Waverley/Chapitre XVI

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Waverley ou Il y a soixante ans
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 5p. 155-163).


CHAPITRE XVI.

VISITE INATTENDUE.


Le baron rentra à l’heure du dîner ; il avait presque entièrement repris sa tranquillité d’esprit et sa bonne humeur. Non seulement il confirma tous les détails qu’Édouard tenait de Rose et du bailli, mais même il raconta quelques anecdotes sur les montagnards, où lui-même avait joué un rôle. Il dit que les chefs étaient en général pleins d’honneur et d’une haute naissance, et que leur parole était une loi pour leur famille ou leur clan. Ils ont tort, dit-il, de prétendre toutefois, comme cela est dernièrement arrivé, que leur prosapia ou lignage, qui repose en grande partie sur les vaines et partiales chansons de leurs sennachies ou bardes, puisse être comparé à celui des nobles maisons des basses terres dont les titres reposent sur des chartes anciennes et des édits de divers rois d’Écosse. Telle est néanmoins leur outrecuidance et leur présomption, qu’ils estiment peu ceux qui possèdent de tels titres, comme s’ils avaient tous leurs biens dans un parchemin.

Cela expliquait naturellement la cause de la querelle du baron et de son allié des montagnes. M. Bradwardine rapporta sur les mœurs, les usages et les coutumes de cette race patriarcale, des particularités qui piquèrent tellement la curiosité d’Édouard, qu’il demanda au baron s’il ne serait pas possible de faire une excursion dans ces montagnes, dont il avait aperçu au loin l’imposante barrière, et qu’il avait un extrême désir de connaître. Le baron lui répondit que rien ne serait plus facile, sitôt que les hostilités seraient finies, parce qu’alors il lui donnerait des lettres pour les principaux chefs, qui le recevraient dans leurs manoirs avec toute la courtoisie possible.

La conversation continuait sur ce sujet, lorsque la porte s’ouvrit, et que l’on vit entrer dans l’appartement un Higlandais en costume de guerre complet, et introduit par Saunderson. Si le sommelier n’eût pas rempli avec calme et dignité sa charge de maître de cérémonies ; si M. Bradwardine et sa fille n’eussent pas gardé leur sang-froid, Édouard eût certainement cru voir entrer un ennemi. Il tressaillit néanmoins, parce que c’était la première fois qu’il voyait un montagnard d’Écosse dans le vrai costume national. Ce Gaël était un jeune homme vigoureux, au teint brun, de petite taille ; l’art avec lequel son plaid était arrangé, mettait en relief ses formes robustes. Son kilt ou jupon court montrait à nu ses jambes nerveuses ; sa bourse de peau de bouc pendait devant lui, avec un poignard d’un côté, et un pistolet d’acier de l’autre, armes ordinaires des montagnards ; sa toque portait une petite plume, qui montrait qu’il voulait être traité comme un duinhewassel, espèce de gentilhomme ; sa large épée battait à son côté, une targe ou bouclier pendait sur son épaule ; il tenait de la main gauche un long fusil espagnol ; de l’autre, il ôta sa toque ; et le baron, qui connaissait les usages des Highlandais, et savait comment on devait leur parler, lui dit aussitôt avec un ton de dignité, sans se lever, si bien qu’Édouard crut voir un souverain recevant un ambassadeur : « Soyez le bien-venu, Evan-Dhu-Maccombich ; quelles nouvelles avez-vous à me donner de Fergus Mac-Ivor Vich-Jan-Vohr ? »

« Fergus Mac-Ivor Vich-Jan-Vhor, répondit l’ambassadeur en bon anglais, offre ses salutations au baron de Bradwardine et de Tully-Veolan, et lui témoigne qu’il voit avec peine qu’un nuage se soit interposé entre vous et lui, et vous ait empêché de prendre en considération la vieille amitié et les alliances de vos deux maisons. Il désire que ce nuage se dissipe, que les relations se rétablissent entre le clan Ivor et la maison de Bradwardine, comme au temps où il n’y avait entre vous d’autre pierre qu’un œuf, et que vous n’aviez tous deux pour armes que le couteau de table. Il espère que vous direz comme lui, que ce nuage vous afflige, et que désormais personne ne demandera si le nuage est descendu de la montagne dans la vallée, ou s’il s’est élevé de la vallée à la montagne : celui qui est armé de l’épée ne frappe pas avec le fourreau ; et malheur à celui qui perd son ami par un nuage orageux d’une matinée de printemps ! »

Le baron répondit avec toute la dignité convenable, « qu’il connaissait le chef du clan Ivor pour un homme dévoué au roi, et qu’il était fâché qu’un nuage se fût jeté entre lui et un gentilhomme de principes aussi purs ; parce que, dit-il, lorsque les hommes se forment en société, bien faible est celui qui reste sans frère. »

Les deux parties étant satisfaites, pour solenniser convenablement la réconciliation entre les augustes personnages, le baron fit venir un flacon d’usquebaugh, et en remplit un verre qu’il but à la santé et à la prospérité de Mac-Ivor de Glennaquoich, marque de courtoisie à laquelle l’ambassadeur celtique s’empressa de répondre en remplissant aussi un verre de cette liqueur généreuse, et en le vidant avec tous les souhaits d’usage pour la famille Bradwardine.

Après avoir ratifié de part et d’autre les préliminaires généraux du traité de paix, l’envoyé se retira avec Mac Wheeble pour convenir de certains articles secondaires, dont on ne pensa pas qu’il fût nécessaire d’ennuyer le baron. Ces articles avaient probablement rapport à la cessation du tribut, et le bailli trouva sans doute le moyen d’arranger cela de manière à ne pas laisser penser à son maître que sa dignité fût compromise. Du moins, il est certain qu’après que les plénipotentiaires eurent bu une bouteille de brandy, qui ne fit pas plus d’effet sur ces deux individus, coutumiers du fait, qu’elle n’en aurait fait sur les deux ours de l’entrée de l’avenue, Evan-Dhu-Maccombich, que l’on avait instruit de tout ce qui concernait le vol de la nuit précédente, promit de faire retrouver les vaches, qui, suivant lui, ne devaient pas être loin. « Ils ont brisé l’os, ajouta-t-il, mais ils n’ont pas eu le temps de sucer la moelle. »

Notre héros, qui avait accompagné Evan-Dhu, fut vivement frappé de la manière franche dont il prit ses informations et dont il promit d’en faire un prompt usage. Evan-Dhu, de son côté, fut très-flatté de l’attention que Waverley avait mise à l’écouter, de l’intérêt que lui inspiraient ses questions, et du désir qu’il témoigna de connaître par lui-même les mœurs et le pays des montagnards. Sans autre cérémonie, il invita Édouard à faire avec lui une petite promenade de dix ou quinze milles dans les montagnes, à venir voir l’endroit où l’on avait conduit les vaches. « Car il est probable, ajouta-t-il, que vous n’avez jamais vu et que vous ne verrez jamais rien de semblable de votre vie, si vous ne venez parmi nous. » Notre héros sentit sa curiosité vivement excitée par l’idée de visiter l’antre d’un Cacus Highlandais ; il prit toutefois la précaution de s’informer s’il pouvait se fier à son guide. On lui assura que s’il y avait eu le moindre danger à courir, l’invitation ne lui eût pas été faite, et qu’il n’y avait à craindre qu’un peu de fatigue ; et comme Evan lui proposa de passer un jour en revenant au manoir de son chef, où il était sûr d’être bien accueilli, cette course n’avait en apparence rien de redoutable. Rose cependant devint pâle lorsqu’elle en entendit parler ; mais son père, qui aimait la vive curiosité de son jeune ami, n’essaya pas de le refroidir en lui parlant de périls qui n’existaient pas réellement : et accompagné d’une espèce de garde-chasse qui portait sur ses épaules un havresac rempli de tout ce dont on pouvait avoir besoin, notre héros se mit en route, un fusil de chasse à la main, avec son nouvel ami Evan-Dhu. Leur suite se composait du garde-chasse dont on vient de parler, et de deux domestiques d’Evan, dont l’un portait sur son épaule une hache à long manche, nommé Lochaber-Axe[1], et l’autre une canardière. Evan, sur la remarque d’Édouard, lui dit que cet appareil militaire lui était tout à fait inutile pour sa sûreté, mais qu’il avait voulu, ajouta-t-il en ajustant son plaid avec dignité, se montrer à Tully-Veolan d’une manière convenable, et comme le devait le frère de lait de Vic-Jan-Vhor. « Je voudrais, dit-il, que vos Saxons duinhé-wassels, (gentilshommes anglais), vissent notre chef avec sa queue ! »

« Avec sa queue ! répéta Édouard d’un accent de surprise. — « Oui, avec sa queue, ou sa suite, quand il visite quelqu’un de son rang. Il y a, continua-t-il en l’arrêtant et se dessinant fièrement tandis qu’il comptait avec ses doigts les divers officiers de la maison de Mac-Ivor ; il y a son hanchman, ou homme de sa droite ; et puis son barde ou poète ; et puis son bladier ou orateur pour haranguer les grands personnages qu’il visite ; et puis son Gillymore, ou écuyer chargé de porter les armes, l’épée, la targe et le fusil ; et puis son Gilly-casfliuch, qui le porte sur son dos lorsqu’il faut traverser les ruisseaux et les petites rivières ; et puis son Gilly-coomstrain, qui mène son cheval par la bride dans les chemins escarpés et difficiles ; et puis son Gilly-trussharnish, pour porter son havresac ; et puis le joueur de cornemuse, et le domestique du joueur de cornemuse, et puis une douzaine de jeunes gens qui n’ont autre chose à faire qu’à suivre le laird, et à se tenir toujours prêts à exécuter les moindres ordres de son honneur. »

« Est-ce que votre chef entretient ordinairement tous ces gens-là ? » demanda Waverley.

« Oui, tous, répondit Evan, et beaucoup d’autres qui ne sauraient où se coucher sans la vaste grange de Glennaquoich. »

Evan Dhu, pour faire paraître la route moins longue à Waverley, continua à l’entretenir de la grandeur de son chef dans la paix et dans la guerre, jusqu’à ce qu’ils fussent au pied de ces montagnes qu’Édouard n’avait encore vues que de loin. Ils entrèrent vers le soir dans un de ces défilés effrayants qui communiquent des hautes aux basses terres ; le sentier, extrêmement roide et raboteux, tournait entre deux roches imposantes, et suivait le lit qu’un torrent écumeux, qui grondait au-dessous, paraissait s’être creusé depuis des siècles. Quelques obliques rayons du soleil couchant éclairaient la profondeur du torrent, et faisaient voir les rochers et les chutes d’eau dont il était semé. L’espace qui séparait le sentier du torrent formait un véritable précipice. On apercevait çà et là un quartier de granit, un arbre rabougri qui enfonçait ses racines tortues dans les fentes du rocher. À droite, la roche qui s’élevait au-dessus du sentier était aussi escarpée, aussi inaccessible ; mais à gauche, au-delà du torrent, la pente était couverte d’un bois taillis où s’entremêlaient quelques pins.

« C’est ici, dit Evan, le défilé de Bally-Brough, où, dans les anciens temps, dix montagnards du clan de Donnochie tinrent contre cent hommes des basses terres. On peut voir encore les tombes de ceux qui furent tués dans ce petit corri ou fond de l’autre côté du torrent, où, si vous avez de bons yeux, vous distinguerez des taches vertes sur la bruyère. Mais voici un earn, que vos gens du midi appellent un aigle ; vous n’avez pas en Angleterre d’oiseau de cette espèce ; il va chercher son souper dans les terres de Bradwardine, mais je veux lui envoyer une balle. »

Il tira dessus aussitôt et manqua le roi superbe des tribus emplumées, qui, sans avoir l’air de s’apercevoir qu’on l’eût visé, continua majestueusement son vol vers le sud.

Un millier d’oiseaux de proie, faucons, milans, corneilles et corbeaux, effrayés par le coup de fusil, quittèrent les retraites qu’ils s’étaient choisies pour la nuit, mêlèrent leurs cris rauques et discordants que renvoyait l’écho des rochers, et qui se confondaient avec le fracas du torrent. Evan, un peu désappointé d’avoir manqué l’oiseau lorsqu’il eût voulu donner une preuve de son adresse, se mit à recharger son fusil en sifflant un pibroch pour dissimuler sa honte, et, sans adresser un seul mot à son compagnon de voyage, continua de monter le défilé ; il plongeait sur un vallon étroit, entre deux montagnes très-hautes et couvertes de bruyère. Ce torrent se trouvait toujours sur la route, et ils furent de temps à autre obligés de le franchir en ses détours ; cas dans lesquels Evan offrait constamment à Édouard de le faire porter par ses domestiques, ce que notre héros, qui avait toujours été assez bon piéton, refusait sans cesse, pour montrer à son guide qu’il ne craignait pas de se mouiller les pieds ; il voulait, il est vrai, sans trop d’affectation, ôter à Evan l’opinion qu’il avait des habitants des basses terres, et particulièrement des Anglais, qu’il regardait comme des gens efféminés.

À travers la gorge de ce vallon, ils arrivèrent à une fondrière d’une dimension effrayante, pleine de larges ouvertures qu’ils franchirent avec beaucoup de difficulté et de danger, par des chemins que les montagnards seuls avaient suivis jusque-là. Le sentier, ou plutôt la portion de terre un peu solide où nos deux voyageurs marchaient tantôt à sec, tantôt dans l’eau, était rude, rompu, et dans beaucoup d’endroits marécageux et peu sûr. Quelquefois même ils étaient obligés de s’élancer d’un talus sur un autre, en franchissant un espace où un homme eût probablement disparu. Ce n’était qu’un jeu pour les Highlandais, qui portaient des brogues à semelles minces faites pour de tels chemins, et faisaient preuve d’une agilité particulière ; mais Édouard commençait à trouver cet exercice, auquel il n’était pas accoutumé, plus fatigant qu’il ne s’y était attendu. Les derniers rayons du soleil couchant les guidaient à travers cette fondrière serbonienne ; mais ils les abandonnèrent presque entièrement au pied d’une petite montagne escarpée et pierreuse, que nos voyageurs avaient à gravir. La nuit toutefois était belle et peu profonde ; et Waverley, rassemblant toute son énergie morale pour supporter la fatigue physique, continua à marcher bravement, mais enviant en son cœur la vigueur des montagnards, qui, sans donner le moindre signe de lassitude, marchaient toujours avec la même rapidité de pas, ou plutôt de trot, depuis le commencement du voyage ; il pensait qu’il pouvait avoir fait environ quinze milles.

Lorsqu’ils eurent monté la colline, et qu’ils commencèrent à la descendre sur l’autre côté au milieu d’un bois épais, Evan Dhu dit quelques mots à ses domestiques, en conséquence desquels un des montagnards se chargea du bagage d’Édouard, porté jusque-là par le garde-chasse, qui partit avec l’autre montagnard dans une direction différente des trois autres voyageurs. Waverley demanda le motif de cette séparation à Evan, qui lui répondit qu’il envoyait l’homme des basses terres passer la nuit dans un hameau éloigné d’environ trois milles, attendu qu’à moins d’être un ami particulier de Donald Bean Lean, le digne montagnard qu’il croyait le détenteur des vaches enlevées, on ne pouvait, sans l’indisposer, s’approcher de sa retraite. Cette observation satisfit Édouard, et fit taire le soupçon qui s’était subitement élevé dans son cœur au moment où il s’était vu en un tel lieu, à une telle heure, privé de son compagnon des basses terres. Evan ajouta aussitôt après qu’il pensait qu’il ferait bien d’aller en avant, et d’annoncer leur visite à Donald Bean Lean, parce que l’arrivée inattendue d’un sidier roy (soldat rouge) pourrait lui causer une surprise désagréable ; et sans attendre de réponse (en termes de courses de chevaux), il partit au trot, et fut bientôt hors de vue.

Waverley fut ainsi abandonné à ses réflexions par le guide qui lui restait ; le montagnard à la hache d’armes parlait à peine anglais. Ils traversèrent un épais bois de pins dont la profonde obscurité empêchait de voir les traces d’un sentier ; mais le montagnard semblait les trouver par instinct ; il marchait sans hésiter et d’un pas rapide, et Édouard le suivait d’aussi près qu’il le pouvait.

Après avoir parcouru une certaine étendue de chemin sans lui adresser un seul mot, il ne put s’empêcher de lui dire : « Arriverons-nous bientôt ? »

« La caverne est à trois ou quatre milles, répondit le Highlandais ; mais comme le Duinhe Wassel est un peu fatigué, Donald pourra envoyer… il enverra un curragh. »

Cela n’apprenait pas grand’chose à Waverley. Qu’est-ce que que ce curragh qu’on lui promettait ? un homme ? un cheval ? une charrette ? une chaise de poste ? et l’homme à la hache d’armes ne fit d’autre réponse aux questions qu’il réitéra, que : « Oui, oui, curragh. »

Mais bientôt Édouard commença à le comprendre, quand, à la sortie du bois, ils se trouvèrent sur le bord d’une large rivière ou d’un lac, et lorsque son guide lui donna à entendre qu’il fallait s’asseoir pour attendre quelque temps. La lune, qui se levait, lui fit voir l’étendue d’eau qu’il avait devant lui, et les formes vagues et confuses des montagnes qui paraissaient l’environner. Le repos et l’air pur et frais d’une nuit d’été remirent un peu de la fatigue de son pénible voyage Waverley, qui respirait avec délices les parfums des fleurs du bouleau[2] baignées de la rosée du soir.

Il eut alors le temps de livrer ses pensées au romanesque de sa position. Il était là, sur les bords d’un lac qui lui était inconnu, n’ayant pour compagnon qu’un sauvage montagnard dont il ne connaissait pas la langue ; et il allait visiter la caverne de quelque brigand fameux, un autre Robin Hood, peut-être un Adam de Gordon ; on était au milieu de la nuit ; il avait voyagé avec danger et fatigue, avait été séparé de son domestique et abandonné par son guide : que de circonstances propres à faire travailler une imagination romanesque, sans compter que sa position devait lui paraître incertaine sinon périlleuse ! Ce qui contrastait désagréablement avec le reste, c’était la cause de son voyage, les vaches du baron : aussi rejetait-il cet incident peu noble sur le dernier plan du tableau.

Tandis qu’il se livrait à ses rêveries, son compagnon lui frappa doucement sur l’épaule, et lui montrant du doigt un endroit devant eux au-delà du lac, lui dit : « Voilà la caverne. »

Une légère clarté parut au loin dans cette direction, elle s’accrut par degrés en volume et en éclat, et semblait un météore qui s’élève au-dessus de l’horizon. Tandis qu’Édouard observait ce phénomène, il crut entendre dans le lointain comme un bruit de rames. Le bruit augmentait à chaque instant, et un coup de sifflet arriva à son oreille dans la même direction. L’homme à la hache d’armes répondit aussitôt à ce signal de la même manière, et bientôt un bateau, conduit par quatre ou cinq Highlandais, entra dans une petite anse, près de laquelle Édouard était assis ; il se leva avec son compagnon pour aller au-devant de deux vigoureux montagnards, qui le portèrent officieusement dans le bateau, où il ne fut pas plus tôt assis, que l’on reprit les rames, et que l’on se mit à fendre les eaux du lac avec une grande rapidité.


  1. Les gardes de la ville d’Édimbourg étaient encore, à une époque récente, armés de cette hache lorsqu’ils s’acquittaient de leurs fonctions. Il y avait au dos de la hache un crochet, dont les Highlandais se servaient pour gravir les murailles en renfonçant dans le faite et en s’élevant avec le manche. On pense que cette hache fut apportée en Angleterre par les Scandinaves. a. m.
  2. Ce n’est pas le bouleau formant l’espèce la plus commune des montagnes d’Écosse, mais ce bouleau à larges feuilles des basses terres, qui exhale une odeur très-agréable. a. m.