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Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier/1/57

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Texte établi par Maurice Tourneux, Garnier frères (1p. 356-365).
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LVII

Comme il ne s’imprime rien en ce temps-ci à Paris qui mérite votre curiosité, j’ai cru que vous seriez bien aise de voir en quel état se trouvent les arts en France. Je vais entrer dans un détail qui aura au moins le mérite de la sincérité.


PEINTRES D’HISTOIRE.

Restout, élève et neveu du fameux Jouvenet, excelle dans la composition des sujets d’histoire, et surtout dans les grands morceaux, dont il entend très-bien l’ordonnance et les effets.

Carle Van Loo est fort habile dans la partie de l’histoire ; il l’emporte sur Restout pour la couleur et la grande manière ; il a tâché d’imiter Rubens et Annibal Carrache ; il réussit aussi dans le portrait.

Pierre a fait des choses admirables, mais il se livre trop à sa facilité et il est inégal. Il est demeuré longtemps en Italie, et il a formé son goût sur celui des plus grands maîtres. Il surpasse pour la force de la couleur Restout et peut-être Van Loo ; il met beaucoup plus d’esprit dans ses compositions que les autres peintres de notre école. Les bambochades, tableaux où il entre des paysages, des rochers, de la bergerie, sont encore de son ressort. S’il n’excelle pas dans ce dernier genre, c’est qu’il n’en a pas fait sa principale étude.

Boucher a du génie, et de la facilité. Ses compositions vaudraient davantage s’il voulait les étudier et les réfléchir. Sa couleur n’est jamais mâle, elle est rarement vraie, et presque toujours trop brillante. Il réussit très-bien dans les paysages qu’il fait dans un ton de couleur agréable et avec un beau choix des effets de la nature.

Les compositions de Natoire sont assez belles ; il leur manque des expressions de génie, et d’être raisonnées. Il finit actuellement un grand ouvrage : c’est l’église des Enfants-Trouvés, où il a travaillé de concert avec Brunetti, Italien, peintre d’architecture et de décoration.

De Troy est directeur de l’Académie française à Rome. Vous trouveriez du feu et de l’imagination dans ses compositions, mais il n’est pas toujours assez correct ni assez noble dans l’expression de ses figures.

Coypel, premier peintre du roi, doit être mis au nombre des peintres d’histoire. Il fit, il y a environ trente ans, le roman de Don Quichotte en plusieurs tableaux, avec un grand succès et beaucoup d’esprit. Il réussit très-bien dans de petits sujets poétiques ingénieux et singuliers et dans le portrait à l’huile et au pastel.

Chardin est très-original en son genre. Ses tableaux, qui n’ont ordinairement qu’un pied ou deux au plus de grandeur, représentent des actions communes et peu intéressantes : une gouvernante d’enfants, une cuisinière, un garçon de taverne, etc., mais les personnages sont peints avec une telle vérité qu’ils enchantent et sont fort recherchés.


PEINTRES POUR LA MARINE.

Vernet, qui est à Rome, est le seul de nos peintres qui excelle dans son genre, qui est la marine. Jamais personne n’a traité ce genre avec une science et une imitation de la nature si parfaites. Il peint les brouillards et la vapeur mieux que ses prédécesseurs, sans excepter le Claude. Les scènes sont toujours intéressantes par le choix des sujets et par l’esprit et les caractères qu’il donne à ses figures.


PEINTRES EN PAYSAGES.

Le seul peintre qui excelle en ce genre est Oudry. Ses arbres sont bien feuillés, ses horizons agréables, et les lieux qu’il choisit pour placer sa scène, embellis par des animaux peints excellemment. Son habileté dans cette partie est connue de toute l’Europe. Il est élève du fameux Desportes, et le seul qui ait remplacé son talent. Louis XV l’a choisi depuis longtemps pour peindre ses chasses dans des tableaux de toutes sortes de formes et du plus grand volume. C’est là où l’on voit des haltes, des chasses de cerfs, de loups, de sangliers, et où le roi et tous les seigneurs de sa cour sont peints d’après nature et très-ressemblants ; car il joint encore à ses talents celui de faire le portrait d’une très-bonne manière. C’est le fameux Largillière qui a été son maître en ce genre. Son fils a déjà exposé en public des tableaux d’animaux uniquement de son pinceau. Ils se soutiennent auprès de ceux du père, et ils ont attiré l’admiration des connaisseurs.


PEINTRES EN PORTRAITS.

Voici un genre de peinture qui, étant aujourd’hui à la mode à Paris, et par conséquent le mieux payé, doit être aussi le plus parfait ; nous en avons un grand nombre qui excellent sans remplacer Rigaud, ni Largillière. On estime les sieurs Tocqué et Nattier les premiers en ce genre pour les portraits à l’huile. Celui-ci a peint toute la famille royale, et plus d’une fois. Il a un talent particulier pour ajouter des grâces à la ressemblance. On trouve dans le pinceau du sieur Tocqué plus de fermeté, plus de science ; mais moins d’agrément. Le sieur Nonotte, autre peintre en portraits, en a exposé qui disputeraient aux précédents la primauté si le nombre en était plus grand. On peut dire avec vérité que c’est un très-habile homme en ce genre. Il en a paru quelques-uns d’excellents du nommé Le Sueur, et dans un très-bon goût de couleur et de dessin.

Parmi les peintres au pastel qui ne méritent que le second rang par la facilité et la fragilité de cette espèce de peinture, celui qui est à la tête de tous, sans contredit, est le sieur La Tour ; la force et la vérité se trouvent dans tous ses ouvrages, qui sont innombrables. Il s’en est élevé un nouveau en ce genre depuis quelques années, nommé Perronneau, qui marche à pas de géant dans cette carrière et pourra bientôt partager avec le sieur La Tour les plus belles branches de ses lauriers pittoresques. On a déjà rendu au sieur Coypel la justice qui lui est due pour la beauté de ses pastels, leur finesse, leurs heureuses expressions ; ainsi l’on n’en parlera pas davantage.

Quoiqu’il y ait plusieurs bons peintres en miniature pour les petits portraits de poche et en tabatières, on n’en nommera qu’un pour l’émail, c’est le sieur Liotard, qui réussit aussi très-bien dans le pastel en grandeur naturelle ; mais comme il excelle dans les portraits en émail pour des bracelets ou des tabatières, on s’en tiendra à ne citer que ce peintre. Le long séjour qu’il a fait à Constantinople et la commodité qu’il a trouvée dans l’habillement turc le lui ont fait conserver à Paris, aussi bien que leur longue barbe ; peut-être a-t-il dessein de s’attirer de la considération par cette singularité autant que par son talent, et cette idée n’est pas si dépourvue de sens pour en imposer à une nation qui s’attache beaucoup à l’extérieur.


SCULPTEURS.

La sculpture tient un rang trop considérable parmi les beau-xarts pour passer sous silence ceux qui lui font honneur à Paris. Le nombre même des excellents sculpteurs est plus grand que celui des excellents peintres.

Le sieur Bouchardon occupe aujourd’hui sans contredit la première place depuis la mort des Girardon, des Coysevox, des Coustou, etc. Le grand nombre de belles figures que nous avons de lui dans les églises de cette ville lui assure le premier rang après ceux qu’on vient de nommer. L’ouvrage public le plus considérable de lui, c’est la fontaine de la rue de Grenelle, dont l’emplacement est si ridicule qu’elle n’a aucun point de vue convenable à sa forme et à sa grandeur. Toute l’architecture qui la décore est de lui ; et il y a de la beauté dans cette sage et simple composition. C’est lui qui a été choisi par Sa Majesté pour jeter en fonte la statue équestre que la ville lui destine dans le carrefour de Bucy, dans le faubourg Saint-Germain. Il est aussi dessinateur des médailles dont les sujets sont inventés par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et l’on peut dire hardiment à ce sujet que tous ses dessins en général peuvent égaler ceux des plus grands maîtres que l’Italie ait eus pour la correction et le bon goût de l’antique.

Le sieur Le Moyne est encore un sculpteur de premier ordre ; il a fait un buste du roi, en marbre, grand comme demi-nature, qui est regardé comme un chef-d’œuvre. Plusieurs de nos auteurs ont voulu être immortalisés par son habile ciseau, entre autres Fontenelle et Voltaire. La statue équestre de Louis XV, qu’il a modelée et fondue pour Bordeaux, a fait l’admiration de la France et des étrangers. Le cheval surtout est d’une beauté et d’une correction infiniment supérieures à tous ceux qui sont dans cette ville et dans tout le royaume. Il réussit encore parfaitement aux portraits des dames, en terre cuite, par les grâces inimitables de son ciseau.

Le sieur Pigalle vient de se faire un grand nom par une figure de Mercure en marbre, grande comme nature, et d’une beauté comparable à celles de l’antique du premier ordre. C’est un présent que Louis XV fait au roi de Prusse, aussi bien que celle de Vénus de même grandeur qui sera posée en regard.

Michel-Ange Slodtz est encore un de nos excellents sculpteurs français. Il a été très-longtemps en Italie, et à l’étude des figures et des bas-reliefs antiques il a joint celle de l’architecture et des monuments précieux qui nous restent en ce genre. Il vient de faire le modèle d’une place pour la statue de Louis  XV en demi-ellipse, pour être bâtie sur le bord de la Seine, vis-à-vis du Louvre, dont la composition est l’ouvrage d’un beau génie et d’un très-habile homme.

Le nom de Coustou est célèbre dans la sculpture. Les deux frères de ce nom, sous Louis XIV, ont décoré par les ouvrages de leurs ciseaux plusieurs maisons royales, et surtout Marly. Toutes les belles figures couchées le long des terrasses et les groupes d’enfants sont de leurs mains. Le plus jeune de ces deux frères est mort depuis peu d’années, après avoir fait pour Marly deux chevaux admirables de marbre dans des positions animées et savantes. Ç’a été son dernier ouvrage. Il a laissé un fils qui a son logement au Louvre, et qui soutiendra ce nom célèbre par de bons ouvrages dans le même genre.

Il est encore sorti des morceaux très-estimés des mains des deux frères Adam. L’aîné travaille au superbe mausolée de la reine de Pologne, où il y a plusieurs figures de marbre grandes comme nature. Ils sont employés tous les deux pour les ouvrages du roi.

Le jeune Falconet est un sculpteur nouveau, mais qui s’est déjà fait un grand nom par la beauté des ouvrages qu’il a exposés plusieurs fois au Salon et qui ont eu le suffrage de tous les connaisseurs. Il vient d’être logé au Louvre et travaille à un groupe pour Louis XV. C’est la France devant la figure de ce prince, dans une attitude d’admiration et d’actions de grâces de la paix qu’il a donnée à ses sujets. Le modèle de cet ouvrage a été fort applaudi, et lui a valu un logement pour être exécuté de sa main.

Les sculpteurs en bois pour les décorations de l’intérieur des bâtiments, lorsqu’ils excellent en ce genre, ne méritent pas moins d’éloges que les précédents. Le sieur Cayeux est de ce nombre et le premier pour le bon goût des ornements des profils de corniches, des chutes de fleurs, etc. Il a un fils qui dessine et modèle déjà d’une très-bonne manière.

L’on ne doit pas non plus passer sous silence un excellent ébéniste. Ce nom renferme bien des talents nécessaires pour se distinguer dans cette profession. Il faut être non-seulement grand dessinateur, mais encore bon sculpteur. Celui-ci doit avoir sa place parmi les grands artistes français ; il se nomme Cressent ; il était ébéniste du feu duc d’Orléans, régent du royaume ; c’est lui qui a succédé à la réputation du fameux Boulle, qui avait travaillé aux meubles de Louis XIV et dont le nom ne mourra jamais. Celui-ci excelle dans les belles formes et dans les savantes proportions de tout ce qui sort de ses mains. La composition de ses ornements est admirable par la variété et le goût qu’il y met. Ils sont de bronze doré et sculpté. Il avait rassemblé chez lui un cabinet de tableaux du prix de cinquante mille écus, qu’il a vendu à l’enchère[1] au commencement de cette année pour en acheter de nouveaux et renouveler son cabinet. Ils étaient placés dans un salon qu’il a fait bâtir exprès et qui est éclairé par le haut.


NOUVELLES LITTÉRAIRES.
ARCHITECTES.

Les hommes excellents en cette profession auraient dû être placés ici avant tous les autres artistes par l’importance et la nécessité de leurs talents. Il est vrai qu’elle exige dans celui qui y excelle un nombre infini de connaissances et un profond savoir dans les mathématiques ; aussi les bons architectes sont extrêmement rares. Le siècle de Louis XIV n’en a que deux, François Mansard et Claude Perrault. Tous les autres, les Levau, les Lemuet, Dorbay, Selles, Hardouin, etc., ont été du second ordre ; les deux seuls sous Louis XV sont Boffrand et Cartaut ; encore le premier, étant fort âgé, est autant du règne précédent que de celui-ci.


DESSINATEURS ET DÉCORATEURS.

L’habileté dans ce genre-ci est plus dans le crayon que dans le pinceau. Le sieur Meissonier est un des plus grands hommes pour ce talent. Tout est de son ressort : feux d’artifices, décorations de spectacles magnifiques, salons, plafonds superbes, orfèvrerie, etc. Il fait à présent à Paris un salon pour le roi de Pologne, dont il fera transporter à Dresde toutes les peintures qui sont sur de grands châssis, aussi bien que le plafond. Il a déjà envoyé un cabinet au roi de Suède, exécuté entièrement chez lui.

Brunetti est un Italien qui travaille avec succès aux décorations de nos théâtres et aux plafonds des voûtes, mais infiniment inférieur au sieur Servandoni, le premier homme qu’il y ait eu en France en ce genre et qui est resté plusieurs années à Paris.


GRAVEURS POUR L’HISTOIRE.

Le sieur Cars est sans difficulté le plus habile qui nous reste de tous les fameux qui l’ont précédé, tels que les Audran, les Edelinck, les Pesne, les Rousselot, les Poilly. Il y a encore les nommés Lépicié, Dupuis, Beauvais et Tardieu.


GRAVEURS EN PORTRAITS.

Les sieurs Daullé, Drevet et J.-G. Wille, qui a gravé en dernier lieu le beau portrait du prince Édouard, Baléchou, etc.


GRAVEURS DE TABLEAUX FLAMANDS.

Le Bas, Moyreau, Alliamet.


GRAVEURS EN PETIT ET INVENTEURS.

Le sieur Cochin est très-supérieur en ce genre à tous les autres par l’esprit qu’il met dans tous ses ouvrages, par l’élégance et la gentillesse de ses inventions, par les savants effets du clair-obscur qu’il entend parfaitement, enfin par l’agrément inexprimable de tout ce qui sort de ses mains.

Nous avons le sieur Fessard et quelques autres.


DESSINATEURS EN PETIT.

Eisen, Gravelot, Durand, Hallé, etc.


GRAVEURS EN MÉDAILLES.

Duvivier est le plus excellent en ce genre que la France ait eu depuis l’incomparable Warin.

Rœttiers est encore très-habile, et nous a donné une infinité de médailles admirables.

Marteau peut encore tenir un rang distingué en ce genre.


GRAVEURS EN CREUX SUR LES MÉTAUX.

Le sieur Rousselet est sans contredit le premier dans son art ; il excelle non-seulement dans la tournure agréable et les belles formes des cartouches, dans le choix et l’invention des ornements qui les accompagnent, dans la netteté et la précision des blasons, mais encore dans la correction du dessin de la figure et de tous les animaux.

Laurent est encore un très-habile homme dans le même genre, et le seul qui puisse disputer à Rousselet la primauté.


GRAVEURS EN PIERRES ET CRISTAUX.

Le sieur Guay est un homme excellent dans cette espèce de gravure si difficile et qui a été longtemps ignorée en France. On peut affirmer qu’il passe ou tout au moins qu’il égale tous les fameux graveurs modernes qui ont fait tant de bruit à Londres.


GRAVEURS EN BOIS.

La rareté de ceux qui ont excellé dans cette sorte de gravure en prouve la difficulté. On ne coupe pas le bois comme le cuivre, et depuis Albert Durer et le petit Bernard, qui vivait il y a deux cents ans, nous n’avons eu aucun homme célèbre en ce genre. Le sieur Papillon, qui ne travaille à la vérité qu’en petit, a fait ici des choses admirables pour la netteté des traits, la correction du dessin et l’agréable ordonnance de ses sujets. Le sieur Le Sueur grave aussi en bois très-proprement et dessine aussi avec beaucoup de correction les vignettes de livres, culs-de-lampe et armoiries. On ne doit point oublier le sieur Gauthier, qui grave et colore ensuite ses estampes par trois impressions successives. La suite considérable des grandes planches anatomiques qu’il a données ces années dernières au public est une preuve incontestable de son habileté en ce nouveau genre de peinture.

— La critique était autrefois grave et sévère, son air décent et majestueux en imposait ; aujourd’hui elle imite nos Tabarins qui, avant de monter sur leurs tréteaux, se barbouillaient de lie le visage. Je n’ose vous dire de quoi la critique se barbouille ; vous en jugerez vous-même par le titre du Pot de chambre cassé, tragédie pour rire ou comédie pour pleurer[2]. Le but de cet ouvrage polisson est de fronder nos tragédies et nos comédies modernes qui sont remplies de reconnaissances, de coups de poignard imprévus, d’ombres, d’oracles, et bigarrées de sentences au milieu des plus grandes douleurs ou des récits les plus animés. Le héros de la pièce est le prince Merdaucul et l’héroïne la princesse Foirantine. Le prince Propret est rival de Merdaucul ; le pot de chambre est un présent que Merdaucul a fait à sa maîtresse avant de partir pour la guerre ; la conservation de ses jours est attachée au soin que la princesse doit prendre d’empêcher que ce pot précieux ne soit cassé. Un songe terrible agite la princesse ; elle a cru voir l’ombre de son premier mari, qui lui reproche l’amour qu’elle a pour le prince Merdaucul et la préférence qu’elle donne au pot de chambre sur le présent qu’il lui avait fait en mourant, et lui prédit tous les malheurs ensemble. Foirantine, effrayée par ce songe affreux, cherche en vain à se tranquilliser, lorsque le prince Propret, qu’elle n’aime point, vient s’expliquer avec elle, et, n’en pouvant tirer raison, exerce sur le pot de chambre une vengeance cruelle : il le casse ; Merdaucul arrive chargé de lauriers qu’il vient déposer aux pieds de Foirantine ; mais comme sa joie n’est pas aussi parfaite qu’elle devrait l’être et que l’inquiétude paraît sur son visage, le prince lui en demande le sujet. Elle n’ose s’expliquer, il la presse, elle hésite, il parle du pot de chambre fatal ; la princesse pâlit, se trouve mal, le prince s’écrie : « Je suis perdu, le pot de chambre est cassé ! » Il se trouve mal à son tour. Déjà les ombres de la mort l’environnent, mais par une protection toute céleste, l’Amour, touché du sort de ces amants, les garantit des malheurs attachés à la fortune du pot de chambre et les prend à jamais sous sa protection.

  1. Catalogue des différents effets curieux du sieur Cressent, ébéniste du palais de feu S. A. R. Mgr le duc d’Orléans. In-8o. Vente du 15 janvier 1749.
  2. (Par Grandval père.) À Ridiculomanie, chez Georges l’Admirateur, s. d. ; in-8o. Plusieurs fois réimprimé.