Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5691
C’est à vous, mon cher frère, que je dois adresser ma réponse à Mme de Beaumont. Me voilà partagé entre elle et son mari. Voilcà un couple charmant : l’un protège généreusement l’innocence, l’autre rend la vertu aimable. Voilà des amis dignes de vous.
Quel M. Fargès, s’il vous plaît, a opiné si noblement[1] ? Car il y en a deux. J’en connais un qui est haut comme un chou, et dont les jambes ressemblent assez à celles de l’abbé de Chauvelin ; il lui ressemble sans doute aussi par le cœur et par la tête, puisqu’il a parlé avec tant de grandeur et de force.
J’ai déjà écrit à M. le duc de La Vallière[2] pour le prier, en qualité de grand-veneur, de faire tirer sur le procureur général de la commission, s’il ne prend pas l’affaire des Calas aussi vivement que nous-mêmes.
Serez-vous étonné si je vous dis que j’ai reçu une lettre anonyme[3] de Toulouse, dans laquelle on ose me faire entendre que tous les Calas étaient coupables, et que les juges ne le sont que d’avoir épargné la famille ? Je présume que, si j’étais à Toulouse, on me ferait un assez mauvais parti.
Que dites-vous de ce fou de Jean-Jacques qui prétend que je suis son persécuteur ? Ce misérable, parce qu’il m’a offensé, ainsi que tous ses amis, s’imagine que je me suis vengé ; il me connait bien mal. Aimons la vertu, mon cher frère, et rions des fous.
Écr. l’inf…
- ↑ Dans l’affaire des Calas ; voyez la lettre à Richelieu, du 21 juillet.
- ↑ Cette lettre manque ; ou n’a presque rien de la correspondance de Voltaire avec le duc de La Vallière.
- ↑ Voltaire en reparle dans ses lettres à d’Argental, du 29 juin ; à d’Alembert, du 16 juillet.