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Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5691

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Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 257).

5691. — À M. DAMILAVILLE.
29 juin.

C’est à vous, mon cher frère, que je dois adresser ma réponse à Mme de Beaumont. Me voilà partagé entre elle et son mari. Voilcà un couple charmant : l’un protège généreusement l’innocence, l’autre rend la vertu aimable. Voilà des amis dignes de vous.

Quel M. Fargès, s’il vous plaît, a opiné si noblement[1] ? Car il y en a deux. J’en connais un qui est haut comme un chou, et dont les jambes ressemblent assez à celles de l’abbé de Chauvelin ; il lui ressemble sans doute aussi par le cœur et par la tête, puisqu’il a parlé avec tant de grandeur et de force.

J’ai déjà écrit à M. le duc de La Vallière[2] pour le prier, en qualité de grand-veneur, de faire tirer sur le procureur général de la commission, s’il ne prend pas l’affaire des Calas aussi vivement que nous-mêmes.

Serez-vous étonné si je vous dis que j’ai reçu une lettre anonyme[3] de Toulouse, dans laquelle on ose me faire entendre que tous les Calas étaient coupables, et que les juges ne le sont que d’avoir épargné la famille ? Je présume que, si j’étais à Toulouse, on me ferait un assez mauvais parti.

Que dites-vous de ce fou de Jean-Jacques qui prétend que je suis son persécuteur ? Ce misérable, parce qu’il m’a offensé, ainsi que tous ses amis, s’imagine que je me suis vengé ; il me connait bien mal. Aimons la vertu, mon cher frère, et rions des fous.

Écr. l’inf…

  1. Dans l’affaire des Calas ; voyez la lettre à Richelieu, du 21 juillet.
  2. Cette lettre manque ; ou n’a presque rien de la correspondance de Voltaire avec le duc de La Vallière.
  3. Voltaire en reparle dans ses lettres à d’Argental, du 29 juin ; à d’Alembert, du 16 juillet.