« Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 138.djvu/201 » : différence entre les versions

La bibliothèque libre.
AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
Zoé (discussion | contributions)
 
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée

Dernière version du 25 octobre 2020 à 12:46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étranger, contre lequel même il est disposé à réagir. Weber nous a laissé, il est vrai, la confidence des pensées qui le dominaient quand il écrivit son Concert-Stück ; mais jamais il n’a voulu qu’un livret explicatif en accompagnât l’exécution, et en le publiant, il n’y a joint aucun commentaire, estimant qu’il devait se soutenir et se suffire par sa valeur propre.

En dépit de ces prétentions erronées, Berlioz ne laissait pas de manifester son originalité par la nouveauté de ses combinaisons dans le maniement de l’orchestre, par sa façon imprévue d’en associer les sonorités, donnant ainsi un coloris personnel et varié à l’expression de ses pensées. Mais trop souvent chez lui ces trouvailles heureuses sont compromises par une recherche inquiète de l’effet. Il manque presque toujours de simplicité, et sa crainte de paraître banal le pousse maintes fois à détruire de ses mains l’impression qu’il peut produire. Vous cédiez au charme d’une phrase musicale franchement inspirée quand tout à coup une discordance aussi choquante pour le goût que pour l’oreille vous oblige à vous reprendre au moment même où vous commenciez à être ému. De pareilles surprises ne sont point compatibles avec la tenue, avec l’unité qu’exige la symphonie, et en prétendant agrandir son domaine, Berlioz, quand il voulait s’affranchir des conditions qui avaient fait sa force et en dehors desquelles elle ne saurait vivre, travaillait en réalité à sa destruction.

Ainsi que l’avait fait Schumann, Berlioz devait consacrer une part de son activité artistique à la critique musicale. Si, comme son confrère, lorsqu’il parle des grandes œuvres qu’il aime, il sait en comprendre et en faire saisir les beautés, trop souvent, en revanche, quand il s’occupe des contemporains, c’est l’intérêt personnel qui dicte et fausse ses jugemens. Ombrageux et d’humeur difficile, il est volontiers agressif, mordant vis-à-vis des autres, et il se plaint amèrement qu’on soit injuste pour lui-même. A découvert ou par des voies détournées, il tient à faire valoir son propre mérite, et ses théories générales ou ses déclarations de principes déguisent mal des antipathies ou des préférences très partiales.

Ainsi que Berlioz, avec qui il offre d’ailleurs plus d’une affinité et qui, à bien des égards, peut être considéré comme son précurseur, Richard Wagner allait, d’une manière encore plus efficace, contribuer à l’amoindrissement de la symphonie. Ce n’est pas ici le lieu d’apprécier, après tant d’autres, la prétendue réforme à laquelle est attaché son nom. Mais avant de s’y appliquer, Wagner s’était lui-même essayé à la symphonie. Grand admirateur de Beethoven, il avait vécu avec ses œuvres dans le commerce le plus étroit et copié de sa main ses ouvertures et