Une femme m’apparut/1905/28

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Alphonse Lemerre, éditeur (p. 141-142).


XXVIII


Je traversai le jardin d’Ione, où pâlissaient des iris blancs, tristes et purs à l’égal des lys. Je me souviendrai, pendant toute mon existence humaine, de ces iris blancs. Une senteur mélancolique de violettes s’attardait dans les allées, comme un adieu…

Quelque chose articulait nettement : « Tu vas perdre Ione… Ione va mourir… »

Et j’écoutais sans comprendre encore.

Je cueillis un iris blanc. Je disais : « Cette fleur va mourir, comme Ione… Elle meurt déjà, comme Ione… Elle est morte, comme Ione… »

… J’entrai dans la maison qui prenait déjà la couleur de cendre des demeures funèbres… Et l’on m’apprit, en pleurant, que la chère Ione venait de mourir.