Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 1/Lecture 4

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 70-80).

LECTURE QUATRIÈME

HYMNE I.

Aux Aswins, par Prascanwa.

(Mètre : Vrihatî.)

1. (Dieux) que grandissent nos sacrifices, les plus douces des libations sont disposées pour vous. Aswins, prenez ces breuvages préparés d’hier, et accordez à votre serviteur les biens (qu’il désire) !

2. Aswins, arrivez sur votre char magnifique, (ce char) qui parcourt les trois mondes, et que décorent trois sièges ! Les fils de Canwa vous adressent cette prière dans le sacrifice ; daignez écouter leur invocation.

3. Aswins, que grandissent nos sacrifices, buvez de nos douces libations ! (Déités) secourables, chargeant votre char de richesses, venez en ce jour près du (père de famille) qui vous honore.

4. Vous qui possédez tous les biens, (placez-vous) sur notre triple cousa, et répandez vos douceurs sur notre sacrifice. Ô Aswins, les fils de Canwa vous invoquent, versant ces libations en votre honneur ! ils vous (invoquent), brillants de la lumière qui se lève.

5. Maîtres de pureté, accordez-nous cette protection dont vous avez autrefois honoré Canwa. Aswins, vous dont le sacrifice augmente la force, goûtez de nos libations.

6. Secourables Aswins, venez sur votre char, apportant l’abondance à Soudas[1]. Donnez-nous ces richesses que tous désirent, et qu’elles nous arrivent de l’océan (aérien) ou du ciel[2].

7. (Dieux) véridiques, que vous soyez loin ou près de nous, venez toujours à notre prière, en même temps que les rayons du soleil, sur votre char aux roues si magnifiquement rapides.

8. Que vos coursiers, avides de nos sacrifices, vous amènent ici vers nos libations. Accordez la richesse au (père de famille) généreux qui vous présente ces offrandes ; (dieux) forts, prenez place sur le cousa.

9. (Dieux) véridiques et secourables, avec ce char brillant de la lumière du soleil, et sur lequel vous apportez toujours la richesse à votre serviteur, venez pour goûter à nos douces libations.

10. (Divinités) opulentes, nous implorons votre protection par nos hymnes et nos prières. Aswins, les fils de Canwa vous sont dévoués, et dans leur assemblée vous n’avez jamais manqué de libations.


HYMNE II.

À l’Aurore, par Prascanwa.

(Mètre : Vrihatî.)

1. Fille du ciel. Aurore, lève-toi, et apporte-nous tes richesses et ton opulente abondance. Déesse brillante et généreuse, (viens) avec tes trésors.

2. La prière sainte a souvent contribué à l’heureux établissement (de l’homme) ; elle lui a valu des chevaux, des vaches, des biens de toute espèce. Aurore, que ta présence inspire ma prière, et envoie-moi le bonheur des riches.

3. Elle est née déjà, elle va briller, cette divine Aurore ; elle met en mouvement les chars, qui, à son arrivée, s’agitent (sur la terre), comme sur la mer les (vaisseaux) avides de richesses.

4. Parmi ces pères de famille dont la piété salue ton apparition pour obtenir tes largesses, il n’est pas d’enfant de Canwa plus dévoué que celui qui, en ce moment, invoque ton nom.

5. L’Aurore, comme une bonne mère de famille, vient pour protéger (le monde). Elle arrive, arrêtant le vol du (génie) malfaisant de la nuit[3], et excitant l’essor des oiseaux.

6. L’Aurore excite également l’homme diligent et le pauvre. Elle est ennemie de la paresse. À tes clartés, (ô déesse) riche en présents, il n’est plus d’être ailé qui s’oublie dans le repos.

7. La voilà qui, dans la région lointaine où se lève le soleil, attelle ses chevaux. L’heureuse Aurore vient trouver les fils de Manou avec des centaines de chars (tout chargés de richesses).

8. Le monde entier, à son aspect, se prosterne. Sage et opulente, elle fait la lumière. L’Aurore, fille du ciel, par ses rayons chasse nos ennemis et confond leur haine.

9. Fille du ciel, Aurore, brille de ton doux éclat ! Apporte-nous le bonheur et l’abondance, éclaire nos sacrifices.

10. Prévoyante (déesse), dès l’instant que tu brilles, tu deviens la vie, le souffle de l’univers. (Apparais) sur ton large char, riche et resplendissante ; écoute notre prière.

11. Aurore, accorde-nous ces aliments divers qui conviennent au genre humain ! Approche-toi de ces hommes innocents et pieux qui ont pour toi des hymnes et des oblations !

12. Aurore, amène ici du ciel tous les dieux à nos libations ! Accorde-nous, Aurore, une abondance telle, que nous soyons renommés pour nos vaches, nos chevaux et notre vigueur.

13. Que l’Aurore, dont nous apercevons les heureuses clartés, nous donne la richesse si belle, si désirée ; que cette richesse nous vienne doucement !

14. Tous les anciens sages qui ont imploré ton secours, ô grande (déesse), ont été exaucés. Aurore, accueille également notre prière, et (réponds-nous) par le don d’une brillante et pure abondance.

15. Divine Aurore, après avoir de tes rayons illuminé les portes du ciel, accorde-nous que notre maison soit puissante, que nos ennemis s’en éloignent, et que les vaches fécondes y entretiennent l’abondance.

16. Noble et magnifique Aurore, répands sur nous une large et belle opulence ; que nous obtenions de toi des vaches, de la richesse qui assure le triomphe, et de nombreux aliments !


HYMNE III.

À l’Aurore, par Prascanwa.

(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Aurore, viens glorieusement, et monte au ciel resplendissant de lumière ! Que les vaches (célestes)[4], au poil rouge, t’amènent à la maison du (père de famille) qui t’offre ces libations.

2. Aurore, fille du Ciel, sur ce char heureux et magnifique qui te porte, viens aujourd’hui au sein d’une famille disposée à t’honorer par ses offrandes.

3. Ô brillante Aurore, l’oiseau, l’homme[5] et le quadrupède, à ton retour dans le ciel, se lèvent de tout côté.

4. Tu rayonnes, et ton éclat se communique à l’univers. Aurore, les fils de Canwa désirent tes faveurs, et t’invoquent par leurs hymnes.


HYMNE IV.

Au Soleil, par Prascanwa.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Le Soleil, ce dieu qui renferme tous les biens, s’élève aux yeux de l’univers, porté par ses chevaux[6] brillants.

2. Devant le Soleil, œil du monde, les étoiles, telles que les voleurs, disparaissent avec les ombres de la nuit.

3. Ses rayons lumineux éclairent les êtres, étincelant comme des feux.

4. Soleil voyageur[7], (fanal) exposé aux yeux de tous, auteur de la lumière, tu remplis tout le ciel de ton éclat.

5. Tu te lèves à la vue du peuple[8] des dieux, à la vue des hommes, à la vue du ciel entier, pour apporter le bonheur.

6. Soleil purifiant, Soleil protecteur, avec cet œil dont tu vois le monde humain,

7. Tu parcours le ciel et la vaste région de l’air, mesurant les jours et les nuits et contemplant les créatures.

8. Divin Soleil, sept cavales sont attelées à ton char ; ta chevelure est couronnée de rayons, (astre) éblouissant de lumière.

9. Traîné par les sept coursiers purifiants que le Soleil a attelés, le char marche sans contrainte.

10. (Tout à l’heure) environnés de ténèbres, (et maintenant) éclairés par le plus brillant des astres, nous nous présentons devant le Soleil, le plus grand des dieux, la plus belle des lumières célestes.

11. Ô toi dont les rayons sont bienfaisants, Soleil, en te levant aujourd’hui, en montant au haut du ciel, détruis le mal qui me ronge le cœur et pâlit mon visage.

12. Nous donnons nos couleurs jaunes aux perroquets, aux sâricâs[9] ou bien aux (fleurs de) l’hâridrava[10].

13. Le fils d’Aditi vient de naître avec toute sa vigueur. C’est lui qui peut vaincre mon ennemi. Je ne me reconnais pas une pareille puissance.


HYMNE V.

À Indra, par Savya,[11] fils d’Angiras.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Charmez par vos accents Indra, le bélier[12], (chef du troupeau divin), invoqué par toutes les bouches, célébré par nos hymnes ; (Indra), océan de richesses, dont les (œuvres), favorables aux mortels, s’étendent aussi loin que les mondes célestes. Pour obtenir ses faveurs, honorez le plus grand des sages.

2. Que les Ribhous[13], protecteurs généreux, vénèrent cet Indra victorieux, qui remplit l’air et s’environne de puissance ; ce Satacratou, qui abat l’orgueil (de ses ennemis). Que leur voix, montant jusqu’à lui, aille l’encourager !

3. À la prière des Angiras, tu as ouvert l’antre qui renfermait les vaches (célestes)[14]. Tu as guidé Atri[15] dans la prison aux cent portes. Tu as donné à Vimada[16] une heureuse abondance de provisions. Sur un champ de bataille, en faveur de ton serviteur, tu as lancé ta foudre.

4. Tu as ouvert le réservoir des eaux (contenues dans le nuage). Tu t’es emparé du trésor de Dânou[17], amassé dans la montagne céleste. Quand Vritra, quand Ahi eurent senti les coups de ta puissance, alors tu as élevé dans le ciel le soleil, pour l’offrir à notre vue.

5. Par ta magie, tu as dissipé les prestiges de ces magiciens, (de ces Asouras), qui consumaient dans leur propre feu les offrandes les plus précieuses[18]. Ami des hommes, tu as brisé les villes (aériennes) de Piprou[19], et, dans (les combats) funestes aux Dasyous[20], tu as sauvé Ridjiswan[21].

6. Tu as préservé Coutsa[22], quand il s’agissait de combattre Souchna[23]. Tu as donné la mort à Sambara[24], en faveur d’Atithigva[25]. De ton pied, tu as renversé le grand Arbouda[26]. Enfin, dans tous les temps, tu as été l’ennemi mortel des Dasyous.

7. En toi est réunie toute vigueur ; ton cœur se plaît à nos libations ; on voit la foudre placée dans ta main. Brise toutes les forces de l’ennemi.

8. Fais une distinction entre les Aryas[27] et les Dasyous. En faveur de celui qui t’offre ce lit de cousa, frappe les impies qui voudraient nous dominer. Sois un guide puissant pour le (père de famille) qui te présente ce sacrifice. Telles sont les grâces que je demande de toi pour ceux qui prennent part à la joie de cette fête.

9. Indra, pour plaire à l’homme pieux, frappe l’impie ; pour plaire à ceux qui l’honorent, il accable ceux qui le dédaignent. Vamra[28], chantant les louanges de cet Indra qui est grand, qui grandit toujours, et remplit le ciel, (Vamra) put renverser le rempart (dont l’avaient entouré les fourmis).

10. Qu’Ousanas[29] essaye de lutter de vigueur avec toi ; bientôt ta force, stimulée par la résistance, fait frémir et le ciel et la terre. Ô toi qui es l’ami des hommes, sois satisfait de nos hommages, et que tes (chevaux), qu’attelle la pensée, t’amènent, aussi léger que le vent, ici, vers nos offrandes.

11. Quand Indra s’entend appeler par nos hymnes, il monte sur son char ; il presse ses deux coursiers à la marche sinueuse. Le (dieu) terrible, du sein du nuage voyageur, fait jaillir une onde impétueuse ; il ébranle les larges cités de Souchna.

12. Te voilà sur ton char, disposé à goûter de nos libations. Tu reçus jadis avec bonté celles de Sâryâta[30], ô Indra ! Puisses-tu te complaire (aussi) en nos offrandes ! Puisse notre hymne monter sans obstacle jusqu’à toi dans le ciel !

13. C’est toi, Indra, qui donnas une jeune épouse, Vrichayâ, au vieux Cakchîvân[31], qui savait te chanter et t’offrir des libations. (Dieu) fameux par tes œuvres, c’est toi qui devins Ménâ, fille de Vrichanaswa[32]. Toutes tes actions méritent d’être célébrées dans nos sacrifices.

14. Indra est le refuge de la piété indigente. Voyez les Padjras[33], où l’hymne (reconnaissant) est aussi (solide) que le poteau d’une porte. Indra peut donner des chevaux, des vaches, des chars, des trésors. Il est au milieu de nous pour combler nos vœux.

15. Adoration au (dieu) qui donne la pluie[34], qui brille de sa propre splendeur ! (Au dieu) puissant qui jouit d’une force véritable, salut ! Indra, dans ce sacrifice couvre de ta protection et maîtres et sujets !


HYMNE VI.

À Indra, par Savya[35], fils d’Angiras.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Adore avec ardeur le bélier (divin), le maître du bonheur, dont cent fidèles chantent ensemble la gloire. Par mes hymnes j’implore le secours d’Indra, et je l’invite à venir comme un coursier rapide, à diriger son char vers nos sacrifices.

2. Aussi ferme qu’une montagne au milieu des torrents, armé de mille vertus, on a vu Indra, quand il frappait ce (Vritra) qui enchaîne les rivières, (on l’a vu) doubler ses forces, faire bondir les ondes, et recevoir avec joie nos offrandes.

3. C’est lui qui, s’emparant de la mamelle (du nuage), l’ouvre et la ferme à son gré ; source de joie pour les (mortels) raisonnables, il se plaît à nos libations. Je l’invoque d’une âme toute pieuse, cet Indra qui répand ses dons avec largesse et qui nous comble des trésors de l’abondance.

4. Indra aime les offrandes disposées sur le cousa, et qui montent vers lui dans le ciel, comme l’Océan aime les (rivières) ses vassales qui descendent vers lui. Dans sa lutte contre Vritra, à la suite d’Indra se placent ses auxiliaires (les Marouts), qui épuisent les eaux, et, toujours fermes, savent à leur gré changer de direction.

5. De même que les eaux se portent vers les pentes (de la montagne), de même ces Marouts, enivrés de nos libations, se précipitent vers Vritra qui veut retenir la pluie, et secondent les efforts d’Indra, quand ce dieu, armé de la foudre et fortifié par nos offrandes, frappe les soldats de Bala[36], comme Trita frappa les gardes (Asouras)[37].

6. Autour de toi, Indra, brille la lumière et triomphe la force. Vritra, retenant les ondes, s’était assis au haut des airs, quand sur cette pente (céleste), où il semblait difficile de saisir cette masse énorme, tu es venu lui briser sa large mâchoire.

7. Les prières, qui exaltent ta grandeur, vont vers toi, comme les ondes vers le lac (qui les reçoit) ; ô Indra, Twachtri[38] a doublé ta force en te fabriquant un trait invincible.

8. Indra, toi qu’honorent nos sacrifices et que traînent de brillants coursiers, tu as frappé Vritra pour ouvrir, en faveur de l’homme, une voie à la pluie. Tes mains ont saisi ton arme de fer, et dans les airs, tu as fait briller le soleil à nos yeux.

9. Cependant (les mortels) effrayés invitaient Indra à monter dans le ciel par un de ces hymnes brillants et forts, aux larges et harmonieuses mesures ; et les Marouts, amis de l’homme et auxiliaires du dieu, protecteurs de la terre, le flattaient heureusement (de leurs voix).

10. Le firmament lui-même se resserra de frayeur à la voix d’Ahi, au moment où l’on te vit, ô Indra, enivré de nos libations, frapper violemment de ta foudre la tête de ce Vritra qui menaçait de ruine le ciel et la terre.

11. Maghavan, la terre serait-elle dix fois plus large, les hommes qui la cultivent augmenteraient-ils en nombre chaque jour, ta force n’en serait pas moins célèbre ; telle que le ciel, ta puissance s’étendrait pour nous couvrir.

12. Habitant aux frontières de l’Éther resplendissant, de ta nature fort et superbe, pour notre bien tu as fait la terre à l’image de ta grandeur. Tu parcours le ciel heureusement, environné des eaux.

13. Tu es le modèle de la terre (étendue comme toi) et le maître du (ciel) immense et peuplé de dieux magnanimes. Tu remplis de ta grandeur tout l’espace de l’air. Ah ! sans doute il n’existe aucun être semblable à toi.

14. Non, tu n’as pas de semblable, toi qui, dans l’ivresse de nos libations, as combattu l’ennemi ravisseur de la pluie, toi que le ciel et la terre ne peuvent contenir, dont les vagues de l’air ne peuvent atteindre la fin. Seul, tu as fait tout ce qui existe.

15. En te voyant, dans ce combat, de ton arme meurtrière frapper Vritra à la face et le terrasser, les Marouts t’adressaient leurs hommages ; tous les dieux t’accompagnaient de leurs louanges enivrantes.


HYMNE VII.

À Indra, par Savya.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. (Réunis) dans la maison d’un fidèle serviteur, nous offrons à Indra nos prières et nos hymnes. Avec la même célérité que (le voleur emporte) le trésor de l’homme endormi, que (ce dieu) prenne l’offrande (que nous lui présentons. Qu’il se rappelle que) chez les riches on ne recueille que des hymnes honorables.

2. Ô Indra, tu peux nous donner des chevaux, des vaches, de l’orge[39] ; tu es le maître et le gardien de la richesse. De tout temps tu fus célébré pour ta libéralité ; tu ne sais pas tromper nos désirs, tu te montres l’ami de tes amis. C’est pour cela que nous t’adressons cet hymne.

3. Brillant Indra, tes exploits sont nombreux ; noble époux de Satchî, ton opulence éclate de tout côté. Que la victoire soit à toi ! et donne-nous les richesses que tu auras recueillies. Ne trompe pas les vœux du serviteur qui t’implore.

4. Accueille avec bienveillance ces holocaustes et ces libations. Préviens nos besoins en nous donnant des vaches, des chevaux. Puissions-nous, avec le secours d’Indra charmé de nos libations, vaincre le Dasyou, nous délivrer de nos ennemis, et obtenir l’abondance !

5. Puissions-nous acquérir des richesses, des aliments, de ces biens qui font le bonheur et la gloire des hommes ! Puissions-nous ressentir les effets de cette prudence divine qui multiplie le nombre de nos hommes, de nos vaches, de nos chevaux !

6. Ces boissons enivrantes, (ces holocaustes) qui augmentent ta force, ces libations offertes pour la mort de Vritra, ô maître de la vertu, ont toujours flatté ton âme ; et l’on t’a vu, facilement vainqueur, détourner des milliers de malheurs loin de l’homme qui t’offre le sacrifice et un siège de cousa.

7. Avec ta force victorieuse tu vas de combats en combats, tu détruis successivement les villes (des Asouras). La foudre est ta compagne, et de cette arme meurtrière tu vas, sous un autre ciel, frapper le magicien Namoutchi[40].

8. En faveur d’Atithigwa[41], tu as, avec une vigueur puissante, donné la mort à Carandja et à Parnaya[42]. Ton bras seul a suffi pour briser les cent villes de Vangrida[43], assiégées par Ridjiswân[44].

9. Vingt rois, suivis de soixante, de quatre-vingt-dix-neuf mille[45] soldats, étaient venus attaquer Sousravas[46], qui n’avait d’autre allié que toi : ô noble défenseur, la roue de ton char formidable les a tous écrasés.

10. Non moins heureux que Sousravas, que tu as sauvé par ton secours, ô Indra, Toûrvayâna[47] a obtenu ta protection. Tout jeune qu’il était, grâce à tes bontés, Coutsa[48], Atithigwa[49] et Ayou[50] l’ont reconnu pour leur suzerain[51].

11. Ô Indra, en terminant le sacrifice, nous osons nous vanter de la protection des dieux et de ton heureuse amitié. Puissions-nous plus tard te louer encore, tenant de ta faveur l’avantage d’une famille nombreuse et d’une longue vieillesse !


HYMNE VIII.

À Indra, par Savya.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Au milieu des guerres suscitées par nos fautes, ô Maghavan, ne nous abandonne pas, car ta puissance ne connaît point de rivale ! D’un bruit terrible tu fais résonner les rivières et les ondes. Comment les mondes ne trembleraient-ils pas de crainte ?

2. Adresse ta prière au puissant Sacra, à l’époux de Satchî. Loue et glorifie cet Indra qui t’écoute, et qui, par sa haute puissance, fait l’ornement du ciel et de la terre, (Indra) qui donne la pluie et comble nos désirs.

3. Adresse (à ce dieu, qui est) le ciel immense, une prière dont il soit flatté. Vainqueur, c’est en lui-même qu’il trouve sa force, ce maître glorieux qui est notre vie[52], notre défense, notre bienfaiteur, et que, sur un char, emportent rapidement ses deux coursiers.

4. Tu as ébranlé les larges plaines du ciel ; ta main victorieuse a frappé Sambara[53], et sur ces orgueilleux magiciens, insolemment conjurés contre nous, tu as lancé ta foudre, arme rayonnante et acérée.

5. Sur la tête de Souchna, qui souffle la sécheresse et s’unit (à ses frères pour notre ruine), tu abats avec bruit les eaux. Toi, dont le conseil ferme et protecteur exécute tant de choses, pourrais-tu trouver un vainqueur ?

6. C’est toi qui as sauvé Narya[54], Tourvasa[55] et Yadou[56], ô Satacratou ! toi qui (as défendu) le Vayya Tourvîti[57] ; toi qui as, au moment du combat, (protégé) Étasa[58] qu’emportait un char léger ; c’est toi qui as détruit quatre-vingt-dix-neuf[59] villes (des Asouras).

7. Il travaille au bonheur de sa nation, le prince ami de la vertu qui, en l’honneur d’Indra, présente l’holocauste et l’hymne sacré, ou qui accompagne la prière de riches offrandes. Le généreux Indra lui envoie la pluie du haut du ciel.

8. La force (de ce dieu) est incomparable, ainsi que sa prudence. Qu’ils voient leurs œuvres prospérer, ô Indra, ceux qui t’honorent par l’offrande du soma, et doublent par leur piété ta grandeur et ta force puissante.

9. C’est pour toi, Indra, que sont préparées ces libations copieuses qui ont jailli dans le mortier sous les coups du pilon, et qui reposent dans ces vases. Viens te désaltérer, satisfais ton désir, et comble ensuite nos vœux en nous accordant la richesse.

10. Autour des flancs de Vritra s’étendait une montagne noire qui arrêtait l’essor des eaux. Ces ondes prisonnières, dont la longue chaîne se prolongeait au loin, Indra les a, sur les pentes (du ciel), précipitées en torrents.

11. Ô Indra, accorde-nous le bonheur avec la gloire ; que notre force soit assez grande pour résister à nos ennemis. Conserve-nous riches et puissants. Que par toi nous ayons des richesses, de la famille, des aliments.


HYMNE IX.

À Indra, par Savya.

(Mètre : Djagatî.)

1. Indra est plus étendu que le ciel, plus grand que la terre. Terrible et fort, en faveur des hommes il s’enflamme, et, tel que le taureau qui aiguise ses cornes, il affile son trait foudroyant.

2. Océan aérien, il est comme la mer et reçoit dans son sein les vastes torrents du ciel. Indra, pour prendre part à nos libations, accourt avec l’impétuosité du taureau, toujours prêt à prouver sa force dans le combat pour mériter nos louanges.

3. Ô Indra, ce n’est pas pour toi que le nuage grossit comme une montagne. (Tu le frapperas en notre faveur.) Tu es le roi de ceux qui possèdent l’opulence. Dieu puissant, c’est par des coups d’éclat qu’il nous apparaît, redoutable et disposé à toute espèce d’attaque.

4. Il aime l’hymne que lui adressent les pieux (solitaires) de la forêt, et par ses exploits il se fait reconnaître des mortels. C’est quand le noble Maghavan reçoit l’hommage de nos hymnes que son cœur est flatté, et que, par ses largesses, il répond aux vœux de son serviteur.

5. Soutien des mortels, avec une sainte vigueur il livre pour eux de grands combats. Aussi les mortels ont foi dans le brillant Indra, qui frappe (leurs ennemis) d’un trait mortel.

6. Ami de la louange, de plus en plus ferme et vigoureux, il détruit les demeures fondées (par les Asouras) ; il empêche les splendeurs célestes d’être voilées, et, pour le bonheur de celui qui offre le sacrifice, il fait descendre la pluie.

7. Ô toi qui aimes le soma et qui écoutes nos hymnes avec plaisir, dispose ton âme à la libéralité. Dirige de ce côté tes deux coursiers. Ceux que tu protèges, ô Indra, sont parmi les écuyers les plus habiles à conduire un char. Ni la ruse, ni la violence ne sauraient triompher de toi.

8. Dans tes mains tu portes des richesses infinies ; ton corps divin est doué d’une force invincible. Telles que des puits abondants, toutes les parties de ton vaste corps, ô Indra, sont des sources de bienfaits et d’œuvres salutaires.


HYMNE X.

À Indra, par Savya.

(Mètre : Djagatî.)

1. Avec l’empressement qui pousse le coursier vers la cavale, qu’Indra vienne prendre les copieuses libations que le père de famille a versées dans les coupes. (Faisons que) le grand (dieu), avide de nos offrandes, arrête ici son char magnifique tout resplendissant d’or, et attelé de deux chevaux azurés.

2. Les chantres pieux et avides de ses faveurs entourent son autel, se rendant vers lui comme les marchands vers la mer. Toi aussi, empresse-toi de venir vers celui qui est le maître de la force et la vertu du sacrifice, de même que les femmes vont vers la montagne, (pour y recueillir des fleurs).

3. Il est rapide, il est grand. Dans les œuvres viriles, sa valeur brille d’un éclat irréprochable ; pernicieux (pour nos ennemis), et se distinguant comme la cime de la colline. Terrible, couvert d’une cuirasse de fer, enivré de nos libations, il va, au milieu de ses sujets, dans le lieu où sont enchaînés (les nuages), se jouer du magicien Souchna.

4. Quand la force divine, augmentée par tes offrandes, vient, pour ton bonheur, s’unir à Indra, comme le Soleil à l’Aurore, alors le dieu qui, par sa puissance indomptable, dissipe les ténèbres, soulève les clameurs de ses ennemis, et les précipite violemment dans la poussière.

5. Lorsque tu veux faire retirer les ondes, et, dans chaque partie du ciel, restituer à l’air toute sa pureté, alors, puissant Indra, dans ton ivresse, qui répand sur nous le bonheur, tu frappes Vritra avec courage, et tu nous ouvres l’océan des pluies.

6. C’est ta puissance, ô magnanime Indra, qui donne à la terre les ondes du ciel. Enivré de nos libations, tu fais jaillir l’eau (de la mer) ; et, d’une arme lancée d’un bras non moins fort que le sien, tu atteins Vritra.


HYMNE XI.

À Indra, par Savya.

(Mètre : Djagatî.)

1. J’apporte mon hommage au dieu magnifique, grand, riche, vrai et fort. Telle que le cours de ces torrents qui descendent de la montagne, sa puissance est irrésistible ; il ouvre à tous les êtres le trésor de sa force et de son opulence.

2. Ah ! sans doute le monde entier se dévoue à ton culte ; les libations coulent en ton honneur non moins abondantes que des rivières, quand on voit ta foudre d’or menaçante, meurtrière, s’attacher sans relâche (au corps de Vritra), semblable à une montagne.

3. Pour ce terrible, pour cet adorable Indra, viens, brillante Aurore, préparer les offrandes du sacrifice : ce dieu n’est fort, puissant et lumineux, il n’est Indra que pour nous soutenir, comme le cheval n’est fait que pour nous porter.

4. Indra, trésor d’abondance et de louanges, nous sommes à toi ; en toi nous mettons notre confiance. Les hymnes montent vers toi, et nul autre n’en est plus digne. À toi sont nos chants, de même que tous les êtres sont à la terre.

5. Indra, ta force est grande, et nous sommes tes serviteurs. Accomplis le vœu de celui qui te chante. Ta force est aussi étendue que le ciel, et cette terre se courbe de frayeur devant ta puissance.

6. Dieu armé de la foudre, tu déchires avec ton arme les flancs de (Vritra), de cette large montagne qui remplit les airs ; et les ondes qu’elle retenait, par toi, ont trouvé leur cours. Oui, tu possèdes la souveraine puissance.


HYMNE XII.

À Agni, par Nodhas, fils de Gotama.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. L’immortel, né de la force, s’élance rapidement, chargé par le père de famille d’être le sacrificateur et le messager (des dieux). Il a ouvert les voies merveilleuses de la lumière, et, dans le sacrifice offert aux divinités, il allume l’holocauste.

2. Le (dieu) toujours jeune, s’unissant à son propre aliment, se dispose à le consumer avec rapidité, et se dresse au-dessus du bûcher. Telle que le coursier, la flamme brillante s’échappe du foyer, et frémit ainsi que le tonnerre sous la voûte céleste.

3. Porteur des offrandes, placé en avant par les Roudras et les Vasous, sacrificateur et pontife, trésor d’oblations, immortel, il est célébré par les humains, enfants d’Ayou, comme le char qui transporte leurs holocaustes, et il reçoit dans son sein resplendissant leurs précieuses libations.

4. Animé par le souffle du vent, il s’élève sans effort au-dessus du bûcher, résonnant avec force sous les libations qui coulent des vases sacrés. Agni, avec l’impétuosité du taureau tu te précipites sur ton aliment ; toujours nouveau, tu déploies ta flamme rougeâtre, et traces ton noir sillon.

5. Avec tes dents de flamme, tu attaques le bûcher, excité par le vent. Là, tu règnes comme le taureau puissant au milieu du troupeau. Par ta force (naturelle), tu t’élèves dans l’air indestructible. Tous les êtres, animés ou inanimés, redoutent tes atteintes.

6. Pour perpétuer tes divines naissances, les Bhrigous[60] t’ont placé parmi les enfants de Manon tel qu’un trésor précieux, ô Agni, toi qui écoutes volontiers la voix des mortels ; toi leur prêtre, leur hôte honorable, leur ami bienfaisant.

7. Ce premier des sacrificateurs, que, dans les saintes cérémonies, les sept[61] coupes du prêtre viennent honorer ; cet Agni, distributeur de tous les biens, je l’honore par mes offrandes ; je m’adresse à celui qui est le plus précieux (des êtres).

8. Fils de la Force, protecteur de tes amis, accorde-nous aujourd’hui, à nous les panégyristes, un bonheur sans réserve ; ô Agni, enfant des mets (sacrés)[62], sois pour nous comme une armure de fer, et délivre celui qui te chante de la souillure du mal.

9. Sois pour l’homme qui te loue, ô (dieu) resplendissant, un véritable rempart ; ô (dieu) riche, donne-nous la richesse et la sécurité ; ô Agni, délivre du mal ton serviteur. Que, dès le matin, notre protecteur vienne recueillir le trésor de notre prière.


HYMNE XIII.

À Agni, par Nodhas.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les différents feux, ô Agni, sont comme autant de rameaux qui viennent de toi ; tu es la joie de tous les immortels. Vêswânara[63], tu es un centre pour les hommes, que tu soutiens, tel qu’une colonne érigée près d’eux.

2. Agni est la tête du ciel et l’ombilic de la terre. L’univers le reconnaît pour maître. Vêswânara, les Dévas t’ont donné la naissance pour que tu sois, en faveur du pieux Arya[64] une divinité lumineuse.

3. Comme les rayons sont dans le soleil, de même dans Vêswânara sont les trésors qui se retrouvent sur les montagnes, dans les plantes, dans les eaux, chez les hommes. Agni, tu es le roi de tous ces trésors.

4. De même qu’autour d’un fils, le ciel et la terre s’étendent autour de lui. (Nous chantons) ses louanges ; c’est un sacrificateur magnifique, c’est pour nous comme un enfant de Manou. (Nous versons) de larges libations en l’honneur de Vêswânara, vrai, fort, vigoureux et fortuné.

5. Opulent Vêswânara, tu es plus grand que le vaste ciel ; tu es le roi des êtres humains ; tu as même combattu en faveur des dieux, et défendu leurs biens.

6. Oui, je dois chanter la grandeur de ce (dieu) bienfaisant que les enfants de Pourou honorent comme vainqueur de Vritra, Agni, l’ami des hommes, frappe le Dasyou, ébranle les airs, et brise les membres de Sambara[65].

7. Vêswânara, par sa puissance, règne sur tous les hommes. Brillant, honoré parmi les Bharadwâdjas[66] ; Agni reçoit de l’illustre chef, fils de Satavân[67], de nombreuses offrandes, des chants, des prières.


HYMNE XIV.

À Agni, par Nodhas.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Ce dieu) qui se charge de nos offrandes, qui est la glorieuse bannière du sacrifice ; ce protecteur fidèle, ce rapide messager, cet ami bienveillant, cet enfant de deux mères[68], a été, comme un trésor précieux, apporté à Bhrigou[69] par (le dieu du vent) Mâtariswan ?

2. Ce maître souverain est honoré par deux espèces de serviteurs, les uns qui ont des holocaustes, les autres qui n’ont que des vœux. Précédant la lumière du ciel, (Agni) prend place, sacrificateur vénérable et roi des hommes, sagement libéral au milieu d’eux.

3. Puisse cet hymne nouveau parvenir jusqu’à ce dieu qui naît sous notre souffle, et dont la langue est adoucie par nos libations ! lui qu’au moment du sacrifice les prêtres, enfants de Manou, viennent engendrer, et honorent de leurs présents.

4. (Dieu) avide de nos libations, refuge des humains, purificateur, pontife excellent, Agni a été placé parmi les hommes ; il dompte nos ennemis, il protège nos demeures. Dans l’asile domestique (que nous lui avons donné), qu’il soit (pour nous) le maître de la richesse !

5. Enfants de Gotama[70], nous te célébrons par nos hymnes, ô Agni, maître de la richesse. Nous te chargeons de nos offrandes, comme un coursier qui doit les transporter (fidèlement). Que, dès le matin, notre protecteur vienne recueillir le trésor de notre prière.


HYMNE XV.

À Indra, par Nodhas.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. À ce (dieu) grand, puissant et rapide ; à cet Indra, digne de nos louanges ; à ce maître insurmontable, j’offre l’hommage de mon hymne et l’abondant tribut de mes prières. Que ce soit pour lui comme un mets (agréable) !

2. Oui, telle qu’un mets agréable, je lui présente cette pure invocation, dont la vertu est de donner la victoire ; (les poètes dévoués) à Indra de cœur, d’âme et d’esprit, en l’honneur de ce maître antique, embellissent la prière.

3. Ma bouche chante un hymne qui représente le tableau de ses bienfaits ; je voudrais, par la brillante expression de mes pensées, obtenir la faveur de ce maître magnifique, et ajouter quelque chose à sa grandeur.

4. Pour lui je prépare un hymne, comme l’ouvrier (fabrique) un char pour (le maître) qui l’a commandé. (Je lui offre) des paroles, à lui dont les paroles exaltent la gloire ; (j’offre) au sage Indra des chants poétiques qui soient puissants sur son âme.

5. Ce que l’appât de la nourriture est pour le coursier, la coupe du sacrifice l’est pour mon hymne ; (il se sent plus d’ardeur) à chanter Indra. Je veux célébrer ce (dieu) héroïque, magnifique dans ses dons, objet de nos pieuses louanges, et destructeur des villes (des Asouras).

6. Twachtri[71] a pour ce dieu guerrier fabriqué un trait fameux par ses œuvres ; et, de cette arme redoutable, ce maître actif et puissant a percé les membres de Vritra.

7. Dès l’instant que, dans les sacrifices qui lui sont offerts par le noble seigneur ici présent, (Indra) a touché les libations et les mets sacrés, aussitôt le (dieu) puissant s’empare du (nuage), noir sanglier que les vapeurs ont gonflé ; il le pénètre, et le transperce de sa foudre.

8. Joyeuses de la mort d’Ahi, les épouses des dieux[72] ont chanté Indra, qui embrasse le ciel et la terre, tandis que le ciel et la terre ne peuvent égaler sa grandeur.

9. Car il est plus étendu que le ciel, la terre et l’air[73] ; roi par lui-même, héros digne de toutes les louanges, puissant rival de rivaux puissants, au sein de son empire, Indra se présente au combat.

10. Vritra dessèche (la terre) ; de sa foudre puissante Indra le frappe ; et, répondant aux vœux (du père de famille) qui offre le sacrifice, (il ouvre la nue) : telles que des vaches prisonnières, les (ondes) salutaires obtiennent leur délivrance.

11. Quand, sous les coups du tonnerre, il ébranle tout autour de lui, les ondes, à ses lueurs éblouissantes, se sont agitées de plaisir. Maître généreux, en faveur de Tourvîti[74], son serviteur, il a fait subitement surgir un gué au milieu des eaux.

12. Maître incomparable, hâte-toi de lancer ta foudre sur Vritra. Tels que les flancs d’une vache immolée, partage entre nous avec ton arme les membres du nuage, et fais couler des torrents de pluie.

13. (Poëte), chante les anciens exploits de (ce dieu) rapide. Il est digne de tes louanges lorsque, dans le combat, il lance de loin ses traits, et se précipite pour frapper de près ses ennemis.

14. Indra paraît, et, de crainte, les montagnes les plus solides, et le ciel, et la terre, ont tremblé. Occupé à répéter l’éloge de ce dieu bon et secourable, que Nodhas sente à tout moment renouveler ses forces.

15. C’est pour lui qu’a été composé cet hymne (au nom des fidèles) ici présents. Puisse cet hymne plaire à celui qui est le seul puissant, le seul riche ; à Indra, qui protégea dans le combat contre Soûrya, fils de Swâswa, le pieux Étasa[75].

16. Ô toi que transportent deux brillants coursiers, Indra, exauce le vœu poétique que t’adressent les fils de Gotama. Tourne vers eux ta pensée, et accorde-leur tous les biens. Que, dès le matin, notre protecteur vienne recueillir le trésor de notre prière.

  1. Soudas est un fils de Tchyavâna. L’auteur l’appelle Soudas et non Soudâsa, comme portent les Pourânas. Ce mot signifie libéral ; le commentateur en fait un nom commun.
  2. Je suppose que l’auteur désigne ici les biens qui peuvent provenir de l’air par les pluies, et du ciel par la chaleur du soleil.
  3. Ce passage renferme le mot vridjanam, dont le sens est embarrassant parce qu’il est varié. Il me semble qu’en recourant à la racine vridj (couvrir), on arrive à se rendre compte des diverses significations de vridjanam : c’est la chose qui couvre, qui protège, qui défend ; c’est le ciel, le sacrifice, le combat. Dans un sens passif, c’est la chose dont il faut se garantir, comme le mal, la nuit.
  4. Ces vaches, nous le savons, sont les nuages qui rougissent au lever de l’aurore.
  5. Littéralement, le bipède.
  6. Ces chevaux, ce sont les rayons du soleil qui annoncent le jour. Voilà pourquoi le poëte leur donne le nom de Kétou.
  7. Le commentateur dit que le soleil, en un demi-clin d’œil, fait 2,202 yodjanas.
  8. Le mot visah semblerait indiquer qu’on désigne ici les Marouts, plebs divina.
  9. Turdus salica.
  10. Nauclea cadamba.
  11. Ce Savya, fils d’Angiras, est, dit-on, Indra lui-même. Angiras forma dans le sacrifice, le vœu d’avoir un fils semblable à Indra. Il lui naquit Savya. Voy. pag. 59, col. 2, note 3.
  12. La légende raconte qu’Indra, invoqué par Médhâtîthi, fils de Canwa, vint, sous la forme d’un bélier, boire le soma.
  13. Voy. lecture ii, note 1, col. 1, page 51.
  14. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  15. Nom d’un ancien Richi. Renfermé par les Asouras dans une maison de travail et de peine (pîdayantragriha) qui avait cent portes, il souffrait de la chaleur : il fut miraculeusement rafraîchi par une pluie que lui envoya Indra ou les Aswins.
  16. Vimada, Râdjarchi, avait été choisi pour époux par la fille de Pouroumitra : ses rivaux voulurent lui enlever son épouse. Il fut protégé par Indra ou par les Aswins.
  17. Voy. page 61, col. 1, note 1. Dânou est la mère de Vritra, et son nom indique les biens dont le nuage est rempli. Le mot dânoumat pourrait se traduire par riche et opulent.
  18. Nous avons vu ailleurs qu’un de ces Asouras porte le nom de Souchna, ou le Desséchant. L’absence des nuages, retenus par lui, entraîne la sécheresse, et la perte des biens de la terre.
  19. Nom d’un Asoura.
  20. Qualification des Asouras.
  21. Nom d’un prince.
  22. Voy. page 61, col. 2, note 3.
  23. Voy. page 47, col. 1, note 1.
  24. Nom d’un Asoura.
  25. Nom d’un saint Richi.
  26. Nom d’un Asoura.
  27. Voy. page 61, col. 2, note 2.
  28. Nom d’un Richi, qui se trouva enterré sous une de ces fourmilières si hautes qu’elles ressemblent à des huiles.
  29. Ousanas, autrement appelé Soucra, est considéré comme le précepteur des Asouras. C’est le nom qu’on donne à la planète de Vénus. L’astre qui persiste le dernier dans le ciel semble vouloir résister à la puissance d’Indra.
  30. Sâryâta est un Râdjarchi, fils de Saryâti et petit-fils de Manou ; il donna sa fille à Tchyavâna.
  31. Voy. page 50, col. 1, note 2.
  32. On peut supposer que Vrichanaswa est le même que Vrihadaswa, prince de la dynastie solaire. Cependant cette légende me paraît allégorique : Vrichâswa est une épithète du soleil.
  33. Les Padjras sont une famille descendue d’Angiras ; ils firent des sacrifices pour obtenir des troupeaux.
  34. Le mot vrichabha signifie aussi taureau.
  35. Ce Savya, fils d’Angiras, est, dit-on, Indra lui-même. Angiras forma, dans un sacrifice, le vœu d’avoir un fils semblable à Indra. Il lui naquit Savya. Voy. pag. 59, col. 2, note 3.
  36. Nom d’un Asoura.
  37. Une légende raconte que, dans un sacrifice qui va être célébré en l’honneur des dieux, naît d’abord (c’est-à-dire est apporté) Agni, le feu du sacrifice, et, en second lieu, le mortier dans lequel on écrase les graines ; en troisième lieu, naît une autre personne : c’est Soma ou la libation, qui prend le nom de Trita. Trita est dans la coupe du sacrifice : les Asouras arrivent, et placent des gardes pour empêcher la consommation du sacrifice. Trita donne la mort à ces gardes.
  38. Voy. page 48, col. 1, note 5
  39. Yava ; ce mot est ici pour toute espèce de grains.
  40. Nom d’un Asoura.
  41. Nom d’un saint richi.
  42. Deux noms d’Asouras.
  43. Autre Asoura.
  44. Voy. plus haut, page 33, col. 1 ,note 8.
  45. J’ai mieux aimé ces nombres indéfinis que celui de 60,099. Voy. plus bas, page 78, col. 2, note 5.
  46. Nom d’un prince.
  47. Autre nom d’un prince.
  48. Voy. page 62, col. 2, note 2.
  49. Voy. Nom d’un saint richi.
  50. Ayou est un nom connu ; il y eut plusieurs princes de ce nom. Le plus célèbre fut le fils de Pouroûravas.
  51. Le texte dit Mahâradjâ.
  52. Indra porte ici le nom d’Asouva.
  53. Asoura, déjà nommé.
  54. Nom d’un prince.
  55. Voy. lecture iii, note 2, col. 1, page 65.
  56. Voy. lecture iii, note 2, col. 1, page 65.
  57. Voy. lecture iii, note 2, col. 1, page 63. Le commentaire dit que Tourvîti était de la famille des Vayyas.
  58. Deux sens sont présentés pour ce passage par le commentateur. Étasa est le nom d’un Richi, qui, porté sur son char, échappe au danger ; ou bien, Indra aurait, dans un combat, sauvé les chars et les chevaux des princes plus haut nommés ; car le mot étasa signifie cheval. J’ai choisi le premier sens : on retrouve ailleurs ce personnage d’Étasa. Il eut une querelle et par suite un combat avec Soûrya, fils de Swaswa, lequel, désirant un fils, fit un sacrifice au Soleil, et obtint que ce dieu s’incarnerait dans son enfant. Étasa fut, dans cette circonstance, protégé par Indra.
  59. C’est le même nombre de milliers que celui qui a été mentionné plus haut, au vers 9 de l’hymne 7. C’est aussi le nombre des torrents formés par la pluie, lecture II, hymne 13, vers 1.
  60. Famille issue du sage Bhrigou, et qui a beaucoup d’importance dans l’antique histoire de l’Inde.
  61. Allusion aux sept offrandes ou libations qui ont lieu à raison des sept rayons que l’on reconnaît au feu, et que l’on appelle ses sept langues ; comme il y a aussi sept espèces de chants qu’on lui adresse.
  62. On conçoit que les offrandes et les mets du sacrifice entretiennent et nourrissent le feu.
  63. Nom d’Agni, qui signifie ami de tous les hommes.
  64. Voy. page 61, col. 2, note 2.
  65. Nous avons déjà vu ce mot, qui est un des noms allégoriques du nuage.
  66. Famille issue du sage Bharadwâdja : un des membres de cette famille monta sur le trône de la dynastie solaire.
  67. Ce fils de Satavân est sans doute celui qui offre le sacrifice.
  68. Voy. page 59, col. 1, note 2.
  69. Bhrigou est ici le nom d’un sacrificateur antique, qui allume le feu sacré, et l’excite avec le souffle du vent.
  70. Autre sage, dont les enfants ont formé une famille sacerdotale.
  71. Voy. page 48, col. 1, note 5.
  72. Voy. page 48. col. 2, note 4.
  73. Ce sont là les trois mondes, dit le commentateur.
  74. Voy. page 65, col. 1, note 2.
  75. Voy. page 76, col. 1, note 7.