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tombées à terre et enfouies sous la végétation, que la nature du
628 REDE DES DEUX MONDES.
bois <ref>Ces poutres sont en wacapou, arbre surnommé ''incorruptible'' à Cayenne, et le meilleur de la colonie pour tous les genres de constructions. </ref> conservées presque sans altération jusqu’à ce jour. Les Indiens qu’ils y avaient rassemblés étaient nombreux, et se livraient, sous leur direction, à la culture en grand du cacaoyer.
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Lorsqu’on pénètre à quelque distance dans le bois, on en trouve
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d’en faire encore autant aujourd’hui, si cette denrée en valait la peine <ref>Le cacao vaut en ce moment vingt centimes la livre à Cayenne ; aussi ne se donne-t-on pas la peine de le récolter, et chaque jour les cacaoyers disparaissent pour faire place à d’autres produits de plus grande valeur. </ref>.
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Rien n’indique maintenant que la Mission ait été là : soixante-dix ans écoulés depuis sa dispersion ont permis à la végétation d’y
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des environs. De son sommet, qu'on peut atteindre en grimpant
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consiste, au reste, que dans un océan de forêts sans bornes.
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appartient à un Indien nommé Kassar. Dans cet intervalle, la ri-
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appartient à un Indien nommé Kassar. Dans cet intervalle, la rivière offre le même aspect que les jours précédens. Son lit est
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et le meilleur de la colonie pour tous les genres de constructions.
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se donne-t-on pas la peine de le récolter, et chaque jour les cacaoyers dispa-
raissent pour faire place à d'autres produits de plus grande valeur.

Version du 10 février 2016 à 14:29

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tombées à terre et enfouies sous la végétation, que la nature du bois [1] conservées presque sans altération jusqu’à ce jour. Les Indiens qu’ils y avaient rassemblés étaient nombreux, et se livraient, sous leur direction, à la culture en grand du cacaoyer. Lorsqu’on pénètre à quelque distance dans le bois, on en trouve des plantations immenses qui disputent encore le terrain aux arbres et aux lianes qui les enveloppent de toutes parts. On dit que, sous l’administration des Portugais, deux d’entre eux se transportèrent sur les lieux, et, dans l’espace de deux à trois mois, y récoltèrent pour 20,000 francs de cacao. Il serait facile d’en faire encore autant aujourd’hui, si cette denrée en valait la peine [2].

Rien n’indique maintenant que la Mission ait été là : soixante-dix ans écoulés depuis sa dispersion ont permis à la végétation d’y atteindre son développement accoutumé, et les arbres y égalent en grandeur ceux du voisinage . Une foule de plantes grimpantes et d’arbustes qui croissent de préférence dans les terrains abandonnés, rendent l’emplacement qu’elle occupait encore plus impraticable que les forêts vierges elles-mêmes. Un sentier tracé par les Indiens permet cependant d’y pénétrer, et à une lieue dans l’intérieur on rencontre une roche granitique isolée, d’environ deux cents pieds de hauteur, qui ne tient à aucune chaîne de montagnes des environs. De son sommet, qu’on peut atteindre en grimpant à l’aide des broussailles, on découvre une vue immense, qui ne consiste, au reste, que dans un océan de forêts sans bornes.

La Mission est éloignée de six lieues de la crique Aramontabo ; il faut encore en faire douze avant d’arriver à une habitation qui appartient à un Indien nommé Kassar. Dans cet intervalle, la rivière offre le même aspect que les jours précédens. Son lit est entrecoupé d’îles et de roches qui ne forment aucun saut digne d’être remarqué. On laisse sur la rive droite la crique Annotaye,

  1. Ces poutres sont en wacapou, arbre surnommé incorruptible à Cayenne, et le meilleur de la colonie pour tous les genres de constructions.
  2. Le cacao vaut en ce moment vingt centimes la livre à Cayenne ; aussi ne se donne-t-on pas la peine de le récolter, et chaque jour les cacaoyers disparaissent pour faire place à d’autres produits de plus grande valeur.