Vingt-quatre heures d’une femme sensible/Lettre 01
Librairie de Firmin Didot Frères, (p. 11-12).
Vingt-Quatre Heures
D’UNE
FEMME SENSIBLE.
LETTRE PREMIÈRE.
Mercredi, à une heure du matin.
Mon amour, mon ange, ma vie, tout est trouble et
confusion dans mon âme ! Depuis une heure entière,
j’attends, j’espère. Je ne puis me persuader que tu ne
sois pas venu, que tu ne m’aies pas au moins écrit quelques lignes, après cette fatale soirée. Il est une
heure… peut-être es-tu encore chez cette femme !…
Quelle nuit je vais passer ! Ah ! mon Dieu ! je n’ai pas
une pensée qui ne soit une douleur. Le ciel sait que
le moindre doute sur ta tendresse me paraîtrait une
horrible profanation ; mais n’est-ce donc rien que ces
longues heures de désespoir ?