Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7289
7289. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
20 juin.
Il faut toujours que j’amuse ou que j’ennuie mes anges ; c’est ma destinée. Comment veulent-ils que je passe sous silence mon cher La Bletterie ? On m’assure qu’il m’a donné quelques coups de patte dans sa préface[1]. Je les lui rends tout chauds[2]. Rien n’est plus honnête. Dupuits avait déjà envoyé ce rogaton à Mme la duchesse de Choiseul. À l’égard de mon vaisseau, c’est un navire qu’une compagnie de Nantes a baptisé de mon nom[3] ; apparemment qu’il est chargé de papier, de plumes, et d’encre.
Oui, mes anges, j’enverrai à ce souffleur une édition ; mais cela ne servira de rien, tant la troupe m’a mutilé. L’absence a de terribles inconvénients. Mon cœur pourrait, depuis environ vingt ans, vous en dire des nouvelles.
- ↑ De Tibère, ou les six premiers livres des Annales de Tacite, par l’abbé de La Bletterie, 1768, trois volumes in-12. Il n’y a rien contre Voltaire personnellement dans cette préface ; mais on avait rapporté à Voltaire que La Bletterie avait imprimé que Voltaire avait oublié de se faire enterrer (voyez tome X page 405).
- ↑ Voyez lettres 7249, 7294, 7314.
- ↑ Voyez lettre 7276.