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voir aisément qu’ils avoient besoin qu’on le leur interprétât, puisqu’ils l'ont fort mal entendu.
voir aisément qu’ils avoient besoin qu’on le leur interprétât, puisqu’ils l'ont fort mal entendu.


Voici les paroles de ce Père dans sa lettre Liv à Macédonius :
Voici les paroles de ce Père dans sa lettre LIV à Macédonius :
« Non sane quidquid ab invito sumitur, injuriose aufertur. Nam plerique nec medioo volunt reddere lionorem suum, nec operario mercedem ; nec tamen hœc qui ab invito accipiunt, per injuriam acoipiunt, quan potius per injuriam non darentur. »
« Non sane quidquid ab invito sumitur, injuriose aufertur. Nam plerique nec medioo volunt reddere lionorem suum, nec operario mercedem ; nec tamen hœc qui ab invito accipiunt, per injuriam acoipiunt, quan potius per injuriam non darentur. »



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TROISIÈME ET QUATRIÈME FACTUM


porté a les accepter, a-t-il reçu de Dieu, par une révélation particulière, le droit de se faire justice à soi-même, et de voler son maitre, sous prétexte que ses gages ne sont pas égaux à ses peines ? La Sorbonne n’a-t-elle pas eu raison de dire que cette doctrine est fausse et pernicieuse, et ouvre la porte aux vols domestiques ?


VIII. Saint Augustin faussement allégué sur le même sujet des valets.


L'apologiste joint saint Augustin à saint Ambroise, pour autoriser la même doctrine du P. Bauny ; et les jésuites disent, dans leurs nouveaux imprimés, que le passage de saint Augustin cité dans l’Apologie est si clair pour cela, qu’il n’a pas besoin d'interprétation. Mais nous ferons voir aisément qu’ils avoient besoin qu’on le leur interprétât, puisqu’ils l'ont fort mal entendu.

Voici les paroles de ce Père dans sa lettre LIV à Macédonius : « Non sane quidquid ab invito sumitur, injuriose aufertur. Nam plerique nec medioo volunt reddere lionorem suum, nec operario mercedem ; nec tamen hœc qui ab invito accipiunt, per injuriam acoipiunt, quan potius per injuriam non darentur. »

L’apologiste prétend que saint Augustin dit qu’un médecin qui prendroit en cachette à son malade ce que son malade n’auroit pas voulu lui payer, et qu’un artisan qui feroitla même chose à celui qui l’auroit mis eu besogne, ne pécheroit point. Mais il se trompe. Saint Augustin ne parle point de prendre, mais seulement de recevoir ; et son sens est que, quoiqu’il se rencontre des personnes qui payent malgré eux ce qu’ils doivent, et qui voudroient ne pas le payer, ne le faisant que parce qu’ils y sont contraints par justice, ou parce qu’ils ont peur d’y être contraints ; ceux néanmoins qui reçoivent ce qui leur est dû ne leur font point tort en le recevant, parce que ce seroient les autres, au contraire, qui conimettroient une injustice en ne le donnant pas : a Nec « tamen haec qui ab invito accipiunt (il ne dit pas surripiunt) , per injuriam accipiunt, quœ potins per injuriam non darentur. n Il suppose donc que dimtwr, quoique malgré ceux qui le donnent, parce qu’ils voudroient bien ne pas le donner. Et en effet il est visible que saint Augustin parle d’un cas ordinaire, et qui se rencontre souvent parmi les hommes. Or, ou est-ce que les médecins ont accoutumé de dérober a leurs malades le prix de leurs peines , qu’on n’auroit pas vonlu leur payer ? Ce qui a pu tromper les jésuites est le mot de sumitur, dans le commencement de ce passage : ·xNon sane quidquid ab invito sumitur ; vv à s’étant imaginé sans doute que ce mot ne pouvoit pas convenir à. celui qui prend ce qu’on lui donne, mais seulement à celui qui le prend de soi-même. Mais sans parler des auteurs profanes qui ont pris ce mot au sens que nous soutenons qu’il doit être pris dans ce passage de saint Au gustin, comme lorsque Cicéron dit : en Tu qui a Nœvio vel sumpsisti —· « multa si fateris, vel si negas surripuisti, ¤ opposant ainsi sumere à surripere ; on ne peut pas soutenir avec la moindre apparence de raison, qu’il ne peut pas avoir ce sens dans le passage dont 11 s’agit ; puisqu’il s’en sert deux autres fois au même lieu le prenant toujoursnour reca-