Analyse du Kandjour/Le Dulva/02

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Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 165-171).
VOLUME II. — (Kha)

Ce volume compte 563 feuilles. Il est divisé en 30 parties ou livres (Bam-po) བམ་པོ depuis le 25e jusqu’au 54e livre inclusivement.

Du feuillet 1 à 10, il renferme la continuation du Ko-lpags-gj̈i, ཀོ་ལྤགས་གཞི du premier volume, ou le traité sur le cuir ou la peau, ou, en général, ce qui concerne la permission accordée aux prêtres de porter des chaussures. — Dans l’Index, les médicaments sont indiqués comme étant le sujet de tout le volume ; mais il y est fort peu question de cette matière, excepté de la feuille 10 à la feuille 40.

Feuille 1-10. — Énumération de plusieurs sortes de chaussures (Mchil-lham) de la confrérie religieuse, avec accompagnement de récits faisant connaître de quelle manière elles furent mises en usage, puis ensuite interdites par Çâkya. — Telles sont celles qui sont faites de feuilles de roseaux (smyug-lo), des fibres de l’herbe muñja ; de fil ou laine filée (Srad-bu.), etc.

Feuilles 10-19. — Çâkya dans le parc voisin de Çrâvastî. — Il est question de drogues[1] extraites des racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits ou noix, jus ou sèves et gommes de certaines plantes ou de certains arbres. — Noix d’un goût âcre, comme celle de l’arbre Amra, de l’Arura, du Skyurura, du Parura. — Espèces de sel. — Histoire de maladies ou affections spéciales. — Quelle sorte de remèdes les médecins prescrivaient pour chaque maladie : — Comment Çâkya autorisa l’emploi de ces médicaments. Çâkya donne à ses disciples la permission d’avoir toujours avec eux une certaine quantité de médicaments (préalablement consacrés ou bénits). Circonstances dans lesquelles cette permission fut donnée. — Médicaments à employer chaque jour, dans une certaine partie de la journée, pendant sept jours, pendant toute la durée de la vie ; règles à observer dans le boire et dans le manger. — (Feuille 15). Remèdes pour les yeux. — Histoire d’un fou. — Histoire de certaine nourriture ou viande dont les disciples de Çâkya avaient fait usage en temps de famine. — Il interdit de semblables pratiques.

Feuille 19. — Çâkya se rend de Kâçi à Vârânasi. — Histoire de la femme d’un tribun (chef) de cette localité. — Piété et mérites moraux antérieurs de cette femme.

Feuille 27. — Le roi de Magadha (Çrenika Bimbasâra) rend visite à Çâkya dans un parc près de Râjagṛha et le prie d’accepter son hospitalité pour trois mois pendant lesquels il subviendra à tous ses besoins et à ceux de sa suite[2].

Feuille 30. — Histoire d’un prêtre atteint d’hémorroïdes. — Ton hautain et malveillant du médecin du roi à l’égard de ce personnage, quoique le roi l’eût envoyé vers lui pour le soigner ; il traite en outre Çâkya de « fils d’esclave ». Sa punition.

Feuille 33-34. — Noms de six villes remarquables ou capitales[3] dans l’Inde centrale, savoir :

1. Mñan-yod (Sk. Çrâvasti) ; 2. Gnas-Bcas (Sk. Saketana) ; 3. Vârânasi ; 4. Yangs-pa-can (Sk. Vaiçâli) : 5. Campa ; 6. Rgyal-pohi-khab (Sk.) Râjagṛha.

Feuilles 34-35. — Quelle sorte de médicaments employa Kun-dgah-vo (Ananda) en soignant Çâkya dans une maladie. — Histoire de Gang-Po[4]. (feuille, 40.)

Feuille 80-87. — Le roi de Magadha (Lus-Hphags-mahi-bu-Ma Skyes-Dgra)[5], invite Çâkya à Râjagrha. Il lui fait une réception solennelle. Le sage s’avance vers lui avec sa suite ; — ordre du cortège ; — à quelles choses on peut le comparer[6]. — Divers miracles ou prodiges qui apparaissent au moment de son entrée dans cette ville.

Feuille 88. — Le roi de Magadha rend ensuite visite à Çâkya et le prie d’accepter l’hospitalité qu’il lui offre à lui et à sa suite pendant les trois mois d’hiver avec tout ce dont ils auront besoin (vêtements, habits religieux, manger et boire, lits, médicaments, ustensiles)[7].

Feuille 88.[8]Çâkya est ensuite invité à se rendre à Yangs-pa-can (sk. Vaïçâli, aujourd’hui Allahabad.)[9]. Un grand de cette ville est averti en songe par les dieux que la ville doit implorer l’aide de Gautama. — Après délibération, on lui envoie une ambassade. — À la requête des envoyés de Vaïçâli, le roi de Magadha consent à ce que Çâkya visite leur ville, pourvu qu’on l’y traite de la même manière qu’il a été traité à Râjagrha. Formes de salutations ou de compliments employés par les envoyés de Vaïçâli.

Feuille 120-132. — Arrivée à Yangs-pa-can ; Çâkya est tout d’abord invité et hébergé par Amra-Skyong, riche courtisane, dont la résidence était dans un parc, hors de la ville. Ensuite il est hébergé par les citoyens qui étaient de la race des Licavyi (c’étaient, semble-t-il, des républicains). — Magnificence de leurs vêtements ; — leurs chevaux et le harnachement de ceux-ci ; — leurs voitures et leurs chariots etc., etc. — Çâkya compare souvent cette ville à la résidence des dieux présidés par Indra. — Par l’ordre de Çâkya, Kun-dgah-vo (Ananda) s’avance jusqu’à la porte de la ville, prononce solennellement plusieurs mantras ou séries de formules magiques (en sanskrit) pour purifier la ville de tous mauvais esprits et faire cesser l’épidémie. Les incantations commencent ainsi : Visarata (4 fois) — Muñcata (3 fois) — Nirgacchata (4 fois) etc. ; elles sont suivies de vers de bénédiction pour la prospérité de la ville[10].

Feuille 132. — Parti de cette ville, Çâkya passe, dans le trajet, par plusieurs localités dont il raconte à Kun-dgah-vo (sk. Ananda) l’ancienne histoire ; — il fait diverses réflexions à ce sujet, et, en plusieurs endroits, il donne des enseignements à ceux qui viennent le visiter.

Les feuilles 155-192 contiennent le récit de l’entrevue de Padma-Sñing-Po et de Çakya. — Ce célèbre brahmane, apprenant que le voyage de Çakya l’a conduit dans les environs, lui envoie un de ses principaux disciples (Ma-Sdug) qui a de grandes connaissances, accompagné de plusieurs vieux brahmanes d’un caractère respectable, pour apprendre par eux la vérité ou la fausseté des bruits qui courent sur Les talents de Gautama, et pour savoir s’il a réellement les signes caractéristiques d’un sage. — Attitude de Ma-Sdug ; sa conversation avec Çâkya ou Gautama. Il traite ceux de la race de Çâkya de parvenus ou de gens connus depuis peu (Da-byung). ད་བྱུང་

Feuille 160. — Çâkya lui explique l’origine de la race Çâkya et aussi celle de la famille de Ma-sdug. Celui-ci est tout confus et ne peut rien répondre à Çâkya, qui le remonte, en sorte qu’il demande à être instruit. — Alors le docteur lui explique tout au long la doctrine d’un Buddha, et les divers devoirs moraux que brahmanes et prêtres bouddhistes doivent également observer et accomplir religieusement. Il relate ensuite plusieurs coutumes superstitieuses et déclare que tout vrai brahmane ou prêtre bouddhiste doit renoncer à de telles pratiques.

Au retour de Ma-sdug, Padma-sñing-po, apprenant que son disciple n’a pu répondre à Gautama, eut un si grand déplaisir de ce que Gautama lui avait posé ses semelles sur la tête, qu’il serait allé le trouver en personne immédiatement, si l’heure n’avait pas été trop avancée. Le lendemain il monte en voiture, prend avec lui des vivres, et rend visite à Gautama. Il est très satisfait de sa conversation et compose un arrangement de salutations et de réponses à employer chaque fois qu’ils se rencontreraient dans la rue. La raison qu’il en donne est que les formes courtoises et cérémonieuses sont un moyen de maintenir le respect et la bonne renommée parmi leurs sectateurs.

Feuille 192. — Termes de salutation : ceux dont se servent les hommes de qualité ou de haut rang, quand ils envoient leurs compliments et s’informent par l’intermédiaire de messagers ou de servants de la santé d’un ami. — Énumération complète des termes dans lesquels le roi de Koçala Gsal-Rgyal, envoie ses compliments à Gautama. (Cette liste se rencontre plus d’une fois dans le Ka-gyur, et elle a été introduite dans le vocabulaire sanscrit tibétain.)

Feuille 193. — Le roi de Koçala Gsal-Rgyal, rend visite à Gautama : il le questionne sur plusieurs points ; — quelle différence y a-t-il entre les quatre castes ? — Gautama répond au roi de manière à l’amener à cette conclusion qu’il n’y a point, en réalité, de différence entre les quatre castes.

Le roi demande ensuite s’il y a des dieux, si le dieu Brahma existe réellement ; la réponse contient plusieurs distinctions, et cette déclaration que si le roi entend parler de dieux animés de passions charnelles et se plaisant à faire du mal et à nuire, il n’en existe point de tels.

Feuille 201. — À Râjagṛha et dans plusieurs autres lieux, en différentes circonstances, Çâkya donne des instructions morales, accompagnées d’exemples et de paraboles.

Feuilles 214 et suivantes. — Histoire d’Yul-hkor-skyong[11]. Comment il entre dans l’ordre religieux, — ses réflexions, — enseignement moral à ses parents.

Feuille 240. — Çâkya, accompagné de Gnod-sbyin lag-na-Rdo-rdje[12], opère diverses conversions dans le nord de l’Inde.

Feuille 290. — Histoire de Dgah-vo, pâtre de vaches, qui entre avec cinq cents autres dans l’ordre religieux.

Feuille 302. — Çâkya, visitant plusieurs localités, en raconte à Kun-dgah-vo l’ancienne histoire ainsi que l’origine des noms qu’elles portent.

Feuille 303. — Le roi Gso-Sbyong-Hphags (sk. Utphoṣadha), né à Gnas-bcas (sk. Saketana).

Feuille 306. — Termes pour exprimer une grande joie (par comparaison).

Feuilles 327 à 390. — Fragments d’histoire de plusieurs monarques universels (sk. Çakravartti).

Feuille 390. — Histoire de Nor-Bzangs, prince royal, et de Yid-Hphrog-Ma (ravissant le cœur[13]), sa maîtresse. Épisode où se trouvent plusieurs descriptions poétiques et des vers ingénieux exprimant la passion : c’est une sorte de roman ou de conte de fées.

Feuilles 408 et suivantes. — Çâkya raconte plusieurs anecdotes pour montrer les fruits et les conséquences des mérites et des démérites de plusieurs individus dans de précédentes naissances. Il raconte au roi de Koçala ses propres actes ; comment il arriva à (être) Bodhisattva et les nombreux bienfaits dont il s’efforça depuis de combler les êtres animés. Cette section abonde en sentences judicieuses et en maximes morales, en apologues et contes moraux ; — application qui on est faite. — La vertu et le vice sont dépeints avec de vives couleurs.

Feuilles 496 et suivantes. — Sur la demande qui lui en est faite en vers par Kun-dgah-vo (Ânanda), le premier de sa suite, Çâkya raconte (en vers également) les actes accomplis par lui, dans un temps très reculé, pour arriver à l’état de Bodhisattva.

Feuille 505. — Çâkya, avec cinq cents Arhats, visite d’une manière miraculeuse, le grand lac Ma-dros (Manassorovâra)[14] au nord.

Feuille 506. — Les quatre grandes rivières qui y prennent naissance : Ganga, Sindhu, Paxu et Sita.

Feuilles 508 à 563, c’est-à-dire la fin du volume et aussi le suivant ou 3e vol., (feuilles 1 à 20). — Sur les bords du lac Ma-dros ;Çâkya et 36 de ses principaux disciples racontent en vers le cours de leur vie dans de précédentes existences, ou exposent les conséquences des bonnes et des mauvaises actions.


  1. C’est ici que commence la section VI qui est celle des médicaments. L’observation faite par Csoma qu’il n’en est presque jamais question dans ce volume est juste ; et cela peut être attribué en partie à un défaut d’ordre dans la compilation tibétaine. Mais le texte revient souvent à des cas de maladie qui appartiennent bien au sujet. (L. F.)
  2. Ce genre d’invitation trimestrielle fait au Buddha et à sa suite par un roi ou un grand personnage est très fréquente dans le Kandjour. (L. F.)
  3. Il est aussi très souvent question des six villes, soit qu’on les énumère, soit qu’on ne les énumère pas. (L. F.)
  4. Le sanskrit est Pûrṇa : Burnouf a traduit cette histoire d’après le texte sanskrit du Divya-Avadâna (Introd. à l’hist. du Buddh. ind., pp. 239-245. réimpression). — Il faut seulement faire attention que plusieurs individus fort distincts portent le nom de Pûrṇa dans la littérature bouddhique. (L. F.)
  5. Fils de Bimbasâra ; son nom sanskrit est Vaïdeha-Ajdâtaçatru. (L. F.)
  6. Développement souvent répété, toujours dans les mêmes termes. (L. F.)
  7. Voir ci-dessus, p. 34 note 2.
  8. En tête de cet alinéa comme du précédent, le recueil anglais porte l’indication du feuillet 83, ce qui est une faute d’impression évidente ; je la corrige en mettant 88.
  9. L’identification de l’ancienne Vaïçalî avec Allahabad n’a pas été confirmée et n’est plus admise. (L. F.)
  10. Cet épisode est répété dans le Mdo (xxvi, 11o) et Rgyud (xi 4o).
  11. Le nom sanscrit esk Râṣṭrapâla. (L. F.)
  12. Le nom sanscrit doit être Yaxa-Vajrapâni. (L. F.)
  13. En sanskrit : Manohara (L. F.)
  14. Manassarovara est le nom moderne ; l’ancien nom sanscrit dont le nom tibétain n’est que la traduction est Anavatapta. (L. F.)