Épîtres (Voltaire)/Épître 53

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Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 10 (p. 305-306).


ÉPÎTRE LIII.


À MADEMOISELLE DE T*****, DE ROUEN[1],
QUI AVAIT ÉCRIT À L’AUTEUR
CONJOINTEMENT AVEC M. DE CIDEVILLE.


(1738)


Quoi ! celle qui n’a dû connaître
Que les Grâces, ses tendres sœurs,

De qui les mains cueillent des fleurs,
Et de qui les pas les font naître,
En philosophe ose paraître
Dans les profondeurs des détours
Où l’on voit les épines croître ;
Et la maîtresse des Amours
A choisi Newton pour son maître !
Je vois cette jeune beauté,
Du palais de la Volupté,
Se promener d’un pas agile
Au temple de la Vérité.
La route en était difficile ;
Mais elle est avec Cideville,
Dans ces deux temples si fêté.
Jusqu’où n’a-t-elle point été
Avec ce conducteur habile ?
Je vois que la nature a fait,
Parmi ses œuvres infinies,
Deux fois un ouvrage parfait :
Elle a formé deux Émilies.



  1. Cette épître est celle dont il est fait mention dans la lettre à Cideville, du 14 juillet 1738.