Voyage dans l’intérieur de l’Afrique/Préface de M. Mungo Park

La bibliothèque libre.
Traduction par Jean Henri Castéra.
Tavernier, Dentu, Carteret (Tome Premierp. iii-vi).


PRÉFACE
DE M. MUNGO PARK.

La relation de mon voyage, composée d’après les notes originales et les observations faites sur les lieux, et conservées avec beaucoup de difficulté, est offerte au public à la sollicitation des honorables membres de l’Association africaine, par qui j’ai été employé. Je désirerois que cette relation fût plus digne de leur protection. Dictée par la vérité, elle est simple, sans prétention à l’élégance, et n’a d’autre mérite que d’étendre jusqu’à un certain point les connoissances sur la géographie de l’Afrique. Ce fut dans cet espoir que mes services furent offerts à l’Association ; et j’espère n’avoir pas travaillé en vain. L’ouvrage doit parler pour lui-même. Je me serois abstenu, de toutes réflexions préliminaires, si la justice et la reconnoissance ne me faisoient un devoir de publier celles qu’on va lire.

Au moment de mon retour d’Afrique, le comité de l’Association[1] considérant le tems qu’il me faudroit pour préparer une relation détaillée, et désirant de satisfaire le plus promptement possible la curiosité que plusieurs membres de l’Association témoignoient à l’égard de mes découvertes, se détermina à en publier un abrégé d’après les informations verbales et par écrit que je leur fournirois, et d’y joindre une carte analogue. En conséquence, on distribua aux membres de l’Association un mémoire en deux parties. La première contenoit l’extrait de mon voyage, par M. Bryan Edward ; et la seconde, les observations géographiques du major James Rennell. Ce dernier y ajouta non-seulement une carte de ma route, tracée d’après mes esquisses et judicieusement corrigée, mais une carte générale, sur laquelle sont indiquées toutes les découvertes faites dans l’Afrique septentrionale, ainsi qu’une troisième carte, où il indiqua les variations de la boussole dans les mers qui entourent cet immense continent.

Il m’est donc impossible de taire combien je suis sensible à l’honneur que m’ont fait ces deux écrivains. M. Edwards a daigné consentir que j’insérasse ce qu’il a dit dans différentes parties de mon ouvrage ; et le major Rennel m’a permis d’orner ma relation de ses cartes, et d’y joindre ses observations dans leur entier.

Encouragé par tant de bienveillance, j’offre cet ouvrage au public, avec la certitude qu’il sera favorablement reçu ; certitude que je serois loin d’avoir sans un pareil secours. Peut-être quelques-uns de mes souscripteurs croient-ils trouver ici des découvertes que je n’ai point faites, et des merveilles que je n’ai point vues ; et trompés dans leurs espérances, ils me disputeront le peu de mérite que je possède : mais quelque pénible que cela soit pour moi, je m’en consolerai si les personnes distinguées sous les auspices desquelles j’ai entrepris mon expédition, sont satisfaites de la manière dont je l’ai exécutée ; et si elles jugent que la relation que je leur présente est ce que j’ai tâché de la rendre, c’est-à-dire, un tableau simple et fidèle de mes courses et de mes observations.

  1. Ce comité est composé du comte de Moïra, du lord évêque de Landaff, de sir Joseph Banks, président de la Société royale de Londres ; de M. André Stewart et de M. Bryan Edwards.

    Quant à l’institution de l’Association et aux découvertes faites avant mon expédition, l’Association en a rendu compte dans ses différens mémoires.