des Églises paraissent avoir complètement oublié, c’est qu’il y ait une telle chose que la puissance, et que le St. Esprit seul puisse rassembler et édifier l’Église. Ils paraissent croire que, du moment où ils ont quelques passages de la Parole, ils n’ont rien à faire qu’à les suivre ; mais sous l’apparence de la fidélité, il y a en ceci une erreur funeste ; c’est de laisser de côté la présence et la puissance du St. Esprit. Nous ne pouvons suivre la Parole que par la puissance de Dieu. Or la constitution de l’Église, était un effet direct de la puissance du St. Esprit. Laisser de côté cette puissance et garder la prétention de copier l’Église primitive, c’est s’abuser étrangement soi-même. »

Quoique ce paragraphe se réfute pour ainsi dire de lui-même, cependant nous ferons ressortir par quelques questions, ce qu’il renferme de plus étonnant.

Où est-ce que l’auteur a vu que « nous ayons complètement oublié qu’il y ait une telle chose que la puissance, et que le St. Esprit seul puisse rassembler et édifier l’Église ? » Nous sommes fâchés d’être obligés de le dire : cet oubli de la puissance de Dieu, qui nous est imputé, n’a lieu que dans l’imagination de l’auteur. Nous reconnaissons du fond de notre cœur, que nous ne sommes pas capables par nous-mêmes de penser quelque chose comme venant de nous-mêmes ; mais que notre capacité vient de Dieu. En conséquence, jamais nous n’eûmes l’idée de pouvoir rassembler et édifier l’Église, autrement que par la puissance du St. Esprit.

L’auteur dit dans ce même paragraphe : « Ils paraissent croire que du moment où ils ont quelques passages de la Parole, ils n’ont rien à faire qu’à les suivre. » — Oui, nous avons la simplicité de croire que tout passage de la Parole, qui s’applique à tous les temps et à tous les fidèles, nous n’avons autre chose à faire qu’à le suivre, dès que nous l’avons connu, comme un guide donné de Dieu pour nous diriger. Mais ce que nous n’admettons nullement avec l’auteur, c’est que « sous l’apparence de la fidélité, il y ait ici une erreur funeste ; qui est de laisser de côté la présence et la puissance du St. Esprit. » — Ceci devient sérieux, et nous voudrions que le frère qui a écrit ces lignes, se mît en face du jugement de Dieu, et se demandât comment il pourra en ce grand jour, se justifier de nous avoir accusés sans aucune preuve, de laisser de côté, dans l’organisation et la conduite des Églises, la présence et la puissance du St. Esprit ; nous qui ne nous appuyons que sur sa force, et qui sans cesse réclamons sa présence pour nous fortifier et nous diriger en toutes choses ! — Que Dieu lui pardonne d’avoir porté un pareil jugement sur nous ! car nous croyons tout aussi fortement que lui, que « nous ne pouvons suivre la Parole que par la puissance de Dieu. »

Que signifie ce que l’auteur nous dit encore dans le même paragraphe, que « la constitution de l’Église, était un effet direct de la puissance du St. Esprit ; » et que « laisser de côté cette puissance et garder la prétention de copier l’Église primitive, c’est s’abuser étrangement soi-même. » — En vérité, nous ne comprenons pas bien sur quoi tombe l’accusation de l’auteur. Nous convenons que la constitution des Églises primitives, s’il entend par constitution les lois qui les réglaient, était un effet direct de la puissance du St. Esprit qui les avait dictées aux Apôtres. Mais nous ne comprenons pas comment nous qui voulons simplement former des Églises, réglées par ces mêmes lois que le St. Esprit a dictées, nous avons besoin d’une puissance du St. Esprit, autre que celle qui donne la volonté et la force de leur obéir. Cette puissance, Dieu ne la refuse jamais à personne. — En parlant de la constitution des Églises primitives, l’auteur aurait-il peut-être voulu parler de l’acte du rassemblement des fidèles ? Dans ce cas là, il se trompe en disant que nous oublions le besoin de puissance pour les réunir. Cette puissance, nous l’attribuons à Dieu toute entière ; nous la lui demandons ; nous la voyons s’exercer dans les séparations graduelles du culte national ; nous lui laissons le temps et les moyens de la consommer. Mais nous savons que le bras de l’Éternel n’est pas raccourci, et nous croyons qu’en dépit de tous les obstacles, il rassemblera encore en un, les enfans de Dieu dispersés (Jean XI, 52). — L’auteur espère bien opérer cette réunion à sa manière, pourquoi n’espérerions-nous pas l’opérer à la manière de la Bible, et en formant des Églises sur le modèle primitif ? — Faut-il moins de puissance à l’auteur qu’à nous, pour opérer son rassemblement ? — Je répète que je ne comprends pas quelle est la chose que nous voulons copier, sans avoir la puissance de le faire.

Dans le dernier paragraphe de cette même page 23, l’auteur prétend « qu’il n’y a point de promesse en faveur du système qui organise des Églises, tandis qu’il y en a pour ce rassemblement méprisé des enfans de Dieu. » Par où il entend les assemblées faites selon ses vues, qui ne portent pas le litre d’Églises. — Nous ferons d’abord observer à l’auteur, que s’il y a des rassemblemens d’enfans de Dieu, méprisés, ce sont ceux qui prennent le nom d’Églises, et non pas ceux qui rejettent ce titre, et qui se disent tout simplement : L’assemblée de telle rue. En évitant de prendre le titre d’Église, on échappe à l’opprobre qui tombe sur les corps que ce titre signale comme ayant la prétention de remplacer les Églises déchues. Nous n’en dirons pas davantage sur ce sujet délicat. Les faits sont là et ils parlent. — Nous dirons ensuite à l’auteur que nous attendons toujours la preuve de cette assertion qu’il répète ici pour la troisième ou la quatrième fois, que la promesse faite aux deux ou trois assemblés au nom de Jésus, n’est pas pour ceux qui s’assemblent de nos jours, en prenant le nom d’Église, mais seulement pour ceux qui s’assemblent sans prétendre être une Église.

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  1. Voyez Actes I, 21-26. — Chap.VI, 3. — 1 Thess. V, 2, 13. – Tite I, 5, 6. Ces passages nous montrent que reconnaître est un devoir, qu’établir en est un aussi, et que choisir est un privilége que les exemples de la Parole attribuent à la multitude des fidèles.
  2. Il est clair que j’excepte ici les cas où des missionnaires dégénérés, d’Églises dégénérées, sont allés établir en pays païens des succursales de l’Église de Rome, et non de véritables Églises chrétiennes. Mais il est connu qu’en divers siècles, depuis les Apôtres, de vrais missionnaires ont agi par d’autres principes, et ont constitué de véritables Églises. C’est d’eux que je parle ici. J’ajouterai que ceux qui, comme les frères Moraves, ont établi des Églises, séparées du monde, au milieu de la chrétienté, se trouveraient aussi, selon l’auteur, avoir eu une idée assez ridicule.