Description d’un parler irlandais de Kerry/4-1

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Quatrième partie, chapitre I. Le groupe nomimal.




QUATRIÈME PARTIE



LE GROUPE NOMINAL
LA PHRASE NOMINALE





CHAPITRE PREMIER
LE GROUPE NOMINAL

§ 95. Le groupe nominal est l’ensemble constitué par le substantif (ou l’adjectif prédicat, cf. § 150) et les éléments construits avec lui.

Ces éléments peuvent se répartir en deux groupes : déterminants, qui ajoutent à la notion nominale une caractérisation abstraite de l’ordre de celles qu’exprime la flexion (genre, nombre, etc.) ; compléments, mots pleins, exprimant une notion plus ou moins concevable indépendamment de la notion exprimée par le nom régi.

Entre les deux types extrêmes il est des degrés intermédiaires. Dans la pratique un double critère permet de distinguer dans le parler déterminants et compléments : d’une part les compléments sont toniques, et portent même normalement l’accent principal du groupe (voir Phonétique, § 318); les déterminants sont ou atones, ou, en tout cas, subordonnés pour l’accent au déterminé (voir Phonétique, § 313 sq.), qu’ils soient proclitiques ou proclitiques-enclitiques (cependant les noms de nombres portent l’accent principal) ; d’autre part les compléments suivent normalement le nom, les déterminants le précèdent ou l’encadrent.

Pour la forme particulière de groupe nominal que constitue la proposition infinitive, voir § 244 sq.

L’unité du groupe nominal se traduit formellement par deux ordres de phénomènes : mutations initiales, accord.

§ 96. Mutations initiales dans le groupe nominal.

Les mutations initiales du substantif sont des phénomènes internes du groupe nominal ; le substantif, affecté quant à son initiale par ses déterminants, affecte à son tour (en principe, de la même manière) ses compléments. La mutation peut apparaître comme phénomène inconditionné, par suite de la chute dans le discours de la particule qui l’a provoquée. C’est le cas au vocatif (§ 98). Le substantif peut être affecté par la particule vocative (§ 98), par l’article (§ 99), et par conséquent par les démonstratifs (§ 102), par les possessifs (§ 103), par les noms de nombre (§ 78 sq.), par les prépositions (§ 105 sq.). Il modifie à son tour le génitif et l’adjectif qualificatif (§ 136 sq.).

§ 97. Accord. L’accord est dans le parler un phénomène limité au groupe nominal (§ 137) ; il n’y a accord ni d’un groupe nominal à l’autre, ni entre groupes verbaux et groupes nominaux (§ 219 sq.). La plupart des déterminants du nom étant invariables l’accord est limité à l’article (§ 99), d’une part, à l’adjectif qualificatif (§ 137), d’autre part, ceux-ci s’accordant en genre, en nombre et en cas avec le substantif. Encore avons-nous vu que, pour l’adjectif, l’usage du parler accuse une décadence de l’accord, entraînée par la réduction de la flexion (§ 55 sq.).