« Page:Stendhal - Mémoires d’un Touriste, II, Lévy, 1854.djvu/21 » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
Aucun résumé des modifications |
||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 5 : | Ligne 5 : | ||
qui régnent sur cette plage. |
qui régnent sur cette plage. |
||
2° Ce sont de |
2° Ce sont de vastes cimetières : les plus gros blocs marqaent |
||
le tombeau des chefs; les simples soldats n’ont eu qu’une |
le tombeau des chefs; les simples soldats n’ont eu qu’une |
||
pierre de trois pieds de haut. Apparemment que les |
pierre de trois pieds de haut. Apparemment que les tumulus |
||
coniques répandus çà et là autour des avenues indiquent les |
coniques répandus çà et là autour des avenues indiquent les |
||
rois. Ne |
rois. Ne voit-on pas dans Ossian que l’on n’enterre jamais un |
||
guerrier sans élever sur sa tombe une pierre grise? |
guerrier sans élever sur sa tombe une ''pierre grise''? |
||
Comme il y avait bien vingt mille pierres dans ces lignes |
Comme il y avait bien vingt mille pierres dans ces lignes |
||
orientées, |
orientées, il a fallu vingt mille morts. Nos aîeux plantaient une |
||
pierre pour indiquer tous les lieux remarquables, et non pas |
pierre pour indiquer tous les lieux remarquables, et non pas |
||
seulement les tombeaux; cet usage était fort raisonnable. |
seulement les tombeaux; cet usage était fort raisonnable. |
||
3° La mode, qui octroie une réputation de savant à |
3° La mode, qui octroie une réputation de savant à l’incenteur |
||
de |
de l’absurdité régnante, veut aujourd’hui, en Angleterre , |
||
que ces avenues soient les restes d’un temple immense, monu- |
que ces avenues soient les restes d’un temple immense, monu- |
||
ment d’une religion qui a régné sur toute la terre, et dont le |
ment d’une religion qui a régné sur toute la terre, et dont le |
||
Ligne 25 : | Ligne 25 : | ||
Toutes les religions, excepté la véritable, celle du lecteur, |
Toutes les religions, excepté la véritable, celle du lecteur, |
||
étant fondées sur la peur du grand nombre et l’adresse de |
étant fondées sur la peur du grand nombre et l’adresse de |
||
quelques-uns, il est tout simple que des prêtres rusés aient choisi |
|||
le serpent comme emblème de terreur. Le serpent se trouve en |
le serpent comme emblème de terreur. Le serpent se trouve en |
||
effet dans les premiers mots de l’histoire de toutes les religions. |
effet dans les premiers mots de l’histoire de toutes les religions. |
Version du 24 novembre 2013 à 11:01
éuieot destinées à maimcnir ses tentes contre les vent forieux
qui régnent sur cette plage.
2° Ce sont de vastes cimetières : les plus gros blocs marqaent le tombeau des chefs; les simples soldats n’ont eu qu’une pierre de trois pieds de haut. Apparemment que les tumulus coniques répandus çà et là autour des avenues indiquent les rois. Ne voit-on pas dans Ossian que l’on n’enterre jamais un guerrier sans élever sur sa tombe une pierre grise?
Comme il y avait bien vingt mille pierres dans ces lignes orientées, il a fallu vingt mille morts. Nos aîeux plantaient une pierre pour indiquer tous les lieux remarquables, et non pas seulement les tombeaux; cet usage était fort raisonnable.
3° La mode, qui octroie une réputation de savant à l’incenteur de l’absurdité régnante, veut aujourd’hui, en Angleterre , que ces avenues soient les restes d’un temple immense, monu- ment d’une religion qui a régné sur toute la terre, et dont le culte s’adressait au serpent. Le malheur de cette supposition , c’est que personne jusqu’ici u’a oui parler de ce culte universel.
Toutes les religions, excepté la véritable, celle du lecteur, étant fondées sur la peur du grand nombre et l’adresse de quelques-uns, il est tout simple que des prêtres rusés aient choisi le serpent comme emblème de terreur. Le serpent se trouve en effet dans les premiers mots de l’histoire de toutes les religions.
Il a l’avantage d’éionner l’imagination, bien plus que l’aigle de Jupiter, l’agneau du christianisme ou le lion de saint Marc. Il a pour lui l’étrangeté de sa forme, sa beauté^ le poison qu’il porte, son pouvoir de fascination, son apparition toujours im- prévue et quelquefois terrible; par ces raisons le serpent est entré dans toutes les religions, mais il n’a eu l’honneur d’être le Dieu principal d’aucune.
Supposons pour un instant que la religion ophique ait existé, comment prouver que les longues rangées de blocs granitiques d’Erdéven et de Carnac nous offrent un dracantium, ou templ de cette religion ? La réponse est victorieuse et toute simple