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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7996

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 174).
7996. — À M. D’ALEMBERT.
19 auguste.

Denys a raison, mon très-cher philosophe, c’est à vous qu’il en faut une. Après votre lettre, la sienne est celle dont je suis le plus charmé. Je sais taire les faveurs des vieilles maîtresses avec qui je renoue. Ce rapatriage ne durera pas longtemps, par la raison que je m’affaiblis tous les jours.

Vous partez, dit-on, avec M. de Condorcet ; je vous avertis que vous épargnez vingt-cinq lieues en passant par Dijon et par chez nous. Vous aurez le plaisir de voir, en passant, Genève punie par la vengeance divine, et vous pourrez en faire votre cour à frère Ganganelli.

Voici un petit morceau qui est à peu près en faveur du maître dont il est vicaire. Je ne crois pas que Denys[1] trouve bon que je chasse sur ses terres ; mais je ne crois pas non plus qu’il ose paraître fâché. Quoi qu’il en soit, voici la drogue que je vous ai promise. Je vous prie surtout de lire mon aventure avec M. Rouelle[2]. Mon petit cheval de trois pieds me paraît une démonstration assez forte contre certain conte des Mille et une Nuits.

Adieu, mon très-cher voyageur. Mme Denis se joint à moi pour vous prier de passer par chez nous en allant voir le saint-père, à qui vous ne manquerez pas de faire mes tendres compliments.

  1. Voyez lettres 7973 et 7992.
  2. Voyez le passage où est racontée cette aventure dans une variante, tome XIX, page 168.