Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5103

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 301).

5103. — À M.  DAMILAVILLE.
13 décembre.

Ô mon cher frère ! vous faites une action digue des beaux siècles de la philosophie. Je vous remercie au nom de la vérité et au mien. J’ai fait sur-le-champ transcrire votre écrit[1], qui m’enchante autant qu’il m’honore ; je vous renvoie le mien, qui sera bien honoré d’être à côté du vôtre : il est mieux qu’il n’était, parce qu’il est conforme à vos remarques autant que je l’ai pu. On m’assure que l’impertinent ouvrage que vous daignez réfuter, et qui peut en imposer aux ignorants, est de la façon de Patouillet et de Caveyrac ; j’ai cru y reconnaître le style de l’abominable auteur de l’Apologie de la Saint-Barthélémy. Il est juste que, de mon côté, je serve un peu la philosophie et les frères. Je vais insérer, dans l’Histoire générale, un chapitre[2] sur les gens de lettres et sur l’Encyclopédie ; il sera fait de façon qu’Omer Fleury en rougira, et ne pourra ni se fâcher ni nuire.

Le mémoire de Loyseau[3] vient fort bien après les autres : ce sont trois batteries de canon qui battent la persécution en brèche. Je crois vous avoir déjà mandé[4] qu’il paraîtrait en son temps, à l’occasion des Calas, un écrit sur la tolérance prouvée par les faits. Ô mes frères ! combattons l’inf… jusqu’au dernier soupir. Frère Thieriot est du nombre des tièdes ; il faut secouer son âme. Je n’ai reçu que douze lignes de lui depuis qu’il dort à Paris.

Joue-t-on encore Éponine ? L’Opéra-Comique soutient-il toujours la gloire de la France ? Écr. l’inf…

  1. Ce sont les Additions aux observations, etc., que Voltaire fit imprimer à la suite de ses Éclaircissements historiques ; voyez tome XXIV, page 515.
  2. C’était le chapitre lxi de l’édition de 1761-63, placé tome XXIV, page 469.
  3. Voyez la note, tome XXIV, page 366, n° vi.
  4. Lettre 5100.