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Un jour que le carrosse de Mme de Montespan passa sur le corps d'un pauvre homme sur le pont de Saint-Germain, Mme de Montausier, Mme de Richelieu, |
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M"" de Montespan ne s'en émut pas, et elle reprocha même à ces dames |
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Si on considère le mérite et la vertu de M. de Montausier |
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M. de Lauzun, peu content d'épouser Mademoiselle, voulut que le mariage se fit de couronne à couronne; et, par de longs et vains préparatifs, il |
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donna le loisir à Monsieur le Prince d'agir et de faire révoquer la permission que le roi lui avait accordée. Pénétré de douleur, il ne garda plus de mesures, et se fit arrêter et conduire dans une longue et dure prison |
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Sans cette folle vanité, le mariage se serait fait ; le roi, avec le temps, aurait calmé Monsieur le Prince, et M. de Lauzun se serait vu publiquement le mari de la petite-fille de Henri IV, refusée à tant de princes et de rois pour ne les pas rendre trop puissants. Il se serait vu cousin germain de son maître. Quelle fortune détruite en un moment par une gloire mal placée ! |
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Sans cette folle vanité, le mariage se serait fait ; le roi, avec le temps, |
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aurait calmé Monsieur le Prince, et M. de Lauzun se serait vu publiquement |
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le mari de la petite-fille de Henri IV, refusée à tant de princes et de rois |
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pour ne les pas rendre trop puissants. Il se serait vu cousin germain de |
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son maître. Quelle fortune détruite en un moment par une gloire mal |
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Peut-être aussi n'avait-il plu à Mademoiselle que par ce même caractère audacieux, et pour avoir été le seul homme qui eût osé lui parler |
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* Ce n'est pas à la page 50, mais à la page 54, que M"* de Caylus raconte |
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Version du 24 septembre 2021 à 09:45
Un jour que le carrosse de Mme de Montespan passa sur le corps d'un pauvre homme sur le pont de Saint-Germain, Mme de Montausier, Mme de Richelieu, Mme de Maintenon, et quelques autres qui étaient avec elles, en furent effrayées et saisies comme on l'est d'ordinaire en de pareilles occasions ; la seule Mme de Montespan ne s'en émut pas, et elle reprocha même à ces dames leur faiblesse. « Si c'était, leur disait-elle, un effet de la bonté de votre cœur et une véritable compassion, vous auriez le même sentiment en apprenant que cette aventure est arrivée loin comme près de vous. »
Elle joignit, à cette dureté de cœur [1] une raillerie continuelle, et elle portait des coups dangereux à ceux qui passaient sous ses fenêtres pendant qu'elle était avec le roi.
Si on considère le mérite et la vertu de M. de Montausier [2], l'esprit et le savoir de M. de Meaux, quelle haute idée n'aura-t-on pas et du roi qui fait élever si dignement son fils, et du dauphin qu'on croira savant et habile parce qu'il le devait être ?
M. de Lauzun, peu content d'épouser Mademoiselle, voulut que le mariage se fit de couronne à couronne; et, par de longs et vains préparatifs, il donna le loisir à Monsieur le Prince d'agir et de faire révoquer la permission que le roi lui avait accordée. Pénétré de douleur, il ne garda plus de mesures, et se fit arrêter et conduire dans une longue et dure prison [3] par la manière dont il parla à son maître.
Sans cette folle vanité, le mariage se serait fait ; le roi, avec le temps, aurait calmé Monsieur le Prince, et M. de Lauzun se serait vu publiquement le mari de la petite-fille de Henri IV, refusée à tant de princes et de rois pour ne les pas rendre trop puissants. Il se serait vu cousin germain de son maître. Quelle fortune détruite en un moment par une gloire mal placée !
Peut-être aussi n'avait-il plu à Mademoiselle que par ce même caractère audacieux, et pour avoir été le seul homme qui eût osé lui parler d'amour [4].
- ↑ Comment accorder cette dureté avec les larmes compatissantes et généreuses dont elle parle page 50 (a)?
- ↑ Remarquez ce contraste.
- ↑ Beaucoup trop dure sans doute.
- ↑
Par les Mémoires de Mademoiselle, il est manifeste que ce fut elle qui en parla la première.
(a) Ce n'est pas à la page 50, mais à la page 54, que Mme de Caylus raconte que, dans un entretien avec Louis XIV, Mme de Maintenon se plaignant de la dureté de Mme de Montespan, le monarque, prenant la défense de sa maîtresse, dit : « Ne vous êtes-vous souvent aperçue que ses beaux yeux se remplissent de larmes lorsqu'on lui raconte quelque action généreuse et touchante ? »